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L'HOMME AUX NERFS D'ACIER aka ESCAPE FROM DEATH ROW - Michele Lupo avec Lee Van Cleef, 1974

Frankie ( Lee Van Cleef ) est un chef de mafia important, mais voilà que ses hommes veulent l'envoyer six pieds sous terre. Seul refuge pour réfléchir et comprendre ce qui se passe en sécurité: la prison. Mais Frankie n'y est pas plus en sécurité et un certain Tony, qui l'adule, décide de s'en faire son copain et l'aide à s'enfuir pour assouvir sa vengeance et son destin.

Lee Van Cleef est superbe dans ce rôle de tueur implacable, aux prises avec ce jeune qui sera , surprise, plein de ressources. Edwige Fenech joue la copine du jeune et on la voit en tout maximum deux minutes. Le scénario est bon, la réalisation nerveuse, les cascades réussies, la musique est superbe. Un bon policier italien. Mario Giguère

Un polar italien de seconde zone très agréable avec Edwige Fenech en girlfriend de petit truand, peu présente, mais on a droit à notre nibard syndical!

Avec aussi Jean Rocheford, Lee Van Cleef et fausto tozzi. Une guerre inter-gang va mener un petit escroc minable de quartier à s'acoquiner avec son idole, un gros caïd de renommée internationale lors d'un séjour en prison.

C'est sympa comme tout ce truc... Franfran

L'HOMME SANS PITIÉ aka GENOVA A MANO ARMATA - Mario Lanfranchi, 1978 

"L'Américain", ex-agent secret de la CIA (Tony Lo Bianco), a été engagé par une jeune et charmante armateure, Marta Mayer (Maud Adams), pour retrouver les assassins de son père. Le commissaire Lo Gallo (Adolfo Celi) le met en garde du danger qu'il court et lui conseille de laisser tomber. Mais "l' Américain" s'obstine et déjoue les pièges, tant pour les 100 000 dollars de récompense promis par la jeune femme que pour connaître les réelles motivations de cette dernière...

On retrouve ici l'un des thèmes classiques du polar spaghetti des années 70 : un personnage vient régler un compte dans une ville ; il n'en sortira qu'après avoir fait le vide derrière lui. Le titre français laisse présager un film âpre et violent. Seul le premier quart d'heure (une jolie baston et une poursuite sur l'autoroute urbaine) le confirme. Par la suite, le rythme ralentit et le thriller cède la place à des scènes plus bavardes et détendues. Les deux cabots en vedette (Tony Lo Bianco et Adolfo Celi) ont alors tout loisir d'exprimer leur penchant pour la comédie. Ce n'est pas désagréable, mais la première bobine laissait espérer mieux. Quant à la musique de Franco Micalizzi, elle n'est pas tout à fait à la hauteur de celles composées pour les films d'Umberto Lenzi. Heureusement, l'haletante séquence finale, tournée sur le port de Gênes, renoue in extremis avec la tension du début... Stelvio

HOW TO KILL A JUDGE aka PERCHÉ SI UCCIDE UN MAGISTRATO - Damiano Damiani avec: Franco Nero, Marco Guglielmi, Françoise Fabian,1974, Italie

Lorsque le nouveau film de Giacomo Solaris (Franco Nero) sort sur les écrans italiens, il fait l'effet d'un pavé dans la mare. Son sujet : la corruption d'un magistrat et l'exécution de celui-ci. En résumé, un gros coup de gueule contre l'administration nationale que l'on soupçonne à raison de fricotter avec la mafia. Le film cartonne au box office tandis que la magistrature s'active pour trouver un moyen de minimiser les dégâts. Mais le juge visé au travers du film ne souhaite pas alimenter le scandale. Il invite alors Giacomo Solaris afin de discuter de visu. Le réalisateur fait ainsi connaissance avec la femme de Monsieur ainsi que de sa fille. Et si d'un point de vue politique, son film lui paraît tout à fait justifié, il se rend compte que l'impact sur l'entourage de sa cible est loin d'être superficiel et est forcément malheureux. Surtout lorsque l'opinion publique s'emballe et que le magistrat se fait exécuter pour de vrai...

Damiano Damiani pose ici calmement la question de comment faire pour nettoyer l'administration nationale en minimisant les dommages collatéraux, mais accuse aussi les réactions un peu trop enthousiastes du peuple qui peuvent se montrer aussi maladroites que fatales. La question sur le pouvoir du cinéma de propagande politique est également soulevée mais il me semble que l'auteur souhaite donner la responsabilité des conséquences du film aux spectateurs de celui-ci plutôt qu'à son auteur, même si celui-ci se mord les doigts d'avoir pousser la métaphore aussi loin après que le juge se soit fait assassiner. Le point de départ est intéressant, en revanche le film lui-même l'est beaucoup moins. Le réalisateur d'EL CHUNCHO aligne les scènes de bavardages dans lesquels de multiples patronymes s'entrechoquent dans une certaine confusion, pour ne pas dire une confusion certaine, et le rythme pépère adopté conduit tranquillement le spectateur sur la route de l'ennui poli. Kerozene

Le JOUR DU COBRA aka Cobra aka IL GIORNO DEL COBRA aka DAY OF THE COBRA - Enzo G. Castellari avec Franco Nero, Sybil Danning, William Berger, Mario Maranzana, Enio Girolami, Romano Puppo, Massimo Vanni.  1980, Italie, 1h35.

Détective privé minable de San Francisco, jadis renvoyé du Narcotic Bureau pour avoir refusé toute corruption, Larry Stanziani, dit "le Cobra", (Franco Nero), est contacté par Goldschmidt (William Berger), son ancien patron. Sa mission ? Se rendre à Gênes, en Italie, pour y liquider Kandinsky, l'un des caïds du trafic de drogue responsable de son éviction...

Sixième épisode de la collaboration entre Enzo G. Castellari et Franco Nero, ce JOUR DU COBRA permet au duo de varier un peu les plaisirs. Plus de flics incorruptibles ni de citoyens avides de vengeance ici, c'est un scénario plus "chandlerien", avec privé en imper et chapeau mou (Nero, impeccable) et femme fatale au corps de déesse (Sybil Danning, sculpturale) que "Slo-Mo Enzo" développe cette fois. Une remarquable scène pré-générique nous rappelle que, décidément, Castellari sait, mieux que personne, exploiter la "cinégénie" de l'immense port de Gênes. Puis l'intrigue s'installe calmement, au son d'une chanson thème très "laid-back" ("I don't give a damn, I am the Cobra...", on dirait du JJ Cale). La première demi-heure promet beaucoup, la suite déçoit un tout petit peu. La mode du début des années 80 sied un peu moins au cinéma de Castellari, le scénario a quelques coups de mou. Toute la sous-intrigue ordonnée autour des relations entre le Cobra et son fils déséquilibre passablement le film. Heureusement que quelques seconds rôles sympathiques (dont la fameuse - ou le fameux ?- Lola) viennent relancer notre attention. Quant au sens du cadre de Castellari, il fait encore merveille dans les (trop rares) scènes d'action... Stelvio

Castellari et Franco Nero sont de vieux complices ; lors de plusieurs entrevues, l'acteur Nero a en effet répété à quel point il estimait Castellari, soulignant la complicité qui les unissait.

Comme beaucoup de cinéastes italiens des années 70, il est clair que Castellari a donné le meilleur de lui-même à ses débuts. Certains de ses films post-nucléaires sont assez lamentables (LES GUERRIERS DU BRONX 2 ou LES NOUVEAUX BARBARES, en particulier), quant à sa copie de JAWS (LA MORT AU LARGE), on passera charitablement sur le sujet.

Avec ce film réalisé en 1980, on pouvait craindre le pire. La décennie 1980 est en effet connue pour concorder avec le déclin progressif du cinéma transalpin. En plus, ce film est un " polar ", un genre qui agonisait à l'époque. On connaît assez le sort du western italien (les derniers films, sauf exception, étaient franchement mauvais) et des autres modes semblables pour s'inquiéter. Après tout, le polar à l'italienne est un genre dans lequel il est difficile d'innover, vu ses nombreux codes, ses thématiques et passages obligés.

On doit donc signaler que le scénario de ce COBRA ne propose rien d'extraordinaire. Il est même plutôt prévisible, tant les ficelles scénaristiques sont connues et déjà vues. Je ne les révélerai pas pour ne pas gâcher votre surprise au cas (improbable) où vous vous laisseriez surprendre, mais les effets sont franchement téléphonés, et ce qui devait être surprenant n'est finalement que ce qu'on voyait venir depuis très longtemps (sauf une bonne idée vers la fin du film, donnant lieu à une scène surprenante !). Signalons qu'Aldo Lado (SHORT NIGHT OF THE GLASS DOLLS) a participé au scénario et qu'on reconnaît ses obsessions habituelles, surtout dans la finale...

L'intérêt de COBRA réside donc ailleurs. Les fans de Franco Nero, par exemple, auront de quoi se réjouir. Dans un rôle de détective plus loufoque que d'habitude, Nero révèle une facette plus légère de sa personnalité. Affublé de nombreux tics, son personnage est plutôt amusant. Il s'offrira même une scène dramatique où Nero parvient à être émouvant, malgré son caractère mélodramatique et prévisible... Les autres acteurs sont valables dans leur rôle, les femmes jouant souvent les utilités (comme Sybil Danning).

D'un point de vue purement cinématographique, COBRA montre un Castellari en grande forme. Le cinéaste s'impose comme un technicien doué : les couleurs de COBRA sont vives, rappelant parfois Bava et Argento (le tout début du film s'apparente d'ailleurs à un giallo, avec atmosphère sombre, assassin ganté et arme blanche à l'appui). Loin d'être filmé n'importe comment, COBRA est réalisé de façon élégante et soignée. De nombreux travellings irréprochables et fluides soulignent souvent les scènes d'action ou les dialogues, et l'image est très bien cadrée, dotée d'un cachet artistique indéniable.

Réalisé avec une certaine conscience professionnelle, COBRA est donc un polar sans trop de prétentions qu'on peut regarder pour passer un bon moment. Howard Vernon

Un JUGE EN DANGER aka IO HO PAURA aka I AM AFRAID - Damiano Damiani avec Gian Maria Volonté, Erland Josephson, Mario Adorf, Bruno Corrazzari, Angelica Ippolito, Raffaelle Di Mario, 1977, Italie, 1h54

"Flic de base", Ludovico Graziano (Gian Maria Volonté) se voit affecté à la protection du juge Cancedda (Erland Josephson). Les deux hommes découvrent un complot de la Mafia, mettant ainsi le doigt dans un engrenage dangereux...

