LA GAZETTE DU CLUB DES MONSTRES |
NUMÉRO
155
QUINQUI
ET GIULIANO GEMMA
TROIS FILMS, LIVRE ET SUPPLÉMENTS DANS LE COFFRET LE CINÉMA QUINQUI COLEGAS aka Pals - Eloy de la Iglesia avec Antonio Flores, Rosario Flores, Jose Luis Manzano, Pirri, 1982, Espagne, 96m Les relations entre deux amis dans la banlieue de Madrid au début des années 80. Lorsque José met enceinte la soeur d'Antonio, Rosario, la vie des trois amis bascule. Ne pouvant envisager d'avoir l'enfant, sans emploi, vivant avec leurs parents, ils décident de trouver par tous les moyens, souvent illégaux, l'argent pour l'avortement. Eloy de la Iglesia se lance dans le cinéma Quinqui qui met sur grand écran la détresse d'une jeunesse laissée à elle même, avec des résultants parfois forts malheureux. Ces trois jeunes ne sont pas attirés par la délinquance, ils y sont presque menés par la société et les forces économiques qui les ont abandonnés. Leur camaraderie et leur amour est sincère. Mais ils sont coincés. De la Iglesia va aller beaucoup plus loin dans le dyptique Pico. Ici il effleure les pires conséquences des immenses blocs appartements construit dans des champs, complètement débilitants. S'ils fument des drogues douces, Rosario arrête dès qu'elle se rend compte qu'elle est enceinte. Si le scénario les amène dans des saunas ou dans un trafic clandestin de drogue plus forte, ils n'y trouvent aucun plaisir. On se met à chanter le désir de fuir cette triste réalité. Un constat bien réalisé avec des acteurs amateurs mais convaincants qui jouent sous leur propres prénoms, y comprit Antonio et Rosario, frère et soeur dans la vraie vie. Apparition courte de Pirri, que l'on retrouvera dans Pico. Offert dans le coffret de trois films: Le Cinéma Quinqui, Blu Ray + DVD chez Artus Films. En supplément: Le cinéma selon Eloy de la Iglesia par Maxime Breysse et Laureano Montero, les seuls français à avoir écrit sur le cinéma Quinqui et la carrière d'Eloy de la Iglesia, et la bande-annonce du film. Offert en version originale avec sous-titres français. Interdit aux moins de 16 ans. El PICO - Eloy de la Iglesia avec Jose Luis Manzano, José Manuel Cervino, Luis Iriondo, Enrique San Francisco, Andrea Albani, 1983, Espagne, 109m Bilbao, 1980, Paco et Urko sont respectivement les fils d'un commandant de la Guardia et d'un député socialiste bien en vue. Ces pères ne se doutent pas que les deux copains sont maintenant accros à l'héroïne. Les confrontations successives seront autant de chocs. Paco s'enfuit avec un pistolet de son père. Ensemble les deux progéniteurs, cachant aussi longtemps qu'ils le peuvent la vérité à leurs proches, vont partir à leur recherche. Les visites dans le monde interlope, la délinquance rampante, la prostitution, la corruption et la violence vont les estomaquer. Eloy de La Iglesia n'hésite jamais à montrer l'enfer de la consommation d'héroïne, de manière très explicite. Il en profite aussi pour faire découvrir les dessous de la politique et des forces de l'ordre, corrompues. Mais ce qui me surprend et m'étonne, c'est d'apprendre par les bonus que le réalisateur consommait lui aussi, était accro à l'héroïne dont il nous montre pourtant les conséquences terrible. Seul personnage qui échappe à ses effets néfastes, Betty (la regrettée Andrea Albani), qui travaille dans un salon de massage, se prostitue et se pique mais qui ne semble jamais en manque, jamais affectée trop gravement non plus par son travail. Les deux garçons se tiennent avec elle, consomment avec et jouissent avec. Comme dans le film précédant Coleguas, les mères de famille ou les grand-mères ici tombent des nues après avoir crues que leurs petits souffraient d'une mauvaise grippe. Si on insiste sur le chômage incroyable qui les empêche de se trouver un emploi, on n'insiste pas trop sur le climat social post franquiste ou une certaine liberté soudaine ne se transforme pas en bonheur, loin de là. Un passage en prison ne va pas convaincre Paco de changer ses habitudes de vie. Son père, lui, se rend compte que l'argent et les avocats font des miracles qui n'en sont pas vraiment. C'est tout un monde à découvrir et pendant ce temps, dans le supplément, on nous explique que les vedettes du cinéma Quinqui devenaient des vedettes tout court pour la jeunesse du pays. A découvrir. Offert dans le coffret de trois films: Le Cinéma Quinqui, Blu Ray + DVD chez Artus Films. En supplément: Du sang dans les rues : le phénomène Quinqui (Blood in the Streets: The Quinqui Film Phenomenon) de