Italie, années 70. La police est corrompue et la mafia, les contrebandiers et les brigades rouges ont le contrôle au quotidien. Les cinéastes italiens vont alors s'inspirer de cette époque troublante pour réaliser des films policiers violents, brutaux, qui dénoncent la violence des criminels et le laxisme des autoritées.

Mise à jour le 19 novembre 2010

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44 Special aka La Legge violenta della squadra anticrimine - Stelvio Massi avec John Saxon, Lee J. Cobb, Renzo Palmer, 1976, Italie, 95m

À Bari, le commissaire Jacovella (John Saxon) cherche par tous les moyens à coincer Ragusa (Lee J. Cobb), un industriel respectable qui se livre néanmoins à des trafics criminels. Un directeur de journal, Maselli (Renzo Palmer) ne rate aucune occasion de critiquer le travail et les méthodes de Jacovella. Au cours d'un hold-up qui tourne mal, l'un des voleurs, un adolescent qui se culpabilise d'avoir tué un flic pendant le braquage, s'échappe avec la voiture du frère de Ragusa. Cette voiture contient des papiers très incriminant pour l'industriel, qui met tous ses tueurs aux trousses de l'adolescent. Celui-ci accepte de se livrer à Maselli pour sauver sa vie. Jacovella tente néanmoins d'intervenir pour avoir enfin les preuves pouvant mener à l'arrestation de Ragusa, ce qui ne fait pas l'affaire de Maselli car il est persuadé que les tueurs de Ragusa surveillent Jacovella sans relâche pour trouver l'adolescent. C'est hélas ce qui se produit et l'adolescent est abattu en pleine rue lors de son rendez-vous avec Maselli. La fiancée de l'adolescent livre néanmoins à Maselli et Jacovella les documents compromettant Ragusa.

Dans les années 70, Stelvio Massi réalisait des films policiers portant sur le même thème: La lutte d'un policier expéditif contre un magnat de la pègre camouflé sous des apparences respectables et honnêtes. Il faut d'ailleurs voir la trilogie des "Marc" avec Franco Gaspari pour le constater, surtout que l'acteur Lee J. Cobb reprend dans "44 special" le même genre de rôle que dans cette série. John Saxon est cette fois le policier de service et il s'en tire sans déshonneur. La mise en scène offre quelques variations susceptibles de retenir l'attention du spectateur. Massi démontre néanmoins qu'il était plus en forme durant cette période que dans les années 80, même si le ton mélancolique, alimenté par la musique de Piero Pintucci et l'atmosphère des extérieurs de Bari, apparaît du déjà-vu dans ce genre de production. C'est donc du travail acceptable voire agréable avec une bonne qualité technique (Massi était autrefois directeur-photo) et quelques scènes d'actions bien troussées sans être trop poussives. Mathieu Lemée

ACTION IMMEDIATE aka LA VIA DELLA DROGA aka HEROIN BUSTERS - Enzo G. Castellari avec Fabio Testi, David Hemmings, Massimo Vanni, Wolfango Soldati, Romano Puppo, Sherry Buchanan, 1977, Italie, 1h29

Fabio, agent du Narcotic Bureau, tente d'infiltrer un réseau international de trafiquants d'héroïne. Il parvient peu à peu à gagner la confiance des dirigeants, mais se trouve bientôt découvert ...

Pas vraiment à son affaire, "Slow-Mo Enzo", avec ce scénario confus qui tarde un peu à démarrer. La première partie du film s'avère assez laborieuse. Castellari veut nous donner à voir la dimension internationale du trafic. D'assez rapides scènes tournées à Carthagène, Hong-Kong ou Amsterdam nous montrent l'agent Fabio (Fabio Testi, excellent) en plein travail. D'autres, plus longues et moins convaincantes, tentent d'illustrer la détresse morale et physique des drogués que Fabio doit fréquenter. Seules consolations de cette première partie : les quelques apparitions de l'exquise Sherry Buchanan (LA TERREUR DES ZOMBIES aka Dr BUTCHER MD.), en pute accro à l'héroïne, ainsi que la musique des Goblin, inhabituellement funky et organique. Le dernier tiers du film voit fort heureusement les choses s'améliorer. Fabio a été découvert; il doit fuir ! On retrouve alors le grand Castellari, celui de TEMOIN A ABATTRE (HIGH CRIME) ou du GRAND RACKET. ACTION IMMEDIATE porte enfin bien son titre. Le film n'est plus qu'une longue chasse à l'homme, filmée avec une exceptionnelle maîtrise. Fabio Testi cherche à semer les tueurs lancés à ses trousses. Castellari nous balade d'entrepôts désaffectés en immeubles en construction, de stations de métro désertes en terrains vagues. On admire sa capacité à filmer un décor sous tous les angles possibles et imaginables. Quant à la poursuite finale entre deux petits avions de tourisme, elle décoiffe ! Dommage qu'il faille attendre près d'une heure ... Stelvio

AGENT TRÈS SPÉCIAL 44 aka CALIBRE 44, AGENT TRÈS SPÉCIAL aka BRIGADE ANTI TERRORISTE aka MARK STRIKES AGAIN aka MARK COLPISCE ANCORA - Stelvio Massi, 1976, Italie

Marc (Franco Gasparri), flic undercover infiltré dans le milieu des petits trafiquants de drogue de la capitale italienne, se retrouve impliqué dans une affaire de terrorisme international. Nouvellement intégré au sein de ce groupuscule aux méthodes plutôt violentes, il reçoit l'ordre d'un officier d'Interpol (John Saxon) de remonter la filière afin de mettre à jour l'identité de leur leader...

Voici la troisième et dernière aventure de "Marc le flic" après UN FLIC VOIT ROUGE et MARC LA GACHETTE, toujours sous la direction de Stelvio Massi et toujours sous la plume de Dardano Sacchetti. Franco Gasparri campe un flic à la coupe limite afro qui se sent quelque peu tiraillé entre son désire de mettre à jour la filière terroriste et le prix en vie humaine que cela implique. Mais le dilemme moral n'est que secondaire et le film emprunte très rapidement son rythme de croisière pépère sans vraiment taper dans le lard comme on l'aurait espéré, et ce malgré une séquence d'ouverture sur musique bien groovy et split-screen meurtrier. Pour le reste, on a droit à une poursuite entre une voiture et deux motos, quelques scènes de meurtres sanglantes et la présence de John Steiner en terroriste moustachu mais rien de véritablement percutant pour le genre. Le film prend tout de même soin de dénoncer quelques dérives internes à la police, dérives qui nuiront bien évidemment à notre sympathique héros qui profite tout de même bien de la situation en se levant une ou deux filles, dont la très belle Malisa Longo après une rencontre purement gratuite. si cela nous donne le droit de la voir à poil, on aurait tout de même préféré que Marc prenne le temps de dessouder du méchant de manière plus virulente. Kerozene

ALMOST HUMAN aka LA RANCON DE LA PEUR aka THE KIDNAP OF MARY LOU aka Milano odia aka la polizia non può sparare, 1974, Italie

Ce cher Umberto savait s'attaquer à absolument n'importe quel genre cinématographique et cela produisait à tout coup un résultat intéressant.  Il met en scène, cette fois-ci, un dangereux psychopathe italien du nom de Julio qui tue son prochain plus souvent qu'il ne change de sous-vêtement - ou plus souvent qu'il ne se rase, comme en témoigne son duvet de séducteur latin des années 70.  Après quelques meurtres gratuits et sans grande envergure, notre Julio décide de kidnapper la fille d'un riche industriel et de demander à celui-ci une rançon considérable.  À l'aide de deux petits malfrats qu'il mène par le bout du nez, il s'exécute donc et les trois voyous décident de tuer la fille quoiqu'il arrive.  Leur chemin sera pavé de sang et de nombreux cadavres, et à quelques lieues derrière eux se dressera le nez du fin limier qu'incarne Henry Silva avec sa subtilité habituelle.  "Crime flick" italien standard, le film nous réserve des gros plans amusants, qui se transforment parfois avec le pan & scan en des images difficiles à identifier.  La finale typique de l'esprit de vengeance des années 70 souffre d'un "flash-back" global en slow motion qu'on aurait facilement pu éviter, mais l'ensemble est charmant, divertissant, et parfois inconsciemment plein d'humour.  Pour amateurs seulement. Orloff

L'AMBITIEUX aka L'AMBIZIOSO aka THE CLIMBER aka AMBITIOUS - Pasquale Squitieri avec Joe D'Alessandro, Stefania Casini, Raymond Pellegrin, Giovanni Cianfriglia, Italie, 1974, 1h44

Aldo, jeune contrebandier napolitain rebelle et avide de reconnaissance se heurte à l'opposition musclée de la pègre locale. Un jour, c'est la brimade de trop : la moto de collection d'Aldo est balancée dans les eaux du port. Vexé, atteint dans son honneur, Aldo quitte la ville pour Rome. Là, il forme "son" gang, afin de revenir à Naples se venger...

Cinéaste napolitain, Pasquale Squitieri sait parsemer son film d'inserts réalistes, gros plans sur des visages ou travellings sur des pâtés de maison crasseux. Du coup, on y croit encore plus à son histoire d'"ambitieux" désireux de mettre le milieu à sa botte. Dans le rôle-titre, Joe D'Alessandro compose un jeune loup très crédible. L'acteur "warholien" donne beaucoup d'épaisseur à ce personnage contradictoire, à la fois amateur de jolies nanas, de rails de coke, et gestionnaire méthodique, dirigeant sa bande comme une P.M.E. Le reste du casting est à la hauteur : Giovanni Cianfriglia (le Marcucci de PEUR SUR LA VILLE) en boxeur et homme de main, Stefania Casini en belle sacrifiée (pour le quota d'"Italian Meat") et Raymond Pellegrin en "gros bonnet" à l'ancienne. A redécouvrir ! Stelvio

Dans le Naples disco-cocaïno des seventies, Aldo (Joe Dalessandro) un beau gosse solitaire fraîchement débarqué des États-Unis, pas né pour un petit panini tente de se tailler une place dans un monde hostile ou l'on ne fait pas de cadeaux. Contrebande de cigarettes, intimidation, commerce de drogues, il est un véritable touche-à-tout du marché noir qui réussit tout ce qu'il entreprend. Sa témérité et sa force de caractère font qu'il se retrouve vite a la tête d'un groupe de gros bras, propriétaire d'une grosse maison, d'une grosse Royce avec à ses cotés une femme aimante et dévouée puisque monsieur est en plus de tout ça un dieu au lit. Comme le décline le titre, Aldo est ambitieux, il ne niaise pas avec la puck. On aura beau détruire sous ses yeux sa moto flambant-neuve, tuer son meilleur ami, pousser sa femme au suicide, Aldo est capable de se retourner sur un dix cenne. Parvenu au sommet de la gloire, il sera tué par l'ex de sa nouvelle femme qui l'a trouvé grâce à une photo de sa belle gueule, un peu comme moi qui n'aurais jamais trouvé ce film s'il n'avait pas fait partie de la distribution.

Ceci dit, L'ambitieux ne révolutionne rien, mais j'ai passé un bon moment à regarder des poilus se casser la gueule sous la supervision d'un Joe Dalessandro 100% mauvais garçon alors à la fleur de l'âge. Mongola Batteries

ANTIGANG aka La Malavita attaca... la polizia risponde ! - Mario Caiano avec Leonard Mann, Maria Rosaria Omaggio, John Steiner, Corrado Gaipa, Chris Avram, Ettore Manni. Italie, 1978, 1h16 (la VHS française serait-elle "cut" ?)

A Rome, une affaire d'apparence anodine (le braquage nocturne d'une bijouterie) amène le chef de l'Antigang à lutter contre les agissements d'un mystérieux bandit, surnommé "le Prince". L'omelette ne se fera pas sans casser d'œufs, cela va sans dire...

