LES FILMS DE FANTASIA 2010

du 8 juillet au 28 juillet au Théâtre Hall Concordia

Affiche illustrée par Heidi Taillefer www.heiditaillefer.com

A FROZEN FLOWER aka Ssang-hwa-jeom - Ha Yu avec Jin-mo Ju, Ji-hyo Song, In-seong Jo, 2008, Corée, 133m

Drame historique situé en Corée durant la dynastie Koryo. Le Roi s'est entouré d'une garde de trente six jeunes hommes pour le protéger car il gère son royaume de manière presque autonome, ce qui déplait au pouvoir de Yuan. Il est forcé de marier une princesse envoyée pour des raisons politiques, ce qui ne le dérange pas jusqu'ç ce qu'on exige qu'il produise un héritier ou qu'il abdique son trône. Le roi étant depuis toujours amoureux de son garde du corps personnel, la chose se complique. Il demande donc à Hong-rim de se sacrifier pour son bien et celui du royaume. Ca tourne mal quand, contre toute attente, Hong-rim y prends goût et devient follement amoureux de la reine. Le roi commence à avoir des soupçons et le tout ne peut que mal se terminer pour tous...

Surprise pour le spectateur comme moi qui pensait voir un drame historique coréen, de se retrouver devant un triangle amoureux entre deux homosexuels et une reine. S'il est vrai que le tout est basé sur une histoire vécue, il y a bien quelques rires gênés dans la salle lorsqu'on se rend compte rapidement que le roi n'aime que les jeunes hommes ou que Hong-rim essaie tant bien que mal d'accomplir son devoir avec la reine. Le tout est bien filmé avec bon goût et les décors et costumes sont magnifiques. La colère du roi sera des plus sanglantes. Mario Giguère

ALIEN VS NINJA - Seiji Chiba avec Mika Hijii, Shuuji Kashiwabara, Ben Hiura, Yûki Ogoe, Donpei Tsuchihira, Japon , 2010, 85m

Au temps bénis des Ninjas, ces êtres tout dévoués à l'art du combat et de la guerre, une boule de feu tombe du ciel. Ce que la bande de ninjas que nous suivons va découvrir, c'est que ce n'est pas une nouvelle arme de leurs ennemis et que son arrivée s'accompagne de celle de monstres sanguinaires !

On se croirait revenir au bon vieux temps de la AIP ou un film se montait sur la base d'un titre ! AVN, tout simplement, tout est dans le titre, mais encore fallait-il livrer le produit assez bien fait et intéressant pour satisfaire ceux qui seraient venus le voir. Là, on est servit à souhait dans cette bande délirante qui accumule les hommages à énormément de films, de genres et évidemment au passage à Alien, mais encore plus. On ne se prend pas au sérieux une minute avec ces guerriers qui soignent leur mèche de cheveux, cette ninja femme qui suscite la convoitise et ce monstre plus délirant qu'il n'y parait du premier coup d'oeil. Sur un rythme endiablé et cartoonesque, peu de choses nous seront épargnées et gare à ceux qui ferment l'oeil un instant, ils risquent de manquer un autre moment drôle, un punch tordant, ou ne pas comprendre la suite. Peu importe, c'est du Tex Avery pour amateurs de films de genre déjanté, de cette branche de plus en plus populaire de cinéma japonais décomplexé à souhait qui accumule les scènes étranges et gores pour notre plus grand plaisir.

Et si j'étais, semble-t-il, le seul dans la salle à prendre pour le monstre, on a tous eu un fun noir ! Film du nouveau label de la Nikkatsu, Sushi Typhoon, j'attends d'un pied ferme les nouvelles aventures qu'on nous annonce ! Mario Giguère

A SERBIAN FILM aka Srpski film - Srdjan Spasojevic, Serbie, 2010, 100m

Milos est un acteur porno à la retraite qui vit paisiblement avec sa blonde et son fils. Un jour, un producteur porno artistique d'avant garde le contact pour reprendre du service dans une production mystérieuse où il ne devra pas connaitre le script. Attiré par la forte somme d'argent, il accepte. Milos ne sera pas au bout de ses surprises.

A SERBIAN FILM joui d'une réputation de film choquant et scandaleux par quelques scènes chocs des plus scabreuses et parfois violente. Où meurtres, inceste et autres étrangeté sont à l'honneur. Et force est de reconnaitre que le film remplit bien ce mandat à ce niveau. Mais le film est plus qu'une série de scènes démentes. Les acteurs sont excellents, ainsi que les thèmes abordés et la réalisation y est excellente et ceci malgré un budget des plus minime (aucunes subventions des institutions). Le réalisateur, grand admirateur de SALO, y traite aussi de thèmes près des Serbes comme la guerre, de la difficulté de faire confiance aux autres, que même nos plus proches amis peuvent être nos ennemis et critique la "Torture Porn" mais il en utilise les artifices. Mais son message le plus fort est peut être: on est fourré dans notre vie et nous le sommes après notre mort ! Dans mon cas, je trouve le film majestueux et très fort. Mais ce film n'est pas destiné à tous ! Je vous recommande de le voir avec prudence. C'est très fort et c'est un vrai choc cinématographique. Le film le plus dur que j'ai vu depuis au moins 20 ans. Black Knight

BATTLE IN OUTER SPACE aka Uchu daisenso - Ishirô Honda avec Ryô Ikebe, Kyôko Anzai, Koreya Senda, Minoru Takada, 1959, Japon, 90m

La lune est tombée aux mains des Natal. Les nations doivent unir leurs forces pour combattre l'ennemi qui est en train de détruire les grandes villes de ce monde. Deux fusées sont bientôt prêtes pour aller combattre la base lunaire des envahisseurs.

Présenté au festival Fantasia par nul autre qu'Ed Godzizewski, grand spécialiste du genre, il était de bon ton de replacer le film dans son contexte. Le rythme d'une autre époque, une certaine sagesse dans le comportement des humains, mais aussi l'efficacité à l'époque des effets spéciaux qui aujourd'hui datent le film. Ajoutons que nous regardons le montage américain, qui oublie trop souvent la musique d'Akira Ifikube et surtout la présence trop discrète des extraterrestres, que l'on ne verra jamais en dehors de leurs costumes. D'ailleurs la rencontre de plusieurs représentants de l'espèce qui attaquent un cosmonaute nous laisse une piètre impression de cette race qui semble physiquement assez faible. Plus ou moins une suite du film THE MYSTERIANS, le film est moins intéressant que son prédécesseur et un des films de la Toho qui a vieillit le plus. Le concept des nations unies, en avance pour l'époque, était un des thèmes préférés du réalisateur. Mario Giguère

CENTURION - Neil Marshall avec Michael Fassbender, Dominic West, Olga Kurylenko, 2010, Royaume Uni, 97m

En l'an 117, l'empire romain s'étends un peu trop et ses limites commencent à être confrontés à de puissants ennemis. C'est le cas au nord de l'Angleterre ou les sauvages guerriers Pictes tiennent tête aux légions. Marcus Dias, unique survivant d'une attaque, rejoint la neuvième légion romaine et part accomplir sa vengeance. Défaits, seule sept hommes vont survivre et essayer de secourir le général retenu prisonnier, pour être par la suite pourchassés sans merci.

