WESTERN EUROPÉEN 2ème SALVE chez ARTUS
Les colts de la violence - Bandidos - Killer Kid - 3 westerns italiens avec les plus grands : Anthony Steffen, Gianni Garko...                            lire

mise à jour 17 août 2024

1 | 2 | 3 | 4

DAYS OF WRATH aka I GIORNI DELL'IRA aka Day of anger / aka Gun law / aka Blood and grit - Tonino Valerii  avec  Lee Van Cleef, Giuliano Gemma, Walter Rilla, Christa Linder, Piero Lulli, Yvonne Sanson, Lukas Ammann, Andrea Bosic, Ennio Balbo, José Calvo, Giorgio Gargiullo, Anna Orso, Karl-Otto Alberty, Nino Nini, Virgilio Gazzolo, Eleonora Morana, Benito Stefanelli, Franco Balducci, Christian Consola, Nazzareno Natale, Ferruccio Viotti, Paolo Magalotti, Gianni Di Segni. Italie, Allemagne de l'ouest, 1967, 85min

Scott (Giuliano Gemma - A Pistol for ringo, Tenebrae), le bâtard du village, travaille comme concierge général pour la ville de Clifton. Les habitants le traitent comme un animal, tandis qu'il entretien le rêve secret de devenir un roi de la gâchette. L'arrivé du mystérieux Frank Talby (Lee Van Cleef - Sabata, Death rides a horse) donnera espoir au jeune bougre, qui tentera de devenir son compagnon fidèle. Talby lui apprend les règles de base et demande son aide pour un coup dangereux : faire chanter les dirigeants de la ville, pour une affaire de 50,000 dollars... Le duo s'amuse donc à emmerder les habitants de Clifton, tandis que Scott prend un plaisir vengeur à faire payer tous ceux qui l'ont maltraité auparavant, et son comportement devient de plus en plus violent...

Tonino Valerii (My name is Nobody) signe un western spaghetti intéressant mais loin d'être sans défauts majeurs. Mentionnons entre autres le scénario fragile et indécis ainsi que ce troisième acte bousculé où tout semble arriver en même temps, sans motivation concrète. Malgré ce manque de linéarité, le film baigne dans un contexte particulier : l'ère post Doc Holiday, ou, la fin des tireurs éclairs. Le pauvre Scott rêve de se procurer un pistolet en économisant ses pourboires, dans une ville où pratiquement personne ne portent d'arme - c'est un temps dépassé disent-ils! La transformation de zéro à antihéros de Scott est intéressante, mais elle est mal exploitée, et le jeune désabusé ne semble que fou de rage. Les performances sont excellentes : Gemma est intense, et Van Cleef est... lui-même! L'action est bien dosée malgré le rythme lent du film, tandis que la trame sonore d'influence " big band " de Riz Ortolani (Don't torture a duckling, Counselor at crime) ponctue avec expertise les points forts de chaque scène. La technique est au-dessus de la normale, et les lieux et visages ont une apparence exceptionnellement sale - et c'est tant mieux! Divertissant, mais ça manque de piquant et de direction. Humanoidzombie

DEAD AGAIN IN TOMBSTONE - Roel Reiné avec Danny Trejo et Jake Busey, 2017, États Unis, 100m 

Guerrero revient des morts encore une fois pour protéger un artéfact qui entre de mauvaises mains, pourrait ouvrir le passage de l'humanité vers l'enfer.

Suite d'un DEAD IN TOMBSTONE que je n'ai pas vu, j'ai été cependant plutôt charmé par ce low budget, qui ne change rien, mais qui s'assure de faire passer un bon moment à tout le monde. Les Westerns surnaturels ne sont pas ma tasse de thé, mais ici, c'était plutôt bien dosé. Trejo, que j'ai toujours aimé, fait de l'excellent boulot avec un Jake Busey convaincant dans le rôle du vilain. Le look du film est généralement bien, c'est cheap, mais ça fait tout pour le paraître le moins possible et la réalisation tente des trucs. On sent un soucis de faire quelque chose avec un film mince en contenu et personnellement, je me ne rappelle d'aucune scène en particulier, mais je sais que je ne me suis jamais emmerdé, c'est tout ce qui compte. Abba

Le DERNIER DES SALAUDS aka LES PISTOLEROS DE L'AVE MARIA aka IL PISTOLERO DELL'AVE MARIA aka TIERRA DE GIGANTES aka GUNMAN OF AVE MARIA - Ferdinando (« Fernando » dans mon générique ?) Baldi avec Pietro Martellanza alias Peter Martell, Leonard Mann, Luciana Paluzzi, Alberto de Mendoza, Pilar Velázquez, Piero Lulli, Luciano Rossi, José Suárez, 1969, Italie-Espagne, 1h20

De toute façon je regarde les films avec Piero Lulli.

« Blindman » Baldi a suffisamment de métier pour tirer un excellent parti des moyens qu'il a ici : Alméria, des uniformes militaires, des feux d'artifice, des robes de bals... hélas peu valorisés par ma VHS délavée, des chevaux, des carrosses, et une vraie distribution.

Les premières secondes sifflotent déjà comme une variante studieuse du Ennio Morricone de la trilogie du dollar, on court au produit de série. Même l'histoire est recopiée sur du roman à succès de grand-papa, rien de moins que l'Iliade et l'Odyssée (démarche par ailleurs répétée dans l'euro-western).

Facile, nous sommes en terrain familier depuis que la Warner Bros a vulgarisé la guerre de Troie avec Brad Pitt. En outre, comme j'ai réussi des études, je tiens à revenir ici sur la tragédie des « Atrides », nom de cette famille maudite marquée par le crime.

Nous démarrons le film au moment où, contrairement à ce qu'a compris la Warner Bros ***attention spoiler*** le roi Agamemnon (le général Carrasco) REVIENT à Mycènes (« Osacha » ?) avec sa troupe, auréolé de ses exploits guerriers. Au bercail il retrouve son épouse Clytemnestre (Anne) et ses jeunes enfants.

Or, en réalité cocu, il se fait déloyalement occire dès le banquet du retour par sa femme et son amant Egisthe (Tomas), complices. 20 hommes armés les aident au massacre.

Une vieille nourrice parvient à s'enfuir avec le fils, Oreste (Sebastian). La fille, Electre (Isabelle), est déchue de son rang.

Le couple traître entame une dictature, les années passent.

Oreste (Sebastian) a maintenant grandi en exil. En compagnie d'un lointain cousin amoureux d'Electre (Isabelle), Pylade (Raphael), il revient saigner tout le monde, conformément à la tradition familiale. Homère a écrit l'épisode.

Baldi couvre le lot de cruels de tricots de laines rouges, de peaux de moutons, de bretelles, de chapeaux de pailles, de chemises à pois cintrés, et bien évidemment... avec son intrigue plus que rôdée, il assure.

Sans hésiter, je lui reconnais de faire monter la tension qui convient pour réchauffer du grec en beauté.

Une humble réserve : Peter Martell m'a agacé avec sa manie à abattre direct des cavaliers en fuite à 30 mètres, sans même faire semblant d'épauler son canon court.

Piero Lulli menace un vieux de lui casser ses lunettes.

Ma phrase préférée : Egisthe (Tomas), tout en retournant le cadavre d'Agamemnon (le général Carrasco) du bout du pied, « Rejoins tes hommes et retirez-vous rapidement sans être vus, et racontez partout que ce sont les français qui ont fait ça ». Badges

Le DERNIER FACE A FACE aka IL ETAIT UNE FOIS EN ARIZONA aka FACCIA A FACCIA aka FACE TO FACE - Sergio Sollima, 1967, Italie / Espagne

Brad Fletcher (Gian Maria Volontè), professeur d'histoire réservé, est mourrant. Afin de soigner ses poumons malades, son docteur lui a conseillé d'abandonner son travail et de se rendre au Texas où l'air lui sera bénéfique. Une fois sur place, il rencontre par accident Beauregard Bennett (Tomas Milian), criminel sanguinaire recherché par toutes les polices de l'Ouest et les mercenaires du pays. Bennett représente tout ce que Fletcher n'est pas: il est impulsif et sauvage, il tue avant de poser des questions, il est illettré, sale et vulgaire. Mais suite à un concours de circonstance, Fletcher en vient à sauver la vie de Bennett et petit à petit, il découvre un monde dont il ignorait l'existence: le monde du crime. Et alors que Bennett reconstruit son ancien gang La Horde Sauvage, Fletcher prend conscience que sa supériorité intellectuelle peut lui permettre de faire les choses en grand... Le petit professeur coincé est en passe de devenir l'un des plus grands criminels de l'Histoire de l'Ouest.

Sergio Sollima réalise avec panache un grand western humain. Humain car son histoire, il la traite avec soin et met en avant un thème finalement très rare dans le genre qui nous intéresse ici: la nature humaine. Toutes les histoires de vengeance basiques, de crimes crapuleux, de casses sanglants, de corruption de l'esprit, de trahison honteuse, sont ici réunies pour illustrer la déchéance morale du bon professeur Fletcher en parallèle de la rédemption du tueur Bennett. Au milieu se situe Siringo (William Berger), sorte d'agent secret désireux d'infiltrer la Horde Sauvage par tous les moyens. Et si Siringo représente la loi, il n'hésite pas à employer même les moyens les plus répréhensibles, comme assassiner un shérif de sang froid devant un Bennett soupçonneux. Personne n'est entièrement bon ou mauvais dans LE DERNIER FACE À FACE, mais les plus mauvais ne sont certainement pas ceux que l'on croit, comme le démontre cette communauté recluse vivant dans les montagnes et composées de criminels et de parias qui pourtant transpirent le bonheur et la bonté. Merveilleux film donc, superbement enlevé par une musique obsédante de Moriconne et filmée en techniscope avec maestria par un réalisateur qui a su donner avec Leone ses lettres de noblesse au western italien. Kerozene

  Le DERNIER JOUR DE LA COLÈRE aka I giorni dell'ira - Tonino Valerii avec Lee Van Cleef, Giuliano Gemma. Walter Rilla, Christa Linder, 1967, Italie/Espagne, 114m

Scott (Giuliano Gemma) est le fils d'une prostituée au Saloon local. Il est le souffre douleur de tous les habitants du coin et commence sa journée en vidant la merde des habitants pour ensuite s'occuper de chevaux. Talby, un redoutable pistolero, débarque en ville et tue un homme qui menaçait Scott. Il est innocenté pour légitime défense, comme toujours, car il attend toujours que ses adversaire dégainent les premiers. Scott va le suivre, devenir son apprenti et apprendre à tirer du pistolet. Il va rapidement devenir un redoutable tueur, pour le meilleur et pour le pire.

