LA GAZETTE DU CLUB DES MONSTRES |
NUMÉRO 61
LES PREMIÈRES SORTIES
Retour sur les premières sorties d'Artus Films, fondé en 2005, des classiques bourrés de bonus. Le BOULANGER DE L'EMPEREUR - L'EMPEREUR DU BOULANGER aka Císaruv pekar - Pekaruv císar - Martin Fric avec Jan Werich, Marie Vásová, Natasa Gollová, Tchéchoslovaquie, 1953, 79 et 63m Le roi Rudolph 2 veut que l'on retrouve le fameux Golem, mais son armée n'arrive pas à le dénicher. Entouré d'alchimistes et sorciers qui essaient de lui fabriquer un élixir de jeunesse et du nouveau Kelley qui lui a créé une femme de toute pièce, Sirael, il est surtout entouré de charlatans ! Il a un sale caractère et le jour ou le boulanger qui devrait lui réserver sa production la donne plutôt au peuple affamé, il l'envoie aux oubliettes. Étrangement, malgré qu'ils se parlent mais ne se voient pas, Katerina alias Sirael en tombe amoureux. Par un concours de circonstances, au moment ou le Golem a été retrouvé et que son alchimiste lui a administré un semblant d'élixir de jeunesse, le boulanger est libéré, arrive dans les appartements du roi, qui est parti folâtrer, et tout le monde croit que la potion a fait son travail car il est l'image du roi rajeunit tout craché ! Il va en profiter pour changer deux ou trois choses au royaume, si vous voyez ce qu'on veut dire ! Attiré par la créature du Golem, bien impressionnant sur la couverture et les photos, j'aurais pu, en d'autres circonstances, en vouloir au film de ne pas exposer plus souvent son monstre mythologique. Que nenni ! Le film est tellement joyeux, espiègle et critique de cette royauté pompeuse et pleine de personnages si pittoresques, dans des décors magnifiques. Voir la galerie des alchimistes, véritable foire dédiée à prouver que le ridicule ne tue pas, surtout le roi ! Ce sera comme cela tout au long du film, enjoué et coloré dans tous les sens du terme. Évidemment que les rares chansons et la libération de la tyrannie s'accommode d'une ode au socialisme qui sonne curieusement et qui a valu une version écourtée sur le marché international. La créature vue auparavant sous les traits de Paul Wegener est ici gigantesque et impressionnante et son sort final surprenant, à tout le moins. Bref, que du bon pour ceux qui apprécient les films d'une autre époque et qui veulent retrouver les racines d'un fantastique fort populaire. L'édition d'Artus comprend les deux films sur une première galette en version originale avec sous-titres français. Un deuxième disque recèle une quantité impressionnante de bonus. "Sur les traces du Golem" est un documentaire tchèque de 1962 qui retracent ses origines à Prague. "Jan Werich et le Golem" présente le spécialiste Ondrej Suchy, qui explique la conception des deux films. "Le Golem au cinéma" est une rencontre avec Blazena Urgosikova, employée de la cinémathèque tchèque, qui revient sur les différentes adaptations du Golem. "Les racines du Golem" nous montre Jeanne Rossille évoquer la naissance de la légende du Golem, replacée dans ses sources, et son contexte socio-historique. Une jolie femme qui parle aussi bien de textes anciens, de cinéma, de monstres et de robots, j'avoue être tombé sous le charme ! Suit un "Entretien avec Lubomir Lipsky" qui tiens le rôle de l'alchimiste au langage inventé dans "Le boulanger de l'empereur" et "L'empereur du boulanger". Quand à l'"Entretien avec Vera Chytilova" qui a fait de la figuration dans les films, il évoque rapidement les difficultés d'être réalisatrice à l'époque. On parle évidemment tout au long des bonus des différences entre l'époque socialiste et la situation actuelle tant au niveau des libertés d'expression que les moyens alors consentis aux tournages. Galerie de photos, Filmographies et livret de huit pages complète cette édition collector magnifique.