Je pars avec un préjugé favorable pour Marshall depuis le premier film que j'ai vu de lui, DOG SOLDIERS et le puissant THE DESCENT. On retrouve ici toutes ses qualités: un film visuellement splendide, des personnages forts, autant féminins que masculins et un scénario qui évite les moments triomphalistes obligatoires du cinéma populaire américain. Les Pictes, qui avaient aussi inspiré Robert E. Howard, créateur de Conan, n'ont résolument pas l'air d'enfants de choeur et on est évidemment partagé entre la défense des droits territoriaux d'un peuple autochtone bafoué par les envahisseurs et le pauvre sort de ces soldats romains qui veulent éviter d'être chair à massacre. Sur ce, le film est ambivalent, il me semble, dénonçant la brutalité des deux camps, une autre attitude bienvenue de la part du réalisateur-scénariste. L'affrontement final entre la proie et la chasseresse sera plus rapide que l'on aurait aimé, mais là encore, faire autrement aurait probablement fait pencher le film vers une violence spectacle qui est trop courante. Des amis lui ont reproché une photographie trop esthétisante, ce qui personnellement ne m'a pas dérangé. Je vais continuer de suivre la carrière de Marshall ! Mario Giguère

DREAM HOME aka Wai dor lei ah yut ho- Ho-Cheung Pang avec Josie Ho, Michelle Ye, Eason Chan, Norman Chu, 2010, Hong Kong, 96m

Cheng Li-sheung a un rêve, celui d'acheter son appartement avec vue sur mer. Mais depuis la rétrocession de Hong Kong à la Chine, la spéculation a fait augmenter les prix hors de portée. Lorsqu'elle a finalement trouvé une bonne occasion, elle est effondrée de manquer l'achat pour cause de taxi trop lent et une autre poussée inflationniste. Elle va prendre des moyens radicaux pour s'accaparer de l'objet de sa convoitise.

Cette petite femme en apparence faible et fragile va commettre un véritable carnage dont le but ne nous semble pas précis durant fort longtemps. Tout ca va se tenir, dans un scénario qui raconte son histoire sur plusieurs époques, revenant constamment sur des crimes pour le moins choquants, sanglants et sacrément gores, teintés à l'occasion d'un humour noir décapant. Supposément basé sur une histoire vécue, on espère qu'ils exagèrent. Ho-Cheung Pang écrit et réalise un film violent que l'on pourra voir comme pamphlétaire et dénonciateur d'une société gangrénée par le capitalisme sauvage mais qui est surtout purement et simplement un exutoire drôlement efficace. Mario Giguère

FISH STORY aka Fisshu Sutôrî - Yoshihiro Nakamura Avec Atsushi Itô, Kengo Kora, Tabe Mikako, Mirai Moriyama, Kenjiro Ishimaru, 2009, Japon, 112m

Dans une ville de Tokyo déserte, un badaud est surprit de voir un disquaire ouvert. Il écoute le vendeur et son client et leur rappelle qu'une comète va frapper la terre dans quelques heures et qu'ils seront engloutis. Le vendeur n'a pour toute réponse que la chanson Fish Story va probablement sauver le monde. S'en suit plusieurs récits en apparence sans lien, qui, évidemment seront finalement reliées. En 1975, nous suivons l'enregistrement de la chanson Fish Story par un groupe punk avant l'heure qui se demande si en enregistrant leur premier vinyle, ils ne vendent pas leur âme au diable. En 1982, un homme lâche et peureux écoute la chanson avec des amis, espérant entendre une femme hurler durant la pause silencieuse qui suscite tant d'intérêt. En 1999, une secte prévoit la fin du monde pour le 31 décembre et une jeune fille qui s'est endormie et qui continue de force une croisière loin de son groupe d'étudiantes est sauvée d'une attaque terroriste par un serveur expert en arts martiaux.

Un peu longuet, une caractéristique japonaise il semble, le film a un scénario fort astucieux et ce début de film catastrophe avec sa comète spectaculaire qui remplit le ciel nous accroche immédiatement. Après, ca bouge assez vite et on est toujours intrigué par des situations bizarres, souvent drôles, avec des personnages singuliers. Seul bémol pour moi, le segment qui m'a paru bien long ou l'on suit les musiciens qui vont composer la chanson, celle qui va effectivement changer l'histoire, d'une manière que l'on aurait jamais pu deviner. Mais ce n'est pas assez pour bouder son plaisir et aboutir à une finale assez jouissive ou tout devient clair. Un plaisir à découvrir ! Du scénariste qui nous a offert Dark Waters. Mario Giguère

FRANKEINSTEIN UNLIMITED - DARK LOTUS by Matthew Saliba, VICTOR by Matthew Forbes, FLESH FOR KUNG FU by King-Wei Chu, REFLECTION by Maude Michaud, OCCAM'S RAZOR by Peter James, MR. FLUFFENSTEIN by Martin Gauthier, 2009, Canada

MATTHEW SALIBA'S FRANKEINSTEIN UNLIMITED est une anthologie de 6 court-métrages québécois ayant pour thème le roman de Mary Shelley. Comme le roman est dans le domaine public, mais que le maquillage de la créature ne l'est pas et appartient à l'Universal... Les différents courts métrages traiteront donc de différents thèmes du roman, mais rarement de la créature.

Le film s'ouvre avec DARK LOTUS qui est la troisième partie d'une trilogie ayant pour thème le "sado-érotisme". Les deux précédents étaient SHE WAS ASKING FOR IT et VAMPIROS LESBOS. Tout comme les précédents, le réalisateur fait appel à la photographie animé à la manière du film LA JETÉE. Mais cette fois-ci, il utilise en plus le noir et blanc. Le récit débute avec la naissance de jumelles orchestré par le docteur Orlof, au moment d'aller porter la 2e jumelle dans de la terre pour la faire féconder via une expérimentation, des membres de la mafia s'interposent et tuent le Docteur Orlof et la progéniture. Des années plus tard, la survivante, alors qu'elle fait une danse érotique en mimant une araignée, fera la rencontre du chef de la mafia et elle tentera alors de se venger.

Pour moi, ce court métrage est peut être la plus grande réussite de Matthew Saliba pour le moment. Le réalisateur emploi de magnifiques comédiens (Kayden Rose, Martin Plouffe et John M. Thomas) de l'excellente musique et contient quelques hommages: The Diabolical Dr. Z, The Beyond, Eraserhead. Le tout est matiné d'expressionisme Allemand. Une grande réussite.

Le deuxième court-métrage a pour titre VICTOR est réalisé par Matthew Forbes. Celui-ci suit le parcours du Dr. Frankeinstein après que celui-ci a été séparé de sa créature et présente le docteur qui s'interroge sur ses actions et l'impact de sa création sur la société. Celui-ci contient moins d'action, mais est doté d'une excellente richesse au niveau psychologique. Un court métrage vivement recommandé.

FLESH FOR KUNG-FU de King-Wei Chu compose le 3e court métrage de cette anthologie et met en scène Gordon Liu qui reçoit une invitation pour un combat épique contre un maitre d'art martiaux qui tue les grands maitres pour se composer le corps du maitre ultime. Le titre de celui-ci est un délicieux clin d'oeil au Flesh For Frankenstein de Paul Morrissey et est ni plus, ni moins un hommage au Kung-Fu et à Gordon Liu. Il est à noter que ce court métrage à été entièrement tourné à Hong Kong et devrait faire énormément plaisir aux fans d'art Martiaux. Ses 5 minutes on l'air d'en durer une et je dois avouer que j'ai bien hâte de voir les prochains projets de ce réalisateur.

La quatrième partie est composé de REFLECTION par Maude Michaud. La réalisatrice a décidé de présenter l'action de son court métrage à l'intérieur d'une salle de spectacle où des "freaks" gagnent leur vie. L'une d'elle, défigurée, se payera une opération au visage pour retrouver sa beauté. Sera t'elle plus heureuse ainsi ? Cette épisode est certainement la plus mature du lot au niveau des sentiments et des thèmes. De plus, il comporte d'excellents numéros de cirque fait par des artistes de talents. Après DARK LOTUS, celui-ci est mon préféré.

Vient ensuite, OCCAM'S RAZOR de Peter James. Celui-ci met en scène l'interrogatoire de deux suspects dans une histoire d'un double meurtre. D'une durée de 30 minutes, et malgré une interprétation très émotive et un retournement de situation dans la lignée de THE USUAL SUSPECTS... est selon mes gouts l'un des plus faibles du lot. C'est que la durée est trop longue et brise un peu le rythme d'avec les 5 autres court métrages. Sinon... Les noms des personnages (Karloff, etc.) forment un bel hommage.