Cinéaste expérimenté, réputé pour ses westerns spaghetti (EL CHUNCHO ou UN GÉNIE, DEUX ASSOCIÉS, UNE CLOCHE) ou son sequel d'AMITYVILLE, Damiano Damiani a aussi souvent donné dans le genre policier. Film relativement méconnu, ce JUGE EN DANGER constitue une très belle surprise. Tout en respectant les règles du genre, Damiani introduit un commentaire socio-politique d'une grande subtilité (ça nous change agréablement du TÉMOIN A ABATTRE de Castellari, et ses tirades sentencieuses). Alors que dans la majorité des "poliziotteschi", la police et les malfaiteurs se rendent coup pour coup dans l'indifférence totale du monde qui les entoure, ce n'est pas le cas chez Damiani. La séquence d'ouverture est à cet égard révélatrice : au cours d'une fusillade, Graziano et son équipier ne peuvent répliquer au feu des malfrats, de peur de blesser un couple de passants. Je ne dévoilerai rien des péripéties du reste de l'intrigue pour ne point gâcher votre éventuel plaisir, mais le suspense est au rendez-vous. Dans une Rome méconnaissable et anonyme, la tension monte au fur et à mesure que l'angoisse gagne Graziano (Gian Maria Volonté, remarquable d'intériorité) et que la nasse mafieuse se referme sur lui. On atteint le comble du "climax" dans la dernière demi-heure, haletante au possible. Outre Volonté, le reste du casting se montre très convaincant, avec notamment Mario Adorf (savoureux en juge libidineux) ou Erland Josephson, acteur bergmanien mais jamais barbant ici. Il est également réjouissant de voir apparaître furtivement Laura Trotter (L'AVION DE L'APOCALYPSE de Lenzi) ou Paolo Malco, qui sera plus tard complice des meilleurs Fulci.

Tirant le meilleur profit d'une partition lancinante et minimaliste de Riz Ortolani, Damiani mêle donc impeccablement paranoïa politique, suspense et souci de réalisme. Et le spectateur se régale face à l'un des meilleurs "mafia polars" de ces années de plomb. A voir absolument ! Stelvio

Le JUSTICIER DEFIE LA VILLE aka TORINO VIOLENTA aka VIOLENT TORINO - Carlo Ausino avec George Hilton, Giuseppe Alotta, Emanuel Cannarsa, 1978, Italie, 1h30

Turin, 1978, le banditisme fait rage. Les braquages, le racket et autres crapuleries sont des activités florissantes. Depuis quelques temps, un mystérieux "justicier" s'est lancé dans une croisade contre les délinquants. Qui est-il ? Et comment doit réagir la police ?

Le point de départ de ce polar spaghetti est un peu plus original que la moyenne. Le réalisateur et scénariste du film, Carlo Ausino, montre une certaine ambition dans le propos et la construction de l'intrigue. Il refuse très rapidement de jouer la carte du suspense quant à l'identité du "justicier". Plusieurs sous-intrigues viennent alors malheureusement alourdir un peu la sauce et ôter de la fluidité au récit. Le portrait du personnage schizophrène du commissaire Moretti (George Hilton) n'est donc qu'effleuré. Le comédien argentin a "musclé son jeu" pour ce film. Il porte d'épaisses moustaches et conduit son Alfa Romeo Giulia avec détermination. Mais on peut tout de même penser que son élégance naturelle sied mieux au personnage de playboy mondain qu'il a promené de giallo en giallo. Bon, ne soyons pas trop négatifs, les scènes d'action et de filature se laissent regarder, la photographie nocturne est de belle qualité et la bande originale de Stelvio Cipriani se situe dans la très bonne moyenne. Surtout, le constat du cinéaste ne peut laisser indifférent : la justice expéditive est un démon qui sommeille en chaque policier, nous suggère Carlo Ausino, a contre-courant de beaucoup de productions "bronsoniennes" de l'époque. Dommage qu'un certain manque d'habileté scénaristique l'ait empêché de mieux servir cet intéressant propos... Stelvio

The LAST ROUND aka Il Conto è Chiuso - Stelvio Massi avec Luc Merenda, Carlos Monzon, Giampiero Albertini, Mario Brega, Susanna Gimenez, Mariangela Giordano, Luisa Pesce, Luisa Maneri, Leonora Fani, Nello Pazzafini, Giovanni Cianfriglia, 1976. Italie. 95m

Un vagabond, Marco Russo, arrive dans une petite ville et aperçoit des travailleurs maltraités par les hommes de main de leur employeur. Il intervient et donne une bonne raclée aux hommes de main. Son manège attire l'attention du patron, un certain Rico Manzetti, qui est également le chef d'une famille de gangsters. Rico décide d'engager Marco dans sa bande et le met à l'épreuve lors du meurtre d'un juge. Marco gagne la confiance de Rico après cette opération mais en réalité, Marco mange à deux rateliers en s'offrant au rival des Manzettis, la famille Belmondo. Marco contribue secrètement à empêcher la réconciliation des deux familles criminelles et provoque même des affrontements entre elles pour qu'elles s'entretuent. Rico Manzetti découvre toutefois le manège de Marco après que celui-ci ait arrangé la fuite de ses deux maîtresses. Battu à mort, Marco parvient à se réfugier chez ses seuls amis, une jeune fille aveugle et son père démuni afin de préparer sa vengeance contre Rico avec qui il a un vieux compte à régler.

Décidément, le roman "Moisson Rouge" de Dashiell Hammett continue d'inspirer les réalisateurs. Après "YOJIMBO" et "A FISTFUL OF DOLLARS", voici maintenant "THE LAST ROUND" situé dans un contexte moderne. Comme le héros est cette fois incarné par un ancien boxeur argentin, les auteurs ont eu l'idée d'exploiter ses talents de pugiliste. C'est là où ce poliziotteschi a su se démarquer des autres puisque le personnage principal se sert autant de sa ruse que de ses poings pour triompher des gangsters plutôt que des armes à feu et des pistolets. L'intrigue est évidemment connu du public à l'avance étant donné ses sources d'inspiration évidentes, à l'exception de la conclusion qui renvoie directement à celle de "ONCE UPON A TIME IN THE WEST" avec des relents de "SHANE". Le sachant, le réalisateur Stelvio Massi a décidé de filmer le tout avec des cadrages et des angles particuliers et d'amplifier les effets sonores, soulignant ainsi les inégalités sociales entre la classe ouvrière pauvre et la bureaucratie corrompue tout en donnant au film un cachet de film noir approprié au récit. Le ton mélancolique de la musique de Luis Bacalov vient d'ailleurs renforcer cet argument, ce qui fait de "THE LAST ROUND" un métrage fort intéressant à défaut d'être original. Sans être un grand interprète, Carlos Monzon possède la présence physique nécessaire face à un Luc Mérenda à la fois élégant et diabolique. Une belle découverte. Mathieu Lemée

LIVE LIKE A COP...DIE LIKE A MAN aka Uomini si nasce poliziotti si muore - Ruggero Deodato, 1976

Deux policiers faisant partie d'une organisation secrète lutte contre la mafia en utilisant des manières peu orthodoxes.

Je m'attendais à un film très sérieux avec un message sur la violence comme Deodato a fait pour CANNIBAL HOLOCAUST, mais ce n'est pas du tout le cas ! THE TERMINATORS est plutôt un film d'action léger qui rappelle ceux qui sont habituellement à l'affiche l'été. On a droit à de très belles scènes d'action qui restent réalistes et elles sont minimes, elles ne deviennent pas achalantes à la longue.

Entre temps, l'humour est reine avec des dialogues vulgaires, les deux héros sont des machos sans pareil, la scène avec la nymphomane est hilarante et on a même droit à un caméo cocasse d' Alvaro Vitali.

LIVE LIKE A COP... DIE LIKE A MAN est un bon petit film qui détend et qui fait sourire. Vivement une sortie en DVD. Oncle Freak

La LOI DE LA CIA aka SONO STATO UN AGENTE CIA aka COVERT ACTION aka SPY KILL - Romolo Guerrieri avec David Janssen, Arthur Kennedy, Maurizio Merli, Corinne Cléry, Ivan Rassimov, Philippe Leroy, 1978, Italie/Grèce, 1h31

Autrefois membre de la CIA, Lester Horton (David Janssen) s'installe à Athènes pour écrire son nouveau livre. Il a appris par ses anciens amis que certains membres du bureau de la CIA locale étaient compromis avec la mafia et qu'une bande magnétique gênante pour les services secrets américains avait disparu. A peine a t-il entamé son enquête qu'il est traîné de force devant Maxwell (Arthur Kennedy), le chef de la CIA d'Athènes. Ce dernier lui donne l'ordre de laisser tomber cette histoire qui ne le regarde pas. Mais Horton s'entête et les péripéties se multiplient&ldots;

La LOI DE LA CIA est un film méconnu. Après l'avoir visionné, je comprends un peu mieux pourquoi. Cette réalisation du généralement compétent Romolo Guerrieri s'avère bâtarde à plus d'un titre : par son scénario d'abord, récit d'espionnage tendant vers le "poliziesco" (avec, à l'appui, un thème convenable de Stelvio Cipriani), sans jamais que Guerrieri choisisse vraiment son genre ; par son casting ensuite qui fait cohabiter des comédiens venus d'univers totalement différents voire antinomiques. Que des vieux chevaux de retour hollywoodiens comme David Janssen ou Arthur Kennedy incarnent des agents secrets, c'est relativement plausible. Janssen est même tout à fait convaincant dans un registre "violent mélancolique" proche de celui de Charles Bronson. Mais que Maurizio Merli joue un jeune loup de l'espionnage, américain qui plus est, on n'y croit pas une seconde. Quant à Philippe Leroy, seul son humour sauve en partie le personnage ultra-convenu que le script lui demande d'endosser. Reste le corps splendide de Corinne Cléry, qui vient un peu relancer l'attention. On se rabat donc sur la "déco" (l'actrice française jouant encore les bibelots de prix), signe sûr que le film ne casse pas trois pattes à un canard. Même les scènes finales, qui voient Janssen se transformer en&ldots;fugitif (oui, oui, j'ai osé la faire) pour échapper à un tueur (Ivan Rassimov, qui n'a pas un dialogue du film), peinent à captiver. Dispensable. Stelvio

La LOI DES GANGSTERS aka GANGSTERS' LAW aka LA LEGGE DEI GANGSTERS aka VIOLENT KILL - Siro Marcellini avec Klaus Kinski, Maurice Poli, Franco Citti, Nello Pazzafini, Samy Pavel, Max Delys, Hele Chanel, Susy Andersen, 1969, Italie, 1h25 

Bruno Manieri (Franco Citti) a quitté son Sud déshérité pour trouver du travail dans la grande ville industrielle de Gênes, pas très loin de la frontière française. Un soir, alors qu'il drague une jeune fille dans un dancing, une bagarre éclate entre Bruno et le protecteur de la mignonne. L'intervention de la police limite la casse mais Bruno perd son travail, et accepte la proposition d'un gang, dirigé par Rino Quintero (Maurice Poli). Un gros coup se prépare, et Bruno va connaître son baptême du feu...

Difficile de résumer ce polar urbain nerveux et réaliste ! Dirigé et co-signé par Siro Marcellini, LA LOI DES GANGSTERS dispose d'une construction très originale pour l'époque. Au lieu de nous montrer d'abord la constitution du gang, puis la réalisation du "coup" (le hold-up d'une importante succursale bancaire du centre de Gênes), et enfin ses suites (avec les immanquables bisbilles à propos du partage du butin), le film commence par le casse. Filmée en plongée et sans doute à l'insu de la population, cette scène d'ouverture vaut le visionnement à elle seule. Puis la narration opère plusieurs flashes-backs savamment ordonnés. On s'aperçoit peu à peu que le gang est constitué d'individus issus d'horizons très différents, que les circonstances ont réunis. Du jeune méridional en pleine détresse sociale (le comédien "pasolinien" Franco Citti, remarquable) , aux bandits chevronnés (Maurice Poli, que l'on retrouvera dans un rôle semblable dans RABID DOGS de Mario Bava, ou cette grande fougasse de Nello Pazzafini, vu dans des dizaines de poliziotteschi), en passant par de jeunes bourgeois subissant un chantage, tous les truands ont suivi un chemin bien singulier pour se retrouver traqués par les carabiniers... Toute l'intelligence du réalisateur et co-scénariste (avec Piero Regnoli) est de bien faire ressortir la singularité de chaque destin. Se mêlent ainsi subtilement réalisme social et suspense policier.