Le regretté Tonino Valerii a fait sa marque dans le western spaghetti. Il enchainera avec le formidable Texas l'année suivante et on lui doit Mon Nom est Personne. Il coscénarise le film avec Renzo Genta et l'excellent Ernesto Gastaldi. Le duo Lee Van Cleef et Giuliano Gemma, que l'on a plus besoin de présenter, est solide et la charge dramatique du film est superbement mise en scène. On se doute que le destin pèsera lourdement plus le film avance. Gemma est autant à l'aise dans la comédie que le drame et il brille de tous ses feux dans un rôle complexe.  Il y a peu de place pour les femmes dans ces films, Christa Linder y est remarquée et remarquable. Le générique a des allures James Bondienne. La trame sonore est signé par le regretté Riz Ortolani. Excellent western.

Le Coffret digipack Blu Ray + DVD d'Artus Films offre en suppléments sur l'édition  d'Artus Films: la présentation du film par l'indispensable Curd Ridel; un entretien avec le scénariste Ernesto Gastaldi, toujours fascinant; un diaporama d'affiches et photos et la bande annonce originale. Film offert en version originale Italienne et française avec sous-titres français en option. Mario Giguère  

La DERNIÈRE BALLE À PILE OU FACE aka Testa o croce aka Heads or Tails - Piero Pierotti avec John Ericson, Spela Rozin, Edwige Fenech, 1969, Italie, 90m

Un bled perdu, un saloon où les filles distraient les hommes et un banquier amoureux de la plus belle des filles du saloon: Shanda. Le banquier est retrouvé mort dans le lit avec Shanda évanouie à ses côtés, tout le monde la croit coupable, y comprit les femmes du village, bonnes chrétiennes, qui veulent brûler vive cette "sorcière" qui éloigne les hommes du droit chemin. Le shériff, pour la protéger, l'envoie dans la ville la plus proche subir son procès, mais les deux assistant chargées de l'escorter et un bûcheron de passage vont plutôt la violer et la laisser pour morte. Elle est recueillie par un bandit recherché dans plusieurs états, surnommé Black Talisman, elle s'amourache de lui, qui va la venger en punissant ses assaillants et recherchant le coupable du meurtre du banquier.

Western nihiliste, La DERNIÈRE BALLE À PILE OU FACE n'offrira jamais de récompense et de fin joyeuse à ses spectateurs. Edwige Fenech y tient le rôle de Manuela, fille du saloon, qui se fera fouetter en pleine rue devant la maison de la veuve banquière, pendant que la madame semble en extase en voyant le spectacle, Cette veuve se dévoilera rapidement sadomasochiste, séduisant tout ce qui bouge, demandant aux hommes de lui faire violence. La pauvre Manuela se reprendra, exigeant d'être celle qui va couper au couteau le membre viril d'un des agresseurs de Shanda, un acte très éloigné des prochains personnages de la belle Fenech ! Le couple d'indiens qui vie avec Black Talisman ne dit pas mot, mais on sent la jalousie de l'indienne. Rien ne sera facile et la mort rôdera au-dessus de tous les personnages. En cette fin des années de "Flower Power". le film illustre bien le nihilisme qui entre à pleine portes dans le cinéma italien. Mario Giguère

DES DOLLARS PLEIN LA GUEULE aka PIÙ FORTE SORELLE aka FOR A BOOK OF DOLLARS - Renzo Spaziani, 1976, Italie 

(Je ne suis sûr ni du réalisateur, ni de l'année de production, je me suis basé sur le livre "Il était une fois le western européen" de Jean-François Giré qui me semble plus fiable que l'imdb.)

Trois bonnes soeurs se font braquer par des brigands mexicains et se font voler l'argent qu'elles comptaient investir pour la construction d'une église. C'est alors qu'arrive Amen, chasseur de prime blondinet qui se mettra en tête de faire tomber le gang de truands mexicains dirigés par le bien nommé Catapulte. En effet, Catapulte prend un malin plaisir à propulser ses prisonniers dans les airs à l'aide d'une catapulte, en ayant préalablement attaché des feux d'artifice à leur ceinturon et leur chapeau, ce qui fait éclater de rire ses acolytes imbibés de pinard.

Cette boutade rigolarde et sans le sou est plus à ranger du côté des comédies italiennes graveleuses plutôt que du côté des westerns. On sombre très rapidement dans un humour au ras des pâquerettes: Catapulte a des allures de beatnik, un de ses sbires est un homo caricaturale qui se fait remballer à chacune de ses avances, les bandits ingurgitent du laxatif pour chevaux, ce qui débouche sur un concert d'aérophagie des plus gracieux, etc...  On rigole peu à vrai dire, car tout cela est horriblement mis en boîte et fait passer les aventures de LA 7ème COMPAGNIE pour des monuments de finesse. Les spectateurs amateurs de comédie Z les moins regardant pourront toujours y trouver une certaine dimension amusante, les autres trouveront tout cela définitivement navrant. Kerozene

DIEU LES CREE, MOI JE LES TUE aka GOD FORGIVES: HIS LIFE IS MINE aka GOD MADE THEM... I KILL THEM; aka: DIO LI CREA... IO LI AMMAZZO!- Paolo Bianchini, 1968, Italie

Wells City, un bled poussiéreux de l'Ouest sauvage, est victime d'un crime odieux: si l'or de la banque a été volé, ce n'est certes pas la première fois, mais en revanche le fait que tout le personnel se soit fait assassiner est une première! Les autorités décident de faire appel à Slim Corbett (Dean Reed), chasseur de prime célèbre pour sa gâchette rapide et son efficacité, mais aussi son coût élevé. Arrive alors un playboy dandy vêtu à la dernière mode de Paris, fin gastronome et tombeur de ces dames, qui se pose comme une fleur à Wells City. Toutes les filles tombent à ses pieds, les quelques fortes têtes qui osent l'importuner également, mais avec une balle dans le corps. Bénéficiant d'un flegme désarmant, d'un humour pince sans rire et d'un charme arrogant, il rappelle James Bond version Roger Moore. Mais sous son air débonnaire se cache un fin limier qui saura démasquer qui, parmi les dirigeants de la ville, est coupable de ces nombreux crimes.

Le film de Bianchini (SUPERARGO CONTRE LES ROBOTS) aborde son sujet de manière apparemment légère et désinvolte. Mais ce ton léger masque une violence et une cruauté plus inattendue encore que s'il avait été traité de manière sérieuse. Car si notre ami Slim Corbett a une démarche de rigolo, ses actes n'en sont pas moins secs et mortels, sournois et rusés. Idem en ce qui concerne son ennemi principal, un beau gosse lui aussi qui prend son pied en torturant ses victimes sous l'oeil complice de son serviteur nain. Bianchini soigne sa réalisation et certaines scènes s'avèrent particulièrement réussies, brillamment filmées et montées. Sa mise en scène passe sans heurts de la comédie au drame, de l'action à la tragédie. DIEU LES CREE, MOI JE LES TUE dégage donc quelque chose de profondément hybride, une sorte de fausse comédie traitée à la manière d'un thriller sanglant ou un film violent détourné de façon comique. Une ambiguïté sans doute due à Fernando DiLeo crédité à l'écriture d'un scénario original, mais peut-être aussi à Dean Reed, étrange acteur d'origine américaine qui pousse la chansonnette durant le générique du film. Dean Reed était un chanteur Américain sympathisant gauchiste très populaire en Amérique du Sud à la fin des années 1950, plus qu'Elvis Presley à ce qu'il paraît, puis en Europe de l'Est dans les années 1960 et 1970. Il fut retrouvé mort près de chez lui à Berlin Est en 1986, alors qu'il travaillait à la préparation d'un film qui ne donnait pas le beau rôle au FBI. Officiellement, Dean Reed s'est suicidé... Une fois ces faits connus, le héros de DIEU LES CREE, MOI JE LES TUE tenant tête à des représentants des autorités corrompus par le profit prend soudain une dimension supplémentaire, même si celle-ci est sans doute due à un pur hasard. Toujours est-il que DIEU LES CREE, MOI JE LES TUE est une petite perle qui mérite un sérieux coup d'œil. Kerozene

DIEU PARDONNE... MOI PAS! aka GOD FORGIVES... I DON'T aka BLOOR RIVER aka DIO PERDONA... IO NO! - Giuseppe Colizzi, 1968, Italie  

Un train transportant une importante quantité d'or, ainsi que de nombreux passagers, s'est fait attaquer par une bande de truands à l'identité inconnue. Tous les passagers du train se sont fait assassiner. Tous, sauf un, qui avouera avoir reconnu Bill San Antonio (Frank Wolff) à la tête des voleurs. Étrange, car il y a un an, Cat (Terence Hill) tua ce vieux salopards lors d'un duel fumant dans une grange en flamme. Et pourtant, il semblerait que ce vieux Bill soit revenu d'entre les morts. Et si Hutch (Bud Spencer), tient à lui mettre la main dessus pour le compte de l'assurance pour laquelle il bosse, Cat, lui, tient à le retrouver pour terminer un travail inachevé, et éventuellement garder l'or pour lui.