Et enfin, cette anthologie ce terminer avec MR. FLUFFENSTEIN. Ce dernier court métrage est à saveur humoristique et met en scène une petite fille, qui après la mort accidentelle de son chat, décide de se fabriquer un nouveau chat. Mais celui-ci s'attaquera aux chats du voisinages... Ce court métrage, avec sa petite touche d'humour et sa légèreté, est tout à fait bienvenue pour conclure le tout. Très divertissant. Black Knight

Pour ceux qui sont intéressé, le dvd est disponible via: http://www.frankensteinunlimited.tk/

GALLANTS aka Da lui toi - Clement Sze-Kit Cheng & Chi-kin Kwok avec Siu-Lung Leung, Kuan Tai Chen, Teddy Robin Kwan, 2010, Hong Kong, 98m

Cheung est un souffre douleur pour tous et le voici chargé de persuader quelques récalcitrants de quitter leur maisons et commerces pour faire place à un nouveau développement immobilier. Il se fait tout naturellement tabasser et est sauvé par le vieux Tiger, qui a plus de ressources qu'il n'y parait. Tiger et Dragon attendent depuis trente ans la sortie du coma de leur maître en arts martiaux Ben Law, qui, lorsqu'il en sort, prend Cheung pour un de ces jeunes disciples, ne se rendant jamais compte que le temps a passé ! Cheung sera donc partagé entre ses nouveaux "amis" qu'il devrait expulser et son patron qui enverra un expert en arts martiaux affronter les élèves en combat dont le vainqueur aura la possession du bail de l'immeuble.

Sur une trame on ne peut plus classique se greffe un discours peu commun avec ces acteurs, réelles stars d'un autre temps, toujours aussi déterminées, mais pas autant en forme. Si le corps ne suit pas toujours, les prouesses sont nombreuses et la finale en pied de nez à une jeunesse qui ne sait pas et en comprend pas est exquise, se reflétant dans les commentaires de la salle. Un film drôle, parfois poignant, avec scènes d'action et qui nous touche. Loin des opérations marketing habituelles des blockbusters, une belle leçon de vie, toujours sur la fine ligne du burlesque. On a l'impression qu'il n'y a qu'a Hong Kong qu'on peut en faire des comme ça ! Mario Giguère

Les HOMMES D'UNE AUTRE PLANÈTE aka Mars Men aka Mars Adam aka Gli Uomini di Marte - Cheng Hun Ming avec Yen Chiang Lung, Wang Pao Yu, Yeh Hsiao, 1976, Thailande/Taiwan, 84m

Il fut une belle époque ou chaque édition du festival Fantasia nous amenait un ou deux Godzilla et un ou deux programmes d'Ultraman. Le roi des monstres ayant prit une semi-retraîte et la compagnie Tsuburaya ayant été vendue à des gens qui ne voient pas la nécessité de faire de la promotion en Amérique du Nord, la disette dure depuis un certain moment. Voilà que grâce à la Cinémathèque Française nous arrive ce témoignage de la déchéance de la civilisation moderne. Au départ il y a la série Jumborg Ace, dans la foulée d'Ultraman, qui connait du succès en Thaïlande. Les Thaïlandais décident donc d'acheter les droits pour tourner un long métrage qui abouti un jour à Taiwan. Les distributeurs décident de retourner toutes les séquences avec des acteurs et de refaire le montage. Cette version abouti en France ou on décide de doubler les dialogues comme bon nous semble. Et c'est comme cela que l'on fait une mauvaise réputation aux martiens !

Pas facile à résumer et souvent incohérent, grosso modo, les martiens débarquent en ville pour s'accaparer d'une pierre précieuse qui leur permettra de terminer une arme fatale. Cette pierre a été aperçue par un gamin qui l'a trouvée tout près de la statuette d'un ancien dieu (Hanuman). Si les terriens ont de la difficulté à se défendre contre les attaques sans merci des hommes d'une autre planète, l'arrivée inopinée d'un robot géant américain (Jumborg Ace qui n'a rien d'américain) et le fait que la statuette devient géante et animée va permettre à ces deux nouveaux amis de combattre les méchants maris aux douze enfants de l'espace !

Comme trop souvent à l'époque, il faut souligner l'improvisation d'une trame sonore à coups de Monsieur Cannibale, Pink Floyd et pleins d'extraits de la musique du film CHARIOTS OF THE GODS ! Ca délire grave et l'ambiance est quasi surréaliste. Le vilain en chef, au visage de robot immobile se fait aller la perruque aux quatre vents ce qui lui donne des allures de Muppets tandis que son ministre cabotine au cube ! D'autres monstres, extraits de la série télévisée, apparaissent, le temps de se faire rosser. Les voix des doubleurs sont reconnaissables pour qui a écouté récemment des épisodes du contemporain Goldorak. Le résultat final est un objet filmique difficilement identifiable, pure délice psychotronique, qui saura faire éclater le cerveau des cinéphiles trop coincés. On en veut plus ! Mario Giguère

HERSCHELL GORDON LEWIS: THE GODFATHER OF GORE - Frank Henenlotter & Jimmy Maslon avec Herschell Gordon Lewis, David Friedman, John Waters, Bunny Yeager, Joe Bob Briggs, 2010, États Unis, 106m

Documentaire fort attendu sur la carrière du parrain du Gore, l'unique Herschell Gordon Lewis. Fruit de quatre années de travail sous l'impulsion du père de Something Weird Video, le documentaire retrace non seulement les années gore, mais toute la vie de cinéaste. On débute donc par la vague de films "nudies", ces bandes qui profitent d'un jugement d'alors qui veut que la nudité peut avoir sa place à l'écran si elle n'est pas dans un contexte sexuel. Lewis réalise donc de petits films rapidement, sur des prétextes de scénarios, visitant les camps de nudiste fort populaires à l'époque. On illustre les dérives de l'époque avec des extraits de NUDE ON THE MOON, qui n'est pas de Lewis, mais qu'il est toujours drôle de revoir. Lewis rencontre rapidement David Friedman qui va l'aider à distribuer ces films, essentiellement dans les ciné-parcs et "grindhouse", friands de films d'exploitation à prix modique. Lorsque la nudité vends un peu moins, notre duo coquin cherche à inaugurer la prochaine vagie et c'est là que vient l'idée du gore et la réalisation de BLOOD FEAST. On rencontre beaucoup de collaborateurs et on voit beaucoup de scènes manquées ou coupées au montage.

Arrive le clou du spectacle, le film le plus marquant et qui fait encore son effet, le légendaire 2000 MANIACS. On pousse l'audace à recréer certaines scènes et à revisiter la ville qui a servie de décor à cette perle du genre. Suivront les autres essais moins frappants de Lewis jusqu'à mélanger les genres avec, par exemple SOMETHING WEIRD, qui tiens plus du délire psychédélique et de l'intérêt croissant pour la parapsychologie et ou le talent somme toute limité et les budgets paumés servent mal le réalisateur. Reconverti dans le "direct marketing", l'homme est toujours aussi enthousiaste et heureux de se remémorer avec moult clins d'oeil cette époque révolue que les studios ont finalement récupérés avec leur flot de films de torture au propos limité.