J'ai gardé le meilleur pour la fin : le "cerveau" du casse, un nommé Rénier (comme souvent dans les polars italiens, un Français...) est interprété par un excellent Klaus Kinski. Psychotique et violent sous des allures de grand bourgeois bien comme il faut, l'acteur allemand domine tout le casting en quelques apparitions. A noter enfin une excellente bande-son très pop de Piero Umiliani (dont je ne suis pourtant pas fan en règle générale), et quelques apparitions de la jolie Helene Chanel (rien à voir avec son homonyme Julia, hardeuse des années 90). A voir sans hésitation ! Stelvio

MAGNUM COPS aka Fatal Charm aka Fearless aka Poliziotto Senza Paura aka Die Zuhälterin - Stelvio Massi, 1977, Italie, 1h33.

Un banquier autrichien fait appel à un détective fauché (Maurizio Merli) afin que ce dernier retrouve sa fille disparue en Italie. Il la localisera, mais une bande de malfaiteurs aura vite fait de la lui faucher sous le nez. En se rendant en Autriche, Merli aura la surprise de se voir ordonner de cesser son enquête. Il tombera toutefois sur une nouvelle piste, qui le mènera tout droit dans les bras de Joan Collins et sur la trace d'un réseau de prostitution de mineures dont les dirigeants n'hésitent devant rien.

Voilà un film mélangeant habilement le drame policier et la comédie iconoclaste italienne réalisé par Stelvio Massi, un vétéran du genre. Dès les premières minutes Massi s'auto réfère en filmant des posters de ses propres films dans l'appartement italien de Merli. Un brin mégalo le bonhomme. On a droit à un Maurizio Merli (MANNAJA, THE CYNIC THE RAT & THE FIST) qui cabotine vêtu d'une paire de salopettes en jeans, ce qui fiche un drôle de coup à son public, habitué de le voir un peu plus sobre. On a aussi droit à une Joan Collins qui fait son apparition à 45 minutes du début du film, et dont les scènes semblent avoir été minutées au compte-gouttes. Elle parvient pourtant, durant ce court laps de temps, à se déshabiller deux fois. Il y a des moments bien cocasses malgré la gravité du propos, et les rares explosions de violence sont bien maîtrisées. Il y a bien la musique de Stelvio Cipriani qui est plus discrète qu'à l'accoutumée, mais son génie doit bien de temps à autres avoir besoin de repos. Le film est plein de clins d'oeil, dont un gros comme le bras à TAXI DRIVER... L'ensemble demeure sympathique et divertissant et ne décevra sans doute personne. Orloff

MANHUNT aka La MALA ORDINA aka L'EMPIRE DU CRIME aka Hired to kill aka Hit men aka The Italian connection  aka Manhunt in Milan  aka Mafia Boß: Sie töten wie Schakale - Fernando Di Leo avec Mario Adorf, Henry Silva, Woody Strode, Adolfo Celi, Luciana Paluzzi, Franco Fabrizi, Femi Benussi, Gianni Macchia, Peter Berling, Francesca Romana Coluzzi, Cyril Cusack, Sylva Koscina, Jessica Dublin, Omero Capanna, Giuseppe Castellano, Giulio Baraghini, Andrea Scotti, Imelda Marani, Gilberto Galimberti, Franca Sciutto, Ulli Lommel, Vittorio Fanfoni, Giuliano Petrelli, Pietro Ceccarelli, Pasquale Fasciano, Alberto Fogliani. 1973. Italie, Allemagne de l'ouest. 95m uncut

Une organisation criminelle ayant besoin d'un bouc émissaire pour une affaire d'héroïne volée cible Luca Canali (Mario Adorf - Milan calibre 9), un " pimp " sans importance. Ladite organisation embauche deux tueurs à gages américains : Dave (Henry Silva - Almost human), un grand type obsédé par les femmes, et Frank (Woody Strode - Keoma), un Afro-Américain musclé et sérieux. Ils seront aidés par les employés de Don Vito Tressoldi (Adolfo Celi - Danger : Diabolik), chef de la mafia locale. Malheureusement pour eux, ils sous-estiment grandement Luca... Il a peut-être grand coeur, mais lorsqu'il est se met en rogne... ça cogne!

Dans l'univers de Fernando Di Leo, violence est le mot de survie! Claques sauvages et coups de pieds au visage, tous les moyens sont bons pour se défendre. Tout le monde y passe : mafiosi, putes, citoyens, enfants, même les animaux domestiques! Ajouté une généreuse dose de nudité gratuite et des personnages stéréotypés (vielle saoûlonne, serveur gai, tronche bégayante), et vous avez un film qui se laisse regarder comme on déguste le meilleur spaghetti de maman. Mario Adorf s'avère une délicieuse révélation, jouant le pauvre mec au visage graisseux avec une justesse attachante, et Henry Silva a toujours l'air aussi dérangé, faisant des avances à tout ce qui bouge. Le seul désappointement vient du côté Woody Strode, qui livre ses dialogues comme un automate constipé. La technique est très appréciable : mentionnons la caméra intrépide de Franco Villa (Asylum erotica) et le montage éclair d'Amedeo Giomini (The Blood stained shadow) qui rendent les scènes d'actions d'autant plus explosives. S'ajoutant à ce duo infernal est Armando Trovajoli (Blazing magnums) qui rythme la totalité du film avec une force conductrice musicale généreuse, et juste assez kitsch. À voir absolument, si ce n'est que pour les trente dernières minutes! Un classique instantané. HumanoidZombie

Polar transalpin réalisé en 1973, il est connu aussi sous les titres  MANHUNT, HIRED TO KILL, THE ITALIAN CONNECTION ou d'autres encore et montre Henry Silva et Woody Strode engagé par un gros bonnet italien afin de s'occuper d'un petit macro de merde à Milan. Ce petit macro, qui a une gueule formidable et qui est adepte du coup de boule, ne comprend pas pourquoi on veut sa peau, et il se défendra jusqu'au bout. On y voit des putes farouches qui se dénudent facilement, un serveur homo, une vieille alcoolique, des hommes de main patibulaires, un garagiste boiteux, des hippies, des gars qui s'envoient des mandalles en pleine poire avec une rare vigueur, des flingages, la tronche d'Henry Silva, une poursuite en voiture puis à pied totalement folle où notre cher macro accroché aux essuie-glace d'une camionnette lancée à toute allure explose le pare-brise avec son front pour péter la gueule au chauffeur ! Malheureusement, le doublage français est déplorable. Mais la bande son fonky-groovy est bien balancée et fait rudement plaisir. Kerozene

MILAN CALIBRE 9 aka Caliber 9 aka Milano Calibro 9 aka The Contract - Fernando Di Leo, 1971, 1h31

Hugo, un caïd sans envergure, sort de prison pour bonne conduite après y avoir passé trois ans. Son ancien chef, "L'Américain", un impitoyable gangster, est convaincu qu'Hugo lui a jadis subtilisé la douce somme de 300 000$. Il le fait donc questionner mais n'en obtient rien. Il décide de le garder à ses services pour l'avoir sous la main en tout temps et leur ancienne collaboration renaît. Mais Hugo manoeuvre habilement pour se débarrasser de ces encombrants voyous tout en ne crachant pas au passage sur une ancienne flamme, un joli petit bout de chair nommé Barbara Bouchet.

 Sous-estimé depuis la nuit des temps, au moins depuis qu'il officie derrière la caméra, Fernando Di Leo, scénariste de formation, nous donne toujours de très bons récits. Nul n'a comme lui la recette pour concocter de bonnes atmosphères ponctuées d'explosions de violence qui arrivent sauvagement, sans crier gare. Ici, il nous sert un récit plus que classique de gangsters italiens qui tiennent mordicus à leur "honneur" et qui s'entre-tuent pour de l'argent, mais il le fait avec une expertise toute particulière. Ses scènes d'action sont comme toujours pleine de bonne volonté et souvent très efficaces malgré leur manque de maîtrise technique. La musique employée n'est ici qu'ornement, et a l'avantage de très bien s'écouter. Les acteurs, sans être théâtraux, injectent à leur jeu exalté la dose requise de fanatisme criminel, et Mario Adorf (LA BANDA DEL GOBBO) y est particulièrement grandiose dans son rôle de psychopathe. Barbara Bouchet est toujours aussi ravissante, et sa courte scène de danse donne envie d'y mordre à belles dents. Et que dire des quinze dernières minutes du film, qui sont le parfait exemple à suivre quand on veut clore un récit avec une dose massive de revirements et de tueries, sinon qu'elles sont mémorables. Comme le film en entier, d'ailleurs. Orloff

MISTER SCARFACE aka I PADRONI DELLA CITTA - Fernando Di Leo, 1976, Italie 

An Italian-German coproduction which looks like 99% of the budget went to pay for Jack Palance, who was an icon of villainy in the classic western SHANE, before going to Europe in the late 1960s to appear in Spaghetti Westerns (VAMOS A MATAR, COMPANEROS) and crime films like this.

Luckily this was directed and co-written by the late Fernando Di Leo, who specialized in exquisitely sleazy Euro-bis (SLAUGHTER HOTEL). The gritty story of three mob outcasts who swindle and ultimately destroy the powerful Godfather, Manzari (Palance).

Primal Scene: a darkened room, only a table and some chairs are visible. Two men burst in wearing coveralls. They have just executed a robbery. One man (Palance) opens the loot bag and shoots the other (Fulvio Mingozzi, the cab driver in SUSPIRIA and INFERNO) who happens to be the father of the young boy sleeping in the room. The boy awakens, approaches Manzari and points a gun at him. Manzari knocks the boy unconscious. This is all filmed in dreamy slow motion like the flashback scenes in ONCE UPON A TIME IN THE WEST. Years later that boy is now a grown man (Al Cliver), who will team up with mob collector Tony (Harry Baer) and the boisterous veteran mobster Napoli to take down Manzari and his gang.

Harry Baer is engaging as the collector who uses unconventional methods and humor to extract payments. Edmund Purdom is also on hand as Luigi, Tony's boss who gets a bullet in the forehead. Palance and Purdom both look like were competing in a test on who could wear the slickest hair creme.

Everyone and everything looks hot and miserable and that is appropriate to the mid 70s Italian urban underworld environment.

It all ends with an elaborate shootout in a labyrinthe slaughterhouse invovling Spaghetti Western style antics, motorcycle stunts and exploding vehicles.

Savor Luis Enrique Bacalov's cool jazz score, Harry Baer's dune buggy and Palance's cigarette holder!

Bring back the 1970's! Robert Monell

Ce thriller italien fait partie des nombreux " films de mafia " réalisés au courant des années 70. Les réalisateurs locaux utilisaient souvent une vedette américaine pour obtenir une certaine crédibilité et afin d'aider leur film à mieux s'exporter. Dans le présent cas, nous avons droit à la dégaine légendaire de Jack Palance et son air de méchant au rictus figé. Dans le documentaire figurant sur le DVD de " Companeros ", on apprenait d'ailleurs que Palance " savait qu'il avait l'air effrayant, et qu'il s'en servait dans son rôle d'acteur ".

