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mise à jour le 9 février 2012

L'ILE MAUDITE - Rémy Burkel, 2003, France, 1h30, Téléfilm

Sandra rejoint son petit ami, Bruno, sur un îlot au large d'Athènes. Ils doivent y établir avec une bande d'amis de longue date un club de vacances. Bientôt les jeunes gens deviennent la proie d'un tueur sanguinaire...

Tourné dans un joli décor méditerranéen noyé de soleil, ce slasher bien rythmé et riche en rebondissements remplit sa mission, celle de nous divertir les soirs de peu d'exigence, au prix d'un ressort scénaristique un peu lourdingue et usé - une famille entière a été massacrée voici 25 ans sur l'île, et l'auteur de la tuerie, le maléfique Kantos, serait revenu reprendre possession des lieux (mouais...). Là où il séduit davantage, en plus d'avoir la bonne idée de nous montrer la mignonne (et bonne actrice aussi) Julie Debazac en bikini, c'est par la multiplication des plans-hommage aux chefs-d'oeuvres made in Italy du genre. Le réalisateur trahit son amour de LA BAIE SANGLANTE (la jeune fille en tenue légère qui court comme une dératée sur un interminable ponton de bois) et de L'ILE DE L'ÉPOUVANTE (les cadavres entreposés dans la chambre froide) de Mario Bava, ou encore d'ANTHROPOPHAGOUS de Joe d'Amato. Au final, on a l'impression de voir un scénario de Kevin Willliamson tourné dans des décors choisis par Mario Bava. Etrange et sympathique impression... Stelvio

IL ETAIT UNE FOIS LE DIABLE aka DEVIL STORY - Bernard Launois, 1985, France

Il y a des films qui ont la particularité de nuire de manière radicale à vos neurones, le genre qui vous grille la cervelle à chaque plan, qui vous déconnecte les terminaisons nerveuses à chaque ligne de dialogue. Et IL ETAIT UNE FOIS LE DIABLE est certainement le plus offensif de ces films! Tourné sur un bord de mer français avec des acteurs pour la plupart catastrophiques, on y découvre les mésaventures d'un couple propriétaire d'une voiture immatriculée en Floride, perdu au milieu de nul part. Après une sorte de bad trip entrecoupé de plans de chat noir, le couple trouve refuge dans un gigantesque château tenu par un bon vieux français du terroir qui leur racontera l'histoire étonnante d'un bateau qui, il y a quelques siècles de cela, disparu près de la côte après avoir fait escale en Égypte. L'orage gronde, un cheval noir surgit de nul part, un homme au visage monstrueux portant un uniforme SS dessoude du touriste, le bateau de la légende surgit soudainement d'une falaise et libère une momie au dynamisme très inspiré des statues du musée Grévin, le tout sur du Jean Sébastien Bach...

On peut le dire sans honte, ce film est un sacré bordel de série Z! Launois n'a sans doute pas pris son film très au sérieux, il n'empêche qu'il aligne les faux raccords comme un chef (voir cette scène totalement surréaliste, étalée sur la moitié du métrage, lors de laquelle le vieux châtelain tente comme il peut - c'est à dire mal - d'abattre le cheval au fusil à pompe en tirant n'importe ou) et les scènes de dialogues crétins tel une vache espagnole (...). Mais si l'ensemble est vaguement compréhensible et profondément débile, il n'empêche qu'il fait sincèrement rigoler pour qui est capable d'endurer la chose. De plus, les plus téméraires se verront récompensés par quelques scènes gores comme celle du nazillon difforme vomissant son sang durant un plan fixe de 2 minutes, ou celle où le même personnage reçoit un coup de sabot de la part du cheval en plein front, ce qui a pour effet de lui ouvrir méchamment la tête. Incroyablement invraisemblable! Kerozene

I LOVE SNUFF - Jean-Louis Costes, 1996

Une meuf engueule son dégénéré de mec qui n'est pas capable de rapporter du fric au bercail. Alors, elle le pousse à se travestir et faire la pute. Il se fait violer, battre et faucher son fric. Le couple décide alors de kidnapper la femme du voisin. Celui-ci souffre de troubles sexuels et n'est pas capable de bander.

