LA GAZETTE DU CLUB DES MONSTRES |
NUMÉRO 48
DE LA JUNGLE AU CHÂTEAU
LA FIANCÉE DE LA JUNGLE aka The BRIDE AND THE BEAST - Adrian Weiss avec Charlotte Austin, Lance Fuller, Steve Calvert, 1958, États Unis, 78m Drame psychotronique en trois actes Premier acte: Laura vient de se marier avec Dan Fuller, chasseur de profession. Elle arrive pour la première fois dans sa nouvelle maison et Dan lui montre le gorille qu'il a dans sa cave, avec porte coulissante et barreaux de prison, on lui prêterait de mauvaises intentions... Voilà que Laura est étrangement attirée par le gorille, qui caressera madame, au grand déplaisir de monsieur qui croit à une agression et qui tue prestement la bête. Laura est troublée et un ami l'hypnotise, la régressant dans une vie antérieure ou elle aurait été une madame gorille. Gaspation. Deuxième acte un peu long: Voyage de noce en forme de safari en Afrique. Voilà-t-il pas que deux tigres se sont échappés d'un bateau échoué sur la côte et notre Dan, en spécialiste, est appelé par les autorités pour traquer les animaux sauvages. Un beau matin, Laura se promène dans la jungle, est pourchassée par un des tigres, tombe et s'assomme. Troisième acte court: Laura est accompagnée par un gorille dans sa grotte. Dan aura beau la retrouver, elle ne le reconnait plus. Drame judiciaire en perspective: comment demander le divorce à monsieur le curé sans lui avouer que sa femme est partie avec un gorille ? Ce scénario improbable et hallucinant nous arrive de la main d'Ed Wood Jr, avec ses références à la douceur du gilet en angora, on ne s'y trompe pas. Un an avant de réaliser son non moins fameux Plan Nine from Outer Space, il travaille avec le producteur-réalisateur Adrian Weiss, seul long métrage à son actif, avec comme contrainte probable une banque d'images de jungle mettant surtout en vedette ces tigres. C'est donc dans les dialogues tordus et le parfum de bestialité que se trouve l'intérêt pour ce film étonnant. Charlotte Austin, fort jolie, n'est pas très naturelle, mais qui sommes nous pour juger de la manière d'interpréter une femme au passé simiesque ? Malgré des longueurs dans sa partie de chasse en jungle, on ne peut que recommander le film aux amateurs d'Ed Wood, de films de jungle, de gorilles, joué ici par Steve Calvert dans le rôle de sa carrière (on le comprend, pour une fois qu'il part avec la jolie fille) et les étudiants de déviances sexuelles (en plus des rapports évidents de Laura avec un animal, on s'amuse à voir dans ces films des années cinquante, des nouveaux mariés faire lit à part le soir de leur nuit de noces). Le documentaire du dvd d'Artus Films, dossier rencontre avec Christophe Bier sur les hommes gorilles au cinéma, de plus de quarante cinq minutes est absolument indispensable pour tout amateur. Retraçant les carrières des grands interprètes de gorilles au travers des années 30-40-50, il se termine avec Steve Calvert, dernier d'une lignée d'hommes qui ont consacré leur carrière dans la lourde peau d'un grand singe.
www.artusfilms.com/la-fiancee-de-la-jungle DES FILLES POUR UN VAMPIRE aka The Playgirls and the Vampire aka L'ultima preda del vampiro - Piero Regnoli avec Walter Brandi, Lyla Rocco, Maria Giovannini, 1960, Italie, 83m Un bus promenant une troupe de burlesque, leur gérant Lucas et le chauffeur, est coincé lorsque la route sur laquelle ils voyagent est bloquée. Ignorant l'avis des paysans locaux, ils vont cogner au château des Kernassy. Si ce n'était que le Comte Gabor semble frappé par la vision de la belle Vera, ils auraient du repartir penaud. On les averti sérieusement de dormir et de ne pas sortir de leur chambre durant la nuit. Évidemment, Katia, les plus belles jambes de la troupe mais la cervelle la plus légère, va se promener de nuit et être retrouvée morte le lendemain. On se remet rapidement de son décès, le pont a été emporté par la crue des eaux et on répète les numéros de danse toute la journée. Vera, qui semble savoir ou tout se trouve dans le château sans ne jamais y avoir mis les pieds, s'amourache instantanément du ténébreux comte, qui lui avoue que la ressemblance avec une des ses ancêtres est frappante. Vera fera tout pour percer le secret de Gabor. Un des premiers films de vampires italiens, dans la foulée du succès commercial de la Hammer. Walter Brandi s'y remet après avoir tourné L'Amante Del Vampiro, ou là aussi de belles jeunes filles étaient aux prises avec des vampires. C'est par son atmosphère érotique que le film se distingue des cousins anglais, les demoiselles étant principalement en déshabillés transparents toutes les nuits. On y présente ainsi la première vampire nue du cinéma, protégée par bien des ombres, époque oblige. Lyla Rocco est séduisante et sexy et on comprend n'importe quel comte de vouloir s'en approcher. Un strip-tease langoureux d'une jolie blonde est tristement interrompu par la gouvernante qui s'avère moins unidimensionnelle que prévue. Le noir et blanc, bien photographié, joue constamment sur les ombres pour suggérer plus qu'il ne le montre et le thème du double est bien exploité. Sans être un indispensable, on ne peut que se réjouir de voir une version complète de ce film peu vu. En version française sur le dvd d'Artus films, avec quelques passages en version anglaise avec sous-titres. J'ai apprécié énormément le documentaire sur le vampire au cinéma italien mettant en vedette Alain Petit. Plus de 38 minutes pour faire le tour d'une filmographie moins connue mais fort intéressante. De bons passages sur les coproductions, le système de distribution de l'époque et des souvenirs du cinéma Midi-Minuit. Ajoutez une galerie de photos bien garnie et les bandes annonces de l'éditeur et vous avez une belle galette. On note aussi avec plaisir l'ajout d'un court-métrage: "Symphonia horroris" de Thierry Lopez. Hommage au Nosferatu de Murnau, le film muet avec intertitres allemand sous-titrés en français est un savoureux hommage au cinéma expressionniste avec des images ressemblant beaucoup aux noir et blanc teinté cher au cinéma des années 20-30. Mario Giguère
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