Réalisé par un vieux routier de l'artisanat de genre italien, ce "poliziesco" de 1978 n'a malheureusement rien de très remarquable dans son point de départ ni dans ses péripéties. Quelques personnages bien troussés servent de base à l'intrigue : le jeune flic incorruptible portant veste de daim et Ray Ban miroir (Leonard Mann, déjà vu dans l'excellent ASSAUT SUR LA VILLE du même Caiano), la faible femme victime de chantage (Maria Rosaria Omaggio, dont le regard de biche apeurée convient bien au rôle), le richard raffiné et malfaisant (l'acteur roumain Cristea Avram) et surtout le "hitman" qui pète les plombs plus vite que son ombre. Dans ce dernier rôle, le toujours savoureux John Steiner emporte le morceau, s'assurant les meilleures scènes violentes du film, tout en dévoilant une collection de vestes aux couleurs aussi vives qu'improbables. Ajoutons pour finir que la trame sonore electro-funk de Coriolano Gori ne vaut pas celles des sieurs Cipriani, De Angelis ou encore Micalizzi qui rehaussent les meilleurs films du genre. Cet ANTIGANG n'en fait hélas pas partie, même s'il n'a rien de déshonorant. Stelvio

ASSAULT SUR LA VILLE aka NAPOLI SPARA aka WEAPONS OF DEATH - Mario Caiano, 1977

Le réalisateur des AMANTS D'OUTRE TOMBE livre ici un polar spaghetti comme on les aime. Le début commence fort. Des salauds braquent une banque, au passage, l'un d'eux n'hésite pas à flanquer un coup de pied sans le bide d'une femme enceinte. Ils se feront coffrer par le flic héros, histoire de l'introduire comme il faut. Son rêve, à notre flic, c'est de coincer Santoro, une ordure pleine de fric incarnée par cette gueule d'Henry Silva. Gunfights plutôt sanglants, poursuites en voiture dans les rues de Naples, musique jazzy endiablée (on aurait préféré qqch de plus funky), trahison, meurtres... On ne s’ennuie pas une seconde, mais le film n'est pas aussi prenant que L'EMPIRE DU CRIME avec le même Silva par exemple. Le discours habituel est tenu: mafia qui règne, toutes ces ordures se tirent dans le dos, irrespect total du citoyen (voir la poursuite ou un camion citerne percute une Fiat Topolino dont les occupants seront réduis en bouillis, totalement gratuit) et flics impuissants face aux alibis bidons du mafieux. Pas un must, mais un chouette film. La fin est aux antipodes d'une production US. Même si le gentil gagne, le happy end n'est vraiment pas au rendez-vous. Kerozene

ASSAULT WITH A DEADLY WEAPON, aka Roma a Mano Armata, aka Brutal Justice, aka Rome Armed to the Teeth, 1976, Italie, 1h25.

Tout va mal dans la vie du commissaire Tanzi (Maurizio Merli). En charge de la brigade antigang, il a maille à partir avec sa douce moitié, qui est chargée d'évaluer les mises en accusation et qui laisse filer pratiquement tous les voyous qu'il arrête. Son patron trouve ses méthodes d'arrestation et sa conduite en général trop extrêmes et voudrait bien qu'il opère dans le cadre des lois. Pour couronner le tout, il doit combattre un groupe de dangereux criminels menés au doigt et à l'oeil par Vincenzo (Tòmas Milian), un bossu sanguinaire et impitoyable.

Lenzi signe ici une oeuvre dense et divertissante dont lui seul a le secret. En effet, comment ne pas tiquer devant l'étendue et la qualité constante de sa production de l'époque ? Dès le générique de départ, la musique lourde et efficace de Franco Micalizzi, un maître incontesté du genre, nous donne un aperçu de ce à quoi nous aurons droit; de l'action à l'italienne avec un casting de rêve ! Ivan Rassimov et Arthur Kennedy excellent dans des seconds rôles à leur mesure. On croirait cependant que le récit anecdotique a été construit pour mettre en valeur les méthodes musclées de Tanzi et son attitude. Ce qui ne déplaît pas outre mesure. On n'y utilise cependant pas suffisamment le personnage du truand bossu qu'interprète Milian - pourtant plein de potentiel - et qui a fait quelques apparitions dans d'autres polars de Lenzi (entre autres dans LA BANDE DEL GOBBO, où il se révélait plus humain). Le film a été distribué aux États-Unis en 1982 par une firme vidéo irrespectueuse; ils ont amputé 10 minutes au film, probablement afin d'en améliorer le rythme, ce qui rend quelques scènes un peu confuses. Le film est présenté par une Sybill Danning has-been mais tout de même sexy, qui devait être en fin de carrière. Orloff

L'AVVERTIMENTO aka The Warning - Damiano Damiani avec Martin Balsam, Giuliano Gemma, John Karlsen, Guido Leontini, Marcello Mando, Mike Morris, Franco Odoardi, Laura Trotter, Giancarlo Zanetti. 1980, Italie, 101min uncut

Un attentat meurtrier est commis contre le chef de la police, et ce, à l'intérieur même de la centrale. Son proche ami, l'inspecteur Antonio Baresi (Guiliano Gemma - Tenebrae, A Pistol for Ringo) se voit alors chargé de découvrir qui est derrière l'affaire avec l'aide d'un certain Martonara (Martin Balsam - Counselor at crime), un officier de police hautement placé. Cependant, lorsque ce dernier semble mentir à propos d'un fichier important, Baresi craint qu'il ne fasse lui aussi partie de cette dangereuse alliance qui rallie les banques de l'Europe, la mafia, et la police.

Dans le même ton que son Confessions of a police captain (mettant toujours en vedette Martin Balsam), ce film ultra-sérieux de Damiano Damiani s'avère engageant malgré un rythme lent; les amateurs de poursuites à la Stelvio Massi ou de descentes dignes d'Umberto Lenzi seront déçus. Néanmoins, le film se prend au sérieux et un air de paranoïa peut être ressentit à travers tout le récit. Les performances sont acceptables (Balsam est toujours aussi convaincant), à l'exception de Laura Trotter (City of the living dead), qui est particulièrement mauvaise... Le compositeur Riz Ortolani (Don't torture a duckling) fait ici preuve de beaucoup de restreinte, son thème accrocheur ne revenant qu'à quelques moments transitoires. La fin de ce film en fera assurément jaser plus qu'un - à prendre ou à laisser. Humanoid Zombie

La BAGARRE DU SAMEDI SOIR aka Il Tempo Degli Assassini aka Season for Assassins - Marcello Andrei, 1975, Italie, 1h27

Pierro (Joe Dallesandro) est une petite frappe italienne comme on les aime, macho comme c'est pas possible, impulsif et règle générale irrespectueux envers à peu près tout le monde. Il mène son gang de jeunes couillons par le bout du nez, les amenant faire des ballades dans sa caisse pourrie et se servant d'eux pour diverses tâches aussi variées que : sacrer des volées à d'autres jeunes, vandaliser le voisinage, voler des voitures...

Il y a quelque part un inspecteur de la police qui commence à en avoir plein le cul. Katroni (interprété par Martin Balsam) cherche un moyen de mettre la main sur les voyous, mais la loi a des limites et sa frustration devant son impuissance grandit de jour en jour. Tandis que Pierro perpétue une longue tradition de couillons entre une jeune innocente dont il profite et sa femme (Magali Noël), qui tapine afin de payer les médicaments de son fils malade, la traque s'organise.

Voilà un polar italien intéressant sous bien des aspects, notamment son casting. 

Joe Dallesandro tourne ici sans Warhol à ses côtés, pour une des premières fois (il a aussi été du tournage de ONE WOMAN'S LOVER, de Sergio Bazzini, en '74) mais certainement pas la dernière. Il allait apparaître la même année que LA BAGARRE dans un thriller de Pasquale Squittieri, L'AMBITIEUX, mais c'est une autre histoire, que je vous raconterai volontiers une fois que j'aurai vu le film en question.

Le policier aigri, Martin Balsam, a joué un rôle fort similaire dans CONFESSIONS OF A POLICE CAPTAIN de Damiano Damiani, en '71, et allait aussi jouer son antagoniste dans le COUNSELOR AT CRIME d'Alberto de Martino en '73. Curieusement, la même année où il apparaît dans LA BAGARRE, il tourne aussi CRY ONION !, le spaghetti western parodique - et introuvable - de Castellari. Éternel commissaire, il allait même perpétuer son rôle fétiche dans le DEATH RAGE de Margheriti en '76...

Petite surprise, Magali Noël joue la pute au grand coeur, que Dallesandro maltraite autant qu'il peut. Sa poitrine gigantesque lui valut à l'époque l'affection de Boris Vian, qui l'invita à chanter un de ses plus inoubliables succès, FAIS-MOI MAL JOHNNY. Actrice au regard de braise et au poitrail de feu, née en Turquie en '32, elle a eu une vaste carrière débutant dans des polars français des années '50 - entre autres dans un des premiers OSS 117 - et consacrée par un rôle dans LA DOLCE VITA de Fellini en '60. Costa-Gavras la recrute pour Z, polar politique choc d'après le roman de Vassilikos où Yves Montand est malmené et Trintignant examine, alors que Fellini a de nouveau recours à sa trouble physionomie en '69 dans son SATYRICON. Détour au Québec en '72 pour jouer dans LE P'TIT VIENT VITE de Louis-Georges Carrier, aux côtés d'Yvon Deschamps et de Janine Sutto, puis Fellini revient dans le décor et c'est AMARCORD, en '73, dans lequel elle interprète la sublime Gradisca, objet de la luxure de bien des habitants du petit village, dont l'ineffable Alvaro Vitali.

Voilà donc matière à haussements de sourcils, alors que le film se déroule implacablement sous nos yeux curieux. La police, comme souvent dans ces thrillers sociaux, est tout à fait impuissante devant la petite criminologie de ces malfrats miniatures, qui ne réalisent pas les conséquences de leurs actes barbares et contre-productifs. On court vers un dénouement tragique qui laissera le spectateur sur sa faim, quoique la poursuite automobile finale en vaille la peine.

Le réalisateur, Marcello Andrei, n'a pas été très prolifique au fil des ans mais a tout de même réussi à nous donner SCANDALO IN FAMIGLIA, un érotisme de '76 avec Gloria Guida et Lucretia Love, et EL MACHO, un spaghetti western de '77 avec George Hilton. Sa dernière réalisation remonte à '88.

LA BAGARRE DU SAMEDI SOIR : nihilisme, amours tragiques et fuite de responsabilité, cocktail improbable mais prenant. Un prêtre, victime des amis de Pierro, mais néanmoins béat de félicité et toujours prompt à tendre une main aidante, sert à son "ami" petite frappe un discours signifiant, en gros, que lui et le voyou sont sur la même "mission", de changer la société de l'intérieur, mais que leurs "méthodes" diffèrent.

Bon, vous me savez très peu moraliste, mais je me demande bien ce qu'un prêtre plein de miséricorde et d'empathie a en commun avec un idiot qui viole, pille et vandalise tout ce qui l'entoure. Faudrait probablement déterrer le scénariste pour obtenir une réponse... Orloff

BEAST WITH A GUN aka ULTIME VIOLENCE aka LA BELVA COL MITRA aka BEAST WITH A GUN aka STREET KILLERS - Sergio Grieco, 1977

Une bande de gangsters emmenés par le dangereux Nanni Vitale (Helmut Berger) s'évade de prison. Le commissaire Santini (Richard Harrison) se lance à leur recherche et tente de mettre fin à leur sanglante cavale ...

