LA GAZETTE DU CLUB DES MONSTRES |
NUMÉRO 78
OGROFF
ET LES DÉLICES DE FRANCO !
OGROFF - MAD MUTILATOR - Norbert Moutier avec Françoise Deniel, Howard Vernon, Pierre Pattin, Alain Petit, 1983, France, 87m Il y a un coin de forêt en France ou il ne fait pas bon passer parce qu'Ogroff y fait le ménage régulièrement. Ogroff, le bucheron fou, Ogroff, masqué, Ogroff a qui il manque un oeil et qui a été rafistolé beaucoup trop rapidement durant la deuxième guerre mondiale. Ogroff va donc trucider un tas de gens qui passent par là. Il va aussi, étonnamment, réussir à se faire charmer par une jolie dame dont on questionne la présence d'esprit. Mais hélas, la lune de miel est rapide et Ogroff retrouve la folie qui est sa seule maîtresse depuis des années. Et les zombies sortent de terre !! Ce n'est qu'un tout petit aperçu du film fou qu'est Ogroff. Il y aura ces zombies, Howard Vernon en prêtre louche et tout un tas de poursuites sanglantes. Le tout est tourné en 1982 en super-8 par une bande de camarades, passionnés de cinéma et assidus de la boutique de Norbert Moutier. Alors oui, ca fait partie du plaisir de reconnaître ou de se faire pointer les visages de fanzineux bien connus aujourd'hui ! Car pour ce qui est de la facture du métrage, évidemment que la qualité est douteuse. Le Super-8 étant très limité, le projet suscite une part d'admiration. En tout cas de ma part, qui ai tâté du super-8 pour des courts métrages plus parodiques. Parce que Moutier prend le sujet très au sérieux, comme ses actrices, plutôt convaincantes, mais peut-être pas ses acteurs parfois laissés à eux-mêmes et qui nous font des zombies de diverses provenances. Ont donc participé, entre autre Alain Petit, Jean-Pierre Putters, Christophe Lemaire, François Cognard, Bruno Terrier, Jean-Claude Guenet, Pierre Pattin, dont plusieurs nous livrent des témoignages divers et sont parfois embêtés de voir le film encore populaire de nos jours ! Car le dvd d'Artus Films est bourré de suppléments, ce qui est fort apprécié. On raconte entre autre la première dans un festival à Paris ou Moutier aurait été affligé par la réception des amateurs qui ont beaucoup rit. L'eau a coulée sous les ponts et le réalisateur admet le côté bricoleur de l'aventure et de toute façon, il a continué, en vhs, à produire les films qu'il voulait voir. Pour cette persévérance, respect. J'ai eu bien du plaisir, personnellement, à reconnaître les bruitages offerts sur disque vinyle à l'époque et j'ai replacé ces "bruits de forêt" qui ressemblent à une cacophonie d'oiseaux sous influence. En extras aussi les scènes coupées, un prologue qui explique la genèse du personnage, morbide à souhait. L'aspect de la pellicule perdue et retrouvée fait encore son petit effet. Si vous préférez Citizen Kane ou les blockbusters, passez tout droit, mais pour le plaisir et pour l'histoire du cinéma amateur français, ou pour vous marrer, faites le détour sans gêne.
CELESTINE BONNE A TOUT FAIRE - Jess Franco avec Lina Romay, Pamela Stanford, Richard Bigotini, Howard Vernon, Olivier Mathot, 1974, France, 94m Il y a fort longtemps, en France, des policiers tristounets ferment une maison close. Deux jeunes femmes réussissent à prendre la fuite, Célestine et son amie, qui préfèrent séparer leur route pour avoir plus de chances de perdre les flics à leurs trousses. Célestine se retrouve sans vêtements dans une grange ou elle est surprise par un garçon qui la monte comme un lapin sans tarder. Mademoiselle ne se plaint pas, sauf qu'il devrait apprendre à prendre son temps ! Il se dépêche de présenter la jolie brunette à la Comtesse de la Bringuette qui l'engage comme bonne à tout faire. Elle sera fort occupée, de jour avec les tâches ménagères et de soir à satisfaire les envies lubriques de toute la maisonnée. Y comprit le Comte, bien connu de la maison close, ou le Papy qui se fait lire des histoires coquines au lit. Elle ira jusqu'à expliquer aux deux dames moins portées sur la chose comment faire plaisir et garder leurs hommes près d'elles ! Un authentique vaudeville signé Franco, il n'y en a pas des tonnes. En voici un croustillant mettant en vedette une Lina Romay craquante et complètement émoustillée qui s'en donne à coeur joie dans un scénario, semble-t-il inspiré d'un roman. Franco est visiblement amoureux de sa nouvelle actrice, ils formeront d'ailleurs un couple qui perdure depuis des décennies. On est dans la tradition des comédies polissonnes, qui commencent à pulluler è l'époque, spécialement en provenance d'Italie. Pour le producteur Robert de Nesle, Franco s'applique fort bien et livre un film drôle, polisson et un hymne à l'amour libre. Il faut entendre la belle Célestine, répondre à une offre de mariage par l'affirmation qu'elle ne peut se contenter de satisfaire un seul homme, qu'elle rendrait trop rapidement cocu, et qu'elle aimerait faire l'amour à tous les hommes de la Terre ! La petite musique de circonstance est réutilisée à profusion et j'aurais aimé qu'on en écrive des variations, mais bon, c'est un petit bémol! On note la présence surprenante de Howard Vernon en vieux vicieux alité ou de Pamela Stanford qui n'est pas non plus avare de ses charmes au compte final! En extra: Jess et Lina, par Jean-Pierre Bouyxou, qui raconte des anecdotes de tournage, la relation naissante de Jess et Lina et nous parle du producteur. C'est ce genre d'extras qui fait plaisir et est une des rasions pour laquelle je recommande les éditions d'Artus Films. Regardé au format original !:66, qui est pour ainsi dire un format télé, mais pour ce type de films, aussi compatible au format 16/9, on rigole trop pour remarquer trop longtemps.