Don Adams et Kier-La Janisse. Excellent tour d'horizon du cinéma Quinqui et mise en contexte politico sociale. On ajoute la bande annonce. Offert en version originale avec sous-titres français. Interdit aux moins de 16 ans. El PICO 2 - Eloy de la Iglesia avec Jose Luis Manzano, José Manuel Cervino, Fernando Guillén, Andrea Albani, Jaume Valls, Pirri, 1984, Espagne, 120m Paco et son père de la garde civile, Evaristo, déménagent à Madrid pour éviter le scandale. D'autant plus que précédemment, Evaristo a été sauvé in extremis d'un attentat. Son père cherche a innocenter hors de tout doute Paco des accusation du meurtre d'un dealer, qui font de lui aussi un personnage hautement indésirable dans les milieux de la drogue. Un retour en prison pour Paco sera encore plus difficile et risque de lui coûter la vie. Une évasion orchestrée par un co-détenu est une réussite et peut-être un piège. En fuite avec Betty et le co-détenu, poursuivi par toutes les polices et Evaristo, rien ne sera facile, on s'en doute. Eloy de la Iglesia va encore plus loin et l'ambiance est encore plus lourde. Les enjeux judiciaires et politiques sont encore plus clairs et eux aussi dangereux. La vague de cinéma Quinqui allait bientôt finir, on parle de 1977 à 1987 approximativement, et je me demande comment on aurait été plus cruel. La plupart des comédiens vedette eurent une vie courte, plombée par les drogues. En Italie on aura connu les années de plomb et le cinéma nihiliste d'une époque sombre. Les américains auront eu le film The Warriors de Walter Hill en 1979. Les bandes de jeunes délinquants eurent leurs heures de gloire, si on peut en parler ainsi. Eloy de la Iglesia prendra plusieurs années avant d'être apprécié par les critiques de cinéma, pas par la jeunesse espagnole qui a remplit les salles à l'époque. Le coffret du cinéma Quinqui présenté par Artus Films participe à l'appréciation d'un réalisateur émérite. Offert dans le coffret de trois films: Le Cinéma Quinqui, Blu Ray + DVD chez Artus Films. En supplément: Le cinéma selon Eloy de la Iglesia par Maxime Breysse et Laureano Montero, Fascinant. Dans le coffret, on retrouve aussi un magnifique livret de 96 pages signé David Didelot " Cine Quinqui : les loups sont dans la rue ", supplément incontournable. Les LONGS JOURS DE LA VENGEANCE aka Long Days of Vengeance aka I lunghi giorni della vendetta - Florestano Vancini avec Giuliano Gemma, Corrado San Martin, Francisco Rabal, Nieves Navarro, Gabriella Giorgelli, 1967, Italie/Espagne/France, 121m Ted Barnett, injustement accusé de meurtre, purge sa peine depuis trois ans. Suite à une évasion spectaculaire, il se dirige vers ceux qui lui ont fait vivre l'enfer: le sheriff Douglas, le trafiquant d'armes Cobb et sa fiancée qui a épousé Douglas entre temps. Ca va barder. Curd Ridel nous le dit carrément dans le supplément: si vous avez l'occasion de voir un film avec Giuliano Gemma n'hésitez pas, ils sont tous bons. Un des westerns préférés de Quentin Tarantino qui lui a emprunté son thème musical dans Kill Bill. Les deux heures passent vite, avec de nombreuses touches d'humour, un ensemble d'acteurs superbes dont deux actrices fascinantes. Nieves Navarro, connue aussi sous le nom de Susan Scott, est l'ex de Ted qui va tenter de s'expliquer et de l'aider, mais est-elle sincère ? Gabriella Giorgelli est Dulcie, la fille d'un vendeur d'élixir itinérant, comprenez un charlatan, qui déteste rapidement Ted. Va-t-elle fondre pour le bel homme ? Son regard de panthère est fascinant. Pour se confronter avec un Giuliano Gemma en pleine forme, on a droit à de belles tronches mémorables de vilains avec Francisco Rabal en bonus. Le regretté Florestano Vancini filme aussi bien les scènes d'action que les moment plus drôles avec bonheur. La musique d'Armando Trovajoli a su épouser tous les genres et est reprise encore de nos jours. Versatile, on lui doit aussi bien la trame sonore d'Atom Age Vampire, plusieurs péplums ou des comédies de Toto et Aldo Maccione. Un western plus rare que la moyenne qu'il est bon de découvrir. Offert en coffret digipack Blu Ray + DVD chez Artus Films. En suppléments: la présentation du film par l'incontournable Curd Ridel; un entretien avec Sergio d'Offizi, directeur de la photographie, très sympathique un diaporama d'affiches et photos et la bande annonce originale. Offert en version originale italienne avec sous-titres français en option. Mario Giguère |
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