Furieux ! Ce film à petit budget (en DVD chez Anchor Bay Entertainment) figure parmi les "poliziotteschi" préférés de Quentin Tarantino. Après l'avoir visionné, je comprends mieux pourquoi ... Tourné avec de très petits moyens, BEAST WITH A GUN véhicule de la première à la dernière seconde une tension très malsaine. Le rythme est extrêmement soutenu pour un polar de l'époque. L'élégante partition de l'inconnu Umberto Smaila soutient efficacement l'action. Tout le film se déroule sous un soleil de plomb, la moiteur est palpable, les acteurs semblent habités par leurs personnages. Mention spéciale à Helmut Berger, exceptionnel en bandit sadique et vicieux, très loin de ses performances "viscontiennes". Marisa Mell (la copine de DIABOLIK) campe de façon très crédible une otage "sadisée" manquant de tomber sous le charme vénéneux du bel Helmut. Considéré comme le plus violent de tous les polars italiens des années soixante-dix, BEAST WITH A GUN s'avère à la hauteur de cette réputation. La course-poursuite meurtrière est notamment jalonnée de deux longues scènes de torture : la première victime finira dans un bain de chaux vive ; la seconde, la sœur du commissaire Santini (Marina Giordana) aura les seins tailladés au coupe-chou. Bref, 90 minutes haletantes qui sentent la poudre, le sperme et le sang. Stelvio


Susan Scott

La BIDONATA aka The Rip-Off - Luciano Ercoli avec Walter Chiari, Ettore Manni, Maurizio Arena, Marisa Merlini, Nieves Navarro aka Susan Scott, Vittorio Caprioli, Franca Valeri, Venantino Venantini, 1977, Italie/France, 106m

Ayant appris qu'un gang de bandits enlèvera prochainement le fils d'un producteur de cinéma afin d'obtenir une grosse rançon, un petit gangster minable, Renato, a l'intention de dérober l'argent de la rançon aux kidnappeurs. Il demande l'aide de deux vieux copains, Maurizio et Ettore, qui mènent tous les deux une vie honnête plutôt morne, en leur promettant la réussite de l'entreprise. La mère de Maurizio et une ancienne flamme de Renato rejoignent bientôt les trois compères. Grâce au plan mis au point par Renato, lui-même et ses deux amis se relaient pour filer le train aux kidnappeurs jusqu'à leur repaire tandis que l'ancienne copine de Renato séduit le chef de la bande pour poser un micro chez lui et obtenir des infos. Le téléphone du producteur dont le fils fût justement la victime de l'enlèvement, est également mis sur écoute par Renato et ses amis. Leur plan est de libérer la victime du kidnapping et d'encaisser eux-mêmes la rançon en prenant la place des kidnappeurs après avoir filouter leurs plans. Le tout ne va pas toutefois sans imprévus cocasses qui manquent à chaque fois de foutre par terre le plan de Renato.

Ce film ne pût sortir en salles à l'époque où il a été tourné puisque son producteur fût réellement enlevé dans des circonstances similaires à celles évoquées dans le scénario. Il vient à peine de sortir en DVD dans une pochette format double par NOSHAME FILMS avec le film de Massimo Dallamano, "COLT 38 SPECIAL SQUAD". Après visionnement, on se rend compte à quel point le réalisateur Luciano Ercoli a voulu aller à contre-courant du genre "poliziotteschi". C'est ainsi que le problème des enlèvements en Italie est évacué au profit d'une comédie satirique qui illustre avec une certaine sympathie, les exploits d'un groupe de petits gangsters un peu maladroits qui aspirent à la réussite et à la richesse. Sur ce plan, le film fonctionne grâce à ses dialogues spirituels, ses retournements surprenants de situations et ses clins d'oeil habiles à des succès du genre comme "THE STING", "BORSALINO" et "PEPE LE MOKO". Le choix des décors (en France et en Italie) et des costumes, de même que la musique viennent s'accorder au ton de pastiche de l'ensemble, au point de donner un touche de "slapstick" à l'humour du récit. La mise en scène est vive et minutieuse et la photographie agréable met à l'aise le spectateur qui sourira gaiement à la vue de cette oeuvrette modeste. Tous les acteurs semblent d'ailleurs s'y amuser ferme car ils livrent sans exceptions des performances aérées. Mathieu Lemée

THE BIG RACKET aka Il Grande Racket - Enzo G. Castellari 1976, Italie,1h40

En pleine nuit, un groupe de jeunes exaltés, armés de pieds-de-biche ou de battes de base-ball, entre par effraction dans un grand magasin et fracasse tout sur son passage. Le lendemain, tous les commerçants de la ville sont visités par de louches individus qui leur offrent leur protection en échange d'un tarif hebdomadaire. Ceux qui refusent verront leur magasin incendié, vandalisé, et ils seront battus. Un inspecteur de police désapprobateur les surveille de loin, attendant son heure...

Dans la tradition de ses thrillers d'action ayant pour thème l'absurdité du système de justice en Italie, Enzo G. Castellari signe ici un film plein d'action, qui se laisse regarder comme un charme. Fabio Testi, en inspecteur musclé et désillusionné, est ici en pleine forme et casse la baraque. Le scénario, vaguement politique, a le mérite de ne laisser filtrer dans l'intrigue aucun temps morts. Ainsi, nous avons droit à de nombreuses bagarres, fusillades et poursuites automobiles toutes truffées des ralentis "à la Peckinpah" fort efficaces propres à Castellari. La musique efficace et émotionnelle de Guido & Maurizio de Angelis souligne la mélancolie certaine du film avec une vigueur exemplaire. Du rythme, des tripes et du sang, voilà un trio irrésistible qui saura charmer le plus exigeant des amateurs. Orloff

BLAZING MAGNUMS aka Spécial Magnum aka Strange Shadows in an Empty Room aka Una Magnum Special per Tony Saitta - Alberto De Martino alias Martin Herbert avec Stuart Whitman, John Saxon, Martin Landau, Gayle Hunicutt, Tisa Farrow, Carole Laure, Jean Leclerc, Jean Marchand, 1976, Italie/Canada/Panama, 96m

Un flic coriace (Stuart Whitman) apprend que sa soeur (Carole Laure) a été empoisonnée lors d'une surprise-party, au beau milieu de ses amis. Il décide de mener lui-même son enquête, assisté d'un collègue (John Saxon), et ses soupçons se porteront sur l'amant de sa soeur (Martin Landeau), qu'il fera emprisonner. Mais les apparences se révèleront encore une fois trompeuses, et il devra faire la part des choses et laisser de côté son animosité s'il veut résoudre l'affaire...

Tourné à Montréal avec un gros budget et un casting solide, ce polar d'Alberto de Martino est intéressant sous plus d'un aspect. Le récit, prenant, est enveloppé dans la "sauce de la réussite" italienne; des bagarres musclées, des dialogues simples et directs, et une interminable et spectaculaire poursuite automobile à l'issue de laquelle les véhicules impliqués sont complètement démolis. Les performances routinières des vétérans du genre sont réjouissantes, et tout est bien étudié pour éviter que le spectateur ne s'ennuie. On y voit même Carole Laure à poil, ce qui prouve qu'Alberto a su se débrouiller et dénicher sans peine nos "talents locaux"... Bénéficiant d'une trame sonore efficace et d'un "pacing" parfait, Blazing Magnums est tout ce qu'un bon film d'action québécois aurait pu être si les artisans de l'époque avaient su y faire... Orloff

Un policier de Montréal, le capitaine Tony Saitta, reçoit un appel urgent de sa soeur Louise alors qu'il poursuit des braqueurs de banques. Ne pouvant donc répondre à cet appel, Tony cherche à communiquer avec sa soeur plus tard, mais elle est retrouvée empoisonnée au cours d'une réunion de groupe. Saitta mène alors l'enquête pour retrouver l'assassin de sa soeur. Ses recherches l'amènent à soupçonner le docteur Tracer, qui avait une liaison avec Louise, et Tony décide de l'arrêter. Un nouvel assassinat et une tentative avortée de meurtre laisse pourtant sous-entendre que le docteur Tracer est innocent et que l'affaire est loin d'être résolue. Tony Saitta poursuit son enquête et découvre que sa soeur Louise avait un passé fort louche. Elle a entre autres, été mêlée à un vol à Toronto avec un complice qui se trouve à être son assassin. Pour le démasquer, Tony lui tend un piège qui l'amène à se découvrir définitivement.

Ce "poliziotteschi" italien bénéficie d'un culte chez les fans de cinéma de série B au Québec car il a été tourné à Montréal avec quelques acteurs québécois connus faisant partie de la distribution. Réalisé par Alberto De Martino, qui figure parmi les bons réalisateurs de cinéma bis italien, le film raconte une intrigue artificielle où des éléments venant du "giallo" italien trouve place à l'intérieur des clichés du polar d'action à la "DIRTY HARRY". Sans être approfondi plus qu'il ne faut, le récit développe avec assez de souplesse quelques morceaux de bravoure fort mouvementés dont une incroyable poursuite en voiture signée Rémy Julienne. Sans être le meilleur film en son genre, il s'avère un très bon exemple que la formule du film policier d'action à l'italienne fonctionne aussi dans une ville étrangère (Montréal en l'occurence). En plus des scènes d'action généralement efficaces, on a droit à quelques plans nichons de Carole Laure, qui représentent d'ailleurs l'une de ses marques de commerce à cette époque. Le film en outre, profite d'une excellente trame sonore d'Armando Trovajoli qui représente sa seule contribution au genre, lui qui compose habituellement pour des comédies. Bref, un peu plus de 90 minutes de bon temps et de divertissement garanti où un bon groupe d'acteurs livrent la marchandise avec métier. Mathieu Lemée

The BLOODY AVENGER aka Sangue di sbirro - Alfonso Brescia, 1976, Italie    

Vous dire que j'ai été surpris de trouver ce film douteux en vente à 4 dollars dans un club vidéo des bas-fonds de Laval serait mentir.  En fait je suis passé à côté environ 7 fois et à ma huitième visite je me suis vaillamment convaincu de l'acheter. Mais je n'ai pas regretté cette décision impulsive. Certes, Al Bradley (de son vrai nom Alfonso Brescia) n'est pas un réalisateur très raffiné; son absence de style et ses risibles tentatives de créer un polar cohérent font du visionnement de ce film tout un périple... Mais le film a ses bons moments. Le montage parallèle tout à fait délirant qui ponctue la première visite du barbu George Eastman (dont la voix est magnifiquement ridicule dans la version doublée en français) au bar de strip du méchant mafiosi est plutôt amusant... Et que dire des nombreux meurtres gratuits, dont la fusillade exagérée à l'aéroport, au tout début. Bref, un film qui amuse et étonne sans toutefois marquer. On se rend même compte, à un certain moment, que Brescia a carrément samplé quelques riffs de la chanson thème de SHAFT pour les utiliser en toute effronterie... Orloff

Le BOSS aka Il Boss - Fernando Di Leo, 1973, Italie

Réalisateur italien de genres surtout actif dans les années 70, Fernando Di Leo a produit sa part de navets... Et aussi sa part de joyaux. Dans celui-ci par exemple, on suit les péripéties d'un Henry Silva très insensible qui évolue en tant que tueur à gages dans le merveilleux monde de la mafia sicilienne. Bras droit d'un Don quelconque, il passe le temps en tuant tout ce qui bouge, comme le témoigne cette fracassante scène d'ouverture où il descend environ une douzaine de malfrats assis dans une salle de cinéma à coups de grenade. Mais une guerre des gangs éclate et il sera emporté dans les intrigues et les trahisons innombrables qu'une telle situation produit. On a droit à plusieurs italiens moustachus qui meurent sous nos yeux dans de risibles contorsions forcées, et même à une nymphomane alcoolique aux sous-vêtements aqua qui se tape chaque truand à cent lieues à la ronde. Bref, du divertissement sans prétention mais sans grande intelligence. Pour couronner le tout, ça se termine sur une évidente ouverture, alors qu'à la fin d'un plan abrupt on peut lire les deux mots : "ça continue..."  Trois petits points. Orloff

BRACELETS DE SANG aka Syndicate Sadists aka Il Giustiziere sfida la citta - Umberto Lenzi avec Tomas Milian, Joseph Cotten, Maria Fiore, Maria Scalia, Luciano Catenacci, Guido Alberti, Ida Galli, 1975, Italie, 93m

Rambo est un ancien gangster qui a décidé de devenir un justicier agissant en dehors des institutions officielles. Lorsqu'un de ses amis, détective privé, a été tué en enquêtant sur l'enlèvement du fils d'un industriel, Rambo entre en action et apprend que le kidnapping est l'oeuvre de Conti et de sa bande. Rambo fait en sorte de lui opposer un autre groupe criminel dirigé par Paterno et son fils. Mais sa stratégie échoue et Rambo se retrouve avec les deux groupes criminels sur le dos. Il ne renonce pas moins dans sa mission de les anéantir et de délivrer l'enfant kidnappé.