Parmi les "experts" et anciens collaborateurs, il fait toujours plaisir de revoir ou découvrir David Friedman qui semble vieillir plus lentement que nous ! Idem pour Frank Henenlotter, passionné et enthousiaste ou un Joe Bob Briggs qui ne manque pas de langage imagé pour décrire le "roi de la crème des mauvais films". De nombreux acteurs et techniciens confirment le manque de moyens mais la bonne volonté et le plaisir à tourner ces scènes quasi surréalistes avec de jolies comédiennes à qui on demande de jouer avec des pièces de viande pas fraîches dans la bouche. Herschell Gordon Lewis a eu droit à une longue ovation debout bien méritée pour cette première mondiale. Mario Giguère

The HUMAN CENTIPEDE - Tom Six, 2009, Pays-Bas

Il y a de ces films qui parviennent à créer le buzz sur leur seul concept foutraque. Et celui-ci a certainement été l'un des plus efficaces, avec son histoire tordue de toubib allemand siphonné, obsédé à l'idée de créer un mille-pattes humain dans son laboratoire privé! C'est donc l'histoire du Dr. Heiter, un chirurgien spécialisé dans la séparation des frères siamois vivant seul, retiré dans une grande maison bourgeoise aussi isolée qu'aseptisée. Le Dr. Heiter, c'est le genre de mec dont la seule expression faciale parvient à te faire sentir mal à l'aise, un type grave qui ne sourit jamais, qui se baigne à poil dans sa piscine et qui aurait sans doute été l'un des plus remarquables officiers de la Gestapo s'il avait été actif 70 ans plus tôt. Visiblement comblé par son expérience sur des rottweiler sans doute ravis d'avoir pu se renifler le cul, notre bon Dr. Heiter kidnappe trois âmes perdues, à savoir deux américaines tombées en panne au beau milieu des bois et un japonais marginal, dans le but de procéder à l'opération ultime: assembler ces individus pour ne créer qu'une seul et unique entité munie d'un seul et unique système digestif. Le concept est simple (encore fallait-il y penser), il suffit simplement de coudre la bouche d'un maillon sur l'anus du maillon qui le précède! L'opération requiert bien évidemment quelques préparatifs, comme l'extraction des dents des maillons deux et trois et le sectionnement des tendons des genoux afin d'empêcher les victimes de se dresser sur leurs jambes...

On l'a compris, Tom Six ne cherche pas à faire du Ken Loach. Son film s'adresse directement à un public de déviants à la recherche de dérapages sur celluloïds, aux amateurs de pelloches crasseuses, autrement dit.... moi (et toi aussi, lecteur pervers). "The Human Centipede" aura cependant été accueilli tièdement par les fans de bis: trop creux, pas assez gore, trop soft, foutage de gueule, arnaque... Pourtant on ne peut pas dire que Six ait bâclé son film, car malgré un budget étriqué -et contrairement à bon nombre de films indés dits "extrêmes" - il soigne sa mise en scène, ses cadrages, parvient à mettre en place une véritable ambiance, bénéficie d'acteurs convaincants (mention spéciale à Dieter Laser dans le rôle du Dr. Foldingue) et ne verse étonnamment pas dans la surenchère d'effets graveleux. Il faut dire que le concept est assez pété du bulbe comme cela. Du coup, le réalisateur ménage les effets gores et craspecs en les distillant méticuleusement le long du métrage, qu'il s'agisse des préparatifs préopératoires, de plaies infectieuses ou des inévitables et franchement dégueulasses déjections fécales - paroxysme jubilatoire pour le concepteur de la bestiole rampante. Difficile de ne pas réagir face aux atrocités commises à l'écran, des atrocités si absurdes, excentriques et grand guignolesques qu'elles génèrent une sorte de répulsion comique provoquant de réjouissants râles de dégoût et des rires nerveux... pour autant que l'on soit rôdé à ce type de cinéma. Kerozene

IF A TREE FALLS - Philip Carrer, 2010, Canada

Des kidnappeurs armés enlèvent des voyageurs sur une autoroute. Ils les attachent et les filment en les mettant dans des situations de jeu. Comme d'en laisser partir un avec une hache avec un de ses amis qui ne peut pas marcher. Ou sinon, ils les tuent bien lentement.

Ce petit film canadien au budget des plus minime et dans le style des films grindhouse. C'est à dire avec pellicule faussement délavée, remplie de poussières et avec des scratchs. Le film débute bien avec beaucoup de développements et dialogues qui sont consacrés aux futures victimes mais le problème est que les victimes n'ont aucune chance de s'en sortir et rapidement le film devient ennuyant et long par rapport à l'iniquité des chances (la publicité mise sur ça, mais c'est une erreur). Et le film se transforme en un genre de snuff movie. Dommage, puisque le début était bien et c'était quand même gore. Une victime se fait même arracher les intestins à pleines mains mais en plus graphique encore que LAST HOUSE ON THE LEFT.

La salle était remplie au 1/5 et la moitié de la salle était composée de l'équipe technique. Visiblement, le monde avait hâte de voir HUMAN CENTIPIDE (qui est très mauvais dû aux comportements stupides des personnages). Et le choix de programmer un film canadien en même temps que HUMAN CENTIPEDE était mauvais et lui offrait peu de chances de se faire voir. IF A TREE FALLS est à voir au moins une fois. Black Knight

KURONEKO aka BLACK CAT FROM THE GRAVE aka THE BLACK CAT aka YABU NO NAKA NO KURONEKO - Kaneto Shindô, 1968, Japon

Une jeune femme et sa belle-mère, vivant isolées en pleine campagne, se font violer puis assassiner par une horde de samouraïs affamés. Les deux femmes jurent alors de boire le sang de tous les samouraïs du pays. Leur spectre prenant tantôt l'apparence de chat noir, tantôt celle de leur ancienne enveloppe charnelle, attire dans leurs griffes les guerriers naïfs qui finiront la gorge arrachée. Mais un beau jour arrive un personnage inattendu: le mari et fils des défuntes femmes est de retour de la guerre, auréolé d'une victoire qui lui procura le statut de samouraï. Son courage et sa rage quasi légendaire font qu'il se voit confier la périlleuse mission d'éliminer ces "monstres" qui tuent les samouraïs.

Quatre ans après ONIBABA, Kaneto Shindô revient au film d'horreur teinté d'érotisme soft. Tourné dans un superbe cinémascope noir-blanc et mis en scène de manière quasiment théâtrale dans des décors simplistes, KURONEKO nous entraîne sans peine au sein de ce monde parallèle où vivent ces spectres vengeurs mi-chat mi-humain et dont le pas peut se montrer aussi léger qu'une feuille portée par le vent. Le rythme lent et répétitif du film traduit l'obstination désabusée et l'inassouvissement de la vengeance de ces deux femmes que rien ou presque ne peut consoler - celles-ci ayant préféré l'Enfer au repos éternel. L'arrivée du fils / mari tant attendu réoriente alors le récit vers celui d'un amour impossible. Touchant, horrifique, triste et tragique, KURONEKO fini par associer autant de sentiments à une maestria visuelle typiquement nippone: poétique et mélancolique. Kerozene

The LAST EXORCISM aka Le Dernier Exorcisme - Daniel Stamm avec Patrick Fabian, Ashley Bell, Iris Bahr, Louis Herthum, 2010, États Unis, 87m

Cotton Marcus a accepté qu'une journaliste et son cameraman tourne un documentaire sur son métier d'exorciste. Il s'avère que depuis la naissance difficulté de son fils, il ne croit plus en Dieu. Il nous montre donc ses artifices pour faire vrai et justifie qu'il continue de pratiquer ce métier douteux pour faire vivre sa famille et parce qu'il croit réellement qu'il aide ses "possédés". Ils vont donc partir tous les trois vers la résidence de Louis Sweetzer qui veut de l'aide pour chasser le démon de sa fille Nell. Il est troublant de voir que les animaux de la ferme de Sweetzer meurent un à un, mutilés. Nelle se réveille toujours le lendemain avec ses vêtements maculés de sang mais sans souvenirs. Marcus pratique un premier exorcisme, se fait payer et remballe ses bagabes. Il devra revenir parce que de toute évidence, Nell a toujours des problèmes de comportement et l'on soupçonne son père d'en être la cause.

