Sur une suggestion de Kerozene, ouverture de la page de l'INDE, allez hop ! On danse !

mise à jour le 11 mai 2013

AADI YUG - Prasad avec Vinay Kumar, Saheen Haman, Narendra, Rafik Khan, 1978, Inde, 107m

C'est ni plus ni moins la genèse de l'univers qui est évoquée avec quelques animations et images de lever de soleil suivit de la création de la Terre. Arrive alors ce qui doit être Adam et Eve, puisqu'ils se promènent tout nus, leur sans gêne étant protégé par une série de peintures qui cachent parfois pratiquement la moitié basse de l'écran ! Ils semblent découvrir comment se reproduire puisque qu'on enchaîne avec une bande de bambins qui gesticulent comme des petits singes, bruitage sonore à l'appui. On suivra donc des bandes rivales, comme dans One Million B.C., aux prises avec des reprises de films connus, des dinosaures, un gros yeti, mais surtout la violence et la jalousie primale devant une belle qui arrive d'une tribu qui a découvert le collier !

Trois ans avant La Guerre du Feu de Jean-Jacques Annaud, ou le Caveman avec Ringo Starr, débarque de Bollywood ce mélange iconoclaste, un hybride comprenant des séquences de Frankenstein conquers the World et One Million B.C., première version. Sous une musique électronique tonitruante et souvent en décalage complet avec le film, on a le culot d'accélérer les extraits de la Toho, refaisant les bruitages sonores. L'effet est ridicule au possible, en plus d'utiliser une pellicule franchement défraîchie. D'ailleurs le vcd offre une version fort endommagée et délavée par endroits dans ce qui devait paraitre un peu mieux à sa sortie. Il ne faut pas chercher un quelconque moment sérieux dans ce qui semble vite fait à rabais. Si l'absence de langage évite les chansons habituelles en Inde, on a tout de même droit à une drôle de danse lors de laquelle on a revêtu des espèces de costumes hawaïens fuschia. C'est trop long, mais pour une rigolade sous l'effet de houblon ou d'une fatigue prononcée, ca peut combler son amateur de psychotronique.

Le film peut se voir en ligne facilement en cherchant simplement le titre. Mario Giguère

  APMAN - Dr. Ami Asthana, 1982, Inde 

"Le premier film Hindou disco-karaté", clame la jaquette de la VHS! Serait-ce un croisement entre "La Fureur de vaincre" et "La Fièvre du samedi soir"? Et bien on n'en est pas si loin... Du moins sur le papier. Mais les scènes de disco lors desquelles le héros se déhanchent comme un désaxé branché sur du 220 volts sont principalement limitées aux intermèdes chantés/dansés, tandis que le kungfu s'avère totalement calamiteux, que ce soit en terme de chorégraphie ou surtout de technique martiale, le pauvre héros déployant un formidable panel de pauses aussi grossières que ridicules, aussi bien lors de ses entraînements que lorsqu'il se bat comme un beau diable contre des méchants qui ne cessent de ricaner. Ce héros se nomme Shiva, et il est le roi du disco de la ville de Bombay. Et alors qu'il passe une audition pour décrocher un rôle dans un film, sa famille se fait massacrer par une bande de voyous qui sème la terreur dans les quartiers pauvres de la ville. Il va alors tout mettre en œuvre pour retrouver ces salauds et leur faire la peau. "Apman" n'est pas d'une grande finesse... avec sa horde de vilains patibulaires mal rasés et constamment imbibés d'alcool, ses moustachus machos, ses pauvres opprimés et ses scènes d'action grotesques et ses scènes musicales hyper kitsch, on plonge en pleine caricature bollywoodienne. Mais tout le monde semble y croire, au point que Shiva casse la gueule à un type qui, très surpris, se présente comme s'appelant Bruce Lee avant de prendre la fuite!! La prétention des auteurs de la chose était-elle si grande que ça? J'ai peur que ce ne soit pas impossible. Alors film de kung-fu-disco, mais aussi drame social et fable moralisatrice (on nous fait bien comprendre que l'alcool, c'est pas bien, ça rend con et ça tue), on peut imaginer que ça passait comme une lettre à la poste auprès de la jeunesse locale en 1982, mais aujourd'hui, c'est surtout une embarrassante curiosité de deux heures vingt trop longue d'au moins soixante minutes. Kerozene