Avec un scénario directement inspiré de "POUR UNE POIGNÉE DE DOLLARS", ce film policier italien ne se démarque pas des autres par l'originalité du récit. Seule la présentation d'un héros hirsute et coloré, inspiré indirectement du personnage de Rambo incarné plus tard par Stallone, arrive à contourner les canons habituels du genre. L'accent est mis sur l'action, ce qui taxe quelque peu la logique de l'intrigue. Le tout se suit néanmoins assez bien et Lenzi offre une mise en scène appliquée et adéquate, ne laissant pas de place aux temps morts, comme quoi les recettes habituelles fonctionnent toujours. Ce n'est pas du travail de première main mais ce n'est pas médiocre non plus: du Lenzi bien fait avec ses limites, quoi! Tomas Milian a un jeu assorti à son personnage hirsute (le premier d'une longue série) tandis que Joseph Cotten est plus sobre. Mathieu Lemée

BRIGADE ANTI-RACKET aka TERREUR SUR LA RUE aka RITORNATO QUELLI DELLA CALIBRO 38 - Giuseppe Vari, Italie, 1977

Une organisation criminelle terrorise les commerçants d'une petite ville. Un flic courageux (Antonio Sabato) va tenter d'infiltrer les racketteurs...

Le film d'ouvre sur une fusillade dans un club de strip-tease. Ca commence bien mais on déchante vite par la suite. Tous les ingrédients d'un bon polar spaghetti sont pourtant là, des poursuites aux jolies filles à poil, des fusillades aux bastons... Mais c'est l'emballage qui laisse à désirer cette fois : bâclé, filmé à l'arrache, mal fagoté, ce film déçoit. Quelques scènes montrent la tristounette vie des flics en dehors des heures de service. Elles semblent avoir été rajoutées dans un souci de réalisme "social". L'ensemble demeure néanmoins suffisamment rythmé pour éviter les bâillements et l'utilisation de la touche "Eject". Et le film offre une vision très complète de la pulpeuse anatomie de Dagmar Lassander, starlette suédoise également vue chez Lucio Fulci... A noter que selon les sources, le film est tantôt attribué à Massimo Tarantini tantôt  à Giuseppe Vari. Stelvio

CALIBRE MAGNUM POUR L'INSPECTEUR aka NAPOLI SI RIBELLA aka A MAN CALLED MAGNUM - Michele Massimo Tarantini avec Luc Merenda, Enzo Cannavale, Claudio Gora, Sonia Viviani, Italie, 1977, 1h28

A peine arrivé en poste à Naples, le commissaire Mauri, qui a acquis à Milan la réputation d'un "dur à cuir", est désireux de "marquer son territoire". La découverte d'un trafic de drogue à grande échelle ne laisse pas le "milieu" sans réaction. Mauri doit réagir ...

Le scénario n'a rien d'original, la mise en scène n'est pas particulièrement renversante, mais ce "poliziesco" standard se regarde comme un charme ! Luc Merenda se montre particulièrement à l'aise dans son registre habituel. Le comique transalpin Enzo Cannavale compose un pittoresque petit flic, le sergent Capece, dont l'aide s'avèrera précieuse. Ce côté "buddy-movie" ne ralentit pas l'action, bien au contraire ! Fusillades, bastons et poursuites automobiles : il y a de tout, et en grande quantité. La meilleure scène du film voit d'ailleurs Tarantini reproduire l'illustrissime "car chase" de FRENCH CONNECTION, avec Merenda à la place de Gene Hackman, et un omnibus napolitain au lieu du métro new yorkais. Le casting des gangsters est fort réussi, avec Adolfo Lastretti, et son regard torve, Tommaso Palladino, et ses moustaches en pinceaux de colle et Ferdinando Murolo, l'air faussement sympa. Enfin, le thème principal de Franco Companino s'avère très entêtant (il figure du reste sur la compilation "Roma Violenta / Rare Tracks From The Best Italian 70's Crime Movie OST" chez pickuprecords, www.pickuprecords.it). Bref, un très bon petit polar spaghetti ! Stelvio

CANI ARRABIATI aka RABID DOGS aka KIDNAPPED- Mario Bava avec Riccardo Cucciolla, Don Backy, Lea Lander, Maurice Poli, tourné en 1974, complété en 1998, remonté en 2007, Italie 

Ce film un peu bavard démarre sur les chapeaux de roues avec un vol à main armée que commettent Luigi Montefiori et sa bande.  Le départ donne le ton à tout le film, qui se situe presque en temps réel et qui se passe, chose inusitée, presque entièrement dans une voiture. Oh bien sûr Bava utilise d'autres lieux, mais l'essentiel de l'action se déroule à l'intérieur de la carlingue et captive son spectateur malgré une diarrhée verbale et la couleur peu évidente des sous-titres (jaunes, et le film n'est pas widescreen).  Les thèmes abordés sont la déshumanisation animale de l'homme traqué et la détresse morale de leurs otages, en passant par quelques références fétichistes qui font sourire.  Le tout, traité avec la caméra nerveuse et majestueuse de Bava, se savoure comme un Big Mac après un jeûne de six jours. Les acteurs sont dans le ton, et la musique (bien qu'un peu redondante) est tragiquement inoubliable.  Le thème musical nous reste longtemps dans la tête après le visionnement, ainsi que le destin de ces personnages de fiction et le "punch" si habile que Bava nous fait exploser au visage, presque aussi efficacement que dans BAY OF BLOOD, mais avec cette fois-ci un sentiment de réelle surprise qui plane dans l'esprit du spectateur.  Une grande oeuvre négligée. P.A. Buisson

J'ai écouté la version "restaurée par Lamberto Bava et Alfredo Leone" et Rabid Dogs... Le résultat n'est pas aussi désastreux que quelques cr5itiques l'avait dit.

Il y a quelques plans complémentaires qui ont été tournés avec de nouveaux comédiens... On y voit notamment la mère du petit garçon au début et à la fin du film, un type de la banque qui téléphone à la police pour signaler le vol et un inspecteur de police qui discute avec la mère au téléphone.

Ca ne brûle pas le punch de la fin, puisque qu'on ne connaît pas l'identité de cette femme et le pourquoi de son appel a la police... Mais ça donne quand même quelques indices et la fin devient moins gratuite. La nouvelle musique de Cipriani ne m'a pas particulièrement marqué, mais j'aimais beaucoup plus celle utilisé dans RABID DOGS.

En conclusion, le résultat est correct, mais elle ne transforme pas le film de beaucoup. Si vous vous attendez à beaucoup, vous allez être déçus. Black Knight

CASSE-GUEULE aka Poliziotto Sprint aka Convoy Busters aka Highway Racer - Stelvio Massi 1977, Italie, 1h32.

Faisant partie d'une brigade antigang motorisée, Palma (Maurizio Merli) est un chauffeur impétueux et impulsif plein de bonne volonté. Il rêve de devenir une vedette et de coincer tous les caïds, mais ses idéaux et son manque de discipline le conduiront à tuer malgré lui son coéquipier dans un accident, lors d'une poursuite. Il remettra dès lors tout en question.

Merli, sans moustache, est en grande forme, comme chaque fois qu'il fait équipe avec Stelvio Massi. Bien que la jaquette distribuée au Québec essaie de nous présenter le film comme un festival de la rigolade, le ton en est très sérieux, ce qui est une surprise plutôt plaisante. Ça démarre très lentement, mais ça devient vite attachant et l'attente en vaut le coup. Le "côté automobile" du récit est fortement poussé, tellement qu'on dirait Massi en admiration devant ces moteurs rugissants et ces pneus qui laissent des traces en démarrant. La réalisation énervée - je ne vois pas d'autres mots - évite que l'ensemble ne sombre dans un ennui statique, et le budget énorme dont semble disposer le réalisateur lui permet de mettre en image ses moindres fantaisies de cascades. Il réussit particulièrement son travail lors d'une poursuite dans la vieille ville ayant lieu dans des escaliers (!!). La musique de Stelvio Cipriani a ses hauts et ses bas - on l'a déjà connu en meilleure forme - mais reste quand même supérieure à la moyenne, tout comme le film lui-même. Orloff

CHOPPER SQUAD  aka Silent Action, aka La Ville Accuse, aka I Accuse, aka La Polizia Accusa : il Servizio Segreto Uccide, 1975, Italie, 1h34.

Un simple homicide et l'enquête qui le couvre met la puce à l'oreille du commissaire Solmi (Luc Merenda); il se rend compte que l'assassinat couvre quelque chose de beaucoup plus gros qu'il ne paraît. Un vague complot politique se dessine, et avec l'aide d'une amie journaliste qu'il retrouve par hasard et d'un capitaine des services secrets (un Tomas Milian méconnaissable en fonctionnaire barbu) il essaiera de résoudre cette affaire.

Thriller politique traitant de l'absurdité du système de justice italien et de la corruption qui y règne, LA VILLE ACCUSE est intéressant sous plus d'un aspect. Tout d'abord le contre-emploi de Tomas Milian, acteur métamorphe d'une étonnante versatilité. Ensuite, bien que Martino soit avant tout un réalisateur "commercial", dont le seul but était de plaire à une large audience, le travail de réalisation est soigné et sert parfaitement le récit. On peut alors pardonner l'utilisation de cet accident de voiture précédemment utilisé dans  THE VIOLENT PROFESSIONALS - où Merenda jouait aussi un flic avide de justice. La morale fataliste de la finale nous en met plein la gueule; voilà un réalisateur commercial ne craignant pas la controverse, qui ne rechigne pas à adhérer à la "mode" pessimiste de l'époque. Beau travail. Orloff

Le CLAN DES POURRIS aka Tough Cop aka Free Hand for a Tough Cop aka Il Trucido e lo Sbirro, 1976, Italie, 1h29

Une fillette a été enlevée par une équipe d'impitoyables truands menés par Brescianelli (Henry Silva), et la police décide de mettre un flic dur à cuire, le commissaire Antonio Sarti (Claudio Cassinelli), sur l'affaire. Il fera appel pour l'aider à un attachant prisonnier surnommé "Poubelle", Monnezza (Tomas Milian, perruque afro à l'appui) et ce dernier, après avoir tout d'abord refusé, déploiera maintes ruses, tantôt tordues, tantôt hilarantes, pour essayer de retrouver les gangsters et la kidnappée.