Pour faire cracher du fric au voisin, le couple tourne des scènes de la fille se faire fouetter. L'effet provoquer n'est pas vraiment celui attendu: le voisin choppe la trique et s'arrange pour recevoir d'autres cassettes. Pendant ce temps, le couple s'adonne à des pratiques sexuels extrêmes: on se pisse dans la gueule, le gars se fait sodomiser par la femme affublée d'un godemichet, etc... Le couple tourne donc d'autres vidéos qui mèneront jusqu'à la mort de la victime, exécutée à coups de fourchettes. Le mari arrivera finalement à terminer sa branlette face à ses images...

Costes est un des chefs de film de l'underground français. Provocateur né, Costes est un adepte de la scatologie et de l'humour grave, cinéaste (mouais), musicien, écrivain, c'est un peu le Nick Zedd de chez nous, mais moins talentueux.

Le film est mal filmé, l'image est dégueulasse, les acteurs pitoyables, mais ça reste une sacrée curiosité. Pour les curieux qui n'ont pas peur de voir un gros plan sur un trou du cul qui chie uniquement. Kerozene

ILS - D. Moreau et X. Palud avec Olivia Bonamy, Michael Cohen, 2006, France, 77m

Ben j'aurais aimé vous dire que le cinéma français tient enfin son film d'angoisse pure et dure, mais non... Bien que je me refuse tout de même à cracher dans la soupe.. Depuis "HAUTE TENSION" de Aja, le cinoche français progresse... il n'y a pas de doute.

La structure du film s'avère ici fort simple. Lucas et Clément, un couple de français expatrié en Roumanie, va vivre une nuit de terreur. C'est vers 3h45 que le cauchemar va commencer, leur lugubre demeure isolée semblant faire l'objet d'un assaut en règle par d'étranges individus très agressifs...

Le plus ? Une unité de lieu qui fonctionne à merveille, un suspense dispensé sur 60m orchestré avant tout grâce à l'habileté d'une réalisation propice à doser la tension en jouant beaucoup (trop?) avec l'obscurité. Les silences, les bruits insolites, les grincements de porte vont ainsi peu à peu atteindre leur objectif primaire... faire peur. Malgré un budget que l'on devine limité, l'effet très "Blair Witchien" est peut-on dire réussi.

Les moins ? La minceur du propos à n'en pas douter (on voit carrément à travers!), les quelques effets sonores que l'on jugera faciles, et des réactions qu'ont nos deux infortunés... pas toujours très rationnelles.

Bref, on sort mitigé de la projection, avec surtout l'impression d'avoir assister avant tout à une partie de chat et de la souris filmée sans plus ni moins. On aurait certes aimé un peu plus de psychologie dans tout cela, car l'angoisse en a certes aussi besoin pour exploser... A charge de revanche sans doute, car il y a du talent chez ces deux réalisateurs ! Marc Evil

La nouvelle sensation suspense/horreur de France est arrivée et je dois dire ne pas avoir été déçu.

Clémentine et Lucas vivent tranquilles leur vie d'amoureux dans une grande maison dans les bois, jusqu'au moment où d'étrange bruit se font entendre. Ils décident d'aller investiguer, et dès ce moment de mystérieux personnage commence à les tourmenter. L'histoire est apparemment basée sur de faits vécus.

Le montage des scènes du film est quelque peu classique, mais je me dis que tant que le film est plaisant, ça passe. Ça commence avec une maman et sa fille qui disparaisse, puis l'introduction des personnages principaux, puis l'action principale. Il ne se passe pas vraiment grand chose pendant les 20-25 première minute, mais dès que ça commence, on est assis sur le bout de notre siège. Il n'y a pas de faux suspense où le volume de la musique augmente, pour voir apparaître le copain de la fille, ou vice-versa. Les acteurs sont très bien dans leurs jeux. Je dois avouer avoir eu du plaisir à entendre la trame sonore, efficace et effacer, se fondant bien avec l'action du film. L'ambiance sonore est aussi excellente mettant l'emphase aux bonnes places.