La COMTESSE PERVERSE - Jess Franco avec Alice Arno, Lina Romay, Howard Vernon, Tania Buselier, 1974, France, 73m Sylvia (Lina Romay) ne dédaigne pas les plaisirs à trois et c'est avec un couple d'amis qu'elle se dirige vers une île isolée ou elle rencontre le Comte et la Comtesse Zaroff. Ils ne tarderont pas è goûter à la chair de cette nouvelle proie dans plus d'un sens. Le jeune couple agit en tant que rabatteur de jeunes femmes pour alimenter les chasses de la Comtesse. Elle donne chaque fois la chance à ses futures victimes de s'enfuir, si elles en ont le temps, sinon, elles ont l'habitude de finir rôties dans l'assiette de ces pervers. Connu aussi sous le titre "Les Croqueuses" et c'est cette version que j'avait vue il y a des années. Une version dont on nous laisse voir les séquences en extras, des inserts hard d'une part, mais surtout un prologue et un épilogue d'une légèreté incongrue par rapport è l'original. L'époque se voulait pleine de changement d'habitudes rapides et le public des salles obscures demandait de plus en plus de scènes hard, ce que Franco tournait rarement avec entrain, mais le sujet étant le cannibalisme, il enrobe le tout dans une version ludique étonnante. Mais concentrons nous sur La Comtesse Perverse, mettant en vedette la sublime Alice Arno, une Amazone magnifique avec presque rien sur la peau que son arc et ses flèches, telle une déesse grecque. La production se contente de peu, mais surtout d'un décor formidable, une maison au design quasi digne des délires d'Escher. Lina Romay est bien utilisée et est autant à l'aise en gibier humain que dans les scènes de saphisme. Howard Vernon est presque en retrait par rapport à Alice Arno, mais ses dernières paroles transforment le drame glauque en poème d'une noirceur troublante. Pour le scénario, on ne se fait pas d'illusion, on est devant une nouvelle variation sur les Chasses du Comte Zaroff, revu et intégrant un érotisme au goût du jour. Seul bémol la musique très éclectique qui va du bon à un morceau au synthétiseur qui m'a franchement déplu et qui revient comme une mouche à nos oreilles. Le dvd d'Artus Films contient outre les scènes des Croqueuses déjà mentionnées, un entretien avec Jean-François Rauger de la cinémathèque française qui en rajoute sur le travail de remontage des films de Franco. Instructif et passionnant. Une belle galette !