Le duo Hill-Spencer dans un western au ton sérieux ? Ca existe. Et pour cette première collaboration, l'humour est certes présent mais il est très pince-sans-rire. Ici, pas de blagues potaches, ni de grosses baffes dans la gueule. On est bien plus proche du western ténébreux rempli de gueules patibulaires et bouffant de la poussière de bobine en bobine... Mais nous ne sommes pas non plus en présence des musts du genre sombrant dans des névroses crépusculaires, cela va de soit. Cat est néanmoins un anti-héros sombre et crapuleux comme il faut. Fumant le cigarillos sous son air de beau gosse à l'expression grave, il garde une personnalité dédaigneuse et opportuniste, avare en compliment et intolérante. Hutch lui est plus simple, plus naïf, plus honnête (pléonasme ?), radical dans ses actes mais jamais hypocrite... Quant à Bill, il tient le chapeau de la crapule la plus puante qui soit. Manipulateur, injurieux, méprisant, il dégage malgré son allure un rien élégante toute l'hypocrisie du vieux fils de pute que l'on aime détester. Un personnage qui ne passe pas inaperçu et qui permet d'apprécier un métrage dans l'ensemble moyen aux scènes mémorables plutôt rares, comme celle où Terence Hill, attaché par les pieds, frappe ses adversaires la tête en bas. Mais quel titre ! Kerozene

DJANGO - Sergio Corbucci avec Franco Nero, 1966, Italie 

C'est le western spaghetti par excellence ce cult movie!

Musique superbe, genre 60's/rock/héroique, guitares malsaines, ça pue, c'est sale, les mecs sont cons, laids et violents, les femmes sont toutes des putes, et y a de la boue partout!

On prend son pied avec les airs dégaines au maximum des acteurs, les scènes de combats leonnesques, la mentalité pourrie de tout le monde, et même du héros qui est un vrai salaud aussi!

Django se balade au début du film en traînant un cercueil, et il dessoude tous ceux qui l'emmerde (à la baby cart). On croit que c'est un gentil quand il flingue une bande de mexicains qui voulaient se violer une pute, mais en fait il roule pour sa propre gueule et ne s'intéresse qu'au fric.

En un mot, toute cette merde et cette irrévérence, c'est génial!! Franfran

DJANGO DEFIE SARTANA aka DJANGO DEFIES SARTANA aka DJANGO AGAINST SARTANA aka DJANGO SFIDA SARTANA - Pasquale Squitieri, 1970, Italie  

Le frère de Django, employé de banque, est accusé d'avoir vidé le coffre de celle-ci avec l'aide de Sartana. La sentence est immédiate: le lynchage! Furieux, Django se lance alors à la poursuite de ce salaud de Sartana, qui, selon les dires des témoins, aurait incité son petit frère à sombrer dans le crime. Après une molle empoignade, les deux légendes du western se tapent le bout de gras en réalisant que le cerveau de cette mascarade n'est nul autre que le directeur de la banque lui-même! Ils décident donc de s'associer pour aller lui péter la gueule.

Contrairement à l'opportuniste "Django & Sartana" réalisé par Demofilo Fidani la même année, "Django défie Sartana" semble dès le départ avoir été pensé comme la rencontre ultime entre les deux pistoleros. Ce qui ne prémuni malheureusement pas le film contre la médiocrité, bien au contraire. Mais celle-ci a au moins le mérite de s'imposer dès la scène d'ouverture durant laquelle un Django tristounet descend un vilain truand dans ce qui pourrait être le gunfight le plus léthargique du western italien. Dès le début, la photographie toute plate digne d'un téléfilm frappe la rétine et indique que l'on a à faire à un film qui s'annonce foireux. Ce qui se confirme rapidement à tous les niveaux: qu'il s'agisse des costumes aux couleurs pimpantes tout droit sortis de chez la couturière (aahh, Django et son poncho rouge pivoine, Sartana et sa tenue de dandy de carnaval aux manches à froufrous), du montage foireux tentant à l'aide d'ellipses hasardeuses de masquer des erreurs grossières et des dialogues mièvres gavés de lieux communs, tout est à jeter. Sans parler des pauvres acteurs à la ramasse, qu'il s'agisse de Tony Kendall (la série des "Commissaire X") dans le rôle de Django ou de George Ardisson dans celui de Sartana, tous les deux aussi inexpressif l'un que l'autre, ou encore les seconds rôles parfois en freestyle comme ce gringalet au physique de danseur de flamenco d'un mètre quarante qui se la joue gros dur avant de finir au tapis. Le plus grand talent de Pasquale Squitieri n'est probablement pas celui de réalisateur. Sans doute meilleur charmeur que metteur en scène, il aura tout de même fait un enfant à Claudia Cardinale... Je sais, ce n'est pas très gentil, mais je suis jaloux. Kerozene

DJANGO & SARTANA aka ONE DAMNED DAY AT DAWN... DJANGO MEETS SARTANA aka QUEL MALEDETTO GIORNO D'INVERNO... DJANGO E SARTANA ALL'ULTIMO - Demofilo Fidani, 1970, Italie

La pouilleuse petite ville de Black City vit dans la peur depuis que ce salaud de Bud Willer (Dean Stratford) et son sanguinaire acolyte Sanchez ont assassinés le shérif et ses hommes avant de vider le coffre de la banque. Cela fait des mois, voire des années, que le bureau du shérif est vide. Mais aujourd'hui les choses vont commencer à changer, car arrive enfin un nouveau représentant de l'ordre (Fabio Testi). Fort d'un calme olympien, ce shérif à l'air un peu niais rencontre Bud Willer au saloon et se fait humilier de manière passive par le brigand et ses hommes. Mais au fond du saloon, un sombre et mystérieux étranger (Hunt Powers) observe la scène avec un sourire sarcastique. Cet homme dont tout le monde ignore l'origine propose au shérif de lui prêter main forte. Le shérif refuse, car il va affronter Bud en duel au petit matin, et personne ne doit entraver ses projets d'application de la justice. Mais s'il refuse, c'est aussi parce qu'il reconnaît l'étranger: "Je t'ai reconnu, tu es Django!", et que Django est un hors la loi. Le spectateur, médusé, apprend effectivement après 70 minutes de film que ce type est le fameux Django. Logiquement, Testi incarne Sartana...  "Je suis Sartana", dit-il à Django à dix secondes de la fin, "Tu entendras parler de moi"...

Que penser de ce cross-over dont l'idée apparue sans doute à Fidani en cours de post-production ? Il est certain en effet, que cette rencontre au sommet n'a pas été préméditée, Fidani joue la carte de l'opportunisme et tente comme il peut de donner de l'attrait à un film qui en possède bien peu. Platement emballée, son histoire de shérif passif et boudeur ne tient pas spécialement bien la route. Il se limite à filmer trois ou quatre décors relativement miteux (le saloon est encore plus minable que dans le Z LES RAVAGEURS DE L'OUEST) et oublie d'insuffler un rythme à l'ensemble. Reste les deux gunfights finaux, pas franchement bien foutus, mais qui ont la particularité de se dérouler lors d'une petite tempête faisant voler paille et poussière, créant ainsi un climat quasi-surnaturel. A niveau du casting, Fabio Testi semble s'inspirer du Droopy de Tex Avery : le regard blême et le jeu mou, il ne convainc pas grand monde en shérif ; Hunt Powers est déjà plus solide dans le rôle de Django, mais il est desservi par deux ou trois dialogues bien stupides; reste Dean Stratford dans le rôle du sadique Bud Willer, bien plus rigolo et convainquant que ses collègues... il faut dire que son rôle est nettement plus drôle aussi : il tue gratuitement, viole une femme, frappe tout le monde et impose le respect. Forcément, ça aide. DJANGO ET SARTANA n'est donc pas la rencontre explosive attendue des deux légendes solitaires du western italien et ne s'avère au final posséder qu'un intérêt très relatif. Kerozene

DJANGO LE PROSCRIT aka DJANGO THE CONDEMNED aka DJANGO THE HONORABLE KILLER aka OUTLAW OF RED RIVER aka EL PROSCRITO DEL RIO COLORADO - Maury Dexter, 1964, Espagne

Deux familles mexicaines sont sur le point de s'unir: le patriarche de l'une s'apprête à épouser la fille de l'autre. Mais la fille du patriarche aime le frère de la future femme de son père, frère qui n'approuve pas, justement, l'union de sa soeur avec cet homme qu'il méprise au grand désarroi de son père à lui. Vous suivez là ? Au milieu de tout ça se trouve Django O'Brien (George Montgomery au look très John Wayne), mystérieux personnage dont on dit qu'il a tué sa femme (rassurez-vous, ce n'est pas vrai), ami de l'homme sur le point d'épouser la fille, qui se pose là en tant que spectateur de ce soap opera légèrement pompeux. Par moment dérangé par un vilain criminel notoire, Django se fait passer à tabac. Il participe même à une fusillade ! Mais il revient toujours vers son ami dont la future femme finit par porter son dévolu sur Django, alors que son frère se fait tuer par le méchant bandit.

Voici donc un western de 75 interminables minutes de bavardages inintéressants filmés de façon mollassonne par un réalisateur jamais inspiré. Les scènes d'action, rares, sont rapidement expédiées. Les dialogues, de plus doublés de façon calamiteuse, font effet pendant les premières minutes provoquant quelques rires sincères. La séquence d'ouverture offre aussi la meilleure scène du film, lorsque Django se fait tabasser (hors champs) par des bandites puis enfermer dans une pièce dont la fenêtre est ouverte. Prouvant sa supériorité intellectuelle, notre héros le remarquera et parviendra ainsi à s'échapper. Mais les plaisanteries les plus courtes sont les meilleures et tout ça finit par sombrer le spectateur dans un ennui profond. Très très profond.