Eli Roth devient producteur pour ce petit film au budget mince et tourné selon la méthode de plus en plus populaire: la caméra vidéo à l'épaule. Cependant on dévie des standards: ici pas d'explication pour comprendre comment ce vidéo se retrouve devant nous. Pire, il y a non seulement du montage, mais aussi de la musique d'accompagnement. Si on a prit soin de choisir des comédiens non connus, on les sent beaucoup trop à l'aise avc la caméra. Patrick Gabian en faux exorciste à l'air tout simplement d'un acteur qui en fait trop et Ashley Bell, si elle nous fait quelques exercices de gymnastique et de cris tonitruants remarquables en possédée, est peu convaincante au naturel. Si les personnages secondaires sont plus crédibles, l'emsenble se trouve plombé par les personnages principaux. Le faux documentaire est cousu de fil blanc, au point ou on n'a jamais l'ombre de l'impression de véracité. La fin, par contre, vire au grand guignol complètement déconnecté et on peut au demeurant imaginer que si on nous avait progressivement amené vers cette apocalypse rurale, si on avait fait monter la tension et si on nous avait gardé sur nos talons, ca aurait pu être un bon moment de cinéma. Tel quel, c'est une exploitation de plus, un autre film qui profite de la ressortie de l'Exorciste, déjà bien loin, dans la foulée du PROJEY BLAIR WITCH ou de PARANORMAL ACTIVITY. Mario Giguère

MESRINE, L'INSTINCT DE MORT- Jean-François Richet avec Vincent Cassel, Gérard Depardieu, Gilles Lellouche, Cécile de France, Michel Duchaussoy, Myriam Boyer, Roy Dupuis, Florence Thomassin, Elene Anaya, 2008,  France (coproduction Italie, Canada), 1h55

Région parisienne, 1959 : de retour de la guerre d'Algérie, Jacques Mesrine rompt avec sa famille. Le jeune homme renoue avec quelques amis, dont le fidèle Paul (excellent Gilles Lellouche) et commence une existence de voyou. Vols, saucissonnages d'appartements, braquages de banques : le truand, qui s'est marié avec une Espagnole (Elena Anaya), " monte en gamme " peu à peu, sous la coupe de Guido (Gérard Depardieu, dans son meilleur rôle depuis très longtemps), un homme qui compte dans le Milieu. Au début de l'année 1968, il quitte la France pour le Canada avec Jeanne Schneider (Cécile de France, méconnaissable et bluffante), maîtresse rencontrée après son divorce. Le couple se met au service du milliardaire Deslauriers. Après avoir échoué à le kidnapper, Mesrine bascule dans la grande criminalité. D'évasions en cavales, il sèmera la violence dans la " belle Province ", avec son complice Jean-Paul Mercier, avec lequel il s'échappera de la prison haute sécurité de Saint-Vincent-de-Paul. Début 1973, il décide de rentrer en France...

Dire que ce diptyque était attendu avec impatience par les amateurs d'Eurocrime et de poliziotteschi relèverait du plus doux des euphémismes. Autant le dire d'entrée : la première partie ne déçoit pas notre attente. Près de trente ans après être tombé sous les balles de la police, Jacques Mesrine revit littéralement devant la caméra de Jean-François Richet et sous les traits du comédien Vincent Cassel. Si l'on se trouve d'emblée absorbé et captivé par cette épopée criminelle, c'est avant tout grâce à lui. La gestuelle du jeune gangster, son parler de titi parisien endurci par la sale guerre, son panache confinant à la violence sadique : rien ne manque dans la composition de Vincent Cassel. On est loin, très loin des bouffonneries tarantinesques du DERNIER GANG d'Ariel Zeïtoun, dans lequel les braqueurs des années 80 s'expriment avec des mots du 21ème siècle...

Le script, cosigné Richet et Abdel Raouf Dafri, a l'intelligence de ne pas se perdre en hypothèses psychologiques a posteriori. La scène durant laquelle Mesrine brise les ponts avec sa famille est brève et intense. " Les couilles ont sauté une génération dans cette famille ", hurle le bandit à son père (Michel Duchaussoy), dont on comprend qu'il versa dans la collaboration pendant l'occupation. Loin pourtant d'exalter le romantisme du hors-la-loi, ce premier épisode nous offre une alternance de séquences nerveuses et brutales et de moments de calme, dans lesquels se révèle la personnalité, plus complexe qu'il n'y paraît du gangster.

La violence augmente au fur et à mesure que le personnage gagne en consistance et nargue l'ordre établi. Elle éclate à la figure du spectateur, dans des scènes d'action filmées avec une impressionnante maîtrise, pour culminer lors de la partie canadienne du film. Située au début des années 70, celle-ci n'a absolument pas à pâlir de la comparaison avec les thrillers d'action de l'époque. Inspiré comme jamais, Richet envoie la sauce de manière dévastatrice lorsqu'il reconstitue l'évasion de Mesrine et Mercier (interprété par Roy Dupuis, une agréable découverte) de la prison de Saint-Vincent-de-Paul. Une fois dans la nature, les deux truands reviennent sur place armés jusqu'aux dents pour délivrer leurs ex-codétenus. Le gunfight qui en découle donne lieu à cinq bonnes minutes de défourraillage absolument dantesques, dignes de Kirk Wong ou Enzo G. Castellari. Jubilatoire, à l'image de cette première partie ! Stelvio

MESRINE - L'ENNEMI PUBLIC N°1 - Jean-François Richet avec Vincent Cassel, Ludivine Sagnier, Mathieu Amalric, Olivier Gourmet, Samuel Le Bihan, Gérard Lanvin, Anne Consigny, Georges Wilson, 2008,  France (coproduction Italie-Canada), 2h12

1973 : de retour en France, Jacques Mesrine recommence ses braquages et ne tarde pas à être arrêté. Alors qu'il doit comparaître pour une petite affaire de chèques sans provisions, il s'évade du tribunal de Compiègne en prenant en otage le président du tribunal, grâce à une arme dissimulée dans les toilettes par un complice, Michel Ardouin, dit le Porte-Avion (Samuel Le Bihan). Sa cavale prend fin quelques mois plus tard, quand il est arrêté pour la première fois par le commissaire Broussard (Olivier Gourmet), non sans lui avoir offert le champagne... Mesrine est incarcéré à la prison de la Santé, en plein Paris. Il y rencontre François Besse et finit, comme il l'avait juré, par s'en échapper en mai 1978. Définitivement consacré " ennemi public n°1 ", il sème le désordre et multiplie les braquages spectaculaires. Plusieurs fois à deux doigts de l'arrêter, la police a raison de lui le 2 novembre 1979 à l'issue de ce qui apparaît de plus en plus comme une exécution délibérée...

Si le premier épisode du diptyque mettait en lumière une époque et des faits peu connus de la vie de Jacques Mesrine, le second s'attarde au contraire sur ses dernières années, qui élevèrent le gangster au rang de célébrité. A cette époque, l' " ennemi public n°1 " nargue l'ordre établi, devient un personnage important du débat public en France et multiplie les actions d'éclat, en prison comme en dehors. C'est également durant cette décennie que Mesrine consacre définitivement sa réputation et son surnom d' " homme aux mille visages ". Les traits vieillis, la ligne épaissie, le truand se glisse dans la peau de nombreux personnages fictifs, joue à merveille des déguisements et des usurpations d'identité.

Un caméléon du banditisme en somme, auquel Vincent Cassel donne une nouvelle vie avec une aisance presque troublante. L'acteur, qui a pris une dizaine de kilos pour le rôle dans une posture à la De Niro, tend parfois vers le cabotinage. Heureusement, Jean-François Richet veille à ce que ces dérapages restent ponctuels. La part belle faite aux scènes d'action l'y aide grandement. Servies par une reconstitution fastueuse et sans erreur, les séquences de traque de Mesrine et de son compagnon de cavale François Besse (Mathieu Amalric, crédible) exploitent à merveille les décors campagnards.