Umberto Lenzi avait, dans les années '70, le chic pour torcher des polars de choc honnêtes et captivants. Il ne fait ici pas exception, et ce film se veut le compagnon de LA BANDA DEL GOBBO, dans lequel Milian personnifie aussi Monnezza. On reconnaît d'ailleurs une des maisons de campagne employée dans ce dernier film, qui sert ici encore une fois de théâtre à une fusillade. Le scénario est simple, mais solide; une histoire de kidnapping traitée rapidement et sans temps morts, avec des personnages tous plus louches les uns que les autres. Cassinelli y est fort crédible en flic violent, et personne n'aurait mieux rendu l'infâme voyou kidnappeur que Silva (que l'on a aussi vu dans CRY OF A PROSTITUTE et dans IL BOSS). Ce dernier suinte carrément la méchanceté et est d'une dureté cassante, utilisant à plusieurs reprises l'énigmatique expression "moujingue" pour qualifier la petite kidnappée. Dans une scène où des voyous attaquent un cinéma pour en vider la caisse, nous apercevons à quelques reprises une affiche de SALON KITTY, de Tinto Brass. La musique a de bons moments mais demeure la majorité du temps bien standard; Lenzi allait plus tard s'allier à Franco Micalizzi pour THE CYNIC, THE RAT & THE FIST et VIOLENT PROTECTION, qui bénéficient sans aucun doute des meilleures trames sonores de thrillers spaghetti que j'aie jamais entendu. Orloff

COLÈRE NOIRE aka LA CITTA SCONVOLTA aka The KIDNAP SYNDICATE aka Dirty Deal - Fernando Di Leo, 1975, Italie

Deux enfants d'une dizaine d'années sont enlevés à l'entrée d'une école. L'un est le fils d'un riche industriel, Filippini (James Mason) ; l'autre est son camarade Colella, élevé par son père, un mécanicien sans le sou. Une importante rançon est bientôt exigée, mais Filippini refuse de la payer. Les kidnappeurs tuent alors le fils de Colella (Luc Merenda, quasi-sosie de Bernard Tapie, c'est fou !). Dégoûté par le manque d'empressement de la police, ce dernier va partir à la recherche des kidnappeurs planqués dans la cambrousse profonde.

Dans ce film, Fernando Di Leo prend bien le soin (et le temps) d'ancrer ses personnages dans le terreau social. Le thème de la lutte des classes n'est pas esquivé par l'auteur. Il donne même lieu à quelques répliques savoureuses, comme celle-ci : "Si la merde avait un prix, les pauvres n'auraient pas de cul !". Alors seulement, l'action proprement dite peut commencer. On retrouve alors tout l'abattage de Merenda, des scènes de baston aux longues poursuites dans la campagne italienne. Le score de Luis Bacalov n'est hélas pas à la hauteur. Finalement, même si l'ensemble ne déçoit pas, loin de là, on n'est pas au niveau des meilleurs Di Leo. Par ailleurs, et sur le même thème du rapt d'enfant, BRACELET DE SANG d' Umberto Lenzi est plus réussi. Stelvio

COMMANDO TERREUR aka Bloody Payroll aka Milano Violenta - Mario Caiano, 1976, Italie

Yeehaa!! Un autre excellent crime flick!! Il est vraiment à recommander, on ne s'ennuie pas une seconde. Résumer l'histoire n'est pas vraiment nécessaire vu la similarité entre les films de ce genre, mais le tout tourne autour d'un vol de banque et du mec qui essaie d'avoir l'argent. La mise en scène de Caiano est impeccable et apporte une certaine fraîcheur (enfin, ça donne cette impression avec la rafale d'Euro-crime que je me tape ces temps-ci) à ce genre qui peut être palpitant tout comme d'un grand ennui. On ne se trompe pas ici et on peut également admirer Silvia Dioniso dans toute sa splendeur alors il n'y a pas de quoi se plaindre. À voir. Bad Feeble

  IL COMMISSARIO DI FERRO aka The Iron Superintendent - Stelvio Massi avec Maurizio Merli, Janet Agren, Ettore Manni et Mariangela Giordano, 1978, Italie

La fille d'un milliardaire se fait kidnappée et les truands demandent une forte rançon. Le commissaire Maura Mariani (Maurizio Merli) orchestre un plan et parvient à retrouver la jeune femme. Mais 3 des brigands prennent la fuite. Le lendemain, alors que le commissaire enquête pour les retrouver... Un forcené prend en otage le commissariat de police et demande de voir Mariani sur le champ afin de le tuer. En même moment, le fils et l'ex-femme du commissaire font irruption dans le commissariat et le forcené prend l'enfant en otage et s'enfuit. Le commissaire aux méthodes rudes parviendra t'il à le retrouver ?

Il s'agit d'un Poliziotteschi qui est pour moi assez mineur et cela en raison d'un scénario assez abracadabrant... Ou peut être trop orignal. C'est selon... Ce qui est étrange avec le scénario est que l'intrigue principale est résolue après 20 minutes et que par la suite nous nous retrouvons avec une longue prise d'otage d'un commissariat par un seul homme et par la suite, l'intrigue se ressert autours d'un 2e kidnapping. Et celui-là concerne le fils du commissaire. Et pourtant le scénariste n'est pas un débutant pour avoir fait une structure aussi étrange. Il s'agit de Roberto Gianviti, auteur de plus d'une centaine de scénarios. Dont des Hercules et plusieurs Fulci. Ceci étant dit, on ne s'ennui pas, l'action est très rapide et pendant de très long moment, la trame se déroule presque en temps réel. Autre Maurizio Merli (tout à fait correct dans son rôle habituel d'inspecteur rebelle), le casting est bien servi par plusieurs figures connus du cinéma italien de genre et cela fait bien plaisir: Janet Agren (CITY OF THE LIVING-DEAD et EATEN ALIVE BY THE CANNIBALS !) et notamment Mariangela Giordano (BURIAL GROUND, PATRICK STILL LIVES, MALABIMBA et GIALLO IN VENEZIA). La trame sonore de Coriolano Gori est vraiment plaisante et particulièrement le main title, vraiment mémorable. Du coté réalisation Stevio Massi s'y donne à coeur joie avec notamment quelques ralenties dont celui d'une fenêtre brisée du plus bel effet. Bref, il s'agit pour moi d'une oeuvre mineur à très petit budget au scénario assez décousu qui tourne pas mal les coins ronds. Peut être cela vous plaira t'il ? Black Knight

CONTRAT POUR LA MORT D'UN FLIC aka Bersaglio Altezza Uomo - Guido Zurli 1979, Italie, 1h26

Les flics italiens se sont mis en tête d'enrayer le trafic de drogue et mettent pour cela des bâtons dans les roues des trafiquants. Ceux-ci décident d'un commun accord de frapper fort afin de donner à la police de quoi réfléchir. Ils engagent pour cela un journaliste, champion de tir, contre son gré, et pour le convaincre ils lui offrent 50 000$ pour tuer le commissaire (Luc Merenda). Comme il refuse, ils se mettent à terroriser sa famille et notre journaliste se rend compte qu'il n'aura pas le choix s'il veut revoir les siens vivants.

Guido Zurli (Sigpress Contre Scotland Yard) n'est pas un réalisateur très prolifique, et on a du mal à comprendre pourquoi. Ses efforts sont toujours couronnés de succès, comme le démontre ce thriller policier très réussi. L'intrigue prend un certain temps à s'installer mais une fois que c'est fait, le reste coule de source. La réalisation est solide et les scènes d'action ne manquent pas - je retiens entre autres la poursuite sur les toits, devenue un classique parmi les films du genre. Ce qui reste par contre nébuleux, c'est la raison pour laquelle les pégreux s'acharnent sur le journaliste champion de tir, comme s'ils n'avaient pas de tireur d'élite à leur disposition... Il est aussi gênant de voir le journaliste trimbaler sa carabine en plein après-midi sur la place publique sans que personne ne s'en inquiète... La chanson thème omniprésente de Stelvio Cipriani, servie ici à toutes les sauces, est inoubliable. Les performances sont justes, et Luc Merenda semble à sa place, au coeur de l'action. On remarquera même à un moment la jolie Paola Senatore en danseuse nue, ce qui n'a rien pour déplaire. L'ensemble est donc très agréable et réussi, avec une fin optimiste, ce qui est plutôt rare pour l'époque. Orloff

Les CONTREBANDIERS DE SANTA LUCIA aka THE NEW GODFATHERS aka I CONTRABBANDIERI DI SANTA LUCIA - Alfonso Brescia avec Mario Merola, Gianni Garko, Antonio Sabato, Jeff Blynn, Edmund Purdom, Lorraine De Selle, 1979, Italie, 1h18

Le Narcotic Bureau est sur les dents : 500 kilos d'héroïne pure à très bas prix vont inonder le marché américain, via la Turquie puis l'Italie. Ivan Radevic (Gianni Garko, yougoslave comme son personnage), agent de la brigade financière se rend à Naples pour trouver Don Francesco (Mario Merola). En l'échange de l'aide du gouape pour mettre la main sur la schnouf, la brigade fermera les yeux sur la contrebande de cigarettes. Mais les deux hommes ne sont pas les seuls à convoiter le chargement. Un autre "gouape", l'industriel Vizzini (Antonio Sabato, plutôt mieux que d'habitude dans ce rôle de crapule) est également sur le coup...

Alfonso Brescia (Al Bradley sur la jaquette vidéo d'époque) développe à nouveau un script de Ciro Ippolito et Piero Regnoli avec le charismatique Mario Merola dans le rôle principal. L'imposant acteur interprète une fois de plus un "gouape" vivant de trafics un peu louches mais attaché à un certain code d'honneur. Autour de ce "Don Francesco" gravitent un certain nombre de personnages pittoresques, dont une famille de contrebandiers sur laquelle Brescia pose un regard tendre voire complaisant. Le père est interprété par Jeff Blynn, acteur américain blond et moustachu ayant eu quelque succès dans le "poliziesco" à la fin des années 70 en raison de sa ressemblance avec Franco Nero et Maurizio Merli. L'ami de la fille s'appelle Gennarino, et reprend un personnage de gamin hâbleur et débrouillard créé deux ans plus tôt par Mario Caiano dans son remarquable ASSAUT SUR LA VILLE (aka WEAPONS OF DEATH). Ce film (NAPOLI SPARA en titre original) s'achevait par la mort de Gennarino, mais Brescia le ressuscite, en changeant toutefois d'acteur.

La révolution iranienne modifie la donne du passage de la drogue en Occident, tel est le message censé asseoir la crédibilité du film, qui s'ouvre par un étonnant montage d'images d'archives illustrant le "débarquement" du Shah d'Iran. Alors que les autres films "de gouapes" de Brescia étaient destinés à un public local, celui-ci démontre le souci de séduire une audience plus internationale (existence d'une version anglaise). D'où son aspect "bâtard". La première demi-heure du film parvient pourtant à capter notre attention. Ensuite, ça se gâte un peu et Brescia revient à ses travers de cinéaste d'exploitation (mais c'est pour ça qu'on l'aime bien, non ?). Plusieurs "caviardages" permettent au réalisateur de "doper" son film. Les deux poursuites automobiles du film sont ainsi enrichies de plans piqués à droite ou à gauche : la première, notamment, comprend un long emprunt au survitaminé SECTION DE CHOC de Massimo Dallamano. Le grain de l'image ainsi que la finition de la Fiat 127 en vedette trahissent le "copier-coller" effectué par Brescia. Sacré Alfonso va !

Le final américain du film pose question : Brescia a t-il vraiment tourné cette scène de mariage mafieux et ces extérieurs new yorkais ? Ne s'agit-il pas d'un mélange de "chutes" d'extérieurs US (peut-être repris à CORLEONE A BROOKLYN d'Umberto Lenzi ?) et de travail en studio ? Ce film laisse perplexe tant le métrage, pourtant très court, paraît pourtant allongé artificiellement...