SIGFRIDO aka Le Chevalier Blanc - Giacomo Gentilomo avec Sebastian Fischer, Ilaria Occhini, Rolf Tasna, Katharina Mayberg, 1958, Italie, 96m, Version originale, sous-titre français Abandonné au nain Mime par sa mère mourante, Siegfried devient un jeune homme fort et sans peur. Récupérant l'épée de son père et sous les conseils de Mime, il part tuer le dragon pour se baigner dans son sang et devenir invincible. Il sera aussi l'unique propriétaire du trésor protégé par le dragon en portant une bague qui fait l'envie de Mime. Prochaine étape, conquérir le coeur de la princesse Krimhilde qu'il veut épouser. Mais les embuches sont nombreuses... Adaptation de la légende des Nibelungen, qui a inspiré tant de récits, les parentés avec le futur Seigneur des Anneaux n'est pas une coïncidence, rythmée sur la musique de l'adaptation de Wagner: sa fameuse Tétralogie. Ce qui donne l'occasion de réentendre un thème utilisé bien plus tard par John Boorman dans le film Excalibur. Le récit est donc très manichéen et fort tragique. Le destin de Siegfried, qui n'est pas si invulnérable, la naïveté de Krimhilde, la jalousie de Brunhilde et la haine de Hagen sans parler de la convoitise des nains sont autant de motifs souvent vus, mais ici ils sont adaptés des poèmes du moyen âge avec quelques libertés transalpines. Les couleurs pastels sont fascinantes, on entre véritablement dans un autre monde. Évidemment le dragon, une création non créditée de Carlo Rambaldi, ne tiens pas la route, mais vu l'époque, on peut bien pardonner. Les acteurs sont dans le ton, les femmes sont particulièrement choyées par les costumes et la mise en scène. Le destin tragique fait toujours son effet, amplifié par la musique et les décors plus grands que nature. Une fresque de fantasy bien avant les Conan et autre Seigneur des Anneaux, qu'il fait bon découvrir ou revoir. Les suppléments de l'édition dvd d'Artus Films sont nombreux, généreux et fort informatifs. "L'aspect médiéval dans Sigfrido " par François Amy de la Bretèque, professeur d'histoire du cinéma et spécialiste du Moyen-âge au cinéma, remet le film dans le contexte de l'époque tant italien que mondial et parle de ses origines, de Fritz Lang, à ses descendants. "La légende des Nibelungen " donne la parole à Pascal Landes qui raconte les origines de la légende germanique. Luigi Cozzi nous raconte pour sa part sa rencontre avec Carlo Rambaldi et sa découverte du dragon dans son atelier. Un entretien avec Ilaria Occhini alias Krinmhilde nous fait découvrir une actrice toujours ravissante à son âge respectable, qui parle autant de son rôle que de sa carrière généralement loin du cinéma de genre.
La SORCIÈRE SANGLANTE aka I Lunghi capelli della Morte aka The Long Hair of Death - Antonio Margheriti avec Barbara Steele, George Ardisson, Halina Zalewska, 1964, Italie, 94m Au 15ème siècle, Adèle Karnstein monte sur le bûcher, accusée de sorcellerie. Dans l'espoir de la sauver, sa fille Helen s'offre au comte Humboldt, en vain, sa mère brûle devant les yeux horrifiée de la plus jeune des Karnstein, Elisabeth. Adèle a eu el temps de maudire son bourreau et toute la ville, Saut de dix ans dans le temps, Elisabeth est devenue une jeune femme que convoite Kurt, le fils d'Humboldt. Alors que le village est en proie à la peste. Arrive alors Mary... Magnifique film gothique mettant en vedette dans un double rôle, Barbara Steele. Ce film au curieux titre original, les longs cheveux de la mort, offre un drame et une vengeance d'outre tombe très classique mais extrêmement bien fait. Margheriti a toujours adoré l'horreur gothique et avec un noir et blanc bien maîtrisé, il met en valeur le visage et les formes ravissantes de l'actrice fétiche de l'époque. Le personnage de Barbara Steele manipule avec une maîtrise diabolique le pauvre Kurt, pour lequel le spectateur n'a aucune sympathie. Dans un château qui a sa crypte, et ses passages secrets, les situations macabres, proches des histoires d'Edgar Allan Poe, s'accumulent et la tension monte. La production est inventive, la présumée sorcière n'est pas simplement attachée à un pieu entouré de bois, elle est envoyée dans un enclos entouré de bois, ce qui est encore plus cruel, la victime se promenant en rond, entourée de feu, sans issue. On en vient à soupçonner tout le monde de participer au complot, partageant la paranoïa justifiée des coupables. Barbara Steele est évidemment toujours à la fois radieuse et ténébreuse, l'image incarnée de la revanche féminine. Car les hommes n'ont pas le beau rôle dans cette histoire, pas plus vraiment que les femmes, la soumission d'Elisabeth pour cause de mariage étant aujourd'hui surréaliste. Le dvd collector d'Artus Films comporte une flopée de bonus très intéressants. En commençant par un entretien avec Edoardo Margheriti, fils du regretté réalisateur dont il a été régulièrement l'assistant réalisateur, qui nous fait partager la passion de son paternel et la nostalgie d'une époque trop lointaine. Luigi Cozzi parle candidement de son ami "Nini", éclaircissant au passage l'implication purement symbolique de Margheriti dans les deux films de Paul Morrissey, agissant uniquement comme prête nom pour des raisons de subventions. Alain Petit nous livre pendant plus de 40 minutes ses infos et opinions sur le film, la distribution en France à l'époque et les artisans du film, toujours aussi fascinant. Anne Ferlat discours sur la sorcière et le culte des forces de la nature, son regard furtif nous cible à l'occasion quand elle n'est pas en train de regarder ce qui semble un univers invisible. Galerie de photos, Filmographies et livret de 8 pages complètent magnifiquement le tout. Mario Giguère
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