Di Leo nous raconte l'histoire d'un jeune mafieux, Tony, chargé par sa bande, que dirige un certain Luigi, de " collecter " l'argent des commerçants qui bénéficient (?) de leur protection. L'affaire déboule lorsque Mr. Scarface (Palance), le chef d'une bande rivale, règle par chèque une dette de jeu à l'un des hommes de Luigi. La bande de Luigi se demande bien comment elle récupérera cet argent, car Scarface refusera probablement de payer. Tony imagine une arnaque et parvient à extorquer trois fois le prix à Scarface ; cependant, dans sa présomption, il laisse un indice très clair qui indique que sa propre bande a fait le coup. C'est le début d'une guerre des gangs qui ne laissera personne indemne.

C'est du polar à l'italienne musclé et rythmé, avec plusieurs touches d'humour. On croirait voir un film de Stelvio Massi ou quelque chose d'approchant. Nous avons également droit à des thèmes récurrents du cinéma populaire italien : le machisme, la vengeance, l'orgueil, de même qu'à des lieux et images souvent vus : cabaret de strip-teaseuses, salle de billard (qui donne lieu à une bagarre, bien sûr), entrepôt désaffecté, etc.

Malgré ces caractéristiques qui pourraient sembler routinières, Mr. Scarface tient bien la route grâce à un montage nerveux, à son rythme certain et à l'inextricable piège dans lequel Tony et ses deux alliés se sont lancés. On se demande de quelle manière ils parviendront à s'en tirer.

Tout polar italien qui se respecte ne saurait oublier l'inévitable bande sonore funk/groove, ici assurée par Luis Enriquez Bacalov, lequel se distingua également à l'époque sur la scène internationale par un album de rock progressif en hommage à Bach : Reale Academia di Musiche.

Si Mr. Scarface n'est pas le meilleur polar italien que j'aie vu, il figure néanmoins parmi les réussites mineures du genre. Howard Vernon

La MORT AU BOUT DE LA ROUTE aka Speed Driver aka Vértigo en la Pista - Stelvio Massi, 1980, Italie/Espagne/Allemagne, 1h51.

Ruffo (Fabio Testi), un casse-cou qui n'a pas froid aux yeux, relève tous les défis que lui permettent sa moto et gagne un peu d'argent, avec ces exploits sur deux roues, pour faire traiter son frère toxicomane. À la suite d'un pari plutôt risqué, un type louche (Francisco Rabal) lui offre de courir en Formule 1 pour lui. Ruffo déchantera rapidement lorsqu'il découvrira que senòr Rabal se sert de lui comme couverture pour passer de la drogue aux frontières. Il le plaque donc et entre sous contrat pour une journaliste aventurière (Senta Berger) de laquelle il tombe amoureux. Mais le mafieux n'accepte pas qu'on le laisse tomber aussi facilement...

Stelvio Massi a toujours été fasciné par la mécanique et les engins qui font du bruit. Il transforme donc ici cette fascination en investissement. Compagnon de MOTO MASSACRE, aussi de Massi, LA MORT AU BOUT DE LA ROUTE hésite donc entre l'action et le drame alors que les personnages essaient de se dépêtrer d'un scénario un peu confus qui part dans toutes les directions. Le réalisateur incite sur des détails qu'il oublie ensuite. Plusieurs personnages secondaires sont développés soigneusement et puis disparaissent du récit. On met beaucoup d'emphase sur le personnage de Testi - bien sûr - et ça ne sert qu'à souligner son manque de profondeur. Senta Berger est bien jolie mais elle vieillit... Les scènes de course à moto sont admirablement filmées, mais dès qu'on tombe sur un circuit de Formule 1, avec des voitures, ça se gâte : Massi utilise des images d'archives d'accidents véritables qu'il insère dans un montage déjà approximatif, ce qui a pour résultat de confondre encore davantage le spectateur de bonne volonté qui peine à suivre. Le film est plein de bonnes intentions et se laisse regarder, mais ses erreurs et sa durée sont impardonnables. On a même droit à un score plutôt moyen de Stelvio Cipriani qui va jusqu'à repomper le thème de BLOODSTAINED SHADOW ! J'hésite. Orloff

Le NOUVEAU BOSS DE LA MAFIA aka Crime Boss, aka New Mafia Boss aka IFamiliari Delle Vittime Non Saranno Avvertiti - Alberto de Martino 1972, Italie, 1h40.

Antonio Mancuso (Antonio Sabato), un sicilien "qui a encore de la crotte sur les bottes", est envoyé par ses supérieurs sur le continent pour s'occuper d'un contrat. Il fait son travail, et retrouve peu après son frère déjà établi en ville. Ensemble, ils iront offrir leurs services à Don Vincenzo (Telly Savalas), un influent parrain qui contrôle la pègre de toute l'Italie d'une main juste et experte. Cependant, le vieux Vincenzo a le coeur fragile et il commettra quelques erreurs qui ne feront pas plaisir à tout le monde...

Voici un des premiers thrillers policiers d'Alberto de Martino, et on ne peut pas dire que ça soit complètement amateur. Le scénario est certes un peu remâché, avec des touches de vengeance inévitables au genre, mais il est suffisamment habile pour maintenir l'intérêt tout au long du film. La direction photo, signée par nul autre que Joe D'Amato, est à la fois superbe et sobre, et les cadrages sont parfaits. Antonio Sabato (Les Nouveaux Parrains, La Violence Appelle la Violence) est irréprochable dans son rôle de jeune caïd ambitieux, et Telly Savalas (Double Jeu à Las Vegas, Lisa and the Devil), en vieux routinier, tient la route avec une noblesse toute naturelle. Reste Paola Tedesco qui est très jolie et qui selon moi n'est guère assez présente à l'écran. On aurait aimé en voir plus... La musique mélancolique est tout indiquée et elle est ici parfaitement de mise, créant un ensemble divertissant.  Orloff

Résumé rapide : l'ascension et les déboires d'un petit truand qui désire gravir les échelons au sein de la mafia italienne.

Si on voulait simplifier les choses, on pourrait classer certains réalisateurs de " bis " italiens dans différentes catégories. L'une d'entre elles pourrait être " auteurs versatiles ", et l'autre " faiseurs sans personnalité ". Mon point de vue risque de déplaire à certains, mais j'aurais tendance à ranger Alberto de Martino dans la seconde section. Ayant vu jusqu'à maintenant plusieurs films du bonhomme, je n'ai pas toujours été épaté, et j'ai souvent eu l'impression de me faire servir un brouet un peu fade, à quelques exceptions près (Blazing Magnum, par exemple, un très bon polar).

Ce Nouveau boss ne possède pas les qualités de Blazing Magnum. Bien qu'Orloff semble avoir apprécié ce film, je ne puis malheureusement en dire autant. Vu dans une VF recadrée plein écran, il me semblait mal filmé et poussif. Le scénario, à la fois confus et banal, ne laissait guère de place au suspens. En plus, les scènes d'action, trop brèves, étaient maladroites et mal filmées. Chaque bagarre dure 10 secondes, et les protagonistes sont mis knock-out dans le temps de le dire... Non pas qu'on exige un combat de catch de 15 minutes comme dans quelque Santo, mais qui dit film d'action dit quand même quelques scènes punchées d'une certaine ampleur. Côté acteurs, on peut déplorer la présence d'un vrai ténor du genre charismatique. Telly Savalas (dans le rôle du chef de la mafia) me semble un peu fade (c'est généralement le cas pour ses performances), et les autres ne font pas le poids en comparaison avec Tomas Milian, Henry Silva, Maurizio Merli, Jack Palance, John Saxon ou même Luc Merenda. Antonio Sabato n'est pas mauvais en soi, mais on admettra qu'il s'efface devant les noms que je viens de mentionner. En bref, c'est loin d'être le polar italien à visionner d'urgence... Howard Vernon

OPÉRATION CASSEURS aka NAPOLI VIOLENTA aka VIOLENT PROTECTION aka VIOLENT NAPLES aka DEATH DEALERS aka aka SOS JAGUAR OPÉRATION CASSEURS - Umberto Lenzi avec Maurizio Merli, John Saxon, Barry Sullivan, Elio Zamuto, Gabriella Lepori, Silvano Tranquilli, 1976, Italie, 1h35

Dès son arrivée à Naples, le commissaire Betti (Maurizio Merli) est accueilli par le "Président" (Barry Sullivan), vieux mafieux régnant sur la pègre locale, qui lui conseille de ne pas se mêler de certaines affaires. De quoi motiver encore davantage l'incorruptible commissaire avide de justice. Aidé d'agents spéciaux efficaces et dévoués, Betti va donner un grand coup de pied dans la fourmilière mafieuse de la ville...

Oh le magnifique polar que voilà !!! Dans cette aventure napolitaine du commissaire Betti, Umberto Lenzi se surpasse encore plus qu'à son habitude d'alors dans le genre policier. Le cinéaste se trouve incontestablement au sommet de son art en cette année 1976, qui constitue également l'apogée du "poliziesco", le point culminant de cette vague de thriller urbain qui déferle alors sur l'Italie, en même temps que l'insécurité et le terrorisme rouge ou brun... L'art du découpage, l'exploitation optimale du sublime décor napolitain, la capacité à croquer des seconds rôles de gangsters aux trognes délectables : tous les talents de Lenzi se combinent ici harmonieusement pour donner naissance à un incontestable classique du genre. Avec LE CYNIQUE, l'INFÂME ET LE VIOLENT et LA RANÇON DE LA PEUR, cette OPÉRATION CASSEURS est certainement le meilleur polar réalisé par Lenzi au cours de la décennie.

Maurizio Merli n'a jamais été aussi efficace en flic gandin et hargneux. John Saxon donne une réplique idéale en Capuano, truand de la haute, conduisant sa Ferrari 400 avec arrogance. Elio Zamuto se surpasse également dans la peau de Franco Casagrande, une crapule qui nargue les flics jusqu'au jour où... (vous verrez bien). Silvano Tranquilli, avec ses mines de patricien, compose un bourgeois terrorisé. Même Barry Sullivan, en "guest-star" hollywoodienne sur le retour (rôle tenu parfois par James Mason - dans LA PEUR RÈGNE SUR LA VILLE de Giuseppe Rosati - ou James Whitmore - dans LE TÉMOIN A ABATTRE (HIGH CRIME) de Castellari) ne fait pas trop "pièce rapportée" et ajoute de la crédibilité au film.