Signalons enfin la courte apparition de la fluette brune Lorraine De Selle (CANIBAL FEROX) en maillot de bain très minimaliste, le cameo de Sabrina Siani et les dialogues savoureux, comme ce moment où Gennarino montre à Radevic l'affiche de LO SCUGNIZZO, film précédent de Brescia : "C'est un grand film, avec Nunzio Gallo et Angela Luce", dit le jeune garçon. "Avec Gianni Garko aussi, ça doit vraiment être un bon film", lui répond Radevic, hilare. Si c'est pas du "placement-produit" ça ! Stelvio

Le CORIACE aka L'Uomo dalla pelle dura aka Tough Guy aka Murder in the Ring aka The Boxer aka Ripped Off aka Counter Punch - Franco Prosperi, 1971, Italie, 1h26.

Un boxeur métisse décide qu'il en a ras-le-bol de la Californie et de se faire exploiter par son avare d'entraîneur. Après une violente altercation avec celui-ci, il déménage en Arizona, où il décide de se refaire une carrière. Mais le monde de la boxe est pourri où que l'on soit, et après que le succès se soit pointé le bout du nez, son entraîneur lui demande de perdre délibérément un combat. Il refuse, et cet accès de fierté provoquera en ville une lente hécatombe, à laquelle il ne pourra rien changer.

Ce qui se présente d'abord comme un drame sportif haletant sece transforme, après une demi-heure, en thriller policier. Rien de bien décevant ici; Prosperi peut être imaginatif et innovateur - pour l'époque - quand il sort de ses sordides productions "médiévales"... La trame sonore est prisonnière de son époque et c'est très bien comme ça; les chemises rétro et les grosses lunettes de soleil ajoutent un cachet de coquetterie à la mise en scène, et les véhicules utilisés dans les poursuites dégoulinent de formes '70...

On a droit à quelques jolies filles et à un Tomas Milian en grande forme dans un caméo prolongé. Sa présence est une jouissance à elle seule et chacune de ses apparitions fait accélérer les battements de coeur du spectateur sensible. Le boxeur le qualifie de "mal lavé déguisé en hippie", et la scène où on le descend vaut à elle seule le prix de la location ! Un bon témoignage du talent italien de l'époque. Orloff

Le CYNIQUE, l'infâme, le violent aka Il Cinico, l'infame, il violento aka The Cynic, the Rat & the Fist - Umberto Lenzi avec Maurizio Merli, Tomas Milian, John Saxon, 1977, Italie, 95m 

Ce polar d'action typiquement italien des années 70 marque la troisième collaboration entre le réalisateur Umberto Lenzi et l'acteur Maurizio Merli, qui reprend son personnage du commissaire Tanzi. Le compositeur Franco Micalizzi est également de retour à la trame sonore.

Tanzi, cette fois, a démissionné des forces de l'ordre pour se reconvertir dans le roman policier (!!!). Un criminel évadé, surnommé le Chinois (Tomas Milian jubilatoire) veut se venger de lui pour l'arrestation dont Tanzi fût responsable. Tanzi, bien entendu, échappe à un attentat et se remet en piste pour arrêter le Chinois définitivement. Il se rend donc à Rome pour se faire et il apprend que le Chinois s'est mis au service d'un gangster américain DiMaggio (John Saxon) qui dirige le racket de la protection. Tanzi fait alors en sorte de créer de la dissension entre les deux criminels et le tout se termine par une confrontation définitive.

Lenzi ne renouvelle pas le genre dans ce film d'action, mais il livre le minimum syndical, ce qui ne devrait pas décevoir les aficionados. Bagarres, poursuites, fusillades, quelques scènes chocs retiennent l'attention, soulignant à plaisir les méthodes violentes du flic à l'écran incarné habituellement par Merli, et du criminel de choc joué suavement par Tomas Milian, toujours à l'aise dans ce genre de rôle de composition. John Saxon complète le trio du titre, dont la référence au western de Leone est évidente, sans effort. S'il n'est pas le meilleur ni le plus spectaculaire du genre policier italien des années 70, il n'est pas décevant non plus et peut être une bonne initiation pour celui qui n'a pas vu ce type de film. Bref, 95 minutes de divertissement au rythme soutenu. Mathieu Lemée

DEATH RAGE aka Con la rabbia agli occhi - Antonio Margheriti avec Yul Brynner, Barbara Bouchet, Martin Basalm, Massimo Ranieri, 1976, Italie

Sans la caméra innovatrice de Margheriti et l'inquiétant Yul Brynner - on se demande ce qu'il fout là - ce film n'aurait rien pour se démarquer du courant "crime spaghetti" italien des années '70.  Jugez-en par vous-même : voulant venger la mort de son frère, Yul revient dans sa ville natale pour faire le ménage. Il tombe en amour avec une fille facile (la somptueuse Barbara Bouchet, qui a toutefois le mérite d'être agréable à regarder) et s'adjoint l'aide d'un petit débrouillard hilare qui ne ferait pas de mal à une mouche. La police s'en mêle, et pas mal de types meurent entre deux scènes de poursuite en voiture. Un retournement de situation de toute dernière minute nous laissera deviner que la "vengeance italienne" n'a pas dit son dernier mot. Produit par Lenzi, tourné avec maîtrise par monsieur Antonio, il se laisse regarder si l'on aime le genre, mais ça devient rapidement redondant et si c'est votre septième du genre dans le même mois, vous risquez de pleurer. Orloff

Peter Marciani (Yul Brynner) est un tueur à gages à la retraite depuis la mort de son frère. Voilà qu'on le remet en piste avec pour cible Gallo, un parrain responsable de la mort du frérot. Marciani a un drôle d'handicap, il perd parfois la vue momentanément suite au traumatisme passé. Débarqué à Naples, il est repéré par la police et par Angelo, petit brigand truqueur de courses de chevaux qui se met à sa disposition. En commençant par lui présenter son amie Anny (Barbara Bouchet). Marciani remonte rapidement la piste vers Gallo, rpéparant Angelo à commettre le meurtre...

Belle surprise que ce titre de Margheriti dans le coffret CHILLING CLASSICS. Toujours agréable de revoir la belle Barbara Bouchet, peu avare de ses charmes. Yul Brynner a un look et un regard qui frappe, valant à lui seul le détour. J'ai souvent pensé au James Bond de Connery devant un Yul Brynner imperturbable et au magnétisme qui fait tomber les femmes sans coup fléchir. Le scénario sans temps mort est froid et d'un nihilisme plus présent à cette époque qu'aujourd'hui. La musique de Guido et Maurizio de Angelis rythme bien le film, malgré un thème qui débute étrangement comme celui de Peter Gunn. Comme beaucoup de réalisations de Margheriti, sans être un incontournable, on ne s'ennuie pas et on passe un bon moment. Mario Giguère

La DERNIÈRE CHANCE aka L'ULTIMA CHANCE aka Last chance aka The Stateline Motel aka Last chance for a born loser aka La Dernière chance - Maurizio Lucid avec Fabio Testi, Eli Wallach, Ursula Andress, Massimo Girotti, Howard Ross, Barbara Bach, Carlo De Mejo, Céline Lomez, 1975, 101m uncut

Floyd (Fabio Testi - The Big racket) sort de prison et, ne perdant pas de temps, il rencontre Joe (Eli Wallach - The Good, the bad and the ugly), un complice avec qui il vole une bijouterie à Montréal. Ce dernier expose alors le plan : Floyd devra garder la marchandise sur lui, pour ensuite traverser la frontière et rejoindre Joe aux Etats-Unis dans 48 heures. Floyd part alors vers sa destination, mais une inattention au volant fait en sorte que sa voiture reste prise dans un banc de neige! Il passe alors la nuit au motel Last Chance, où il fait la rencontre de la belle Michelle (Ursula Andress - The Nurse). Celle-ci semble cependant se douter de quelque chose ...

Ne vous fiez pas à la jaquette canadienne qui présente ce film comme un enchaînement de poursuites automobiles; ce n'est vraiment pas le cas. Le résultat n'est pas si bon que ça : le rythme est lent, et le tout ressemble à un Hitchcock bâclé. L'intérêt réside évidemment dans la distribution inhabituelle. Remarquez Massimo Girotti (le mari de Michelle) de Baron Blood, Barbara Bach (la fiancée du policier) de Street Law, et pour les fans du cinéma québécois, la jolie Céline Lomez (la fille de ménage) des films cultes Après-ski et Gina. De plus, l'action semble se dérouler entièrement au Québec; la première partie du film montre une poursuite dans l'ouest de Montréal, et le reste se déroule dans la région rurale de St-Donat -- voir l'écriteau sur la voiture de police municipale. L'excellente musique de Luis Enriquez Bacalov (Mister Scarface, Django) ajoute aussi un certain charme à l'affaire. En somme, le réalisateur de It can be done amigo! nous livre un film plutôt ordinaire mais intéressant pour les habitués du genre ... et les Montréalais curieux. HumanoidZombie

DIAMANTS DE SANG aka DIAMANTI SPORCHI DI SANGUE - Fernando Di Leo avec Claudio Cassinelli, Pier Paolo Capponi, Martin Balsam, Barbara Bouchet, Olga Karlatos, Vittorio Caprioli, Italie, 1978, 1h25

Guido (Claudio Cassinelli) participe avec son ami Marco à un hold-up pour le compte de Rizzo (Martin Balsam), "gros bonnet" du milieu. Les deux hommes se font prendre et Guido écope de cinq ans de prison. Certain de la trahison de Rizzo, Guido retrouve dès sa sortie de taule sa fiancée Maria (Olga Karlatos). Cette dernière est tuée dans l'attaque de l'autocar qui les ramène à la maison. Persuadé qu'il s'agit d'un attentat fomenté par Rizzo, Guido dévoile ses soupçons au commissariat et confie à Marco ses intentions de vengeance...

Oeuvre mineure dans la longue série de "poliziotteschi" signés Di Leo, ces DIAMANTS DE SANG ne font pas partie des plus grandes réussites du cinéaste. Certes, sa verve caustique et son sens de la narration n'ont pas entièrement disparu, mais la réalisation est plus molle qu'à l'accoutumée. Le film est trop bavard et répétitif pour convaincre vraiment. L'absence de vrai personnage de flic (seul Vittorio Caprioli a quelques scènes) ne sert pas forcément l'action. Les interprètes principaux font ce qu'ils peuvent. Martin Balsam cachetonne sans trop de conviction, Claudio Cassinelli affiche son habituelle sobriété, au contraire d'un Pier Paolo Capponi cabotin en diable dans un rôle d'homme de main à la ramasse. Les rôles féminins constituent finalement la meilleure surprise du film. Côté madonne, Olga Karlatos compose une sublime fiancée, fidèle et attentionnée ; son seul défaut est finalement de mourir très vite. Côté garce, Barbara Bouchet assure tout autant, avec son petit nez pointu et ses longues jambes de sauterelle gracieuse. Jolies consolations, mais l'ensemble reste un peu décevant, lorsque l'on sait de quoi ce diable de Fernando Di Leo était capable. Stelvio

ÉCHEC AU GANG aka La Banda Del Gobbo aka Brothers Till we Die aka Brothers Forever - Umberto Lenzi, 1977, Italie, 1h34

Un bossu un peu retors, Vincenzo (Tomas Milian), planifie le hold up sans violence d'un fourgon bancaire au beau milieu de l'après-midi. Ses compères, craignant d'être reconnus par les flics en raison de la bosse de leur ami, décident de lui régler son compte pendant le vol. Mais ils le ratent et celui-ci décide de se venger avec l'aide de son frère jumeau, un idiot à afro travaillant dans un garage (Tomas Milian). Il se vengera selon le code cinématographique italien tout en évitant les pièges que lui tendent la police.