Soulignons également la remarquable composition de Ludivine Sagnier, qui donne beaucoup d'épaisseur au personnage, assez superficiel au départ, de Sylvia Jeanjacquot, la dernière compagne de Mesrine. Complètement à côté de la plaque en revanche, Gérard Lanvin ne convainc pas en Charlie Bauer, le complice gauchiste de Mesrine. Trop âgé pour le rôle, accentuant excessivement un accent méridional de pacotille, l'acteur plombe en partie la fin du film. La scène finale rattrape heureusement le coup in extremis." Les deux films ne sont pas pro-Mesrine ou anti-flics, explique Richet. C'est une certaine vision de cette époque à travers son personnage... Ce n'est pas d'où l'on vient qui est important, c'est où l'on va. " Dont acte : pour Mesrine, l'issue fatale est connue d'avance, mais n'empêche pas un cinéaste talentueux de nous offrir deux films gorgés de suspense et de moments mémorables. Un must ! Stelvio

MIL MASCARAS VS THE AZTEC MUMMY aka Mil Mascaras: Resurrection - Jeff Burr avec Mil Mascaras, Jeffrey Uhlmann, Richard Lynch, 2007, États Unis, 90m

Mil Mascaras est bien triste lorsqu'on le rencontre lors d'un diner en tête à tête, pour cause, la jolie dame qui partage sa table vient de refuser sa demande en mariage, prétextant qu'elle ne le connait pas assez bien. C'est peut-être à cause du masque, de rétorquer le lutteur mexicain. Mais entre deux combats notre colosse revoit un professeur ami et sa charmante fille Maria, qui est loin d'être insensible aux charmes du pugiliste. Trêve de doux sentiments, un adorateur de momie aztèque se tue pour ressusciter la dite momie, lui confèrent toutes ses connaissances, y comprit celle de la langue anglaise. Rapidement cette momie vengeresse veut détruire son éternel ennemi, l'homme aux mille masques, dont le plus récent représentant est, vous l'aurez deviné: Mil Mascaras. Grâce à une pierre précieuse, la Momie peut contrôler l'esprit des humains, tous sauf Mil Mascaras, protégé par son couvre tête. C'est alors que l'on apprendra que son masque et son costume ont le pouvoir de changer d'apparence, 1000 fois ! Sapristi ! Alors que le vieil aztèque tout sec veut dominer le monde par surcroit, Mil, permettez que je l'appelle ainsi pour faire plus court, même si je prends ainsi plus de votre temps, Mil va voir le président des États Unis, que voulez-vous, il n'a plus son numéro de téléphone ! Devant les représentants de l'État major de l'armée, il plaide pour qu'on lui laisse le champ libre, ce qu'on lui accorde pour 48 heures. Ce sera peu, mais avec l'aide d'une belle ribambelle d'hommes musclés portant masques, champions de la justice, dont le fils de Santo et celui de Blue Demon, il passera sûrement au travers des épreuves et qui sait, va conquérir le coeur de la belle Maria !

Avec un budget confortable pour un projet indépendant, cet opus renoue avec tous les classiques du sous-genre bien aimé. Homme masqué légendaire, combats dans le ring, un professeur et sa jolie fille, une momie, un robot, des sbires, des amis à la rescousse ! Le tout avec le clin d'oeil et le sourire au coin de la bouche. Tourné aux États Unis malgré de bonnes intentions de voyager en terres mexicaines, il n'y manque donc que les authentiques acteurs et badauds du pays de la Tequila. La photographie est soignée, les éclairages le sont tout autant, fort colorés, les acteurs sont enjoués, il faut voir Mil se faire aller les sourcils dans ses masques tous plus extravagants les uns que les autres ! Évidemment que le géant est doublé, on a souvent dit que Santo l'était toujours car il est difficile de parler avec la tête dans le masque. Il y a le nain obligatoire, l'antre de Mascaras plein de statues et Richard Lynch en président qui est impressionné par la carrure et l'assurance du colosse du catch.

Était présent pour la représentation Jeffrey Uhlmann, scénariste mais aussi acteur dans le costume de la Momie, du robot et d'un justicier masqué en finale. Il raconte avec joie les anecdotes de tournage, oui, Mil Mascaras n'a jamais enlevé son masque en sa présence ! On prévoit sortir bientôt un autre film, plus modeste, mettant en vedette les Luchadores, un autre incontournable. Jeff Burr a jadis réalisé THE OFFSPRING, mais aussi PUMPKINHEAD 2 et d'autres films de genre. On en redemande ! Mario Giguère

MUTANT GIRLS SQUAD - Noboru Iguchi, Yoshihiro Nishimura & Tak Sakaguchi, 2010, Japon

A l'aube de ses 16 ans, la jolie Rin (délicieuse Yumi Sugimoto) découvre sa véritable nature de Hiruko, une race de créature humanoïde antérieure à l'espèce humaine. Voyant sa main droite se muter en cyber-paluche destructrice, l'innocente jouvencelle va vite se transformer en furie sanguinaire face aux assauts répétés de la brigade anti-Hiruko aux nez-mitrailleurs, mais aussi des citoyens qui cherchent systématiquement à lui nuire. Repérée par ses paires, elle est intégrée dans un clan de filles Hiruko dirigé par une sorte de gourou travesti (Tak "Versus" Sakaguchi) sur le point de lever la révolution face à ces ignares d'humains. On découvre alors que chaque Hiruko possède sa petite spécialité, de la tête détachable aux tentacules en passant par la tronçonneuse anale, il y en a pour tous les goûts... Mais Rin n'est pas une simple Hiruko. Rin est une hybride, mi-humaine, mi-Hiruko, et l'idée de voir l'humanité éradiquée de la surface de la planète n'est pas de son goût...

Ça rigole tellement chez Sushi Typhoon qu'ils se mettent maintenant à trois pour pondre leur manga live et gore! Nishimura continue de bidouiller du latex, badigeonne tout ce qu'il peut de colorant rouge et semble tourner un peu en rond - le coup des organes génitaux transformés en armes de destruction, on commence à connaître... Cependant, les idées de cinglés ne leur manquent pas, car entre les têtes tranchées et les crânes qui explosent, on a tout de même droit à quelques absurdités tout à fait remarquables dont une Hiruko aux mains et aux pieds à propulsion qui sera par la suite utilisée comme planche de surf façon Silver Surfer, ainsi qu'au mutant en chef qui dévoile son véritable et monstrueux physique lors d'un final totalement secoué où se mélange fluides acides, hémoglobine et caoutchouc. Contrairement aux opus précédents, "Mutant Girls Squad" ne dépasse pas les 90 minutes. Iguchi et ses potes auraient-ils enfin compris que leurs concepts grand-guignolesques avaient tendance à s'essouffler en cours de route ? Kerozene

NEVERMORE: An Evening with Edgar Allan Poe - Stuart Gordon avec Jeffrey Combs, texte de Dennis Paoli, 90m

Une fois n'est pas coutume, parlons théâtre. Il faut dire que l'occasion est exceptionnelle. Le festival Fantasia a présenté cette pièce à l'ancien théâtre Rialto dans le cadre de son édition 2010. On se rappellera que Gordon, Paolis et Combs avaient fait vivre THE BLACK CAT de Poe pour la deuxième saison de MASTERS OF HORROR. Combs ayant le goût de poursuivre l'expérience après avoir lu une biographie du maître de l'horreur et du suspense, Paoli et Gordon ont donc concocté une soirée de lecture de poèmes comme l'écrivain en faisait à l'époque. Situé après la mort de sa femme et un an avant de mourir, Poe tombe rapidement dans le whisky et sa performance devient limite catastrophique. Si la lecture de THE TELL TALE HEART est inspirée, THE RAVEN en final risque à tout moment de sombrer dans le chaos.