Je vous laisse découvrir la fin, pas vraiment une fin surprise, mais intéressante tout de même. Hermit

Une voiture, une mère et sa fille qui se disputent en espagnol, un accident et la mère qui disparait mystérieusement. Lucas et Clémentine habitent une maison isolée ou la professeure rejoint son mari écrivain. Lorsque le chien aboie et que plus tard de la musique semble provenir de l'extérieur, Clémentine réveille Lucas et leur cauchemar commence...

Je regrette souvent de m'embarquer dans de tels films dont je ne connait pas trop les intentions. Comme le film est très bien fait, superbe travail de photographie et piste sonore très efficace, la tension monte et on se demande qui sont "ils". La réponse, dévoilée tardivement renvoie à un classique du cinéma ibérique, mais surtout à une réalité (le film est soit-disant basé sur des faits vécus, ah le parfum de l'authenticité) qui tiens de l'irrationnel. Une chute inattendue et rare de nos jours. Bref, faut pas en dire plus, sauf que le film est à voir, assurément. Et deux réalisateurs à surveiller de près. Mario Giguère

IMMORTEL (AD VITAM) - Enki Bilal, France/Italie/Angleterre, 2004

Pour son troisième film, Enki Bilal adapte librement sa bande dessinée culte "La Trilogie Nikopol". Nul besoin de connaître le matériel d'origine pour suivre le film qui s'avère malgré tout, ma foi, quelque peu confus. Linda Hardy, ex-miss France, incarne Jill Hardy, une mystérieuse jeune femme aux cheveux bleus dans un New York futuriste au-dessus de laquelle plane une étrange pyramide habitée par les dieux égyptiens à l'origine du monde. Parmi ces dieux se trouve Horus, dont les jours sont comptés. Afin de continuer à exister, Horus doit féconder une jeune femme exceptionnelle, un genre de femme extrêmement rare dans l'univers, et Jill est l'une d'elle. Afin de l'approcher, Horus doit intégrer le corps d'un homme aux conditions physiques acceptables, hors de question pour lui de se véhiculer par l'intermédiaire d'un corps génétiquement modifié, chose extrêmement répandue. Il trouve alors en la personne de Nikopol, un prisonnier révolutionnaire, le réceptacle idéal.

Enki Bilal a une façon bien à lui d'aborder le cinéma. Il parvient à retranscrire fidèlement l'univers glacial de ses bandes dessinées et c'est en même temps ce qui peut déranger certains spectateurs. En ce qui me concerne, le film est d'une grande beauté et présente un univers fascinant, sans doute un des plus beaux décors de synthèse vu jusqu'à aujourd'hui. On s'étonnera par contre du curieux choix de mélanger des personnages de chair et d'os avec des personnages en images de synthèse. Aucune logique ni aucun indice ne permet de se comprendre la raison de cette décision, car personnages principaux ou figurants sont présentés des deux façons différentes. De même que les dayaks, créatures féroces, sorte de croisement improbable entre le Darkness de LEGEND et un requin marteau, sont présentés tantôt en images de synthèse, tantôt en créature animatronique. Autre point noir, la présence de l'Intersection, autrement dit Central Park transformé en no man's land mortel. La présence de l'Intersection reste une énigme encore après le générique de fin malgré son évidente importance. Dommage donc en ce qui concerne ces deux anomalies, mais le film reste à voir pour sa beauté esthétique et sa curieuse romance surréaliste, l'interprétation étonnante de Linda Hardy et la présence d'une Charlotte Rampling aux cheveux sculptés.  Kerozene

Site officiel : immortel-lefilm.com

L'IMMORTELLE - Alain Robbe-Grillet, 1963, France/Italie/Turquie

This Turkish, French, Italian coproduction, shot on location in Istanbul, was novelist and screenwriter Alain Robbe-Grillet's first film as a director. Dreamlike, erotic and experimental, it's a puzzling, nonlinear cycle of related images, scenes, locations with an unreliable "narrator" who may already be dead. It may have served as a template for such later Jess Franco items as NECROMOMICON (1967) and VENUS IN FURS (1969).