Ce film, sorti une année avant le véritable DJANGO, a été distribué en France par Eurociné. Kerozene

DJANGO NE PRIE PAS aka COWARDS DON'T PAY aka TASTE OF VENGEANCE aka I VIGLIACCHI NON PREGANO - Mario Siciliano, 1968, Italie

A la fin de la guerre de Sécession, Django (Gianni Garko) aspire à une vie paisible auprès de sa bien aimée. Mais un soir d'orage, quatre soldats nordistes affublés d'étoile symbolisant la justice violent et tuent sa femme. Django, blessé, est recueillit et sauvé par son ami Daniel (Ivan Rassimov), dont le frère Robert vient de se faire kidnapper contre une demande de rançon. Django décide donc d'aider son ami et fait alors preuve d'une insatiable soif de tuer. Incapable de le raisonner, Daniel empruntera le chemin de la justice, quitte à devoir faire face à la folie psychotique de Django.

Ce film, dont la version française utilise abusivement le nom de Django (le personnage se nomme Brian Care dans la version originale), emprunte une direction totalement inattendue. Alors que n'importe qui pourrait s'attendre à voir Django partir à la recherche des meurtriers de sa femme afin d'assouvir son désire de vengeance, on assiste à une sidérante et destructrice plongée dans la névrose de ce personnage blessé en son plus fort intérieur. L'homme bon et doux du début se transforme en psychopathe au regard fou que rien ne semble pouvoir arrêter, pas même la mort, comme il le prouve lors d'un duel plongé dans le noir et où les seules sources lumineuses sont les cendres des cigares des deux adversaires. Siciliano parvient sans peine à représenter la folie du personnage grâce à une photo judicieusement travaillée, jouant brillamment avec les ombres sur le visage marqué de Gianni Garko, ici très convaincant. Cependant le récit est traité de manière un peu abrupte et la continuité s'en ressent, donnant l'impression que quelques scènes ont finies sur le sol de la salle de montage. Dommage, mais cela n'empêche pas d'apprécier ce métrage violent et joliment réalisé dont le final superbe, accompagné par une mélodie obsédante, justifie à lui seul le visionnement. Kerozene

DJANGO TIRE LE PREMIER aka Django spara per primo - Alberto de Martino avec Glenn Saxon, Ida Galli, 1966, Italie  

Django, ramène la dépouille de son défunt papa dans un bled poussiéreux afin d'en toucher la rançon. Il apprend après que son père possédait la moitié de la ville et que son partenaire, un certain Custer, l'a horriblement trahit. Django ne va pas se laisser faire, nom de nom. Western spaghetti sans trop de relief, beaucoup moins sombre et violent que le premier DJANGO de Sergio Corbucci, on y retrouve les clichés du genre: bagarre de saloon, poursuite dans le désert, musique "à la Morricone", etc... Mais ça se regarde sans déplaisir. Kerozene

DJANGO STRIKES AGAIN aka Django 2: il grande ritorno - Nello Rosssati avec Franco Nero, 1987, Italie

Crisse de Crisse, Un rip-off de RAMBO en DJANGO!! HAHAHAHAH .

Vraiment une merde ce film, Moi qu-y avait adoré l'original... Voila que Franco Nero se promène avec un petit tabarnak comme sidekick, il shoot presque au bazooka et pousse des wise-crack!!!

NONNNNNNNNNNNNNNNNNNN , Avoid like the plague!!! Mouni

...ET LE VENT APPORTA LA VIOLENCE aka And God Said to Cain aka Un Homme, Un Cheval et Un Fusil aka Shoot Twice aka E Dio disse a Caino - Antonio Margheriti 1969, Italie, 1h35.

Gary Hamilton est en prison, ou plutôt ce que les habitants rétrogrades (c'est de leur temps) de l'Ouest américain appellent ainsi: il casse des cailloux en plein soleil depuis dix ans. À sa plus grande surprise, il est libéré grâce à une nouvelle loi sur les prisonniers politiques, et se taille du secteur sans demander son reste. Il va voir un vieil ami qui lui vend un cheval et un fusil et c'est ainsi, animé seulement par sa haine aveugle, qu'il ira chercher vengeance en ville.

Superbement filmé par un Antonio Margheriti en très grande forme, avec un personnage principal magistralement interprété par Klaus Kinski, qui habite toujours ses incarnations avec une justesse déroutante, ce spaghetti western hors du commun vaut le détour. Musique poussiéreuse de circonstance, poupées de service, vilains crasseux et patibulaires, tous les aspects du cliché sont soulignés avec finesse. Le récit se déroule à un rythme correct; l'unité temporelle de l'aube jusqu'à l'aube est très bien divisée. Les scènes d'action sont bien chorégraphiées, et pour une fois ça saigne un peu. La morale est ambiguë, nuancée de vengeance et prêchant la non-violence en utilisant pour ce faire un considérable bain de sang... Mais comment oublier la dernière scène, où Kinski disparaît au loin, sur son cheval, alors que défile un extrait biblique qui a inspiré le titre du film que le pan & scan ne nous permet pas de pleinement saisir ? Orloff

A FISTFUL OF DOLLARS aka Pour une poignée de dollars aka Per un pugno di dollari - Sergio Leone avec Clint Eastwood, Gian Maria Volonte, Marianne Koch, Josef Egger, Wolfgang Lukschy, Daniel Martin, Margherita Lozano, Carol Brown, 1964, Italie, 100m

Un pistolero solitaire arrive un beau matin dans une petite ville située à la frontière du Mexique. Deux familles de bandits s'y livrent une guerre mortelle pour le monopole du trafic d'armes et d'alcool: les Rodos et les Baxter. L'arrivée de l'étranger en ville ne fait pas la joie de tous ces hors-la-loi mais lorsqu'il abat quatre hommes des Baxter qui voulaient l'intimider, les Rodos acceptent de l'engager comme mercenaire. Le mystérieux homme sans nom en profite alors pour aggraver le conflit entre les deux familles afin qu'ils s'éliminent l'un l'autre pendant que lui s'enrichit à leurs dépends. C'est ainsi qu'il enlève Marisol, la maîtresse de Ramon Rodos, le plus dangereux tireur de cette famille pour la donner au Baxter afin qu'elle serve de monnaie d'échange pour libérer des prisonniers. Mais Ramon et les Rodos ont découvert son petit manège et après l'avoir sauvagement battu, ils vont éliminer définitivement tous les membres de la famille Baxter. L'homme sans nom parvient cependant à s'échapper et après s'être remis de ses blessures dans une cachette sûre, il réapparaît au village pour régler leurs comptes à Ramon et au reste de la famille Rodos tout en libérant Marisol.

Ce film de Sergio Leone, le premier de sa fameuse trilogie des "DOLLARS", n'est pas, contrairement à ce que certains pensent, le premier western européen ou italien car il y en eût bien d'autres avant celui-ci. Mais l'énorme succès du film et le style de mise en scène de Leone ont cependant posé les bases de ce qu'allaient être les ingrédients du "western-spaghetti": personnages sales et pas rasés, gros plans alternés avec des plans larges, paysages d'un soleil brûlant ou d'une pluie diluvienne, violence accentuée, contexte mexicain, héros démystifiés, longs duels au pistolet, musique lancinante. L'intrigue s'inspire ici évidemment de "YOJIMBO", film de samouraïs d'Akira Kurosawa, mais Leone a su éviter le plagiat en prenant soin à ce que le dialogue de son film soit complètement différent de celui de son homologue japonais tout en allant également puiser des idées dans la pièce de Goldoni: "Arlequin, serviteur de deux maîtres". Si le ton est volontiers original de par une caméra souple aux cadrages soignés et par son héros conçu comme une abstraction ou une figure de style sans substance, on y retrouve quand même des éléments propres au western classique américain. L'importance de la trame sonore d'Ennio Morricone dans la création d'ambiance et la narration du film n'est plus à faire, tout comme le jeu extraordinaire de Clint Eastwood et de Gian Maria Volonte, qui devinrent tous deux rapidement des révélations et des vedettes. Et pourtant, cet excellent western de Leone n'était qu'une ébauche ou un prototype à côté de ce qui allait suivre. Toute personne qui ne connaît cependant pas le western à l'italienne se doit de visionner cette oeuvrette en premier lieu pour mieux apprécier le genre. Soulignons que les Américains avaient donné un nom au personnage d'Eastwood (Joe!) dans un premier doublage à l'époque: une grosse aberration!!! Mathieu Lemée

FORT INVINCIBLE aka ONLY THE VALIANT - Gordon Douglas avec Gregory Peck, Ward Bond, Lon Chaney Jr, 1951, États Unis, 100m

A l'époque ou les indiens étaient méchants et la cavalerie représentait l'ordre, du moins au cinéma, le Capitaine Lance charge le lieutenant Holloway d'escorter un dangereux chef apache, Tucsos. Il en revient mort et s'en suit logiquement deux choses, de une: Lance devra aller reprendre le "fort invincible" qui a été attaqué et mis à feu par Tucsos, le garder au péril de sa vie et de celle de ses hommes durant trois jours, jusqu'à ce que les renforts arrivent, de deux: ses hommes et sa copine sont certains que Lance a souhaité la mort d'Holloway, par jalousie. Lance s'entoure alors d'une douzaine de soldats, les pires spécimens disponibles, et ces hommes ne souhaitent que la mort de leur Capitaine. Ca s'annonce pas jojo !Ah, les westerns qui se passent dans un fort, c'était le pain et le beurre de la jeunesse des années 50/60, avec les films d'Hercules ou les films de monstres, évidemment ! Mais ici pas tellement de gloire avec cette bande d'alcooliques, violents et vengeurs, mésadaptés, lâches, nommez tous les défauts et vous risquez de les coller à un de ces gaillards. Ce n'est pas sans rappeler un film comme les douze salopards, qui sera réalisé une douzaine d'années plus tard. Avec une mise en scène classique qui laisse la belle part au jeu des acteurs, on peut dire que le choix de ceux-ci était important. Quelle brochette ! J'ai revu avec joie Lon Chaney Jr dans ce qui est un de ses meilleurs rôles et il a l'air d'un colosse, entouré de quelques petits soldats maigrichons. On se prend de sympathie pour l'ivrogne de service qui cache lui aussi ses mauvais sentiments envers Gregory Peck. Si les indiens n'ont pas de relief, on est collé devant l'écran, attendant de voir si quelqu'un va s'en sortir, si la cavalerie va arriver trop tard, si la jolie blonde va se rendre compte de son erreur.