DARNA MANA HAI - Prawal Raman, 2003, Inde 

Il fait nuit, et une bande de sept jeunes en route pour Goa tombe en panne au milieu d'une forêt. Je n'ai jamais foutu les pieds en Inde, et pourtant, le coup du raccourci foireux ne m'a justement jamais paru aussi foireux qu'ici... Franchement, une petite route perdue dans les bois pour traverser 300km en direction de Goa? Bref, les jeunes sont en panne et six d'entre eux vont se poser dans une sorte de ruine pour y faire un feu et se raconter des histoires à faire peur. Suivent alors six petits sketchs à tendance horrifique de qualité forcément variée, mais dans l'ensemble bien menés. On commence avec l'histoire d'un couple qui tombe en panne en pleine nuit en se racontant des histoires de fantômes, puis on visite un hôtel non-fumeur dans lequel il est préférable de laisser tomber la clope, viennent alors une histoire d'écolier fantôme persécutant un prof, des pommes aux pouvoirs inquiétants, un auto-stoppeur d'outre-tombe, un pouvoir qui rappelle un épisode de "Twilight Zone" et enfin l'inévitable fil rouge puisqu'entre chaque récit, l'un des jeunes vient à disparaître....

Énorme carton au box-office local, cette production Ram Gopal Varma - réalisateur du fameux "Bhoot" sorti la même année - truffée de stars indiennes que je ne connais absolument pas a de quoi surprendre. D'abord parce qu'il s'ouvre sur un générique très "jamesbondien" avant d'emprunter les voix d'un slasher idiot pour finalement lâcher ses petites histoires certes imparfaites, mais jamais ratées, voguant entre épouvante classique et humour noir. C'est varié, dynamique, amusant et moderne au niveau de sa mise en scène, en particulier si on compare le film avec la majorité des films indiens d'alors. Il faut dire qu'à l'image de "Bhoot", "Darna Mana Hai" ne s'encombre pas des autrefois incontournables scènes musicales. Alors on perd sans doute en exotisme ce que l'on gagne en efficacité, mais on n'imagine pas "Creepshow" avec des interludes dansants garnis de filles aux ventres nus. Kerozene

DEVI - Kodi Ramakrishna avec Prema, Vanitha, Sijju, 1999, Inde, 145m

Lors d'une sortie du vaisseau de son dieu, une Nagua, Devi, déesse du dieu serpent, est attaquée par un Nagui. Sauvée par un père de famille qui agit par dévotion et qui la sauve sous sa forme de serpent mais qui y trouve la mort, Devi, sous sa belle forme humaine, va s'infiltrer dans une famille et aider la fille de son sauveur à trouver l'amour. Toujours poursuivie par le démon Nagui qui veut s'en prendre à elle et à s protégée, elle doit user d'astuces et demander l'aide de Shiva pour réussir à bien sa mission personnelle. Sans oublier qu'elle tombe amoureuse de Vijay, mais ne peut consommer son amour, car elle devra repartir lorsque le vaisseau reviendra.

En voyant quelques images d'un Cobra géant à plusieurs têtes qui est plus grand que la terre, je tenais à voir ce "kaiju" différent. Si on s'y perd un peu dans une mythologie que l'on connaît mal, on est charmé par l'ingénue Devi qui ment comme elle respire, toujours souriante, changeant de costume à toutes les cinq minutes, chantant et dansant à qui mieux mieux. Faut dire qu'elle est jolie Prema et que le rythme est rapide. Ce n'est qu'en fin de métrage, long comme le sont les films de l'inde, que l'on aura droit à la courte séquence de monstre géant, fort efficace. Les nombreux effets spéciaux ne répondent pas toujours aux standards de l'époque mais sont suffisamment efficaces et imaginatifs pour nous river à l'écran. Les chansons sont bien intégrées et le vilain bien méchant, il prendra d'ailleurs l'apparence d'un jeune garçon pour s'introduire dans la famille et il ne serait pas dépareillé en enfant du diable qui annoncerait l'apocalypse. Bref, un bon moment de cinéma différent. Mario Giguère