Robbe-Grillet wrote the art house classic L'ANNEE DERNIERE A MARIENBAD (1961) and this film shares the same set up and structure: a beautiful, enigmatic woman living in Istanbul meets a man who tries to seduce her away from another man who seems to control her. L (Francoise Brion) leads the obsessed French University lecturer, N (Jacques Doniol Valcroze) on a mysterious journey into the labyrinth of modern Istanbul. It will end in death for both of them. There are two fatal car accidents, a man with two formidable dogs who seems to shadow the couple, an ambience which mixes Euro-spy cliches and a minimalist narrative. Robbe-Grillet reduces the characters to automatons frozen on a Surrealist canvas, designated by letters instead of names, who only move to play out a a deadly game which seems to be as old as the crumbing walls of Byzantium with which the film opens and closes.

There is no "acting" or "direction" in the conventional sense, at times it's like watching a series of curious, exotic postcards shuffled and reshuffled by an invisible hand. It means whatever you want it to mean. L'IMMORTELLE evokes Sade, Roussel, Hitchcock and Bataille, with its voyeuristic narrative and structural approach to mythologies. The local folk music and songs which fill the soundtrack are sublime.

Delirious art-house Fantastique. Robert Monell

Cette co-production turque, française et italienne, filmée à Istanbul, est le premier film du romancier et scénariste Alain Robbe-Grillet. Éthéré, érotique et expérimental, c'est un cycle non-linéaire d'images, scènes et décors avec un narrateur non fiable qui est peut-être déjà mort. Le film a pu servir d'inspiration pour des films de Jess Franco réalisés plus tard, tels NECRONOMICON (1967) et VENUS IN FURS (1969).

Robbe-Grillet a écrit le classique du cinéma de répertoire L'ANNÉE DERNIÈRE À MARIENBAD (1961) et ce film en partage la même structure : une femme belle et énigmatique vivant à Istanbul rencontre un homme qui essaie de la séduire et la séparer d'un autre homme qui semble la contrôler. L ( Françoise Brion ) conduit le lecteur universitaire obsédé, N (Jacques Doniol Valcroze) dans un périple mystérieux dans un Istanbul moderne et labyrinthique. La mort est au rendez-vous pour les deux personnages. Il y a deux accidents de voiture fatals, un homme avec deux formidables chiens qui semblent avoir un lien avec le couple, une ambiance qui mélange les clichées de films d'espionnage européens et une narration minimaliste. Robbe-Grillet réduit les personnages en automates figés sur un canevas surréaliste, désignés par des lettres au lien de noms, qui n'agissent que pour jouer un jeu mortel qui semble aussi vieux que les murs croulant de Bysance qui débutent et terminent le film.

Il n'y a pas de jeu d'acteur ou de direction au sens conventionnel, par moment c'est comme observer une série de cartes postales curieuses, brassées et re-brassées par une main invisible. Ca signifie ce que vous voulez bien que ça signifie. L'IMMORTELLE évoque Sade, Roussel, Hitchcock et Bataille avec sa narration voyeuristique et son approche structurelle des mythologies. La musique folklorique et les chansons du pays qui composent la trame sonore sont sublimes. Du cinéma de répertoire fantastique et délirant. Robert Monell

  L'IMPORTANT C'EST D'AIMER - Andrzej Zulawski avec Romy Schneider, Fabio Testi, Jacques Dutronc et Klaus Kinski, France/Italie/Allemagne de l'Ouest, 1975

Nadine (Romy Schneider) est une actrice de films softcore et elle est éprise de 2 hommes, son mari Jacques (Jacques Dutronc) qui est un fan de films de série B et de Servais (Fabio Testi) qui est un photographe qui fait des clichés fortement pervers, de sujets scandaleux ou encore qui agit comme paparazzi. Servais, amoureux de Nadine, fait un emprunt à un parrain local afin de financer la production de la pièce Richard III afin que Nadine aille la chance de jouer un autre type de rôle. Dans la production, il y a l'acteur homosexuel Karl-Heinz Zimmer (Klaus Kinski).