OPÉRATION CASSEURS va à 200 à l'heure, de fusillades en poursuites, de mises à mort sadiques en enlèvements. Aucune scène mélodramatique ne ralentit vraiment l'action : les personnages féminins sont réduits à la portion congrue (mention à Gabriella Lepori, très craquante). Cette extrême vélocité n'empêche jamais Lenzi de garder le fil de sa narration. Ce film voit par ailleurs apparaître pour la première fois le petit Gennarino (Massimo Deda), personnage qui périra dans l'excellent NAPOLI SPARA (ASSAUT SUR LA VILLE) de Mario Caiano (1977), puis ressuscitera grâce à la caméra magique d'Alfonso Brescia (ah, ah, ah !) deux ans plus tard dans LES CONTREBANDIERS DE SANTA LUCIA. Le puzzle mafieux prend forme sous nos yeux, jusqu'à un dénouement aussi explosif qu'implacable. Jamais on ne regarde sa montre, et les 95 minutes s'écoulent à la vitesse grand V. Comme véloce... Chapeau, Monsieur Lenzi ! Stelvio

OPERATION JAGUAR aka ITALIA A MANO ARMATA - Franco Martinelli alias Marino Girolami, Italie, 1976

Au même moment, des bandits attaquent une banque et détournent un car de ramassage scolaire. L'inspecteur Betti (Maurizio Merli, au sommet de sa forme) arrive sur les lieux du hold-up, mais les bandits s'enfuient en emmenant un otage qui est en fait un des leurs. Aidé par son ami l'inspecteur Arpino (Raymond Pellegrin, qui se retrouvera en 1984 à partager la vedette de la saga télévisée française CHATEAUVALLON avec... Luc Merenda !), Betti va découvrir le lien entre les deux faits divers et se lancer à la poursuite des gangsters...

Tous les ingrédients d'un bon "poliziesco" sont ici réunis, dans ce film mené d'une main expérimentée par Franco Martinelli aka Marino Girolami aka le père d'Enzo G. Castellari : un rythme enlevé, de nombreuses scènes de baston, deux ou trois poursuites ravageuses, de savoureuses trognes de gangsters, un John Saxon très à l'aise en truand de haut vol, et Maurizio Merli bien-sûr ! Le blond moustachu ne fait pas dans la dentelle et ne se laisse pas voler dans les plumes. Certes, le père Castellari n'est pas un grand styliste, au contraire de son fils. Certes encore, on se rend parfois compte que tout cela a dû être tourné un peu à la va-vite, entre Milan et Gênes, mais on ne voit pas le temps passer. Des scènes de séduction sirupeuses entre Merli et Mirella d'Angelo viennent parfois ralentir l'action, le tout débouchant sur une fin que l'on croit heureuse... Jusqu'aux dernières secondes, diaboliques et susceptibles de rendre paranoïaque le plus béat des optimistes. Bref, de la très bonne "pulp fiction" spaghetti ! A noter que l'excellent thème de Franco Micalizzi figure sur la superbe compilation Beretta 70 (disques Crippled Dick Hot Wax). Stelvio

LE PARFUM DU DIABLE aka The Cheaters aka La Città Gioca d'Azzardo aka Gambling City- Sergio Martino, 1976, Italie, 1h33

Lucas (Luc Merenda) est tricheur professionnel "depuis l'âge de dix ans", pour employer ses propres mots. Il est remarqué par un patron de casino et se fait rapidement engager comme tricheur à sa solde, occupant une position permanente à une table de poker. Il rencontre un jour une fort jolie femme (Dayle Haddon) maquée à un poltron de la pire espèce qui s'avère être le fils de son patron, mais ça ne l'empêche pas de la séduire et d'en tomber amoureux. Le fils névrotique, amant jaloux, cherchera à se venger à tout prix.

Thriller méconnu et pourtant à grand déploiement, THE CHEATERS met en vedette Luc Merenda, un habitué de Martino (THE VIOLENT PROFESSIONALS, CHOPPER SQUAD) et un bellâtre fort talentueux au demeurant. Ce dernier est l'archétype du héros italien; belle gueule, il sait se battre et raisonner comme pas un. Son sourire craquant a dû en faire fondre plus d'une... Face à lui, une jolie fille, presque inconnue, Dayle Haddon (SEX WITH A SMILE), native de Montréal ! Les deux se débrouillent agréablement avec les moyens du bord, qui sont ici considérables; photographie léchée, gros budget, une poursuite finale qui décoiffe, et des mouvements de caméra dignes d'une superproduction hollywoodienne. On voit tout de suite que Martino avait un certain souci commercial, mais savait y mettre toute sa finesse. Le scénario, que l'on doit à Ernesto Gastaldi, responsable entre autres des scénarios de ALMOST HUMAN de Lenzi et de TORSO de Martino, déploie tous les trucs connus et en invente même quelques-uns. Gastaldi se débrouille très bien avec le thème du jeu compulsif et de la trahison propre à cet univers, pour le plus grand plaisir du spectateur qui, lui, n'a plus qu'à admirer le travail... Orloff

LA POLICE A LES MAINS LIÉES aka Killer Cop aka Portrait of a 60% Perfect Man aka The Police Can't Move aka La Polizia ha le mani legate - Luciano Ercoli avec Claudio Cassinelli, Arthur Kennedy, Franco Fabrizi, Bruno Zanin, Sara Sperati, Paolo Poiret, Francesco D'Adda, Valeria D'Obici, Giovanni Cianfriglia, 1975, Italie, 96m

À Milan dans un hôtel, une bombe explose dans le hall alors que se déroule une importante conférence internationale et plusieurs V.I.P.s sont morts sur le coup. Se trouvant sur les lieux pour une enquête au moment de l'attentat, le commissaire Matteo Rolandi, de la brigade des stupéfiants, s'intéresse à l'affaire. Son ami et collègue, Luigi Balsamo, parvient à retrouver le poseur de bombes mais celui-ci lui échappe alors qu'il s'apprêtait à l'arrêter. Dès le lendemain, Balsamo est tué et Rolandi décide de s'impliquer personnellement dans cette affaire à la mémoire de son ami. Il se trouve que l'enquête menée par Rolandi est parallèle à celle menée par un procureur, Armando Di Federico. Rolandi se heurte cependant à de nombreux et mystérieux obstacles sur sa route vers la vérité, mais il persiste à vouloir aller jusqu'au bout. Il en vient à découvrir l'existence d'une organisation composée de jeunes terroristes apparentés aux "Brigades Rouges". C'est eux qui ont posé la bombe à l'hôtel, mais Rolandi apprend que les jeunes terroristes ont été manipulés par des intérêts supérieurs faisant partie de la fonction publique et d'une "Section Noire" des services secrets. Rolandi ignore néanmoins qu'un tueur à gages redoutable, chargé d'éliminer tous ceux qui en savent trop sur cette affaire, est sur ses traces pour l'abattre.

Comme pour beaucoup de "poliziotteschis" italiens des années 70, particulièrement ceux réalisés par Sergio Martino et Damiano Damiani, ce film mêle des séquences d'action avec des éléments de critique sociale et d'engagement politique, en s'inspirant de l'actualité de l'époque en Italie et du phénomène de la hausse de la criminalité en tant que grave problème de société. Le scénario est donc propre à la confusion, mais le film développe le sujet avec assez d'aisance pour que le spectateur ne soit pas trop perdu en route. Après s'être fait la main dans quelques giallos intéressants, le réalisateur Luciano Ercoli démontre ici son savoir-faire dans une mise en scène fébrile où des moments mouvementés se marient à un propos engagé. Ainsi, le rythme semble lent mais l'intérêt du spectateur ne diminue pas grâce à quelques scènes de violences qui relancent l'action à point nommé. L'intrigue se veut sombre et d'une densité parfois lourde due à ses nombreux et étourdissants revirements de situations, mais la photographie est magnifique et les personnages sortent un peu des canons du genre avec quelques traits originaux (ex. le personnage principal du flic incarné par Claudio Cassinelli voue un culte au roman "Moby Dick" d'Herman Melville et cherche moins à prendre en mains individuellement la justice). Le film bénéficie en plus d'une trame sonore de qualité de Stelvio Cipriani, (la musique thème figure dans la compilation CD BERETTA 70) probablement l'une de ses meilleurs. Un très bon polar à l'italienne sur les difficultés du travail policier face aux manoeuvres douteuses des gens du pouvoir. Claudio Cassinelli campe avec force et justesse son personnage de flic et Arthur Kennedy étonne dans un rôle à contre-emploi de procureur. À conseiller. Mathieu Lemée

La POLIZIA RINGRAZIA aka Execution Squad aka Société anonyme anti-crime - Stefano Vanzina alias Steno avec Enrico Maria Salerno, Mariangela Melato, Mario Adorf, Cyril Cusack, Franco Fabrizi, Laura Belli, Jürgen Drews, Corrado Gaipa, 1971, Italie, 100m

Le commissaire Bertone est le chef de l'escouade des homicides de la police de Rome. Son travail s'avère compliqué à cause des largesses du système judiciaire, la corruption de ses membres, les particularités des lois et les pressions de l'opinion publique sur lui et ses hommes, mais il demeure un flic honnête. Lorsque depuis quelques temps, une organisation parallèle secrète entreprend d'éliminer tous les criminels et les gangsters ayant échappé à la justice, Bertone persiste à vouloir en démasquer les chefs. Ses efforts sont cependant compliqués par le fait que la majorité de ses hommes applaudissent et approuvent les méthodes brutales de ces justiciers organisés de droite. Bertone se voit même encouragé à abandonner son enquête s'il tient à la vie. Il décide néanmoins de persévérer et il parvient même à découvrir l'identité du grand chef de cette organisation qui agit en tant que comité de vigilance. Le sort de Bertone est toutefois déjà scellé.

Plus connu sous le pseudonyme de Steno, qu'il a utilisé pour réaliser plusieurs comédies, Stefano Vanzina reprend cette fois son vrai nom pour mettre en scène un film marqué par le sérieux, inhabituel chez lui, dans l'approche de son sujet. En fait, ce film est considéré par beaucoup de gens comme étant l'un des premiers "poliziotteschis" italiens des années 70. Le récit s'inspire cependant davantage de l'actualité judiciaire de cette période que des films policiers d'action américains. Ainsi, malgré le mouvement vigoureux de l'action, les scènes de violence et le rythme soutenu du suspense, l'ensemble reste plausible grâce au souci du détail dans l'analyse des difficultés du travail policier en Italie où la criminalité était à l'époque assez exponentielle. L'intrigue progresse sans défaillances grâce à un montage habile et à une mise en scène sans fioritures ni artifices. Les auteurs livrent même un message engagé sur les dangers socio-politiques d'une conception arbitraire très à droite de la lutte contre le crime. Stefano Vanzina prouve donc qu'il peut très bien se montrer talentueux autant dans le genre policier que dans le comique et il est dommage qu'il n'ait pas eu l'occasion de réaliser d'autres films comme celui-là. Dans le rôle principal de Bertone, Enrico Maria Salerno est excellent tout comme les autres acteurs jouant à ses côtés. Une oeuvre très fortement recommandé et à posséder dans sa collection. Mathieu Lemée

THE PERFECT KILLER aka Quel Pomeriggio Maledetto aka Objetivo : Matar aka Power Kill aka The Satanic Mechanic aka Profession : Tueur - Mario Siciliano alias Marlon Sirko, 1976, Italie, 1h28

Harry, un gentil tueur (Lee Van Cleef) au nez pointu sur le point de dévaliser un bookmaker, est trahi par son partenaire à la dernière minute et se fait coffrer pendant que le traître s'enfuit avec sa donzelle (Carmen G. Cervera, qui a des airs d'Anita Strindberg). Sept ans plus tard, il sort de prison grâce à un coup de pouce de "l'Organisation", et il revient à ses premiers amours, l'assassinat, afin d'acquitter sa dette. Ses contrats le mèneront un peu partout dans le monde, jusqu'à ce qu'un travail qui tourne mal le force à refuser ses contrats. Un jeune loup de l'Organisation est alors envoyé sur ses traces alors qu'Harry se débat avec les personnages douteux ayant peuplé son passé...