DON - Chandra Barot, 1978, Inde

Don, c'est le roi du crime. Intelligent, beau gosse, toujours habillé de costards impeccables, rien ne peut le surprendre, personne ne peut le capturer. Mais un jour, le vent tourne, et Don meurt des suites d'une balle reçue dans le dos. Seul le chef de la police est au courant de sa mort, et lorsqu'il trouve dans la rue un artiste sans le sou ayant le même physique que le criminel séducteur, il profite de la situation et infiltre l'homme au sein de la pègre afin de la dissoudre de l'intérieur...

Ainsi débute ce récit abracadabrant qui fleure bon le parfum bollywoodien. Sur des rythmes de musique funky pleine de pédale wah-wah et de grooves lancinants, DON aligne les scènes de bagarres et de poursuites avec une complaisance qui mérite le respect. Le scénario tortueux est bien écrit et réserve un généreux lot de surprises, alternant l'action et la comédie, la romance et les incontournables intermèdes musicaux. Malgré quelques longueurs (le film dure 2h45), on ne s'y ennuie pas une seconde et on se régale de l'exploitation des clichés du genre (bad guys patibulaires) et des quelques scènes de suspense bien stressantes, jusqu'à l'homérique bagarre finale prenant place dans un cimetière confrontant trois gentils à une horde de truands sanguinaires. L'esprit général du film n'est pas loin de celui de la blaxploitation. Le ton est certes plus léger et les scènes d'action plus rocambolesques (les amateurs de trampolines sont servis), mais dans l'ensemble on retrouve cet esprit frime-funk-crime si séduisant. Kerozene

ENDHIRAN aka Robot - S. Shankar avec Rajnikanth, Aishwarya Rai, Danny Denzongpa, 2010, Inde, 155m, version originale Tamil sous-titres anglais

Le Dr. Vaseegaran a mis dix ans à créer et perfectionner un robot qu'il prévoit offrir au gouvernement pour envoyer à la guerre, épargnant des vies humaines. A l'image de son créateur, dont la mère le baptise Chitti, il est des plus efficaces, mais son manque d'émotion et un concept d'honneur que nous ne comprenons pas plus que lui, causent la mort d'une jeune femme. Vaseegaran, sur les conseils de Bora, son mentor mal intentionné, va lui inculquer des émotions qui vont aussi se retourner contre le père du robot. Non seulement Chitti ne veut plus combattre, mais il est tombé amoureux de la séduisante Sana, fiancée de Vaseegaran. Dans un accès de rage, celui-ci détruit sa création qui est récupérée par Bora qui lui implante un logiciel de destruction, Chitti n'étant pas régit par les lois de la robotique telles que prescrites par Asimov ! Le tout agrémenté de chansons, Bollywood oblige !

Que voilà une surprise des plus réjouissantes, un film à la technique des plus efficaces et une orgie d'effets spéciaux efficaces au concept parfois démentiel. Les parallèles avec Frankenstein sont nombreux, le robot critiquant l'éthique de sa genèse, interrompant le mariage de son créateur avec violence. Durant la dernière heure ce seront des centaines de robots, tous à l'image de Chitti, qui se révoltent et se "reconfigurent" en de multiples créations, de la sphère multi armée, au serpent, au robot géant. Les cascades sont alors nombreuses et impressionnantes. On en oublie presque les chansons qui parsèment le film, de véritables videoclips à la production opulente. Aishwarya Rai dans le rôle de Sana, une fiancée dont les caprices mettent constamment le robot sur la sellette, est absolument ravissante et bien aidée par une garde-robe des plus diverses et sexy. Bora, le méchant de service, est joué par un asiatique, robotique oblige. Évidemment on se plait à imaginer une version écourtée des chansons, des blagues trop faciles des assistants du professeur et de l'épilogue mielleux, ce qui couperait facilement plus d'une heure au film. Sinon, courez voir la vidéo qui circule et qui réunit les scènes le plus spectaculaires du long métrage Mario Giguère