Si Combs avait une approche très sérieuse du personnage dans THE BLACK CAT, il est à la limite du cabotinage et fait rire la salle avec ses excès d'alcool, sa chute, sa descente littérale et mentale dans la folie toute proche. C'est d'ailleurs ce que lui a reproché le couple avec lequel j'étais à la pièce, cette utilisation de son alcoolisme comme source de rire, comme dans une pièce burlesque. Ceux qui connaissent et apprécient RE-ANIMATOR sauront mieux apprécier ce mélange outrancier de drame et d'humour noir souvent vu dans les rôles de Combs. Un Jeffrey Combs singulièrement ressemblant au poète, presque sans maquillage et avec un minimum d'accessoires. Une chaude ovation bien méritée a saluée la fin de cette pièce mémorable que l'on ne saurait manquer si vous avez l'occasion de la voir. En espérant qu'elle sera captée pour la postérité ! Mario Giguère

PHASMA EX MACHINA - Matt Osterman avec Sasha Andreev, Michelle Bergh, 2010, États Unis, 86m

Cody et son jeune frère sont orphelins depuis la mort subite de leurs parents. Sans emploi, Cody décide de construire un générateur d'ondes magnétiques censé ouvrir la porte au monde des morts. Ca ne se passe pas exactement comme prévu.

J'ai souvent pensé au film LES REVENANTS en voyant cette fable somme toute très classique et morale qui revient aux bases du fantastique: ne faites pas revenir les morts à la vie, c'est pas bien et ca finit toujours mal. Que l'on remonte aux premières adaptations de Frankenstein ou à un Pet Cemetary plus récent en passant par Re-Animator, ils sont légion les réalisateurs qui se sont penchés sur le sujet de manière plus ou moins spectaculaire. Dans un contexte qu'on nous dit proche de certaines recherches en parapsychologie, force est d'admettre que la machine n'est qu'un prétexte pour explorer le vide laissé par un proche disparu. Nonobstant le talent évident sur l'écran, j'ai eu l'impression d'une variation sur un thème fort connu et somme toute bien sage.

On nous a annoncé la possibilité d'un remake par la compagnie FOX. Mario Giguère

The DEVILS aka Les DIABLES - Ken Russell, 1971, Angleterre 

Film historique trash et provoq à mort. C'est une production anglaise assez importante qui se passe en France pendant les guerres de religion, ce qui permet aux anglais de se foutre de notre gueule, mais bon l'intérêt n'est pas là. Rapidement, l'histoire (vraie !) est celle de l'abbé Grandier (joué admirablement par Oliver Reed) qui s'est fait dégommer par des sales types qui étaient dégoûtés qu'il aide les protestants. Vu qu'il est assez fornicateur sur les bords, il va se faire accuser d'être le diable. Bon ca semble pas délire mais bon, faut voir les gueules des personnages plus graves les uns que les autres, les costumes, les décors et les cadrages hallucinants. En plus, les séances d'exorcisme sont le top du film car super tarées (ce qui ne devait pas être loin de ce qui se passait à l'époque).

En résumé un excellent film qui est passé sur le câble, sur TCM dans la série "Film à scandales". C'est pas une série B mais un rareté dans le monde du cinéma "mainstream".  Effix

The MESSAGE aka Feng Sheng avec Yihong Duan, Xiaoming Huang, Bingbing Li, 2008, Chine, 120m

Deuxième guerre mondiale. Dans une Chine occupée par les japonais, une série d'assassinats trouble le pouvoir. Un officier décide de prendre l'enquête en main pour trouver le ou la coupable, qui répond au surnom de Phantom et qui est selon toutes indications parmi les gens qu'il a amené de force dans un château isolé. Dans ce huis clos ou tout le monde clame son innocence, les interrogatoires et la torture n'arrivent pas à délier les langues, mais le film nous signale que des messages continuent d'être transmit.

Voici un drame de guerre, d'espionnage historique dont la forme est résolument moderne et l'intensité efficace. Si on devine des choses, il sera surprenant de voir quelles pistes étaient fausses. Proche d'un Agatha Christie, le jeu intense des acteurs et la hargne de l'officier japonais nous gardent sur une tension constante. Le montage et les effets sont résolument modernes, spécialement les séquences de "messages" et curieusement ces effets numériques créent une certaine distance qui ne sert pas nécessairement le film. Pour le "whodunit", et le jeu dramatique des acteurs, je ne peux que recommander le film qui reste mémorable. Mario Giguère

The PERFECT HOST - Nick Tomnay avec David Hyde Pierce, Clayne Crawford, Nathaniel Parker, 2010, États Unis, 94m

John vient de commettre un vol de banque, mais l'affaire a mal tournée et il est en cavale dans un quartier huppé. Il va alors se faire passer pour un ami d'un ami et entrer dans la maison de Warwick, homme distingué un peu efféminé qui attend des invités. Lorsqu'il se rend compte qu'il est menacé par le brigand, Warwick va se révéler plein de ressources insoupçonnées et pas mal plus étrange qu'il ne parait.

Nick Tomnay écrit et réalise ce long métrage adapté d'un court qu'il a tourné en 2001. On ne voit pas venir les nombreux retournements de situations continuels, ni la profondeur des personnages qui s'affrontent en véritable duel. Bourré d'humour noir mais aussi assez violent, cette macabre comédie garde le spectateur en haleine grâce à son scénario exquis et des performances d'acteur remarquables. Chapeau à David Hyde Pierce, vu auparavant dans la télé série FRASIER, qui campe un Warwick complexe et fascinant. Un pur délice. Mario Giguère

RAISE THE CASTLE ! aka Chikujô seyo! - Yo Kohatsu avec Ainosuke Kataoka, Hana Ebise, Toru Emori, 2009, Japon, 120m

Dans un petit village règne une controverse. Pour revitaliser l'endroit, le maire veut bâtir une usine sur le même site ou d'autres veulent reconstruire un château médiéval pour attirer les touristes. Lorsque trois ouvriers tombent dans un puits et disparussent, c'est la surprise le lendemain de les retrouver dans la peau de trois guerriers légendaires qui veulent reconstruire le dit château. Parce qu'ils sont pressés dans le temps, ils renoncent aux méthodes traditionnelles et tout le monde aide à la construction... en carton !

Comédie absolument charmante qui effleure le sujet fort sérieux de ces petits endroits abandonnés par les temps modernes. L'humour, souvent physique, parfois absurde et teinté de magie frappe dans le mille et malgré une fin pas aussi positive que celle d'un formatage grand public, ravit et comble le cinéphile. Les comédiens ont souvent une bouille incroyable et il est presque difficile de reconnaitre au premier coup d'oeil le petit fonctionnaire complètement maladroit qui est devenu le seigneur de guerre qui cherche une certaine rédemption. Remplit de séquences savoureuses, chaleureusement recommandé. Mario Giguère

RE-ANIMATOR - Stuart Gordon, 1986, États Unis 

Après une série d'expérimentations qui tournent mal, Herbert West quitte la Suisse et vient étudier dans une grande université du Massachusetts. La nuit tombée, il continue ses expérimentations dans son sous-sol. C'est parce que West a trouvé le moyen de ramener à la vie des cadavres mais ses recherches ne sont pas tout à fait au point. Les ré-animés sont de violents zombies animés d'une soif meurtrière.

Produit par Yuzna qui réalisa BEYOND RE-ANIMATOR plus tard, ce film est un petit chef-d'œuvre du genre des années 80. Le film est très bien réalisé et utilise son maigre budget avec génie. Jeffrey Combs y incarne le savant fou Herbert West avec brio et intensité! Il faut le voir se battre avec un chat qui n'est pas très content d'être un cobaye.

Un vrai classique du genre qu'il faut voir absolument si ce n'est déjà fait. Mathieu Prudent

[REC] 2 - Jaume Balagueró & Paco Plaza avec Manuela Velasco, Ferran Terraza, Pablo Rosso, 2009, Espagne, 85m

Dans les minutes qui suivent le premier film, une équipe d'intervention et un médecin se préparent à entrer dans l'immeuble ou les soldats et les premiers pompiers répondants ne donnent plus signe de vie. Rapidement, il est apparent qu'il ne s'agit pas d'un virus qui se propage dans l'air, mais comme la rage, au contact du sang ou de la bave. Il devient aussi apparent que ce médecin qui les accompagnent et qui est le seul à pouvoir les en faire sortir grâce à un appareil de reconnaissance de la voix leur cache la vérité. Une vérité troublante, pendant que les victimes s'accumulent à la suite d'attaques soudaines et d'une sauvagerie extrême.