On peut dire ce qu'on voudra, mais on ne s'ennuie nullement avec ce thriller italien explosif et vivement rythmé. Lee Van Cleef personnifie un héros sympathique, qui a des valeurs et qui ne se laisse pas marcher sur la tête. Les retournements et les scènes d'action s'enchaînent à une vitesse idéale, évitant de s'attarder sur de lourdes explications ou sur des scènes inutiles. Carmen G. Cervera donne une fort bonne performance de vipère, étant malmenée à plusieurs reprises et n'hésitant nullement à laisser tomber ses fringues pour la bonne cause. Alberto Dell'Acqua est parfait dans la peau d'un jeune tueur arrogant et maniéré, et Fernando Sancho fait une apparition à la fin, dans la peau d'un gros bonnet. La finale-choc en vaut la peine, et la musique coup-de-poing de Stelvio Cipriani, qui rappelle ses meilleures pièces pour SOLAMENTE NERO ou encore CONTRAT POUR LA MORT D'UN FLIC, agrémente l'action et la romance avec un groove irrésistible qui cadre merveilleusement avec la garde-robe et les décors dans lesquels évoluent les personnages. Il est à noter que la version distribuée au Québec sous le titre PROFESSION : TUEUR est présentée dans un format panoramique tout à fait époustouflant. Voyez-y ! Orloff

Découvert dans sa version vidéo éditée au Québec en 1985, ce Perfect Killer est un drôle d'oiseau. Que le réalisateur se cache sous le pseudonyme risible de " Marlon Sirko " est déjà douteux en soi, alors on imagine aisément le reste... La carrière de ce réalisateur est bien semblable à celle d'un certain nombre de tâcherons italiens engagés pour filmer des scénarios commerciaux : passage obligé par le western spaghetti de série (un épisode de " Sartana ", un " Trinita "), par le polar et de l'érotisme... Ce n'est décidément pas à un " auteur " que nous avons affaire ici, mais bien à un " homme de main " du cinéma bis transalpin.

Ce polar italien de 1976 met en vedette Lee Van Cleef. Le début du film est hystérique et à la limite du second degré, tant les bonds narratifs sont nombreux : en moins de 5 minutes, on voit Van Cleef battre un maffieux, se faire " doubler " et arrêter par la police, connaître un ami en prison qui lui propose de travailler comme tueur à gages pour " l'Organisation ", sortir de prison et commettre plusieurs meurtres autour du globe...

Alors, l'intrigue peut commencer ! 

Elle tourne autour de trois points : 

1) Un contrat que Van Cleef doit exécuter avant de se retirer 

2) Une rivalité entre lui et un jeune tueur à gages qui veut prendre sa place et, en quelque sorte, lui " pourrir l'existence ". 

3) Une femme dont Van Cleef a été amoureux pendant des années, qui l'a trahi pour s'en aller avec un ami 

Quelques scènes anthologiques et démentielles viennent pimenter ce polar (la rencontre des travestis et du jeune tueur à gages est quelque chose). D'autres passages sont nettement plus routiniers, traversés ça et là de lueurs d'originalité. La musique de Stelvio Cipriani, le vétéran du genre " funk/polar ", vient ajouter un peu de dynamisme à l'ensemble, et la copie vidéo québécoise (widescreen !) permet d'apprécier à sa juste valeur le travail correct de Siciliano.

Pour le reste, c'est un polar dans la moyenne, qui n'a rien de génial, mais qui n'est pas non plus le pire du genre (après avoir vu les poussifs Colère noire, Le Nouveau boss de la mafia et Le Parrain a le bras long, je commençais à me demander si je n'avais pas épuisé le filon). J'imagine que les fans du genre apprécieront... Howard Vernon

La PEUR REGNE SUR LA VILLE aka PAURA IN CITTA aka Fear City - Giuseppe Rosati avec Maurizio Merli, Silvia Dionisio, James Mason, Raymond Pellegrin, Fausto Tozzi, 1976, Italie, 1h34

Une bande de dangereux malfrats, menés par Lettieri (Raymond Pellegrin), s'évade de prison. Face à la brutale recrudescence des règlements de compte qui s'ensuit en ville, le ministre de l'Intérieur exige que l'inspecteur Murri, connu pour ses méthodes musclées, reprenne du service. Malgré sa réticence, le questeur (James Mason) s'exécute. Les truands n'ont qu'à bien se tenir...

1976 marque le sommet de la lame de fond de "cinema poliziesco" qui déferle alors sur l'Italie, en même temps que le terrorisme et l'insécurité. Ce film de Giuseppe Rosati (auteur du médiocre LE CRIME DU SIECLE, que je vous déconseillais il y a quelques mois) livre tout ce que l'on en attendait. Maurizio Merli dévore littéralement l'écran, transformant une star comme James Mason en faire-valoir de luxe. Le personnage de l'inspecteur a beau avoir changé de nom (de Betti, il est devenu Murri), cette PAURA IN CITTA pourrait forme une suite à ROME VIOLENTE ou OPERATION JAGUAR (ITALIA A MANO ARMATA) de Marino Girolami, voire d'OPERATION CASSEURS (NAPOLI VIOLENTA) d'Umberto Lenzi. On retrouve son personnage de flic coriace et solitaire, blessé par la vie (ici la perte de sa femme et de sa fille, exécutées par la pègre). La sainte trilogie fusillades-poursuites-starlettes à poil est respectée à la lettre. Et, croyez moi, il n'y a pas lieu de s'en plaindre ! Qui n'aimerait pas voir Maurizio Merli courser des bandits en moto dans les rues étroites de Florence ou de Rome ? Qui cracherait sur une correction administrée, les dents serrées, par le "boss" Raymond Pellegrin ? Qui refuserait d'admirer la plastique superbe de Silvia Dionisio, magnifique blonde aux yeux verts ? Pas votre serviteur en tous cas ! Pas génial pour deux sous, mais réalisé avec soin, ce polar s'avère très regardable. Les habituels enjeux du genre, sous-tendus par la grande question "peut-on outrepasser la loi pour combattre les hors la loi ?", sont ici présents. Une scène montre Murri (Maurizio Merli), en civil "corriger" quatre petites frappes dans un bus. Une fois les voyous calmés, le receveur du bus dit à Murri "Ah, si la police pouvait être aussi efficace que vous !" Une morale bien ambiguë pour un film heureusement très divertissant (en DVD Zone 2, dans une version magnifiquement restaurée, avec une piste en anglais, chez Alan Young Pictures, disponible sur www.xploitedcinema.com ou www.lfvw.com)... Stelvio

Le RENARD DE BROOKLYN aka The Rip-Off aka The Squeeze aka Controrapina aka L'ultimo colpo - Antonio Margheriti alias Anthony M. Dawson avec Lee Van Cleef, Karen Black, Edward Albert Jr., Lionel Stander, Peter Carsten, Robert Alda, Antonella Murgia, Angelo Infanti, 1978, Italie, 100m

Chris Gretchko est expert dans le perçage de coffres-forts. Bien qu'il se soit retiré des affaires pour s'occuper d'un ranch au Mexique sous un faux nom, il est sollicité par le fils d'un vieux copain en difficulté pour effectuer un cambriolage important pouvant rapporter un large butin en diamants. Chris accepte l'offre surtout pour sauver la vie de son vieil ami, mais demeure quand même méfiant face aux associés de son employeur. Le vol est superbement réussi, mais Chris se voit forcer de tuer ses complices et de se cacher car il est blessé. Il trouve refuge dans une chambre d'étudiant où une voisine lui vient en aide en égarant les recherches des policiers. Chris trouve néanmoins des raisons de se méfier d'elle et il doit en plus chercher à déjouer le fils de son vieil ami et le propriétaire des diamants volés, tous bien désireux de s'emparer du butin.

Avec ses nombreux acteurs américains et ses extérieurs tournés à New York, le maître de la série B à l'Italienne Antonio Margheriti réussit presque à camoufler entièrement la véritable origine de son film, tellement le produit est proche des thrillers à l'Américaine. L'intrigue respecte sans les renouveler les codes du genre film de casse où un voleur exécute avec habileté un vol difficile, mais elle contient une large part de retournements surprenants jusqu'à la fin. La compétence et le style alerte de la mise en scène contribue beaucoup à l'efficacité de ces nombreux effets de surprises. Le tout ne s'embarrasse pas de subtilités ni de digressions avec ses moments de traîtrises (tout les personnages sont aussi malhonnêtes les uns que les autres), ses règlements de comptes et ses scènes d'action. Le film remplit donc son contrat en atteignant le quota attendu par le spectateur désireux de se nourrir de sa ration habituelle de violence et de duplicité dans un film policier de série. Lee Van Cleef est fort à l'aise dans son rôle de voleur et Karen Black a l'occasion de se montrer assez comique dans son personnage. Mathieu Lemée

ROME VIOLENTE aka Violent Rome aka Forced Impact aka Roma Violenta - Franco Martinelli aka Marino Girolami avec Maurizio Merli, Richard Conte, Ray Lovelock, Silvano Tranquilli, John Steiner, Daniela Giordano, 1975, Italie, 89m

À Rome, le commissaire de police Betti vient de perdre son frère adolescent au cours d'une attaque criminelle. Suite à un autre incident semblable à bord d'un autobus, Betti voit sa haine personnelle s'accroître envers tous les hors-la-loi et il décide d'utiliser la manière forte envers eux. Cette attitude butée lui vaut d'être renvoyé de la police manu militari. Betti entre alors au service d'un riche avocat qui a mis sur pied une milice privée pour combattre le crime. Seulement voilà, ces méthodes violentes employées par ce groupe de justiciers entraînent des représailles encore plus dures de la part des criminels. Pris dans un cul-de-sac, Betti aura du pain sur la planche pour nettoyer Rome de la pègre et des voyous.