MAHAKAAL - Shyam Ramsay & Tulsi Ramsay, 1993, Inde 

"Mahakaal" est un remake indien des "Griffes de la nuit", ou plutôt un pompage qui n'hésite pas à piller jusqu'au thème musical, avec un Freddy baptisé Shakal. Si Shakal ne porte pas de chapeau ni de pull rayé rouge et vert, il possède bien un gant aux doigts garnis de lames, un visage de grand brûlé et vient chatouiller sournoisement les ados dans leurs rêves. La différence, c'est que ses brûlures ne sont pas le résultat des actes de parents revanchards qui choisissent ici de l'enterrer vivant dans un trou trop petit. Nous n'en connaîtrons d'ailleurs jamais l'origine. Quant au scénario, c'est plus ou moins le même que le film de Wes Craven, du moins dans les grandes lignes, l'exotisme, l'humour et les séquences musicales en plus. Passablement déroutant dans son alternance de tons, "Mahakaal" est parfois dramatique, toujours guilleret et mièvre lors des passages chantés-dansés (attention les oreilles), souvent comique - notamment avec la présence Johnny Lever, rigolo national qui singe Michael Jackson du début à la fin -, par moment hystérique - voir ce démon tout droit issu de "Evil Dead" venant hanter les rêves de l'héroïne -, et généreusement gore. Le film prend quelques libertés avec son modèle, notamment avec la mort du méchant tueur d'enfants comme expliqué plus haut ou lors du final qui se déroule ici dans une salle de torture disco-gothique. Le film est surtout truffé de moments réjouissants et complètement autres: il y a cette nuit américaine foireuse où les protagonistes avancent avec des lampes de poche en plein jour, il y a la rencontre d'un mystique barbu peroxydé, et il y a cette scène hallucinante, parodie de "Shahenshah", gros succès du cinéma indien en 1988 avec la mégastar Amitabh "Don" Bachchan, où un justicier vêtu de cuire et de chaînes défonce une bande violeurs avec le sourire! Le résultat est à s'écarquiller les yeux jusqu'au front! En réalité, bien que sorti en 1993, "Mahakaal" devait connaître une distribution en 1989 - d'où la présence de cette scène parodique. Sauf que les frères Ramsay se sont fait griller la politesse par un studio concurrent qui balança un certain "Khooni Murdaa" sur les écrans, lui aussi une resucée des aventures de Freddy Krugger. Conscients que le potentiel commercial de leur film soit compromis, ils le laissèrent prendre la poussière quelques années avant de retourner des scènes pour le coup complètement anachroniques avec le reste (la mode vestimentaire 80's et celle plus moderne du début des 90's se côtoient maladroitement dans le film final, on fait référence au VCD au milieu d'un film principalement ancré dans une époque où n'existait que la VHS), rendant l'ensemble plus délirant encore! Ce fut le dernier film du studio Ramsay à sortit au cinéma avant longtemps, ceux-ci s'étant par la suite orientés vers la télévision. Kerozene

PITAAH - Mahesh Manjrekar, 2002, Inde

Le Thakur Avadh Narayan Singh (Om Puri) est le Seigneur et le Patriarche du petit village agricole de Shekhapur. Il régit ses fonctionnaires et agriculteurs ave une main de fer digne d'un véritable tyran. Par exemple, il fait tuer un jeune Krishna qui flirte avec une de ses filles et il est intransigeant envers la communauté. Un soir, ses deux fils, Bacchu et Bhola, complètement ivres, tabasse et viole une jeune fille de 9 ans qu'ils jette ensuite dans le fossé routier. Retrouvée 24 heures plus tard, la jeune fille a subi un traumatisme crânien et son état demeure critique. Ses parents exigent alors que justice soit faite...