Tout était dans les dernières minutes du premier film ou l'on nous laissait voir clairement que l'origine de l'infection qui frappe les locataires de l'immeuble avait rapport avec une sombre histoire de possession. Si la suite peut surprendre, elle est tout à fait logique et d'autant plus efficace. Car au point de vue de la mise en scène, elle est toujours aussi réussie, certains plans nous frappent avec une férocité surprenante. Il y a une curieuse insertion dans le film du point de vue de trois ados qui choisissent de suivre un résident et un pompier qui réussissent à entrer dans l'immeuble par les égouts. Méchante erreur qui aura des conséquences terribles pour tous ceux impliqués, ce qui est presque jouissif au regard des ados écervelés qui s'en tireraient mieux dans un film plus conventionnel. D'ailleurs il règne un nihilisme dans le scénario qui rappelle certains films de zombis italiens qui n'avaient aucune pitié pour ses personnages auxquels on s'accroche en vain.

Bref, il est difficile d'imaginer ou les réalisateurs pourraient amener une suite, mais celle-ci est une réussite. Mario Giguère

The SECRET REUNION aka Ui-hyeong-je - Hun Jang avec Kang-ho Song, Dong-won Kang, 2010, Corée, 116m

On démarre en force avec la filature d'un tueur nord-coréen par un inspecteur sud-coréen dans une poursuite endiablée qui fera beaucoup de victimes innocentes et qui ne permettra pas d'attraper le tueur, ni son accompagnateur. Résultat, le policier perd son emploi et devient détective à son compte, recherchant des femmes qui ont quitté leur mariage arrangé tandis que son jeune adversaire a été renié par ses camarades qui l'ont accusé de traîtrise. Ces deux antagonistes vont se retrouver à travailler ensemble, chacun croyant que l'autre ne l'a pas reconnu, jusqu'à un final ou le chaos règne à nouveau.

Mélange de drame policier, action, thriller mais aussi comédie de moeurs ou buddy movie, Secret Reunion joue sur plusieurs tableaux, ce qui pourra énerver les amateurs de polars purs et durs. Tant pis pour eux, comme souvent dans le cinéma asiatique et son cousin italien, on n'a pas peur des ruptures de ton et comme le scénario est bien ficelé, les moments plus tranquilles ne s'étirent jamais trop longtemps. Les acteurs principaux sont remarquables et on se demande tout le long comment la catastrophe annoncée va clore le tout. Un excellent divertissement, malgré quelques baisses de régime. Mario Giguère

SELL OUT ! - Yeo Joon Han avec Kee Thuan Chye, Peter Davis, 2008, Malaisie, 106m

Rafflesia, animatrice d'une émission sur l'art, donne une entrevue avec un réalisateur primé ridiculeusement mais qui se prend pour un génie, nu sur sa chaise. Devant la vive compétition d'une autre femme plus occidentale, Rafflesia cherche un nouveau projet et le tournage d'un poème qui se termine avec la mort de son auteur à l'hôpital lui donne la bonne idée de filmer à chaque semaine quelqu'un entrain de mourir. Voilà une belle téléréalité, mais ce n'est pas facile de trouver le mourant pour la deuxième émission. Parallèlement, la corporation Fony, qui produit l'émission a aussi une division de gadgets électronique et Eric, inventeur d'une machine à transformer les fèves de soya, a de la difficulté avec ses patrons car il n'est pas prévu que la machine se brise au bout de 366 jours, soit au lendemain de sa garantie.

Yeo Joon Han écrit réalise et compose paroles et musiques pour un film absurde et loufoque complètement déroutant. On nage dans le délire avec des répliques et des situations débiles, et parfois des personnages qui se mettent à chanter, sans pourtant se la jouer comédie musicale, poussant l'audace jusqu'à mener le public en salle à chanter du karaoké ! Lorsqu'il devient évident qu'Eric a le béguin pour Rafflesia et qu'il est devenu lui et son double suite à un exorcisme commandé par ses patrons pour retirer la part créatrice et émotive en lui, on rigole toujours devant l'énormité. Un film comme une vaste bombe à gaz hilarant dont on sort de la salle avec le sourire collé aux lèvres. Ca fait du bien ! Mario Giguère

TECHNOTISE - EDIT AND I aka Technotise - Edit i ja - Aleksa Gajic & Nebojsa Andric, 2009, Serbie, 100m

Belgrade, 2074. Edit, étudiante en psychologie, a de la difficulté à passer son examen, alors elle se fait installer un implant militaire illégal qui lui assure une mémoire sans faille. Elle a également un emploi qui la voit gardienner un patient autiste, un ancien génie mathématique. Voilà qu'Edit avale les suppléments de fer à répétition et finalement elle déclenche les détecteurs de métal sans en porter sur elle. La belle blonde est parasitée par une entité qui se construit un réseau de nervures métalliques dans son corps et tous ses malheurs ne font que débuter.

Présenté par un envoyé de la Serbie qui finit par nous avouer fort candidement qu'il espère que l'on va aimer le film car lui ne l'aime pas du tout ! Alors oui, on a, je crois, tous embarqué dans ce superbe premier long métrage de dessin animé Serbe. On sent les influences japonaises, le robot nommé Otomo, et la parenté avec d'autres essais peu concluants comme Métal Hurlant, le film. Adapté de sa propre bande dessinée, mélangeant animation vectorielle au 2D et 3D sur une superbe musique entraînante et un récit cyberpunk fort bien ficelé que j'ai déjà hâte de revoir. Ajoutons que l'héroïne est très sexy et que l'univers futuriste bien complexe et que le noeud du scénario permet des scènes d'action remarquables et on souhaite simplement voir d'autres efforts de ses créateurs.

Je suis juste un peu plus sceptique quand on apprend que les droits de remake sont déjà achetés par les américains. Mario Giguère

WOUND - David Blyth avec Kate O'Rourke, Te Kaea Beri, Campbell Cooley, 2010, Nouvelle Zélande, 76m

Une femme reçoit son père qu'elle n'a pas vue depuis des années dans sa maison isolée et elle s'empresse de le tuer. Elle lui tranche le pénis et l'enterre, entouré de ses excréments conservés dans le papier d'aluminium. On en apprend un peu sur son passé avant de la voir avec un homme qui la visite pour assouvir ses besoins de domination, auquel la femme se soumet. Il sera question de sa fille, morte née, qui serait vivante et qui retrouve sa mère, notre dame dérangée.

David Blythe conçoit son film indépendant comme un long doigt d'honneur envers le cinéma grand public hollywoodien, selon ses propres dires. Je suis resté pantois devant cette accumulation non innocente de tabous violés en rafale. À vouloir choquer à tout prix, tout en citant Jodorowsky, Buñuel et Blade Runner, toujours selon Blythe, le film devient l'exploration d'un esprit troublé fort surréaliste et il est à se demander si les rires provoqués par les coups de ciseaux sur le membre reproducteur masculin ne font pas foi d'un constat qui serait tout aussi troublant: le public d'un festival comme Fantasia en a vu d'autres et la simple accumulation de pathologies dérangeantes n'assure plus nécessairement l'effet escompté. Ce n'est pas tellement ce qui est à l'écran qui traumatise, comme la somme des scènes supposément chocs qui semblent sans but précis autre que de surprendre et déranger. Ajoutez les multiples d'écrans de surveillance qui accentuent un effet de voyeurisme. La fin semble pourtant permettre de donner un sens ou une justification logique au climat onirique. Un film qui demande réflexion et probablement un second visionnement. Mario Giguère

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