Réalisé un an avant "ITALIA A MANO ARMATA" avec le même réalisateur et acteur vedette, ce "poliziotteschi" italien a bien entendu tiré parti des succès américains dans le film policier des années 70 tout comme de la montée de la criminalité en Italie à cette époque. L'on y retrouve tous les éléments figurants au cahier des charges du genre: bagarres, fusillades, poursuites et massacres se succèdent à vive allure tout au long d'un scénario prétexte à des données succinctes sur la vengeance et la prise en mains individuelle de la justice quand le système et les institutions qui la représentent ont échoué. Si l'on peut ne pas être d'accord avec ce point de vue assez "facho" et gratuit, il n'en demeure pas moins qu'il s'agit d'un film d'action haletant et mouvementé à souhait grâce à une mise en scène très alerte de la part du vétéran Marino Girolami. Rien que pour cela, le spectacle vaut le détour en plus de profiter d'une très bonne trame sonore des frères De Angelis (dont un morceau figure sur le CD de compilation "BERETTA 70"). En gros, ça schlingue et ça barde et on est amplement satisfait après le visionnement. Maurizio Merli met de l'aplomb dans l'aile (jeu de mots) dans son excellente composition physique du héros et il est bien secondé par le reste du casting, notamment Richard Conte et Ray Lovelock. Mathieu Lemée

SALUT LES POURRIS aka IL POLIZIOTTO E MARCIO - Fernando Di Leo, 1974

Le film commence fort: un truand milanais qui refourgue des armes donne une leçon a des "clients" qui sont allés voir un autre marchand. Distribution de baffes monumentales suivie d'une distribution de balles dans les jambes. Scène suivante: un flic beau gosse arrête des truands qui braquent une bijouterie, s'ensuit une haletante poursuite en voiture orchestrée par Remy Julienne. Ce flic a en fait été acheté par le truand du début. Mais une de leur magouille tourne mal et tout part en couille (pour résumer). Comme la plupart de ces polars spaghettis, on y rencontre une galerie de personnages très typés: le travelo Jean-Marie ("Jean devant Marie derrière" plaisante notre flic dont les fesses sont convoitées par la pédale), son amant  quasi-chauve au visage balafré, les méchants aux tronches patibulaires, un pauvre vieux qui vit avec son chat (les deux se feront exécuter), le flic loser qui interroge des mômes de 12 ans... On rajoute une autre poursuite en voiture du plus bel effet, des répliques bien trouvées, quelques meurtres crapuleux et un final plutôt choc, le tout est agréable. Le seul autre Di Leo que j'ai vu est L'EMPIRE DU CRIME qui était bien mieux, d'un point de vue personnel. Après un début en fanfare, on espérait une suite des plus turbulente, ce n'est pas vraiment le cas. De plus, la bande son n'est pas aussi excitante que celles présentent dans les autres films du genre. Malgré tout, ça reste un film fort agréable à regarder. Kerozene

SECTION DE CHOC aka QUELLI DELLA CALIBRO 38 aka COLT 38 SPECIAL SQUAD - Massimo Dallamano avec Marcel Bozzuffi, Ivan Rassimov, Carole André, Franco Garofalo, Riccardo Salvino, Antonio Marsina, Armando Brancia, Fabrizio Capucci, Giancarlo Bonuglia, Francesco Ferracini, Ezio Miani, Daniele Gabbai, Giancarlo Sisti, Eolo Capritti, Bernardino Emanuelli, Margherita Horowitz, Luigi Pezzotti, 1976, Italie, 101m uncut avec Marcel Bozzuffi, Ivan Rassimov, Carole André, Franco Garofalo, Ricardo Salvino, Antonio Marsina, 1976, Italie, 1h37

Le Marseillais, un repris de justice, tue par vengeance la jeune femme du commissaire Vanni. "Quand on veut jouer les héros, mieux vaut ne pas avoir de famille", dit le truand (Ivan Rassimov, glaçant) au flic (Marcel Bozzuffi, encore auréolé de son prestige "friedkinien"). Ce dernier veut se faire justice. En forçant un peu la décision du procureur de la République, Vanni obtient l'autorisation de constituer une section spéciale composée de quatre jeunes champions de moto. Ses hommes découvrent bientôt par hasard que 60 kilos de dynamite se baladent quelque part en ville...

Tourné à Turin, ce poliziesco très enlevé est le dernier long métrage de l'excellent Massimo Dallamano (1917-1976)(LA VÉNUS EN FOURRURE d'après Sacher-Masoch, QU'AVEZ VOUS FAIT A SOLANGE ?). SECTION DE CHOC porte bien son nom et combine revenge-movie à l'américaine et thriller paranoïaque typiquement Italien. L'arrière-plan politique des "années de plomb" n'est en effet pas éludé par le script. Grâce aux attentats, le grand banditisme détient un moyen de chantage incomparable sur la police : aucune section de choc ne peut empêcher ces carnages, sous-entend Dallamano, qui anticipe quasiment l'attentat fasciste de la gare de Bologne (1980) dans une séquence bluffante de réalisme.

Côté "revenge-movie", l'aspect bronsonien du film se trouve atténué par le fait que Vanni demande à ses hommes de ne viser que les jambes. Pour le reste, ça pétarade sévère, les poursuites automobiles sont excellemment filmées (l'une d'elles fut d'ailleurs "caviardée" par Alfonso Brescia dans LES CONTREBANDIERS DE SANTA LUCIA !), les décors péri-urbains remarquablement utilisés et la musique de Stelvio Cipriani digne de ses meilleurs crus. Un bonheur de polar, qualifié d' "absolument pyrotechnique" par l'équipe de pollanetsquad.it, tant les cascades (explosions comme cavalcades motorisées) de Sergio Mioni n'ont rien à envier à celles de Rémy Julienne...

A noter enfin une brève scène, très cruelle, digne d'un film de yakuzas, où des malfrats en fuite se débarrassent d'un de leurs complices éclopés en refermant la portière de leur voiture sur ses doigts qui tentaient de s'y agripper ! Sachez enfin pour l'anecdote que ce film voit Grace Jones apparaître dans des scènes de discothèque (à la façon des Three Degrees dans FRENCH CONNECTION) pour interpréter deux chansons co-écrites par Stelvio Cipriani, incunables de choix de ces années disco naissantes ! Stelvio

Le commissaire Vanni (Marcel Bozzuffi - The Smugler) livre une poursuite contre le Marseillais et sa bande. Durant une fusillade, Vanni abat le frère du Marseillais, tandis que ce dernier réussit à s'enfuir. Fou de rage, le criminel prend sa revanche en abattant la femme du commissaire -- et ce, devant son jeune fils. Vanni réclame alors la formation d'une escouade spéciale de quatre hommes, armés de revolvers calibre 38, et disposant de motocyclettes tout-terrain. Le tout s'avère bénéfique, et la nouvelle section de choc de la police découvre que ledit Marseillais est toujours en ville, et qu'il possède désormais 60 kilos de dynamite. L'enquête bat son plein tandis que le redoutable criminel s'amuse à placer ses explosifs où bon lui semble...

Massimo Dallamano (What have they done to our daughters) livre ici un film inégal, où les scènes individuelles remportent sur l'entièreté de l'oeuvre. Plusieurs moments sont très entraînants : les multiples poursuites en moto, cette Mustang sacrifiée dès le début, et maintes cascades bien exécutées. Nous avons même droit à un homme qui explose pendant qu'il s'installe pour uriner sur un arbre -- anthologique, me diriez-vous! Tout ça amuse bien, mais le scénario du film est d'une faiblesse accablante, multipliant les longueurs, et ne semblant jamais avoir un but précis. La technique n'a rien d'extraordinaire, mis à part la sublime trame sonore de Stelvio Cipriani (The Night child) qui est l'essence du mot " cool " : basse pompeuse et guitare simpliste à ravir. En somme, assez de bons moments pour vous garder éveillez... Loin d'être un classique, mais loin d'être complètement nul. À notez : le jeune Guido (Antonio Marsina) est un habitué du genre policier spaghetti, ayant collaboré a maintes reprises avec le grand Enzo G. Castellari. Humanoidzombie

The SMUGGLER aka LA GUERRE DES GANGS aka LUCA LE CONTREBANDIER aka Luca il contrabbandiere, 1980

La Mafia napolitaine fait son beurre avec la contrebande de cigarettes, jusqu'au jour où "le Marseillais" arrive et tente de refourguer sa came, désirant utiliser le réseau des contrebandiers pour écouler sa merde. S'en suit une guerre des gangs pour le moins radicale.

L'histoire simple du film ne nuit en rien à son efficacité. THE SMUGGLER est un polar fougueux, extrêmement violent et gore comme seul Fulci sait le faire: visage brûlé, gorge éclatée, ventre explosé, et j'en passe, chez Fulci les impacts de balles font des trous d'obus et un pain dans la gueule décroche la mâchoire dans un flot d'hémoglobine. Fabio Testi est vraiment bon dans le rôle principal de Luca. L'image est sale, encore plus que l'ambiance générale du film... Un très bon polar spaghetti . Kerozene

SQUADRA VOLANTE aka Emergency Squad - Stelvio Massi avec Tomas Milian, Gastone Moschin, Ray Lovelock, Mario Carotenuto, Stefania Casini, Guido Leontini, Ilaria Guerrini, Marcello Venditti 1974, Italie, 95m

À la suite d'un cambriolage de banque où un policier a été tué à Milan, un agent d'Interpol, l'inspecteur Ravelli, découvre que les douilles trouvées sur les lieux du vol viennent de la même arme qui a servi à tuer sa femme il y a cinq ans au cours d'un autre cambriolage similaire. Ravelli comprend alors que le gangster surnommé "le Marseillais" est de retour au pays et le policier a bien l'intention de le retrouver pour l'abattre et assouvir sa vengeance avant qu'il ne quitte à nouveau le pays. Pour déjouer les barrages de police et atteindre un petit port isolé où il compte fuir par bateau, "le Marseillais" a prévu avec ses complices de se déguiser en prêtre. Le stratagème est toutefois découvert et les bandits sont obligés de prendre en otage une famille isolé à la campagne. Ayant déjà perdu quelques hommes, "le Marseillais" compte toutefois trahir ses autres complices afin de fuir au port seul avec sa maîtresse. Mais Ravelli veille au grain et il n'entend pas laisser s'échapper le meurtrier de son épouse.

Ce premier "poliziotteschi" officiel de Stelvio Massi en tant que réalisateur répond assez bien à la demande du public en utilisant à bon escient les principaux codes du genre. Action, poursuites, fusillades, soif de vengeance du héros sont au menu et la réalisation dynamique et fluide sait comment brasser ces ingrédients avec rythme et précision. En revanche, le scénario n'est pas neuf en plus de contenir bien peu de surprises. On sent le souci des auteurs de vouloir respecter les recettes qui ont fait leurs preuves plutôt que de les renouveler pour leur donner un second souffle. Il n'empêche que le tout est mené avec une assurance certaine sur le plan technique, tant dans la photographie que dans le montage, de quoi faire du film un divertissement plus que correct. Et en prime, nous avons droit à une trame sonore de qualité signée Stelvio Cipriani qui mériterait de figurer sur CD. Des personnages unidimensionnels sont incarnés à l'écran par de bons comédiens de valeur. Tomas Milian livre d'ailleurs une performance plus retenue que d'habitude dans le rôle du flic vengeur. Mathieu Lemée

STREET LAW aka The Anonymous Avenger aka Il Cittadino si Ribella aka The Citizen Rebels aka Vigilante II - Enzo G. Castellari, 1974, Italie, 1h16

Franco Nero (THE MONK, HITCH HIKE) se retrouve en plein hold-up en se rendant retirer du blé à la banque. Les braqueurs l'embarquent quand il fait le mariole et le tabassent à profusion avant de l'abandonner dans les docks. La police ne fait pas grand chose pour retrouver les voleurs et il décide de s'en occuper lui-même. Il s'adjoint l'aide d'un petit criminel sans envergure qu'il fait chanter et les deux hommes se mettent sur les traces des hors-la-loi. Mais ce sont de belliqueux individus auxquels il s'en prend, et ceux-ci pourraient bien mordre...