Il s'agit d'un film sur la solitude des couples et des artistes et qui présente un triangle amoureux. Romy Schneider illumine le film. Pour elle, il s'agit de son rôle préférée et comment. Zulawski offre une mise en scène moins en mouvement que les futurs POSSESSION ou LA FEMME PUBLIQUE, mais comporte quand même de splendides moments et des scènes d'anthologie d'acteurs. Klaus Kinski donne une superbe prestation et il y est même nu et Fabio Testi est excellent dans un rôle plus sobre. Tandis que Jacques Dutronc est parfaitement torturé. Pour les fans du cinéma de genre, ils auront beaucoup de détails et d'hommages à se mettre sous la dent. Ce film est une oeuvre magnifique, très puissante et peut n'être pas apprécié à sa juste valeur. Black Knight

L'INDIC - Serge Leroy, 1983, France, 1h30 

Au début des années '80, une fulgurance de drames policiers a déferlé sur le paysage cinématographique français, chacun s'y mettant, créant une explosion engorgeant le marché. Les polars connaissaient une popularité sans bornes et se trouvaient complètement à l'opposée de l'autre pôle du cinéma français, la "comédie grasse". Rappel historique dont la plupart d'entre vous pourraient sans doute se passer, mais bon, c'est exactement dans ce courant que se situe L'INDIC.

Un truand sous observation (Thierry Lhermitte) tombe amoureux d'une jeune femme (Pascale Rocard) à l'enterrement d'un ami éloigné. La fille est là pour son père, qui la laisse seule au monde. Il lui propose de la raccompagner et c'est le début d'une historiette comme on en voit tant. L'inspecteur de police chargé de l'affaire (Daniel Auteuil) tombe lui aussi, par procuration, sous le charme de la belle. Alors que la traque se resserre autour de Malaggione, un chien fou qui flingue tout ce qui bouge et avec qui Lhermitte fait des coups, Auteuil tentera de se rapprocher de la jeune femme autant pour coffrer les méchants que pour s'introduire sous ses jupes.

C'est loin d'être superbement réalisé, et pour être franc on a déjà vu ce film plusieurs fois ! Malgré un casting d'importance - bien entendu, les stars y figurant n'étaient pas à l'époque aussi populaires que maintenant - on a l'impression de ne jamais "accrocher", et la romance "tendre" qui se noue entre Auteuil et Rocard ne parvient pas à nous captiver. Les personnages ne sont pas vraiment attachants et à part la Porsche que conduit Lhermitte, je n'ai pas trouvé grand chose à me mettre sous la dent.

Il s'agit donc bien entendu d'une oeuvre mineure, photographiée principalement de nuit, ce qui fait qu'on n'y distingue pas grand chose la plupart du temps, et les scènes de jour nous permettent de nous rendre compte que les cadrages ne sont pas vraiment dignes de ce nom.

Bernard-Pierre Donnadieu compose un gangster agaçant, qui oblige ses victimes à prier, et dont la diction ne cadre pas vraiment avec le milieu d'où il est censé émerger. Il apparaissait à la même époque ('84) dans RUE BARBARE, un autre polar français typiquement ancré dans la mode d'antan. Daniel Auteuil est ici interchangeable, sans relief, et apparaissait l'année suivante dans L'ARBALÈTE, un autre polar à numéros. Lhermitte, quant à lui, joue le beau grand ténébreux avec un certain succès, fort de sa révélation dans LE PÈRE NOËL EST UNE ORDURE ('82) l'année précédente; il allait lui aussi, en '84, apparaître dans un "polar", mais un réussi cette fois, avec une touche d'humour fort apprécié : LES RIPOUX. Une aventure policière pourrie qui se poursuit jusqu'à aujourd'hui...