Offert en anglais, français ou avec sous-titres dans l'édition Artus, j'ai rapidement adopté la version française, retrouvant avec joie les voix connues et appréciées d'une autre époque. Le film jouit d'une bonne présentation par Eddy Moine, spécialiste du western qui enfile les citations et les références avec une passion communicative. Mario Giguère

LE GAUCHER aka The Left Handed Gun - Arthur Penn, 1958, États Unis

J'ai revu récemment lors d'un cycle western,"le gaucher" d'Arthur Penn, et qu'elle n'a pas été ma surprise à la fin de la projection de m'entendre dire qu'il s'agissait certainement du plus ennuyeux film que j'avais vu depuis longtemps.

Qualitativement, certaines séquences soit disaaant comiques, notamment la "bataille des sacs de farine", n'ont rien à envier au final d' "On continue à l'appeler Trinité"; Ah si pourtant ! Lorsqu'une telle pantalonnade s'insère au coeur d'un salmigondis infâme de sous tragédie aux relents de psychanalyse, cela devient le "fer de lance " du nouveau western. La bonne blague! Car enfin serai-je donc si obtus ! Si mauvais spectateur, pour être le seul imbécile à être consterné devant ce film.Mais nous savons tous oh combien la critique est Thésée et l'art Hyppolite, je vais donc essayer d'apporter les preuves de ce que j'avance:

Que le film transforme un nabot prognate et à moitié bossu, raciste et psychotique au dernier degré en un beau ténébreux(Paul Newman) romantiquement tourmenté, ça n'est certainement pas le plus grave, après tout bien d'autre metteur en scène s'y sont attelés, et n'est-ce pas John Ford qui disait "dans l'Ouest, quand la légende est plus belle que la réalité alors on imprime la légende!"

Non ce qui est insupportable, c'est d'avoir voulut à tout pris mettre de la psychologie et qui plus est de la psychanalyse dans ce film qui n'en ressort que plus grotesque. Tous les acteurs sont nuls, Newman cligne des yeux pour nous prouver combien ça tempête sous son crane, et il ne lui manque qu'une toge pour jouer les Césars actor's studio. Quant aux "mexicains de service", ils sont quasiment tous interprétés par des yankees à l'accent foireux, habillés des" traditionnelles" guenilles blanches et de chapeaux de paille miteux, ils sont très gentils et passent leur temps à danser "folkloriquement " la même chose durant tout le film ( des mexicains comme les aiment les gringos .)

Pourtant Ford avait déjà donné l'exemple, avant! Comme quoi Penn était très con à cette époque(soyons magnanime, il réalisera plus tard "little big man")et uniquement obnubilé par l'originalité de son projet.

La critique d'hier et d'aujourd'hui est unanime et place "le gaucher" au pinacle, et un comble loue sans retenue la "géniale direction d'acteur".

Toutes passions apaisées, convenons que le film baigne dans une ambiance glauque, trouble qui a du constituer l'élément déclencheur des discours laudatifs qu'il a provoqué; Billy parvient à inquiéter au cours de la scène ou il rencontre Pat Garett, et deux ou trois séquences nous tirent de l'ennui: le lezard offert en cadeau, et la lune criblée de plomb dans une flaque.

Pour en rester dans le domaine freudien, le meilleur "acteur" du film, par sa présence, est sans aucun doute le colt 45 à canon long que Newman ne cesse d'exhiber tout au long du film. Quand je vous disais que l'ambiance était trouble !  Jess Cougouar

UN GENIE, DEUX ASSOCIES, UNE CLOCHE aka A GENIUS, TWO PARTNERS, AND A DUPE aka A GENIUS, TWO FRIENDS AND AN IDIOT aka NOBODY'S THE GREATEST aka THE GENIUS; TRINITY IS BACK AGAIN aka UN GENIO, DUE COMPARI, UN POLLO- Damiano Damiani avec Terence Hill, Robert Charlebois, Miou-Miou, Patrick McGoohan, Klaus Kinski, 1975, Italie/France/allemagne de l'Ouest

Terence Hill incarne Joe Merci, un pistolero solitaire pouilleux mais charmeur, du genre pas très éloigné de son personnage de Personne (ce film fut d'ailleurs vendu comme une suite de MON NOM EST PERSONNE dans certains pays, comme l'Allemagne). Après un duel absurde avec Doc Foster (Klaus Kinski, qui fini castré en atterrissant sur la selle de son cheval), Joe met sur pied un plan pour dérober 300'000 dollars à l'armée américaine. Son plan, il l'élabore avec l'aide plus ou moins volontaire du métis Locomotive (Robert Charlebois), de la gironde Lucy (Miou-Miou) et d'un truand appelé Jerry Roll. Mais le capitaine Cabot (Patrick McGoohan) ne compte pas laisser ce petit futé de Joe Merci s'en tirer sans difficulté... Bien au contraire...
Alors que le western est sur le point de finaliser son déclin, Sergio Leone s'allie une dernière fois au genre en produisant ce qu'il espérait voir devenir un grand film dramatico-social parsemé de romance et d'humour. Muni d'un casting international, bénéficiant d'un tournage à Monument Valley, le film se voulait au départ bien plus ambitieux qu'il ne l'est. Et s'il traite effectivement de plusieurs sujets sensibles tels que la colonisation des indiens d'Amérique, de la tolérance des métisse ou même des conséquences d'un capitalisme montant, il s'avère au final aussi léger que la plupart des westerns comiques de l'époque, c'est-à-dire rarement fin, bon enfant et finalement sans prétention aucune. Selon Jean-François Giré dans son livre « Il était une fois le western européen », on apprend que Leone aurait admis avoir fait une erreur en confiant le film à Damiano Damiani qui n'était finalement pas fait pour aborder un film sur le ton de la comédie. Il suffit en effet de revoir EL CHUNCHO pour s'en rendre compte. Cependant, UN GÉNIE,...  n'est pas non plus une purge et se regarde plaisamment. On se laisse bercer par la musique de Moriconne, on sourit à l'humour enfantin et on profite de la dernière scène de western jamais tournée par Sergio Leone, puisqu'il mit en boîte lui-même la séquence d'ouverture. Rien que pour ça... .Kerozene

GENTLEMAN KILLER aka Gentleman Jo... uccidi - Giorgio Stegoni, 1967, Italie/Espagne

La petite ville de Douglas, jusqu'à maintenant sur territoire américain, pourrait bien se voir nationaliser mexicaine si le nouveau tracé de la frontière alors en cours de négociation l'imposait. Durant cette période, les forces de l'ordre quittent les lieux, ne laissant derrière elles qu'un officier de l'armée US et offrant le champ libre à l'infâme Colonel Ferreres (Eduardo Fajardo) et sa bande de malfrats patibulaires, hirsutes et pouilleux. Arrivés à Douglas, lui et ses gars envahissent le saloon et prévoient de faire main basse sur la ville, et en particulier sa banque. Arrive alors Jo (Anthony Steffen), un mec impeccable, tiré à quatre épingle, rasé de près et à l'élégance raffinée. En une partie cartes, il sème le trouble au sein du gang de Ferreres et annonce clairement la couleur: il n'est pas un rigolo né de la dernière pluie. Il est malin, il dégaine comme personne et il fait fondre les filles. Commence alors un jeu du chat et de la souris entre le bedonnant truand et le gentleman vengeur (car de vengeance il sera question), lors duquel Jo va user de mille ruses afin de tromper son monde.

Sans se montrer génialement inspiré, Stegoni nous livre là un petit western appréciable qui traine un peu la patte par moment mais se rattrape grâce à d’autres atouts. Si sa mise en scène manque de panache et de personnalité, ses personnages sont suffisamment bien écrits et typés pour donner du relief à récit un poil téléphoné. Jo est en effet un type plus torturé qu'il n'y parait, rongé par le remord et tâchant comme il le peut de se racheter auprès de son père et de son frère, tous deux officiers de l'armée américaine alors que lui n'a jamais été qu'un arnaqueur. Mais un arnaqueur de grande classe! Quant à Ferreres, il s'agit de la pire des raclures; le film s'ouvre d'ailleurs sur un meurtre qu'il commet en tirant dans le dos d'un homme désarmé tout en riant à pleines dents, affichant un dentier à la blancheur artificielle. Quant à ses hommes, une trentaine nous apprend-on, ils forment un véritable musée de sales gueules burinées, de dents pétées et de cheveux sales. Plutôt violent, le film aligne un nombre de cadavres effrayant. A lui seul, Jo descend bien plus d'une trentaine de salopards, prouvant que soit les dialogues du film sont bidons, soit Ferreres a recruté sévèrement pendant les ellipses! Reste la musique, une superbe et entêtante partition signée Bruno Nicolai qui imprègne l'esprit durablement. Kerozene

GOD'S GUN aka Diamante Lobo - Gianfranco Parolini alias Frank Kramer avec Lee Van Cleef, Jack Palance, Leif Garrett, Sybil Danning, 1976, Italie/Israel, 94m

On suit une bande de voleurs qui se promènent de village en village. Arrivés dans la ville bâtie par le père John (Lee Van Cleef), celui-ci veut remettre à la justice un des garnements qui a tué un des habitants sans provocation. Évidemment que le chef de la bande, Sam Clayton (Jack Palance), ne l'entends pas de cette manière et va prendre le contrôle de la place après avoir tué le padre John. Mais le fils de Jenny (Sybil Danning ), Johnny, part au Mexique à la recherche du propriétaire du pistolet que gardait John, qui appartient en fait à son frère jumeau, Lewis, qui a promit de ne plus se servir des armes. Il va quand même venir réclamer vengeance, se servant de sa parfaite ressemblance avec son jumeau pour semer la peur et la mort chez les bandits. Pendant ce temps, Jenny avoue à Clayton que Johnny est son fils.