Voici une des six collaborations de Lenzi avec Milian (ALMOST HUMAN, SYNDICATE SADISTS) - qui, luxe supplémentaire, signe ici les dialogues - et sans doute celle où le talent de l'acteur cubain éclate le plus. Il y reprend le rôle du bossu qu'il tenait aussi dans VIOLENT PROTECTION en '76. On a même droit, dans une des toutes premières scènes, à un clin d'oeil à ce film lorsqu'on entend en sourdine le succès MAN BEFORE YOUR TIME dans la radio automobile de Vincenzo. Le bossu ne s'aime pas beaucoup et boit constamment, et il est du genre à se parler dans le miroir. Milian effectue aussi un tour de force en jouant le frère du bossu, affublé d'une affreuse perruque et d'une barbe, rôle qu'il avait auparavant développé dans FREE HANDS OF A TOUGH COP aux côtés d'Henry Silva. Le récit, quoiqu'un peu confus, soulève tout de même un certain intérêt, et les scènes comiques se multiplient à toute vitesse. Certains dialogues sont particulièrement savoureux; je pense ici au délire de Milian quand il est interrogé par les policiers et qu'il croit voir Jésus, ou encore aux quelques gags gros comme le bras tel celui de l'Albanais. La réalisation de Lenzi est alerte, et il parvient même à un moment à glisser dans le récit une poursuite automobile tout à fait gratuite. La musique de Franco Micalizzi n'est pas dégueulasse, et ponctue les élans de gangstérisme avec une élégance toute italienne. Un grand Lenzi. Orloff

ÉQUIPE SPÉCIALE aka LA POLIZIA È SCONFITTA aka STUNT SQUAD - Domenico Paolella, Italie, 1977

A Bologne, l'inspecteur Griffi, flic dur à cuir, est bien décidé à en finir avec Valli et sa bande racketteurs, qui n'hésitent pas à plastiquer les commerces qui leur résistent. Il crée pour cela une "équipe spéciale", composée de policiers surentraînés triés sur le volet...

Pas très original comme trame pour un "poliziesco", me direz-vous. Certes non ! Réalisé par Domenico Paolella, "bisseux" spécialiste (dans les années soixante) des films de corsaires, EQUIPE SPÉCIALE offre son lot d'explosions, de bastons et de poursuites automobiles ou motocyclistes. Le flic (Marcel Bozzuffi) et le truand (Vittorio Mezzogiorno) sont extrêmement caricaturaux et montrent fort peu d'humanité. L'allure de Mezzogiorno, ses yeux de serpent et son visage en lame de couteau, ne s'oublient pas aisément, de même que l'anorak blanc qu'il porte tout au long du film à même la peau, grand ouvert sur son respectable paillasson pectoral ! Quant à Nello Pazzafini, il promène son imposante carcasse comme dans de très nombreuses productions de l'époque. Le monteur n'a pas fait très bon usage de la partition electro-funk de Stelvio Cipriani. Ses spirales mélancoliques arrivent souvent à contretemps. Dans ce genre de produit "bronsonien", le méchant doit forcément mal finir. Ca ne rate pas : Griffi le truand périra, lynché par des "citoyens ordinaires" surgis d'on ne sait où. Une issue peu crédible qui ressemble fort à un appel au "vigilantisme". Le film, très divertissant jusqu'alors, se termine donc sur une note fort antipathique... Stelvio

L'EXÉCUTEUR aka GLI ESECUTORI aka Street people aka THE MAN FROM THE ORGANISATION - Maurizio Lucidi avec Roger Moore, Stacy Keach. 1976, Italie

Un ponte de la mafia, Salvatore Francesco, a décidé d'offrir aux immigrés siciliens de San Francisco une immense croix provenant d'une église de Sicile et devant servir de cachette à la drogue qu'il veut importer aux Etats-Unis. Mais à l'arrivée au port, la croix est retrouvée vidée de son contenu...

Un drôle de film bâtard. "Poliziesco" tourné principalement à San Francisco, L'EXÉCUTEUR est plombé par une impardonnable erreur de casting. Qui peut croire une seconde que Roger Moore, alors entre deux James Bond, soit Luigi, Sicilien d'origine et neveu d'un ponte de la mafia italo-américaine ?! Même si Stacy Keach se montre excellent dans le rôle d'une tête brûlée, il est difficile de s'intéresser à cette histoire un peu confuse et sans vrais temps forts (à part un joli numéro de stock-cars dans les rues en pente de San Francisco). Quant à la "chute" conclusive, elle est d'un tartignolle... Stelvio

FLIC A ABATTRE aka IL COMMISSARIO VERRAZZANO aka Deadly Chase aka Farligt Uppdrag - Franco Prosperi avec Luc Merenda, Janet Agren, Patrizia Gori, Luciana Paluzzi, Cristea Avram, Italie, 1978, 1h33

Le jeu, les femmes et la justice : telles sont les trois passions du commissaire Verrazzano (Luc Merenda). Une très belle inconnue (Janet Agren) vient un jour le trouver à son bureau pour lui demander d'enquêter sur les circonstances mystérieuses de la mort de son frère. Verrazzano découvre rapidement une série de meurtres mafieux. Sa vie, comme celle de ses proches, se trouve bientôt menacée...

Après 1977, le polar italien entame son inexorable déclin. Ce FLIC A ABATTRE ne vient hélas pas inverser cette tendance. Il s'agit là d'un bon vieux "véhicule", simple prétexte à mettre en valeur son interprète vedette : Luc Merenda. Notre bellâtre sait tout faire : séduire les jolies garces, rendre accro sa maîtresse (Luciana Paluzzi, moins appétissante qu'à l'époque de THUNDERBALL), arnaquer les arnaqueurs, faire rendre gorge aux truands, le tout dans une suave décontraction. Bon artisan, Franco Prosperi exécute a besogne avec savoir-faire mais sans grande imagination. On a droit à notre quota de poursuites automobiles, de fusillades et de scènes déshabillées. La photographie de Gabor Pogany (LE TRAIN DE LA MORT d'Aldo Lado) est presque trop "léchée" pour ce type de film. Bref, ce FLIC A ABATTRE est à réserver principalement aux fans du beau Luc. Du Merenda en veux-tu ? Du Merenda en voilà ! Stelvio

Un FLIC EXPLOSIF aka Un Poliziotto scomodo - Stelvio Massi, 1978, Italie

Un polar italien mettant en vedette Maurizio Merli. Merli nous a habitués à ses rôles de policier violent pour qui un interrogatoire se déroule de la manière suivante :

1) Ne pas lire ses droits à l'accusé 

2) Le frapper jusqu'à ce qu'il avoue 

Ici, dans le rôle du Commissaire Olmi, il ne change guère ses recettes. Encore un policier qui se heurte à la corruption et aux privilèges dont jouissent certaines crapules riches grâce à leurs appuis " en haut lieu ". C'est le cas de ce douanier responsable d'un trafic de diamants : le type a tellement de contacts qu'Olmi n'arrive pas l'épingler.

Ça, c'est l'une des deux missions auxquelles Olmi est confronté. La seconde tourne autour d'un trafic d'armes organisé en province, loin de Rome où il officie habituellement.

Il s'agit d'un polar au-dessus de la moyenne, qui n'atteint pas le statut de chef-d'œuvre ou de film marquant du genre. On y retrouve plusieurs ingrédients habituels du style, notamment la musique de Stelvio Cipriani. Ce dernier recycle ici plusieurs pièces (composées par lui et interprétées par Goblin) qui avaient servi dans le giallo THE BLOODSTAINED SHADOW (SOLAMENTE NERO). À cause de cette illustration sonore inusitée, le film prend parfois une tonalité onirique un peu surprenante, rehaussée par des plans parfois étonnants ou (à une reprise) une utilisation efficace du ralenti, cette arme à deux tranchants.

Si les scènes d'action n'abondent peut-être pas autant que dans certains modèles du genre, l'intrigue tient suffisamment la route pour garder l'intérêt du spectateur.

Les fans devraient donc apprécier ce FLIC EXPLOSIF. Évidemment, la VF éditée au Québec en 1984 a un peu vieilli : pan & scan, couleurs délavées, bobines usées... Tout cela contribue quand même à donner un certain charme de ciné-parc (drive-in) à l'ensemble. Howard Vernon

Un FLIC HORS LA LOI aka A Fistful of Hell aka Flatfoot aka Mad Bad Bud aka Piedone lo Sbirro - Steno, 1973, Italie, 1h34.

Bud Spencer est Brutus, un commissaire napolitain qui, selon l'hilarant texte de la jaquette, "ne connaît pas ses poings ?". Il règle toutes les situations sans arme, avec la force de ses phalanges pliées, et est satisfait de lui. Il prend le parti des putes en tabassant leurs macs, et son informateur est un nain bossu avec une voix tragique nommé Pépito. Un jour un nuage viendra menacer sa quiétude; un nouveau chef de la police est nommé, et il n'aime pas les méthodes de Brutus, et Naples est peu à peu envahie par des trafiquants de drogue marseillais qui empoisonnent la jeunesse.

Steno s'éloigne légèrement de ses comédies idiotes traditionnelles avec ce thriller - toujours un peu léger dans le ton, toutefois - mettant en vedette le claqueur barbu de service, Bud Spencer (FOUR FLIES ON GREY VELVET). Ce dernier n'est pas très convainquant mais quand il se met à rentrer dans le tas, on a soudainement envie d'entendre ses arguments. On peut noter que la "participation" de Raymond Pellegrin (MAGNUM COPS) se limite à un caméo, vers le début du film, où il joue un homosexuel à qui Brutus emprunte la voiture dans une poursuite. La musique de Guido & Maurizio De Angelis ne figurera certainement pas dans une éventuelle compilation de leurs meilleurs succès, mais même routinière elle divertit. Les meilleurs moments du film demeurent sans aucun doute les bagarres - on y croise même le petit agité habile qui incarnait "Moustique" dans URSULA LA DÉVASTATRICE, de Fernando Di Leo - et les quelques répliques bien inspirées que balance Spencer avec sa subtilité habituelle. Attention : le film a été distribué à deux reprises au Québec, mais seule la version de CK Video/Montevideo Entertainment est widescreen. Orloff

Ce polar signé Steno met en vedette Bud Spencer, dans un rôle d'inspecteur débonnaire, plus près du peuple que de la loi et de ses dirigeants. C'est bien connu : beaucoup de cinéastes italiens populaires des années 70 avaient des sympathies de gauche, voire anarchisantes. Ce choix idéologique se ressentait souvent au visionnement de leurs films. Au fil de son évolution, le polar italien a souvent servi d'outil de dénonciation de la corruption qui sévit parfois en haut lieu, des alliances douteuses entre la criminalité et la justice (la loi), par l'entremise de certains fonctionnaires haut placés, apparemment au service de l'ordre, mais en vérité uniquement préoccupés par leur intérêt personnel.

Tout comme Tomas Milian dans la série de Nico Giraldi, Bud Spencer personnifie donc Brutus, un policier rebelle et marginal. Ce personnage reviendra d'ailleurs dans plusieurs films sous le nom de Pied-Plat (PIED-PLAT SUR LE NIL, etc.). Ici, Brutus combat un réseau de trafiquants de drogue (idée scénaristiquement plate et usée, bien sûr, mais rachetée par la concision du scénario, par les personnages et par une réalisation enlevée) et se heurte sans cesse à son nouveau supérieur hiérarchique qui préfère des méthodes conventionnelles, mais peu efficaces.

Ce qui peut surprendre l'habitué de Spencer, c'est l'aspect relativement sérieux de l'ensemble du film. Mise à part la bagarre finale, on a droit ici à un polar italien de belle facture, rythmé, sans trop d'humour, même si la horde de comparses qui entoure Spencer est plutôt pittoresque. Le message libéral passe généralement bien, si ce n'est peut-être la confusion entourant les drogues qui fait les ranger toutes dans le même panier, du simple joint à la cocaïne. On peut supposer que Steno était plein de bonnes intentions, mais ce manque de subtilité nuit un peu à la crédibilité de son propos.