Rien à dire sur Rocard, qui personnifie bien les ingénues, mais qui aurait visiblement pu être interprétée par n'importe quelle jeune fille ayant de la chair dans le chandail et un joli minois. Un peu comme la façon dont je me suis senti après ce visionnement : ça aurait pu être carrément n'importe quel film et je crois que ça n'aurait pas changé grand chose ! Orloff

L'INSOLENT aka The Killer aka Deadly Sting - Jean-Claude Roy, 1972, 1h30

Henry Silva est l'Insolent; un type sérieux qui s'échappe de la Santé assez audacieusement, un soir. Il règle quelques comptes, retrouve des vieux copains et leur propose une affaire. Il leur suffit d'investir dans l'attaque d'un fourgon à fric dans la campagne française, et lui se charge des détails techniques. Malheureusement pour plusieurs gueules, les deux partis s'arnaquent l'un l'autre et c'est le début d'un véritable petit bain de sang. Il s'agit ici, mystérieusement, d'un thriller français mettant en vedette  Henry Silva et faisant preuve de maintes maladresses qui ne sont pas toujours touchantes. Si les prémisses de départ sont intéressantes, ça dégénère pourtant au bout de vingt minutes pour s'enliser dans une routine sans queue ni tête tout à fait improbable. Silva est à la hauteur, mais l'inconstance de son personnage et ses étranges lubies, doublées de sa logique discutable, font de cette performance une véritable curiosité. Les gangsters ont l'air incertains, les flics sont méchants pour rien, et le tout manque véritablement de crédibilité. Reste une musique d'ambiance assez psychédélique, malgré la chanson complètement sirupeuse du générique final... Générique final qui arrive plutôt soudainement, après une fin inattendue, comme si le réalisateur avait décidé qu'il en avait assez de trimer sur son hasardeux scénario... Orloff

IRREVERSIBLE - Gaspar Noé, avec Monica Bellucci, Vincent Cassel, Philippe Nahon et Albert Dupontel, 2002, France, 97m

Comme il est rare qu'un film de Gaspar Noé aboutit sur les écrans de Montréal, j'ai fait mon devoir en allant le voir hier. Et ONCLE FREAK a raison. C'est très bon! J'ai particulièrement aimé le générique d'ouverture qui est composé en quelque sorte du générique final, puisque le film s'y déroule à l'envers.

Ce générique vaut à lui seul le prix de l'admission, c'est dire combien c'est bon!

J'avoue qu'au début (ou à la fin si vous préféré), la caméra à l'épaule de Noé m'agaçait fortement, il voulait sans doute y mettre un rythme frénétique compte tenu de la tension qui s'y déroule, mais trop c'est trop. C'était rendu tout à agaçant! Suis-je le seul à penser comme ça ?

Ceci étant dit, oui la scène du viol (en plan fixe) est dérangent et très longue (9 minutes), mais elle est beaucoup moins brutale quand même que celle de Anne Claire Poirier dans MOURIR À TUE TÊTE ! Dans ce dernier film, nous avons le point de vue de la victime et le message contre la violence envers les femmes passait vraiment bien.

Comme c'est souvent le cas des films où la forme est exploitée au maximum, le fond du film est assez simpliste. C'est l'histoire d'une vengeance où 2 amis (VINCENT CASSEL et ALBERT DUPONTEL) courent au bar LE RECTUM pour donner une sévère raclée à coups d'extincteur au responsable du viol d'alex (MONICA BELLUCCI). J'imagine que le message du film est de démontrer combien l'homme peut devenir violent suite à un drame. En tout cas, on comprend le message lorsque l'on voit la victime (le coupable du viol) se retrouver avec une face en bouillie !