Voici une production Cannon qui fleure carrément avec l'exploitation du courant spaghetti western. Juste avant de réaliser YETI, LE GÉANT D'UN AUTRE MONDE, Parolini essaie de monter autant qu'il est capable, une mise en scène somme toute correcte, mais loin des meilleurs exemples du genre. On retiendra surtout la boucle faite avec le théâtre de marionnettes qui ouvre et ferme le film, une belle petite trouvaille. Sinon on n'est pas vraiment surprit par les revirements attendus, sauf que j'aurais cru que le propriétaire du pistolet était carrément sous la robe du prêtre. Lee Van Cleef est égal à lui-même dans le double rôle, tout comme Jack Palance qui semble toujours s'amuser à jouer les crapules. Sybil Danning a un rôle réduit et très sage dont elle se tire bien, on apprécie tout de même que les femmes soient plus courageuses que les hommes du village, dont le sheriff joué par Richard Boone, et il est surprenant de voir le jeune Leif Garrett, futur acteur et chanteur qui a connu son heure de gloire. Bref, on est loin d'un quelconque classique, mais on ne s'ennuie pas. Mario Giguère

Le GRAND SILENCE aka The Great Silence aka Il Grande Silenzio - Sergio Corbucci avec Jean-Louis Trintignant, Klaus Kinski, Frank Wolff, Luigi Pistilli, Vonetta McGee, Mario Brega, Jacques Toulouse, Marisa Merlini, 1969, Italie/France 105 minutes

En 1898 dans l'état américain de l'Utah, le froid extrême de la saison hivernale pousse les bandits, les bûcherons et les paysans à traverser les forêts et à piller les villages pour survivre et avoir de quoi se nourrir. Cela fait alors l'affaire des chasseurs de primes qui en profitent même pour abuser de la situation auprès de la populace. Le plus cruel d'entre eux, Tigrero, arrive à Snow Hill et s'avère encore plus détesté par les habitants que les bandits. Arrive alors un inconnu surnommé Silence, car il est muet, et qui tient tête aux chasseurs de primes. Une jeune femme de race noire, Pauline, dont le mari a été tué par Tigrero, demande à Silence de tuer celui-ci. Ne tirant qu'en cas de légitime défense, Silence essaie alors de provoquer Tigrero en duel mais en vain. Un nouveau shériff, arrivé sur les lieux pour rétablir l'ordre, parvient à arrêter Tigrero et à le mettre en prison. Son commanditaire, Pollicut, banquier véreux et juge de paix de Snow Hill, paye alors les hommes de main du chasseur de primes pour abattre Silence avec qui il a un vieux compte à régler, mais sans succès. Alors que l'amour naît entre Silence et Pauline, Tigrero s'évade, tue le shériff qui l'a arrêté puis sème la terreur à Snow Hill avec ses hommes de main. Il réussit même à descendre Silence en duel pour ensuite massacrer ses prisonniers et toucher comme si de rien n'était l'argent des primes.

Après "DJANGO", le réalisateur italien a de nouveau marqué de son empreinte le western italien avec un autre film culte inoubliable. Présenté comme une sorte de fable prolétaire où les méchants ne sont pas ceux que l'on croit, le film illustre avec efficacité une vision saisissante et farouchement cynique de l'Ouest américain. Les extérieurs enneigés où se situe l'action contribuent à augmenter la sauvagerie et la dureté du récit car la violence et le sang y apparaissent encore plus graphique, tout en se démarquant des autres westerns-spaghettis se déroulant majoritairement sous un soleil de plomb ou une pluie diluvienne. À travers ce climat de sadisme brutal, Corbucci en profite pour injecter à l'intrigue une forte dose d'humour noir où l'irrévérence ne fait pas dans la demi-mesure. Audacieuse fût également pour l'époque la présentation à l'écran sans concessions d'une relation amoureuse entre le héros blanc de couleur et une femme de race noire. La mise en scène, en plus d'être techniquement au point, est aussi étourdissante que le reste et ménage ses effets spectaculaires afin de surprendre le spectateur jusqu'à une conclusion imprévisible et inoubliable qui est livrée comme un vrai coup de poing à la figure. Une autre splendide musique composée par Ennio Morricone vient à nouveau contribuer à la réussite de l'ensemble. Jean-Louis Trintignant compose magistralement son personnage de héros muet et mystérieux mais il se fait tout de même damner le pion par Klaus Kinski qui joue à la perfection son rôle de chasseur de primes salopard et archi-crapuleux, annonçant ainsi les protagonistes fous qu'il incarnera pour le réalisateur Werner Herzog. Autant le dire franchement: vous devez absolument voir ce western, maintenant devenu un classique du genre, et illico presto! Mathieu Lemée

GRINGO JOUE SUR LE ROUGE aka GRINGO MISE SUR LE ROUGE aka SEVEN DOLLARS ON THE RED aka SEVEN DOLLARS TO KILL aka SETTE DOLLARI SUL ROSSO - Alberto Cardone, 1966, Italie

Johnny Ashley (Anthony Steffen), dit Gringo, retrouve sa (superbe) femme assassinée. Mais le plus dur est encore que son fils Jerry âgé de deux ans ait été kidnappé! L'auteur du larcin, un bandit mexicain gras du bide (Fernando Sancho) a effectivement décidé de prendre le gamin sous son aile et de l'élever avec sa femme incapable de lui offrir un fils. Gringo va alors dédier sa vie à la recherche de son fils. Des années plus tard, Gringo porte toujours les mêmes fringues, chevauche toujours le même cheval et poursuit toujours le même objectif ; et pendant ce temps là, son fils est devenu le digne héritier de son père adoptif: un cruel bandit à la gâchette aussi rapide que gratuite...

GRINGO JOUE SUR LE ROUGE ne semble avoir été fait que pour son final shakespearien, pour cette fameuse et attendue confrontation du père avec son fils, tant les 75 premières minutes apparaissent confuses et bâclées. Durant ce temps, les différents gunfight ponctuant le récit sont incompréhensibles: on ne sait trop qui tire sur qui, ni pourquoi ; l'ellipse représentant les vingt années séparant l'introduction du film et sa suite est quasiment inexistante - rien ne laisse en effet supposer qu'autant de temps ne ce soit écoulé avant de voir enfin le fils adulte discuter avec son père adoptif. Durant sa période de recherche, Gringo - qui affiche une face de chien battu - se forge une réputation de vigilante peu enviable, et là encore, les maladresses scénaristiques sont légion. Mais quand arrivent enfin les deux dernières scènes du film, celui-ci gagne une ampleur remarquable. Les morceaux de trompettes écrits par Francesco De Massi deviennent soudainement prenants, l'ambiance devient sombre et pesante et même quelques timides mais réussis mouvements de caméra viennent s'ajouter à ce palmarès alors inespéré, jusqu'à la dramatique confrontation finale prenant place sous une pluie diluvienne et se concluant sur une note d'un pessimisme prévisible, mais efficace. GRINGO JOUE SUR LE ROUGE est un film malheureusement inégal, mais qui finalement apportera suffisamment de satisfaction aux amateurs du genre. Kerozene

HIGH LONESOME aka La VALLÉE DU SOLITAIRE - Allan Le May avec John Barrymore Jr, Chill Wills, John Archer, Lois Butler, 1950, États Unis, 77m

Un jeune étranger rôde autour d'un ranch. Coincé, il raconte avoir tué en légitime défense un homme et avoir prit la fuite. Son histoire est cependant fort curieuse, puis qu'il décrit deux personnes qui l'ont prit en chasse et ces deux hommes sont morts depuis des années. Le patriarche de ses hôtes décide de l'héberger, le temps de comprendre ce qui se passe et de résoudre ce mystère.

Ce jeune cowboy, rapidement surnommé Cooncat, est interprété par nul autre que le fils de John Barrymore et sera donc le père de la célébre Drew Barrymore. Il a des allures de jeune rebelle et naturellement la jeune fille du vieux s'amourache du bel homme. Produit par Republic Pictures, le scénario avance à un rythme très rapide. On est pas loin des serials de la célèbre firme et on ne s'ennuie pas une minute, surtout qu'on a décidément envie de comprendre ce qui se passe dans cette histoire insensée. Les acteurs vétérans sont très bons, tout comme les seconds couteaux qui interprètent les méchants. J'ai donc été un peu étonné d'autant dévorer le film, un bel exemple de western américain classique comme on les aimait tant à une certaine époque.

Le dvd d'Artus Films offre en suppléments La grande solitude, par Georges Ramaïoli, un diaporama d'affiches et photos ainsi que les bandes annonces de la collection Western. Offert en version originale anglaise avec sous-titres français en option. Mario Giguère

The HILLS RUN RED aka Un fiume di dollari - Carlo Lizzani alias Lee W. Beaver avec Thomas Hunter, Henry Silva, Dan Duryea, Nicoletta Machiavelli, Gianna Serra, Nando Gazzolo, 1966, Italie, 88m

Vers la fin de la guerre de Sécession, deux sudistes, Jerry Brewster et Ken Seagull, réussissent à dérober une grosse somme d'argent. Poursuivis par les soldats de l'Union, Brewster est arrêté tandis que Seagull réussit à se sauver avec le butin, non sans avoir promis à Brewster qu'il veillerait sur sa femme et son fils. Lorsque Brewster sort de prison cinq ans plus tard, il apprend que Seagull a pillé son ranch, fait tuer sa femme et kidnappé son fils. Un inconnu, Getz, vient alors aider Brewster à échapper à un attentat organisé par les hommes de Seagull. Getz propose alors à Brewster de l'aider à se venger, étant donné que Seagull est bien protégé. Celui-ci se présente à Seagull comme étant l'homme ayant tué Brewster, afin de gagner sa confiance et se faire engager parmi ses hommes de main. Mais Brewster se retrouve par inadvertance enrôlé à son tour par le chef des tueurs de Seagull, Mendez, qui se révèle être un redoutable tireur psychotique. Risquant à tout moment d'être reconnu, Brewster, avec l'aide de Getz, tente de régler définitivement le compte de son ancien complice et de récupérer son fils.