Ce mélodrame indien se situe à la frontière du film social et celui d'exploitation. La première partie est filmée de façon captivante et les éléments et personnages sont rapidement exposés (ce qui n'est pas toujours le cas dans les productions bollywoodiennes où souvent, l'intrigue principale débute après un bon 45 minutes de préambules). Dans la seconde moitié, on assiste à un film d'action correctement filmé alors que le père de la jeune fille, impuissant face à la corruption des juges et de la police locale, décide de faire sa propre loi du talion. Ce qui donne lieu à quelques moments réjouissants et une belle séquence de fusillade. Par contre, ça s'étire un peu vers la fin et les combats, à grand renfort de coups de poings au ralentis, finissent par lassés.

Le réalisateur avait fait mieux par le passé avec le puissant film de gangster Vaastav (tourné en 1999) ou encore Kurukshetra un drame politico-policier datant de 2000. Il retrouve à nouveau son comédien fétiche Sanjay Dutt qui est à nouveau très bien dans son rôle du père qu'on pousse à la limite de la patience alors que l'excellent Om Puri (My Son The Fanatic, Code 46) est méchant à souhait dans son rôle de patriarche. Il faut le voir descendre à coup de fusil à pompe une de ses servantes dans un geste de colère totalement gratuit! . Reste un divertissant assez jouissif plutôt bien filmé et rythmé avec une belle direction photo, notamment lors des scènes de nuit. La durée du film est relativement courte pour un film indien (seulement 132 minutes) et ne devrait pas repousser personne. À voir...

N.B. Le film renferme 5 chansons (dont la première qui défile sur le générique du début du film) et n'alourdissent guère le rythme du film. Veerana

SAAMRI aka SATAN - Shyam Ramsay & Tulsi Ramsay, 1985, Inde    

Saamri, c'est le sosie indien et peroxydé de Boris Karloff tel qu'on le voit dans LES TROIS VISAGES DE LA PEUR, mais c'est surtout un exorciste, un pourfendeur des forces du mal. Epuisé par son grand âge et par un exorcisme éreintant, il s'empresse de rédiger un testament en vue de léguer biens et fortune à Anju, sa nièce, ceci au grand désarroi de son demi-frère tellement désemparé qu'il ordonne l'assassinat de Saamri avant de préparer un plan en vue d'éliminer Anju. Peu après les funérailles du vieux sage, tous ses proches se retrouvent dans sa demeure où vivent Bhisham, un grand costaud chevelu, ainsi qu'un cuistot surnommé Startrek (?!) qui fait office de boute-en-train de service. Bhisham organise rapidement l'exhumation du corps de Saamri qui revient alors à la vie en arborant une gueule de pestiféré afin d'assouvir une vengeance sanglante.

Cette suite de PURANA MANDIR (1984) a la particularité d'avoir été produite en vue d'un exploitation en 3D, ce qui donne d'innombrables plans improbables et des effets de profondeur aussi ahurissants qu'exagérés. Il ne fait aucun doute que la vision de la chose en salle devait être réjouissante, malheureusement la version "plate" s'avère quelque peu monotone. D'abord parce qu'il faut quand même se farcir un paquet de chansons interminables, ensuite parce qu'il ne se passe pas grand chose. Heureusement, certaines séquences musicales s'avèrent croustillantes, à commencer par une scène de boîte de nuit dans laquelle le bellâtre de service au look de Framboisier du groupe Les Musclés chante sur une mélodie rappelant le "Thriller" de Michael Jackson en se la pétant grave devant un par terre de gonzesses dandinant des hanches avec jubilation. Mais cette scène n'est rien en comparaison du rêve de Startrek qui singe carrément le roi de la pop au milieu d'un cimetière infesté de zombies dansants et s'adonnant à une chorégraphie plutôt approximative! Un grand moment de n'importe quoi qui permet de patienter un peu entre deux interventions du revenant Saamri qui répète inlassablement le même geste: il tend sa main charnue vers la caméra... Vu la lenteur du machin, on se réjouit tout de même qu'il possède quelques pouvoirs magiques qui vont l'aider à propulser un bad guy d'une fenêtre, à en ligoter un autre à l'aide de lianes avant de le plonger dans des sables mouvants ou de faire voler le mobilier histoire de bien faire flipper sa victime. Plutôt court pour un film indien (moins de deux heures), SAAMRI ne semble pas faire partie de la crème du catalogue du clan Ramsay, mais il a clairement le mérite de dépayser. A ne pas confondre avec le film homonyme réalisé par K.I.Shaikh en 1998. Kerozene