Le plaisir du film se retrouve dans la forme, le film y est composé de 9 plans séquences et malgré que les effets "plans coups de balles" que Noé utilisaient dans CARNE et dans SEUL CONTRE TOUS sont ici absents. On reconnaît quand même son magnifique travail à bande sonore. Bref, le film de Noé est incontestablement un film à voir absolument en salle et ce malgré le commentaire insignifiant du piètre RENE HOMIER ROY qui avait dit que le film était simplement "un piège à con".

Puis oui, les amateurs de CARNE et SEUL CONTRE TOUS, auront droit à une très belle surprise au début du film. Bref, sortez donc de votre lazzy-boy et aller au moins encourager le cinéma courageux de GASPAR NOÉ, il le mérite ! Black Knight

IRREVERSIBLE est à ce jour mon choc cinématographique le plus fort. Découvert à Noel (oui le père Noel est subversif de par chez moi.), je ne m'en suis jamais remis. Ce film m'a donné envie de faire du cinéma et c'est sans doute le seul film que je ne me lasse pas de revoir... Une de mes œuvres favorites en somme! Et le fait que le film m'ait autant retourné m'a surpris à un moment donné. Comme beaucoup de gens, je m'étais orienté vers ce film (et de manière générale vers la carrière de Gaspar Noé) pour la violence extrême qui à fait sa réputation. Je m'attendais à un film violent. J'en ai eu pour mon argent. Mais je ne m'attendais pas à trouver un film aussi perturbant, aussi glauque, mais en même temps aussi beau... Totale surprise, IRREVERSIBLE, qui était à la base l'objet d'une fascination morbide est devenu pour moi une obsession, je n'ai cessé de voir et de revoir le film pendant 2 mois pour en décortiquer tous les aspects et aujourd'hui je pense pouvoir dire avoir compris cette oeuvre qui cache plus de sens qu'elle ne semble en déceler, en déplaise à tous les abrutis qui n'ont visiblement pas maté le film en entier puisqu'ils résument cette œuvre gigantesque à un viol dur mais loin d'être le pire de tous (voir le viol de Chiens de paille...), voire pire, qui qualifient IRREVERSIBLE d'oeuvre fachiste la ou c'est en réalité l'oeuvre la plus humaniste mais aussi la plus métaphysique vue sur un écran depuis longtemps... Car contre toute attente, IRREVERSIBLE est un film au potentiel philosophique assez fort, qui traite du temps et de la vie mais aussi et surtout de la condition de l'homme... Voire même sur l'évolution de ce dernier, car monter le film complètement à l'envers (la première scène est le générique de fin) n'est pour moi pas qu'un choix de mise en scène : c'est un choix qui change tout le propos du film, ceux qui jugent ceci comme un simple artifice inutile (mais qui ne disent pas ça quand Nolan fait la même chose sur Memento ou quand Tarantino fout la fin de son Pulp Fiction au milieu, mais comme violer une femme au cinéma c'est scandaleux c'est pas bien et bien tout d'un coup IRREVERSIBLE devient totalement inutile.) ne me semblent pas avoir compris le film : non seulement, ce choix rend les scènes du début beaucoup plus fortes. On est largués dans une histoire à laquelle on ne comprend RIEN, dès le début on se retrouve dans cette boite homosexuelle glauque, la musique de Bangalter est absolument insupportable et la violence n'en devient que plus percutante de par l'absence totale d'explication, est-elle gratuite pour autant? Non, dans la mesure où tout est expliqué avec le temps, mais ce choix change également le film en lui-même : au lieu d'aller crescendo dans la violence, c'est le contraire qui se produit (Gaspar Noé à inventé le "Revenge and Rape"  ) ). On commence le film dans la merde totale, les hommes sont de véritables animaux, de véritables gorilles (Et la je vais dire un truc qui plaira pas à tout le monde mais IRREVERSIBLE dans sa structure évoque pas mal de fois 2001 : L'odyssée de l'espace ), on finit sur un Vincent Cassel aimant et adorable alors qu'une heure et demi plus tôt il collait des baffes à tous les homosexuels d'un club si poétiquement nommé "Le rectum"... Mais ce choix de monter le film à l'envers n'est-il pas la aussi pour cacher le pessimisme qui se cache derrière IRREVERSIBLE? Comme l'indique la première et dernière réplique, LE TEMPS DETRUIT TOUT, une façon de rappeler en quelque sorte que si le film est monté à l'envers, c'est la vie de plusieurs personnes qui sont parties en poussière ici...