Malgré cet aspect, je classerais ce film parmi les bons polars italiens que j'ai pu voir. Howard Vernon

À Naples, le commissaire Rizzo exerce son boulot de policier dans le quartier du port en utilisant des méthodes peu orthodoxes. Il s'est pourtant gagné le respect du Milieu, bien que ses supérieurs n'aiment guère ses façons de faire. Rizzo essaie de démasquer et de contrer les trafiquants de drogue menés par des Marseillais. Au cours de son enquête, Rizzo est pris en grippe par son nouveau patron et il est finalement suspendu de ses fonctions. Rizzo s'entête à poursuivre ses recherches et obtient l'aide du Milieu pour mettre les trafiquants hors d'état de nuire.

Si l'ambiance du film est évoquée en termes réalistes ou en ressemblance avec les thrillers policiers italiens de cette période, on s'aperçoit bien vite qu'avec le gros Bud, le ton de l'ensemble est plutôt fantaisiste. Misant sur l'exubérance, la mise en scène ne prend aucunement aux sérieux les réflexions sur les méthodes policières et mise plutôt sur un humour typiquement italien, mélangeant les lazzis et le burlesque. Le contexte napolitain est cependant superbement exploité et convient au ton de fantaisie du film. Les moments comiques sont inégaux mais charmants. On sent se dessiner progressivement la recette des films à venir de Bud Spencer, car celui-ci apparaît plutôt brouillon. Le tout est néanmoins sympathiques et satisfaisant, même divertissant. Mathieu Lemée

FROM CORLEONE TO BROOKLYN aka Da Corleone à Brooklyn, 1978, Italie, 1h30

Un italien pas net se planque à New York après avoir assassiné un gros ponte de la mafia sicilienne. Le commissaire Berni (Maurizio Merli, moustachu et pétillant) cherche à tout mettre en oeuvre pour le rapatrier au pays afin qu'il soit jugé, mais le système judiciaire labyrinthique auquel il se retrouve confronté ne permet l'emprisonnement du criminel qu'aux États-Unis, s'il y est jugé. Et pour être jugé, il faudra que le seul témoin de son forfait encore vivant, un voyou sans envergure (Biagio Pelligra), se rende à New York pour témoigner. Débute alors un long voyage semé d'embûches alors que le voyou et le flic valeureux cherchent à traverser l'Atlantique...

Dernier véritable polar d'importance dans la carrière d'Umberto Lenzi, FROM CORLEONE TO BROOKLYN se démarque de ses prédécesseurs par un rythme beaucoup plus lent et un climat plutôt mélancolique. La réalisation s'éloigne des excès habituels du genre et demeure au service du récit, lequel est fort bien mené. Maurizio Merli est plus sobre qu'à son habitude, et ne se lance que rarement dans les prouesses physiques qui caractérisent habituellement ses performances. Laura Belli, qui personnifie sa femme - et qui ne sera là que le temps de quelques scènes - présente une ressemblance frappante avec Marina Orsini. La musique de Franco Micalizzi est majestueuse, et ponctue les moments forts du récit d'une façon très efficace. Bref, on ne s'ennuie pas, même si l'ensemble n'a pas les vertus divertissantes des films un peu plus déjantés de Lenzi... Orloff

LE GRAND KIDNAPPING aka La Polizia Sta a Guardare aka Ransom! Police is Watching - Roberto Infascelli 1973, France/Italie, 1h35.

Un commissaire nouvellement arrivé (Enrico Maria Salerno) dans une petite ville italienne se rend compte avec une surprise bien légitime que l'industrie du rapt est fortement profitable car la police ferme les dossiers dès que la rançon a été payée et que les kidnappés sont de retour chez eux ! Il décidera d'agir pour changer les choses, et ouvrera de nouveau tous les dossiers non résolus, contré dans sa démarche par son prédécesseur (Lee J. Cobb) et par un procureur pacifiste (Jean Sorel). Un retournement de situation plutôt sadique le forcera à reconsidérer son "sens de la justice"...

Voici un policier italien plutôt réussi, qui allie la paranoïa politique d'un Sergio Martino et la sobriété de ton d'un Pasquale Squittieri. Réalisé en 1973, avant que la plupart des réalisateurs italiens ne se tournent vers une ultra-violence outrancière mais bien amusante, son ton posé et son rythme constant surprend. Il est dommage qu'Infrascelli - principalement producteur - soit décédé en '77 dans un accident de voiture, car son avenir de cinéaste semblait fort prometteur. Les acteurs jouent tous la carte de la retenue, avec un Jean Sorel arborant toujours le même air catastrophé... Enrico Maria Salerno est incapable de la moindre émotion, parfait dans son rôle de père sec et autoritaire, et Lee J. Cobb a toujours cette même gueule louche. On y croise brièvement la jolie frimousse de Laura Belli - qui allait tremper, en '77, dans le louche et sordide enlèvement de ALMOST HUMAN, de Lenzi - mais on remarque une absence de viande italienne assez notable. Les poursuites en voitures sont très bien filmées, et le thème majestueux de Stelvio Cipriani - décidément partout, celui-là ! - nous donne envie de trouver H.G. Wells et de le prier gentiment de nous projeter dans l'Italie des années '70. Orloff

la GUERRE DES GANGS aka Milano rovente, 1973, Italie

Polar violent des 70's du sieur Lenzi mettant en scène un conflit entre le magnat de la prostitution milanaise, un sicilien macho superbement typique, et un marchant d'héroïne homosexuel d'origine française. Le gang du français va faire une razzia chez les putes,

leur écorchent les seins, balafrent le visage, écrasent des clopes sur leur poitrine...   Radical. La scène la plus dure montre un sicilien se faire torturer à coup d'électrode sur les testicules. Digne d'un Ilsa ! Un peu de chair féminine, un peu de violence, de machisme, de dialogues bien torchés, et une bande son agréable, voila un polar cool avec une bonne fin. Merci m'sieur Lenzi. Kerozene

HIGH CRIME, aka La Police Accuse, la Loi Acquitte, aka La Polizia Incrimina la Legge Assolve, aka La POLICIA DETIENE, la LEY JUZGA - Enzo G. Castellari 1973, Italie, 1h24

Le commissaire Belli (Franco Nero) est depuis toujours frustré par l'inefficacité de la police italienne pour laquelle il travaille. Son supérieur ramasse depuis des années des preuves plus ou moins valides qu'il accumule dans un dossier qu'il destine à éclater au grand jour dans un avenir rapproché. Lorsqu'il est sauvagement abattu en pleine rue, au beau milieu de l'après-midi, Belli est nommé à sa place et décide de prendre les grands moyens. Il ne reculera devant aucun moyen retors pour trouver les coupables.

HIGH CRIME bénéficie d'un statut culte largement fondé. Sommet incontesté du thriller policier italien, parfait exemple des meilleurs réussites du genre, sans fausses notes du début à la fin. Tous les personnages se distinguent, et les acteurs qui les incarnent donnent une prestation sans faille, et plus particulièrement Nero en flic au coeur tendre que désillusionne sa carrière. La musique de Guido & Maurizio de Angelis est devenue légendaire, tout à fait pertinente, et l'une des pièces figure sur la compilation BERETTA '70 de la maison allemande Crippled Dick Hot Wax. Les scènes d'action sont à couper le souffle, avec d'impressionnantes séquences de ralenti typiques de Castellari -  qui semble s'inspirer du style Peckinpah - et des poursuites de voiture fort efficaces. Le scénario aux implications politiques captive du début à la fin. Le montage est assez audacieux, et on y note même quelques astuces, jamais vues dans le genre, que ne renierait pas Soderberg. Si vous ne devez voir qu'un seul "thriller spaghetti" dans votre vie, c'est le bon. Orloff

Signé Enzo G. Castellari, ce polar italien bénéficie d'une réputation flatteuse. Grâce à un visionnement récent, je peux confirmer qu'il se hausse facilement au-dessus des derniers films du genre que j'ai eu le malheur de regarder. Je dis malheur parce qu'UN FLIC EXPLOSIF, UN FLIC VOIT ROUGE, LE NOUVEAU BOSS DE LA MAFIA et la plupart des autres "produits" interchangeables que j'ai dû subir avaient fini par me persuader que j'avais fait le tour des meilleurs films du style.

D'emblée, Castellari profite de l'apport d'une équipe assez solide, Franco Nero en tête, appuyé par la bande son des spécialistes du genre (avec Stelvio Cipriani) : les frères de Angelis.

Il serait cependant téméraire d'affirmer que LA POLICE ACCUSE, LA LOI ACQUITTE est un chef-d'oeuvre. Après un départ franchement remarquable, le film tâtonne parfois, butant sur les thématiques obsessionnelles du genre (la justice ferme les yeux, les gangsters sont dirigés par des millionnaires intouchables, etc.) Ce discours politique démagogique et simpliste finit par être un peu ennuyant, surtout dans un film d'action qui, tout à coup, se déguise (mal) en pamphlet politique de droite.

Le fait qu'il ait eu beaucoup d'imitateurs n'aide pas ce "classique" de Castellari. Peut-être aurait-il fallu que je le voie en premier ? Vu après ses trop nombreuses copies, HIGH CRIME paraît trop similaire aux autres polars pour constituer l'exception dont sont faits les "grands films". Du coup, la surprise est absente...

En bref, Castellari excelle quand il se concentre sur ce qu'il réussit mieux : les scènes d'action, très bien découpées, rythmées et mises en scène. Mais il devrait mettre au placard ses ambitions de cinéaste politique. Le résultat est donc à l'avenant et inégal. J'avoue très nettement préférer les polars de Lenzi. Jusqu'à maintenant, la carrière de Castellari ne m'impressionne pas trop : LA MORT AU LARGE, LES GUERRIERS DU BRONX (1 et 2, ce dernier volet étant particulièrement pénible), WARRIORS OF THE WASTELAND... Je les échangerais tous contre un Lenzi (mais svp, ne me donnez pas PARDON, ÊTES-VOUS NORMAL ?) Howard Vernon

HOMICIDE VOLONTAIRE aka The Gun aka l'Arma - Pasquale Squitieri 1978, Italie,1h23.

 Luigi, un père de famille modeste et discret, qui a tout de même un petit faible pour la pornographie suédoise, mène une vie sans heurts jusqu'au jour où un cambrioleur est lâchement abattu par la police, en pleine nuit, dans la cour de l'immeuble à logement qu'il habite. Il prend alors conscience que la violence est partout et cela l'inquiète. Pour se rassurer, il fait l'achat d'un revolver et se met à l'aduler; il sombrera peu à peu dans la folie et perdra tout ce qui lui est cher dans la tourmente.

Sans compter sur la participation au générique d'un gros nom - mis à part une Claudia Cardinale sur le déclin - ou de séquences d'action continues, Pasquale Squitieri signe ici un thriller social touffu et oppressant qui ne s'oublie pas de sitôt. La situation initiale peut sembler banale, mais l'intrigue se met en place efficacement et une fois les fondations bien établies, elle coule de source. Il y a un propos sociologique évident dans la mise à nu de cet homme de classe moyenne, déchiré entre ses valeurs traditionnelles et les mutations du monde dans lequel il vit, et poussé par la violence qui l'entoure à devenir un violent à son tour. L'interprétation force l'admiration, et Claudia Cardinale est à sa place dans le rôle de cette femme blessée et vieillie. La musique est suffisamment mélancolique pour ne pas détonner et la réalisation subtile et en retrait sert à merveille le récit. Orloff

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Merci à Stelvio pour la recherche de titres appartenant au genre. Lire aussi l'article de Frankie Marino sur le genre dans la Gazette du Club

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WIP - FEMMES EN PRISON

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