SHAAN - Ramesh Sippy, 1980, Inde

Les frères Vijay (Amitabh Bachchan) et Ravi (Sashi Kapoor) sont deux malins petits escrocs. Après quelques petites escroqueries diverses, ils se font prendre à leur propre jeu et tombent sous les mains de leur frère aîné Shiv (Sunil Dutt), un policier fort honnête qui décide de les arrêter pour leur donner une leçon. Après leur libération, les frères jurent de ne plus faire de mauvais coup. Quand le frère Shiv est assassiné par son ennemi rival Shakal (Kulbhushan Kharbanda) qui réside sur une île devant Bombay, Vijay et Ravi jurent vengeance. Ils seront accompagnés par un certain Rakesh (Shatrughan Sinha), ancien homme de main de Shakal qui a une vendetta personnelle envers ce dernier...

Ce film était un des plus attendus lors de sa sortie en 1980. Le réalisateur Ramesh Sippy avait ravi le public cinq ans auparavant avec son superbe SHOLAY, un curry western mettant en vedette Big B (le légendaire et toujours très actif Amitabh Bachchan) et Dharmendra (père de Sunny Deol, le Sylvester Stallone indien). SHAAN prend un certain temps avant de réellement démarrer, mais si vous êtes patient, la récompense sera très belle. En effet, après une première heure plutôt anecdotique le film passe en deuxième vitesse par la suite avant de culminer dans une troisième heure remplie d'action et de péripéties virevoltantes où la caméra vole dans tous les sens. Kulbhushan Kharbanda campe un vilain digne d'un film de James Bond avec son attirail souterrain dans une île déserte. Amitabh est toujours aussi charismatique et se bat même contre un énorme crocodile en caoutchouc. Comment ne pas tomber sous le charme d'un décor digne d'un STAR TREK à bon marché, d'explosions d'effets miniatures, de nombreuses poursuites de voitures et d'une fulgurante séquence de fusillade digne d'un western spaghetti. Bref, si vous aimez le cinéma indien des années '70 où êtes en phase de découverte alors je recommande chaudement ce film qui est une réussite dans le genre. Fait assez étrange, le cinéaste Ramesh Sippy, considéré par plusieurs comme le meilleur metteur en scène indien des années '70 et '80, semble avoir mis fin à sa carrière de cinéaste puisque son dernier film date de 1995. Pourtant, on parle d'un bonhomme de seulement 57 ans aujourd'hui. Selon moi, son chef-d'oeuvre demeure SHAKTI réalisé deux ans après SHAAN.

N.B. Ce film de 177 minutes contient six chansons dont la merveilleuse et funky "Jaanu Meri Jaan Main Tere Qurbaan" et la musique du générique du début fait penser à un film de James Bond. Veerana

SHAITANI DRACULA  - Harinam Singh, 2006, Inde

Shaitani Dracula, c'est l'art de l'anti-film, de l'apogée de la désobéissance artistique (volontaire ou non, ça reste à voir) pour en arriver à un oeuvre qui refuse de se compromettre face aux conventions, tendances et traditions. Mais c'est aussi un artefact culturel unique : le plus grand film produit par l'industrie du cinéma grindhouse à micro-budget de l'Inde.