Produit par Dino De Laurentis, ce western-spaghetti ne tranche pas vraiment sur la moyenne des productions habituelles du genre, tellement la recette employée ne possède aucun ingrédient nouveau ou original. La mise en scène de Carlo Lizzani vient cependant compenser largement cette absence de nouveauté, avec une excellente reconstitution d'atmosphère, et un choix de décors en extérieurs bien exploités en accord avec le récit, pour ne pas dire avec le titre. Le film ne comporte pas plus ou moins de scènes d'action ou de pétarades violentes que les autres westerns italiens, mais elles sont ici utilisées à bon escient, surtout lors de la bataille finale assez bien rodée. La musique d'Ennio Morricone est bonne, le rythme est sûr, et les personnages sont assez bien campés, surtout celui du menaçant tueur Mendez, incarné par un Henry Silva au bord de l'hystérie. Seul le rebondissement final, bien que logique, n'apparaît pas très surprenant pour le spectateur averti et déçoit un peu. En somme, un assez bon western transalpin, bien que les avis semblent partagés à son égard si j'en crois certains sites web que j'ai consulté. Mathieu Lemée

L'HOMME DES HAUTES PLAINES aka HIGH PLAINS DRIFTER - Clint Eastwood, 1973, États Unis

Clint le cow-boy débarque sa dégaine de pistolero poussiéreux dans un petit village rongé par la peur et le remord. Après avoir exécuté trois salopards et violé une femme, il s'attire la sympathie des villageois à la recherche de protection contre trois meurtriers sur le point de sortir de prison. Le cavalier sans nom se prête alors à un jeu de manipulation pervers et sournois dans le but de faire payer à ces lâches l'exécution au fouet de leur ancien shérif. Dès lors, notre homme profite de son statut de sauveur providentiel, abuse des femmes, nomme le nain du village au poste de maire et de shérif exécute sans hésitation les réfractaires. En résumé, il sème le trouble au sein d'une communauté coupable qui ne connaîtra jamais le sens du mot rédemption.

Pour sa deuxième réalisation, Eastwood signe - en cinémascope - un western à l'opposé des glorieuses aventures yankees de John Wayne et applique là une approche sans doute issue de son héritage leonien. Son personnage, sorte d'amalgame fantomatique entre l'homme sans nom de la trilogie des dollars de Sergio Leone et le Diable lui-même, véhicule avec lui une aura fascinante de cruauté sans concession. Cynique, arrogant et méprisant, il met en avant l'hypocrisie d'hommes et de femmes se réfugiant honteusement derrière des valeurs morales et chrétiennes auxquelles eux-mêmes ne croient guère. Et jamais il n'est permis de le lui reprocher. Il amène le récit vers une fin brutale, alors que le village a été entièrement repeint de couleur rouge puis judicieusement rebaptisé Hell, lors de laquelle son dernier acte quasi apocalyptique vient confirmer le pendant surréaliste du film. Superbe. Kerozene

L'HOMME, L'ORGUEIL ET LA VENGEANCE aka PRIDE AND VENGEANCE aka MAN: HIS PRIDE AND HIS VENGEANCE aka MAN, PRIDE & VENGEANCE aka L'UOMO, L'ORGOGLIO, LA VENDETTA - Luigi Bazzoni, 1968, Italie / Allemagne

Prosper Mérimée n'est pas franchement le type d'auteur que me fait saliver. Il représente plutôt la frange d'écrivains qui me gonflaient royalement quand je passais mon bac, du genre de ceux que tu espères ne pas croiser lors de l'oral final. Du coup, lorsque j'apprends en visionnant le générique d'ouverture du film ci-présent que celui-ci est " librement inspiré " du Carmen de Mérimée, mon enthousiasme ramasse du plomb dans l'aile. Et la suite ne fait que confirmer cette crainte, car derrière ses apparences de western dans la grande tradition, L'HOMME, L'ORGUEIL ET LA VENGEANCE est se trouve être un " vrai-faux " western. Le vrai, c'est parce que le héros est incarné par Franco Nero, que le film a été vendu comme étant une suite de DJANGO dans certains pays (Allemagne), que le méchant a la gueule de Klaus Kinski et que la deuxième moitié du film se déroule dans un désert plein de cow-boys à cheval qui vont jusqu'à attaquer une diligence. Le faux, c'est parce que le film ne se déroule pas dans l'Ouest Américain mais dans l'Espagne du XIXème et que la première moitié du film se déroule à Séville. Il y a de quoi être dérouté.

L'histoire ? Celle de la jolie Carmen, incarnée par Tina Aumont : gitane tête à claque, femme fatale arrogante, voleuse et manipulatrice de première qui mène par le bout du nez un flic naïf (Franco Nero), gros benêt transit d'amour qui en perdra ses galons puis son job. Tout ça pour apprendre que la salope est mariée à la pire des râclures, à savoir Kinski en personne. On assiste donc à un drame sentimental aux relents d'Ouest sauvage, à un western parfumé par des amours tragiques, il est indéniable que le mélange est original. Mais la mise en scène n'est pas franchement fameuse, l'ennui guette peu à peu à force du cabotinage de Tina Aumont qui ne mérite qu'un bon gros coup de boule et de celui de Franco Nero dans un rôle de pleurnicheur irritant - à tel point qu'on a aussi envie de lui envoyer des coups de boule. Les fans de soap auront sans doute plus de plaisir. Kerozene

Le JAGUAR aka El Llanero - Jess Franco avec José Suárez, Silvia Sorrente, 1963, Espagne 

Sauvé d'un massacre lorsque petit bébé, le Jaguar deviendras le Zorro ou le Robin des bois de sa ville, pillant aux riches pour donner aux pauvre. Ne connaissant des joies de l'amour que l'affection de son premier cheval, il sera pris entre deux femmes, la belle Lolita et la fille de meurtrier de ses parents. L'homme qui l'as élevé aurait bien aimé qu'il l'appelle "maman" juste une fois avant de mourir, peine perdue, la fin dramatique de cette aventure permettra au Jaguar de voir plus clair dans ses émotions...

Vieux film d'aventure classique, Le Jaguar a mal vieilli mais il demeure quelques perles comme on oserait plus en filmer. Ce grand bonhomme naïf dans la quarantaine qui tombe amoureux d'une pucelle, qu'il compare à son cheval jusqu'à ce que celle-ci lui demande: veux-tu que je remplace ton cheval ? D'ailleurs voilà bien le point curieux d'un récit convenu, pourquoi avoir choisi un acteur aussi âgé ? Mais les femmes sont belles, on chante, on s'amuse, le curé est un petit gros sympathique, le jeune colonel méchant, etc. Franco tourne de manière correcte, avec de jolies actrices et un décor agréable, comme la musique enjouée de Daniel White. Une curiosité pour amateurs de Jess. Mario Giguère

JESSE JAMES MEETS FRANKENSTEIN'S DAUGHTER - William Beaudine, 1965, États Unis 

Je veux bien parier que la plupart d'entre nous en avaient entendu parler, mais combien l'avaient vu, hein ? Et quel chef-d'oeuvre, mes amis ! Willam Beaudine, on le surnommait "One Shot" parce qu'il tournait tout en une prise. Sincèrement, si c'était bien le cas, il savait se servir d'une caméra, parce que le résultat n'est carrément pas si mal, bien meilleur que je ne m'y attendais. (D'accord, je me suis tapé tout Ed Wood, la semaine dernière, et Beaudine paraît à des milliers d'années-lumière au-dessus, mais enfin, j'ai intercalé du Welles et du Kubrick entre les deux, donc mon radar ne devrait pas être trop faussé.) Beaudine évite les erreurs de base, il n'y a pas de fautes de continuité ni d'aberrations de mise en scène, les décors sont dignes de n'importe quelle série B et les costumes n'ont pas l'air sortis de la garde-robe des acteurs. En dépit de tout cela, rassurez-vous, c'est quand même du nanar et du beau. De toute façon, avec un titre pareil... Comment résister à un titre pareil, je vous le demande ?

Or donc, Maria Frankenstein qui, contrairement à ce que dit le titre, n'est pas la fille mais la petite-fille du bon docteur, a fui Vienne en compagnie de son frère Rudolph (lequel a lui-même l'âge d'être son grand-père), car "nos expériences y étaient incomprises". Eh oui ! Je parie que vous ne vous y attendiez pas, mais cette chère Maria poursuit les expériences de Frankenstein (dont elle nous apprend à un moment qu'il était comte. Ah bon ? Cela dit, maintenant que j'y pense : Vienne ? Bon, laissons tomber... Elle et Rudolph ont bel et bien un semblant d'accent germanique, c'est sans doute une preuve.) Or donc, nos Frankies se sont réfugiés dans un endroit assez insaisissable, où représentants de la loi et bandits présentent toutes les caractéristiques du Yankee moyen mais où tous les paysans ont eux un type et un accent qui évoque nettement le Mexique. Mettons que ça se passe pas très loin du Rio Grande et oublions ça. Ils se sont installés dans une mission abandonnée, près d'un village de paysans mexicains, donc, qu'ils utilisent pour leurs expériences - lesquelles ratent avec opiniâtreté, causant la mort d'un patient après l'autre, ce qui fait qu'au bout d'un moment, les locaux ont tendance à émigrer. "Leurs" expériences ? Non : celles de Maria, car Rudolph, tout en feignant de l'aider, réprouve la chose et s'arrange pour la saboter en injectant (par pur humanisme) du poison aux cobayes (ce qui nous vaut la vision trop rare de cette merveilleuse fiole, rangée dans l'armoire à produits chimiques, qui porte une tête de mort et la seule mention "Poison". Celle-ci ressemble en outre à une bouteille de San-Pellegrino. D'ailleurs, le poison est rouge. Si ça se trouve, C'EST du San-Pellegrino.) Quand son dernier sujet meurt sur la table d'opération, Maria déclare "Ils sont trop faibles. Ce qu'il nous faudrait, c'est un homme fort, un géant !"