PLAISIR À TROIS - Jess Franco avec Alice Arno, Robert Wood, Lina Romay, Howard Vernon, 1974, France, 63m Martine de Bressard (Alice Arno) sort d'un séjour d'une durée d'un an dans un institut psychiatrique. En attendant son mari Charles, elle descend prestement dans le sous-sol de sa vaste demeure ou elle renoue avec les jeux pervers en compagnie d'une jolie brunette muette (Lina Romay) qui se plis à ses envies masochistes. Charles arrive et ensemble ils espionnent la nouvelle voisine d'en face, la séduisante Cécile (Tania Busselier), ingénue naïve qui se fait plaisir devant de grandes vitres aux rideaux ouverts! Martine et Charles organisent une rencontre fortuite avec les parents de la jolie Cécile et offrent de l'accueillir dans leur maison pendant le voyage qu'ils planifient. Tout ce beau monde va s'adonner à des jeux érotiques de plus en plus dangereux. Cette adaptation libre d'un roman du Marquis de Sade a le casting complet du film La Comtesse Perverse pour une bonne raison, il s'agit encore d'un deux pour un dont Franco avait l'habitude. Pour le même budget ou une petite rallonge, il était toujours partant avec ses acteurs et son équipe pour faire un tournage continu ou simultané avec une histoire plus personnelle. Franco semble obsédé ou fasciné par les oeuvres du Marquis de Sade et il trouve ici l'occasion de mettre sur pellicule des jeux sadiques malsains. Le début fort intriguant de cette sortie d'institut et les quelques scènes ou l'on re4voit Charles parler avec le psy de Martine laissent soupçonner que tout n'est pas limpide. En effet, cette version de "Fenêtre sur Cour" qui rencontre De Sade cache de toute évidence quelque chose que l'on comprendra au final seulement. Alice Arno est fort crédible et toujours séduisante avec son corps et son regard de féline. Il est étonnant de voir Line Romay dans un rôle muet et c'est à se demander si son personnage n'a pas été rajouté après l'écriture du scénario. Tania Busselier est d'une beauté qui transparait à l'écran et on ne peut s'empêcher de craindre pour elle. Le dvd offre en bonus "La genèse de Plaisir à trois", ainsi que "Sade et Jess Franco", tout deux par Alain Petit. Une source inépuisable de renseignements qui aident, et en ce qui concerne Franco on a l'impression parfois d'en avoir besoin, pour comprendre le travail du réalisateur et s'y retrouver dans sa production prolifique. Un plaisir qui ne se refuse pas.
VENUS IN FURS aka Paroxismus- Jesús Franco avec James Darren,1969, Italie/Allemagne, 82m Jimmy Logan marche sur une plage et déterre une trompette. En voix off, il nous raconte ne pas savoir ou il est ni quel jour il peut être. Avançant toujours sur cette plage il trouve une femme morte et se remémore dans quelle circonstances celle qu'il croit reconnaitre a été tuée alors qu'il en était témoin. Perturbé, il retourne vers sa copine et ils partent ensemble è Rio De Janeiro ou il a un contrât et joue dans un ensemble de jazz tous les soirs. Dans ce club sélect, il voit arriver le sosie de cette femme morte, Wanda Reed, et ne peut s'empêcher de la rejoindre. Difficile de ne pas dévoiler le noeud de l'histoire, qui n'est pas vraiment nouvelle et dont le personnage principal nous laisse des indices rapidement en début de film. À la limite, on embarque dans un voyage surréaliste et onirique dont la conclusion nous est facilement devinable mais dont le parcours est des plus intéressants. Comme on l'apprend dans le supplément d'Alain Petit, Franco lui a raconté avoir construit le film comme une pièce de jazz et il faut avouer que la superbe partition musicale est partie intégrante de l'expérience filmique. James Darren, plus connu pour son rôle dans VOYAGE AU COEUR DU TEMPS, lui-même trompettiste, a apprécié ce tournage baigné dans cette musique permanente et le charme de ses partenaires. Le producteur Harry Alan Towers, prêt à financer le projet qu'il juge cependant difficilement commercial, décide de donner les moyens à Franco de tourner un magnifique film avec des acteurs de renom. Maria Romh est absolument sublime dans la peau de Wanda Reed, la Venus en fourrure du titre, et la caméra ne se lasse pas plus que le spectateur de la voir. On peut en dire autant de pratiquement tout le casting, bien servit par la caméra. A la trame sonore on trouve Mike Hugg, Manfred Mann, Stu Phillips et Franco lui-même. Si je ne suis pas le plus friand amateur de ce style musical, j'avoue m'être laissé bercer par ces pièces en symbiose avec les images. Je me rappelle clairement avoir essayé de regarder le film il y a des années dans une copie vhs à l'image dégradée. En vain. La qualité di dvd d'Artus Films permet de le voir à sa juste valeur. Alain Petit n'est pas avare d'anecdotes, lui qui a été collaborateur de Franco. Mise en contexte, parcours du producteur et des acteurs et en prime, un extra des plus intéressants. J'ai toujours en mémoire Tim Lucas qui disait qu'il fallait avoir vu tous les films de Franco pour en apprécier un. Ici on fait la démonstration de la difficulté en nous montrant plus de vingt minutes d'extrait de la version italienne, au montage fort différent qui change littéralement l'histoire au montage. Tout ceci fait de Venus in Furs un film à voir et découvrir. Il s'agit certainement d'un des plus beaux films de Jess Franco et une fusion de la narration avec la musique des plus enivrantes. Mario Giguère
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