Et puis est-ce un hasard si IRREVERSIBLE tourne autour du sexe? Non, car c'est une oeuvre sur l'homme et ses aspects sauvages, et qu'y a t-il de plus représentatif de ces aspects de l'homme que le besoin de baiser? Voila qui enlève selon moi toute gratuité à l'oeuvre de Noé, les questions "Pourquoi un viol, et pas un meurtre?" (Oui en France le meurtre au cinéma, c'est mieux que le viol, c'est honteux...), "Pourquoi une boite homo?" trouvent leurs réponses, Noé présente les hommes comme de véritables animaux, capables du pire, de véritables êtres sauvages, mais par son montage, il fait évoluer ces hommes, évolution que ces hommes atteignent grâce à l'amour, car IRREVERSIBLE est une grande histoire d'amour, tout le film pivote autour du personnage de Monica Bellucci, qui est gracié de tous les privilèges mais qui se prend aussi les plus grandes misères dans la tronche, autour de ce personnage, Noé introduit deux personnages, ceux de Cassel et celui de Dupontel et forme aussi un trio amoureux porté par des acteurs étonnants qui se livrent aux joies de l'improvisation dans des dialogues génialissimes mais dont les grandes lignes regorgent de sens (Comme cette réplique "Arrête putain, même les animaux ils se vengent pas." qui représente bien ce que je disais concernant le rapport homme/animal développé ici). A cette thématique humaniste exploitée se rajoute une thématique moins exploitée mais qui n'a pas besoin de l'être dans la mesure où les scènes de violence font office de piqures de rappel : la vie c'est dure, y a des merdes comme ça qui arrivent mais il ne faut pas oublier qu'a côté on peut toucher au bonheur. C'est exactement comme ça que je décrirai IRREVERSIBLE, un film noir, violent et répugnant mais aussi un film dont la deuxième moitié regorge de bonheur. Et finalement, Noé, dans son oeuvre, traite du temps. Le temps dans la vie, qui détruit tout, mais aussi du temps dans l'art, jouant avec la temporalité, car le cinéma est une réunion de tous les arts mais qui diffèrent de tous les autres arts de par le montage, qui joue avec la temporalité.

IRREVERSIBLE, c'est ça, le film d'un mec qui va dans la merde la plus crasse et la plus profonde pour en ressortir des bouts d'humanités tout en envoyant des chocs dans la gueule de son spectateur au passage, le but de la démarche est bien évidemment en partie de choquer. Je pense qu'on a tous vu pire ici, pas de quoi s'éterniser 150 ans sur la violence d'IRREVERSIBLE, mais c'est tout de même un film très violent et surtout très glauque et stressant : Noé distille une tension incroyable en jouant avec les couleurs, il livre une oeuvre au visuel absolument DINGUE, entièrement tournée en plans-séquences absolument terribles, faisant des choix de mise en scène qui laisseront des gens perplexes (Certains ont cru bon de dire que Noé faisait office d'effets de caméra gerbants pour se donner un style, alors qu'il s'arrête passée la partie "violente" du film... Prouvant bien que c'est un choix de mise en scène.) certes mais qui témoignent d'une maitrise technique de l'oeuvre et d'une volonté de foutre une baffe à tout le monde, car avec SEUL CONTRE TOUS (de Noé également), IRREVERSIBLE est l'œuvre la plus subversive qui ait été tournée en France ces dernières années, et si on aimera ou on n'aimera pas le film de Noé, c'est quand même une chose qu'il est impossible de lui retirer : fallait quand même avoir les couilles de faire un film comme ça en France.

Alors, au final, le chef d'oeuvre de Gaspar Noé? FUCK YEAH. Zering

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