Et là, paf ! cut sur le géant en question, en train de se castagner avec un autre mec pas mal baraqué, histoire de gagner un pari. Ledit géant se nomme (dans le film) Hank, et il fait partie de la bande à Jesse James. Je devrais plutôt dire qu'il EST la bande à Jesse James, pas mal décimée puisque Hank et Jesse sont seuls. Après avoir encaissé les sous du manager de l'autre hercule, ils s'associent aux trois derniers survivants de la horde sauvage (je vous jure que je n'invente pas), afin d'attaquer une diligence transportant le stock d'une banque, pour un montant de cent mille dollars. Hélas, il y a un traître dans leurs rangs : Ronnie, furieux de devoir partager, va vendre tout le monde au marshal du coin, afin d'empocher la récompense dix mille dollars pour la capture de Jesse James. Ce qui nous prouve qu'il ne sait pas compter, parce que s'il avait accepté de partager, il en gagnait vingt mille. Mais une nouvelle fois, passons. L'attaque de la diligence se déroule comme on peut le prévoir : les gars de la horde sauvage se font descendre (sauf Ronnie) et Jesse réussit à s'échapper en compagnie de Hank, gravement blessé. Dans leur fuite, nos héros (car Jesse James est présenté comme le bandit bien aimé de la légende, qui vole aux riches pour donner aux pauvres) tombent sur la dernière famille d'émigrants du village des Frankies, famille dont la fille, Juanita, prenant en pitié le géant blessé ("Il nettoyait son revolver", affirme Jesse sans rire) accepte de les accompagner chez un médecin discret (devinez lequel). En chemin, Jesse la sauve des assauts d'un unique Indien qui passait par-là, ce qui fait qu'elle lui tombe dans les bras. Et hop ! Tout le monde se retrouve chez les Frankenstein. Maria, ravie de voir arriver un si beau spécimen d'humanité pour ses expériences, soigne bien volontiers Hank et, après une vaine tentative pour séduire notre bandit préféré, l'envoie chercher des médicaments en ville, en lui donnant une ordonnance sous enveloppe scellée. Évidemment, cette courge de Jesse ne pense pas à ouvrir le pli, et ce que lit le brave pharmacien qu'il réveille de bon matin, c'est "Le porteur de cette lettre est le bandit Jesse James, prévenez le marshal." Heureusement, le marshal est absent. Mais Ronnie, lui, est là. Il sangle son colt sur sa hanche et se précipite à l'échoppe où Jesse attend comme un cave le retour de l'apothicaire. Pan, pan ! Ronnie est mort. Jesse lit enfin la fausse ordonnance, comprend qu'il y a anguille sous roche et galope vers la vieille mission. Sur la route, il croise Juanita qui, horrifiée, le supplie de ne pas retourner là-bas car "Hank n'est plus le même. Ah, si tu voyais ce qu'ils lui ont fait. Je ne veux pas qu'ils te fassent la même chose. Si tu vas là-bas, moi, je vais chercher le marshal, na !" Et moi, je vais à la ligne, parce que ça commence à faire dense, comme paragraphe.

Reprenons. Pendant l'absence de Jesse, la vilaine Maria a remplacé le cerveau de Hank par "le dernier cerveau artificiel préparé par mon grand-père". Ledit cerveau flotte au milieu d'un liquide suspect au sein d'un grand pot de verre. Jusque là, rien que de très normal. Là où ça devient rigolo, c'est quand Maria "l'active" : elle jette dessus ce qui ressemble comme deux gouttes d'eau à une pincée de gros sel (si j'ose dire), et d'un seul coup, le cerveau se met à palpiter en faisant "ba-boum, ba-boum". Le scénariste aurait confondu coeur et cerveau que je n'en serais pas plus étonné que ça. Mais faut lui pardonner : après tout, ce sont deux organes vitaux, et quand on est stressé parce qu'on doit écrire un scénario de long métrage en trois heures, on est bien excusable d'une telle minuscule erreur... Bref ! Une fois le cerveau greffé, Maria revêt Hank d'une espèce de casque de pompier peint de très jolies bandes aux couleurs de l'Éthiopie (pour lui mettre la rasta au court-bouillon, vous croyez ?) et surmonté d'élégantes antennes qui s'illuminent en faisant bzzzz. Elle en revêt un quasiment semblable et commence à laver le cerveau du cobaye : "Désormais, tu t'appelles Igor (fieille dradizion vamiliale, fous zafoir, ach !), et tu devras m'obéir". Voyant que ce sujet d'expérience-là ne donne pas de signe de faiblesse, Rudolph s'apprête à lui inoculer du San-Pellegrino, mais cette fois, sa soeurette s'en aperçoit et notre Igor nouveau né se charge d'étrangler le traître.

Là-dessus, Jesse arrive et, alors qu'il menace la belle Maria (car elle n'est pas mal, en effet), il est assommé par son ex-ami, nouvelle créature de Frankenstein, et se retrouve à son tour sur la table d'opération. Avant que la mâtine n'ait eu le temps de lui faire Dieu sait quoi (car elle n'a plus de cerveaux en réserve), débarquent à leur tour Juanita et le marshall. Le second se fait promptement mettre K.O. par Igor; auquel Maria commande ensuite de tuer Juanita. Et là, coup de théâtre ! Un reste de la personnalité d'Hank surgit, se rappelle que la jeune Mexicaine a été bonne avec lui quand il était blessé, et c'est au contraire la méchante qui se fait étrangler. Hélas, l'éclair de lucidité ne dure pas : Igor se tourne ensuite vers Jesse qui ne peut se résoudre à abattre son vieil ami (oui, il a été détaché entre temps par Juanita, mais si vous n'arrêtez pas de m'interrompre, on n'en finira jamais) et est sur le point de succomber quand la belle, la mort dans l'âme et les larmes aux yeux, tire à deux reprises sur le pauvre monstre. Et ça se termine sur une vue du marshall emmenant Jesse en prison (on se doute qu'il s'évadera, quand même, c'est le héros), alors que Juanita les regarde partir après avoir promis d'attendre son beau bandit bien aimé. (Enfin, quand je dis beau, là, c'est une figure de style).

Certes, tout ce qui précède est parfaitement ridicule, mais c'en est justement l'intérêt. Déjà, rien que l'idée de mélanger le western et le fantastique gothique a de quoi réjouir. Et le pire, c'est que la mayonnaise ne prend pas trop mal : l'intérieur de la vieille mission ressemble très fort à un château hammerien (hélas, la photographie du film, elle, n'évoque la Hammer que d'assez loin, d'autant que le transfert sur DVD n'est pas un chef-d'oeuvre) et le laboratoire de Maria n'a rien à envier à celui des Frankenstein qui se succédèrent au fil de l'histoire dans d'innombrables nanars. Le scénario, aussi débile qu'il soit, se déroule bien, et on se surprend parfois presque à regarder la chose au premier degré. En tout cas, on ne s'ennuie pas un instant, et c'est déjà une énorme qualité. Qu'est-ce qui empêche donc ce film d'être une honnête série B ? Deux choses. D'abord l'humour involontaire de certains détails, comme le cerveau précité, et d'un bon paquet de dialogues. Ensuite, le talent très très relatif des acteurs. Il y en a de totalement inexpressifs (Hank, Jesse James, le marshall) et d'autres qui en font des kilotonnes (les deux dames, notamment, mais aussi Ronnie). Pour être juste, signalons qu'il y a aussi un peu d'humour volontaire et qu'il ne passe pas trop mal. Je ne résiste pas au plaisir de vous citer cet échange impérissable :

JUANITA : Oh, Jesse, dis-moi que tu veux que je vienne avec toi quand tu partiras ! 

JESSE : Non, ma chérie, c'est impossible, je suis un hors-la-loi, je finirai au bout d'une corde. 

JUANITA : Oh, si, si, Jesse, dis-moi que tu veux que je vienne ! Tu veux, hein, dis, tu veux ? DIS-MOI QUE TU VEUX !

JESSE : (soupir attendri) Eh bien, oui, ma chérie, je le veux. 

JUANITA : Bon, évidemment, je ne pourrai pas venir, parce que ma place est ici, mais c'était important pour moi que tu me le dises.

JESSE : (atterré) Ah, ça, c'est bien les femmes, tiens ! 

Bref, j'ai vraiment beaucoup aimé ce film qui n'a absolument pas volé sa réputation et dont les auteurs n'ont pas à rougir, malgré les éclats de rire bon enfant qu'il suscite parfois. Du coup, j'ai très envie de voir "Billy the Kid vs Dracula" du même Beaudine, mais il ne semble pas encore disponible.

Aux amateurs, je signale que celui de "Jesse James..." s'orne d'un commentaire audio de Joe Bob Briggs que je n'ai pas encore écouté mais qui doit valoir son pesant de cacahuètes, si vous voyez ce que je veux dire et je crois que oui...  Michel Pagel

1 | 2 | 3 | 4

Google
 
Web www.clubdesmonstres.com

SERGIO LEONE

100 FILMS | INTRODUCTION | ART | ARCHIVES | BESTIAIREBLOG | NOS CHOIX | COURRIER | DICTIONNAIRE VISUEL | EDWIGE FENECH | FIGURINES | FORUM | GAZETTE | LECTURES | LIENS | LUTTE | MP3 - WAV | REPORTAGES | RESSOURCES | PHOTOS | VISIONNEMENTS | VENTE