Réalisé l'année après HIGH CRIME (aussi avec Nero) par le prolifique Enzo G. Castellari, ce polar sinueux ne livre pas la marchandise promise. Se transformant presque par endroits en drame social, le récit nous gratifie des mésaventures de Nero et on en vient presque à le prendre en pitié; citoyen standard qui essaie de se faire justice lui-même, il le fait avec une maladresse manifeste et ça ne lui réussit pas. On ne compte plus les passages à tabac et les dents cassées ! Ça devient tout de même rapidement fascinant. Les ralentis habituels se pointent le bout du nez, rythmés par une bande-son composé cette fois-ci de véritables chansons "à l'américaine", avec des couplets ! Une des chansons pourrait éventuellement avoir été performée par un Robert Charlebois complètement saoul : les paroles en sont indistinctes, maugréées sans grand enthousiasme ! On doit le tout aux frères De Angelis, des routiniers du genre. La jolie Barbara Bach (SHORT NIGHT OF THE GLASS DOLLS, BLACK BELLY OF THE TARANTULA) apparaît ça et là avec son joli minois, pour le plus grand plaisir des yeux, et la performance de Nero est comme à chaque fois irréprochable. Attention : la version anglaise portant le titre STREET LAW semble avoir été victime d'une vraie boucherie visant à améliorer le rythme du film; il y manque en fait 30 minutes ! Orloff

THREE TOUGH GUYS aka Les Durs aka Uomini Duri - Duccio Tessari avec Lino Ventura, Isaac Hayes, Fred Williamson, Paula Kelly, William Berger, Vittorio Sanipoli, Jess Hahn, Luciano Salce, Lorella De Luca, Mario Erpichini, 1974, Italie, 92m

Charlie est un ancien forçat maintenant devenu prêtre. Il apprend qu'un copain inspecteur d'assurances, Lombardo, a été tué par la pègre en plus d'avoir des soupçons de malversation contre lui. Voulant laver la mémoire de son ami, Charlie se lance dans une enquête personelle en marge de celle des forces de l'ordre. Un ancien flic, Lee Stevens, se joint au prêtre pour l'aider dans son enquête, lui-même ayant quelques gaffes à faire pardonner après avoir déjà été piégé par la pègre. Leurs recherches, qui ne vont pas parfois sans l'utilisation de la manière forte, mènent tout droit vers un certain Snake, un truand de race noire, violent et dangereux. Alors que Snake abat sa maîtresse parce qu'elle possédait le magot d'un vol de banque que Lombardo devait récupérer, Charlie et Stevens parviennent enfin à le coincer. Un affrontement meurtrier est donc inévitable.

Ce film est un étrange hybride entre le "poliziotteschi" italien et le film de "blaxpoitation" américain, avec en plus un soupçon de polar français de par la présence de Lino Ventura. Les extérieurs ont d'ailleurs été tournés à Chicago et les intérieurs dans les studios italiens. L'ensemble ne manque donc pas de pittoresque, surtout avec les quelques particularités fort bizarres définissant les principaux personnages. L'intrigue se veut farouchement artificielle autant qu'invraisemblable et le réalisateur Duccio Tessari n'a pas cherché à la développer avec plus de souplesse. Il s'est plutôt concentré sur les nombreuses scènes d'action, qu'il s'applique à faire monter en épingle pour rendre son film très mouvementé. Vu sous cet angle, les amateurs de violence seront amplement satisfaits car les fusillades et les règlements de compte abondent en grand nombre. Le tout s'accompagne d'ailleurs d'une excellente trame sonore du compositeur Isaac Hayes, qui est en plus la co-vedette du film. Lui et Ventura forment un duo dépareillé assez convaincant tandis que Fred Williamson étonne dans un rôle de méchant. Une rareté à dénicher. On a hâte au DVD. Mathieu Lemée

TONY ARZENTA aka No Way Out aka Big Guns aka Les Grands Fusils - Duccio Tessari avec Alain Delon, Richard Conte, Umberto Orsini, Carla Gravina, Roger Hanin, Anton Diffring, Marc Porel, Nicoletta Machiavelli, Guido Alberti, Erika Blanc, 1973, Italie/France, 100m

Tony Arzenta est un des meilleurs tueurs à gages à travailler pour un syndicat du crime italien. Il annonce cependant un beau jour à ses patrons qu'il désire se retirer des affaires. Par mesure de sécurité. Ceux-ci décident d'un commun accord de supprimer Tony, mais les tueurs qu'ils envoient commettent une erreur fatale en tuant l'épouse et le jeune fils de Tony au lieu de celui-ci. Voulant se venger, le redoutable tueur entend bien éliminer un à un ses anciens chefs. Se doutant des intentions de Tony, les dirigeants du syndicat se préparent à défendre chèrement leurs vies tout en continuant d'envoyer des tueurs pour descendre définitivement Tony, mais celui-ci n'est pas une proie facile à tuer.

Enième variation portant sur la vengeance d'un tueur de la pègre contre ses supérieurs dans un milieu où règne la loi de la jungle, ce film se situe d'emblée parmi les nombreux filleuls du "GODFATHER" qui se sont manifestés en grand nombre dans le paysage cinématographique de l'époque. Si vous avez déjà vu ce type de métrage à plusieurs reprises, "TONY ARZENTA" vous apparaîtra vite comme peu original à moins que vous ne soyez pas trop chiche dans vos attentes. Reconnaissons toutefois que le réalisateur Duccio Tessari connaît son métier car sa mise en scène se veut compétente et parfois rafraîchissante; les séquences de poursuites en bagnoles et de confrontations violentes entre les protagonistes se déroulant en grand nombre dans des décors variés et à une allure palpitante. L'intrigue n'est évidemment pas neuve et comme vous le voyez dans le paragraphe ci-dessus, il se résume en peu de mots. L'ensemble, bien qu'un peu mécanique sur les bords, se regarde à tout le moins avec agrément et bénéficie d'une excellente musique et d'une interprétation intelligente de tous les acteurs, Alain Delon en tête. Un film d'action qui remplit donc le cahier des charges du genre, ce qui en fait un divertissement correct. Mathieu Lemée

Les TUEURS À GAGES aka Camorra - Pasquale Squitieri, 1972, Italie, 1h37.

Fabio Testi purge une peine de prison pour coups et blessures, s'étant battu avec un petit voyou sans envergure de son quartier et lui ayant administré toute une raclée. En sortant, ce dernier l'attend et se fait encore une fois battre à plates coutures. Don Mario, un mafieux du coin, est témoin de l'altercation et admire immédiatement le style fonceur de Testi. Il lui offre de travailler à ses côtés et l'entraînera bientôt dans des aventures de plus en plus sordides, jusqu'à l'assimiler presque complètement à la "famille".

Voici un polar méconnu qu'il est plaisant de découvrir. Il explore avec lucidité et réalisme la fulgurante ascension d'un gentil garçon de quartier défavorisé qui se transformera bien rapidement en gangster de métier, dans ce qui ressemble fort à un pacte avec le diable. La réalisation est soignée pour le genre, et on se rend compte qu'il y a du budget là-dedans. On note même ça et là des mouvements opérés à partir d'une grue ! Le découpage technique est imaginatif et le montage reste alerte. La musique est bien, mais elle ne se démarque pas vraiment. Ce qui se démarque, c'est la conviction de Testi (THE FOUR OF THE APOCALYPSE, L'IMPORTANT C'EST D'AIMER), et un caméo amusant de Paul Müller (UNE VIERGE CHEZ LES MORTS-VIVANTS, NIGHTMARE CASTLE). Jean Seberg vient jouer la "femme fatale" mais elle n'a rien d'exceptionnel, si ce n'est son grand âge et sa banalité. Orloff

l'ULTIMO GUAPPO aka 357 MAGNUM - Alfonso Brescia avec Mario Merola, Fabrizio Forte, Sonia Viviani, Luciano Catenacci, 1978, Italie, 1h15

Afin de sauver son fils de la mort, Francesco Aliprandi (Mario Merola), gangster napolitain de petite envergure, fait une prière à la Vierge : si elle sauve son enfant, lui changera de vie et fera même amende honorable devant Pasquale Ranciglio (Luciano Catenacci), son pire ennemi. Dix ans ont passé : Francesco a tenu parole et s'occupe avec beaucoup de soin de son fils, Roberto (Fabrizio Forte). Mais la vie a d'étranges détours : Roberto tombe amoureux de Ninfarosa (Sonia Viviani, bandante), une jeune actrice, dont Ranciglio est lui aussi épris ! Les deux hommes entrent en conflit et Ranciglio ordonne la mort de Roberto...

Avec ce film difficile à dégotter, on découvre un "autre" Alfonso Brescia. Loin des batailles spatiales, des westerns à micro-budgets et des giallos approximatifs, le bisseux développe dans cette courte bande des thématiques plus personnelles. Porté à bout de bras par la solide interprétation de Mario Merola (également remarquable dans CORLEONE A BROOKLYN d'Umberto Lenzi) et par un script de Ciro Ippolito, L'ULTIMO GUAPPO se présente en effet comme un authentique mélodrame policier, l'un des premiers d'une longue série due au trio Brescia-Ippolito-Merola .

Le suspense n'en est pas totalement absent, mais le découpage met davantage en valeur les scènes "psychologiques" en droite ligne de la "sceneggiata napolitana" (théâtre dramatique napolitain). La force des liens familiaux, le conflit entre les conventions sociales et les passe-droits des "gouapes" (gangsters napolitains), le fossé entre les générations constituent autant d'interrogations qui agitent l'auteur (si, si, Brescia en est un !). Comme LA GUERRE DES GANGS (aka THE SMUGGLER) de Fulci, on peut penser que ce film était toléré, voire encouragé par la Camorra, tant les contrebandiers sont montrés avec bienveillance (certains acteurs tels Nello Pazzafini sont de grands habitués de ce sous-genre du film de "bâteaux bleus" - ceux des contrebandiers). Aliprandi apparaît d'un bout à l'autre comme guidé par des principes nobles, qu'ils soient religieux ou liés au fameux "code d'honneur" des bandits napolitains. A l'opposé, le personnage de Ranciglio est dépeint comme un "businessman" cupide et sans foi ni loi. Bon, je vous "rassure", L'ULTIMO GUAPPO reste un film d'Alfonso Brescia avec tout ce que cela comporte d'incertitude dans la narration et d'approximation dans la mise en scène (sans parler du doublage exécrable). Le tempérament des deux interprètes principaux (Merola et Catenacci) sauve en partie les séquences d'action plutôt mal fagotées. Dommage en revanche que le rôle du fils soit joué par le fadasse Fabrizio Forte.

Bref, nous avons droit à un petit film en partie raté mais néanmoins attachant. Surprenant en tous cas de la part d'un cinéaste connu pour son absence de scrupules et son penchant pour l'exploitation la plus servile... Stelvio

the VIOLENT PROFESSIONNALS, aka Milano Trema, la Polizia Vuole Giustizia, 1973, Italie, 1h39

Un flic dur à cuire, dont le père a été abattu en service quelques années auparavant, est réprimandé pour avoir sauvagement abattu deux criminels à la suite d'un transport de prisonniers qui a mal tourné. Quelques jours plus tard, son supérieur, qu'il aime bien, se fait descendre en pleine rue. Les attentats se multiplie et semblent perpétrés au hasard afin de plonger la ville dans l'anarchie. Notre flic décide de se faire passer pour un vilain afin de tirer tout ça au clair. Écrit par Ernesto Gastaldi, le scénario de ce thriller spaghetti italien comporte plusieurs répliques anthologiques. Il a de plus le mérite de ne pas laisser souffler le spectateur; une minute d'inattention et on ne sait plus ce qui se passe... Les scènes d'action sont très bien découpées, ce qui redouble leur efficacité, et les personnages sont, pour une fois, bien définis. La réalisation "punchée" de Sergio Martino ajoute au charme. Contre-plongées et travellings ingénieux côtoient d'essoufflantes poursuites automobiles, et les thèmes musicaux mélancoliques de Guido & Maurizio de Angelis apportent la cohésion ultime. Comme un bateau imperméable dont toutes les pièces sont bien soudées, ce thriller se fera un chemin jusqu'à la postérité. Orloff

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