Réduit à sa narrative la plus simple, Shaitani Dracula c'est l'histoire d'un jovial Dracula indien, moustachu et bedonnant à souhait (interprété par le réalisateur et producteur, Harinam Singh) qui, à l'aide de ses jolies demoiselles vampires de compagnie (l'on pourrait facilement se méprendre et le croire proxénète) et quelques goules aux masques de caoutchouc (en plus d'un squelette et d'un loup garou), terrorise de jeunes gens afin de trouver sa bien aimée Sheetal.

Sans pour autant être le premier ni le dernier à prétendre au titre de Dracula en Inde, le Dracula de Singh se démarque par sa paresse incroyable. Il passe une bonne partie du film à traîner dans sa cour arrière et à jaser avec les dites jolies jeunes demoiselles vampires. À l'occasion, il se fâche et fait une série de déclarations orageuses qui s'accompagnent, bien évidement, de tonnerre et d'éclairs.

Difficile de craindre un vampire dont les manches sont trop longues et les crocs en plastique, mais si l'on arrive à outre passer les limites budgétaires de cette étrange création, l'on y trouve un film qui ne ressemble tout simplement à rien d'autre.

Singh semble proposer un pied de nez aux règles les plus élémentaires du cinéma, règles pour lesquelles même Doris Wishman à son plus pire maintenait un semblant de respect, règles que même Ed Wood maîtrisait avec un soupçon d'habilitée. Le loup garou, qui ressemble déjà à une mascotte, perd à deux reprises sa tête lors d'une altercation avec une victime. Singh va-t-il reprendre la scène ? Eh bien non. L'acteur perd la tête de son costume, mais l'on tourne quand même. Il la perd encore, mais Singh refuse de s'arrêter.

Les diaboliques assistantes vampiriques trébuchent sans cesse et vont presque tomber du haut de leur brouette (ou enfin le moyen de transport utilisé pour les séquences où elles doivent voler), pas que les jeunes gens soient si terrifiés que ça de toute manière.

Et que dire de cette oie qui apparaît en avant plan, cachant ainsi une partie des acteurs pendant une partie de la scène ? Était-ce prévu ?

C'est dans cette confusion des plus totales que l'on aborde le travail de Singh. Si, la question linguistique y joue un rôle. Ceci dit, il me semble difficile d'envisager en quoi les dialogues pourraient remettre un certain ordre à ce chaos cinématographique si jamais je pourrais y comprendre autre chose que "I love you, Sheetal, I love you!".

D'un autre coté, c'est ce même chaos qui fait le charme de cet oeuvre. Sans le vouloir, Singh s'approche du monde onirique des "grands" dont le cinéma fait les gorges chaudes dans les milieux intellectuels ainsi que parmi les amateurs de cinéma de répertoire. L'art, le grand art semble toujours avoir les traits du rebelle qui refuse d'obtempérer et impose de façon presque dictatoriale ses codes et son langage. Singh agit en quelque sorte comme un Fulci ou un Argento, proposant un univers où la logique n'a plus de place et les règles sont, au mieux, aussi floues que la majorité des plans. Zettaijin

TAHKHANA aka THE DUNGEON - Shyam Ramsay & Tulsi Ramsay, 1986, Inde 

Capitalisant au maximum sur le succès de leur phénomène horrifique de 1984 "Purana Mandir", les frangins Ramsay livrent une deuxième suite/remake de leur film avec ce "Tahkhana" qui fait suite au maladroit "Saamri" (1985) et sa 3D opportuniste. Ici, un riche propriétaire mourant déshérite son fils adepte de la magie noire et lègue sa demeure à son autre fils en lui faisant promettre de prendre soin de ses deux petites filles. Le frangin lésé ne l'entend pas de cette oreille, d'autant plus qu'un trésor familial se cache dans le donjon de la maison - car c'est une maison à donjon dans laquelle nous nous trouvons - du coup il kidnappe ses nièces dans le but de les sacrifier à un démon millénaire qui roupille dans un cercueil de verre. L'opération tourne court, le gentil frangin est tué, une de ses filles est perdue, l'autre sauvée et le méchant frère fini enfermé dans le donjon auprès du cercueil. Vingt ans plus tard, le prisonnier est devenu pourri et grisonnant, ne vivant qu'à la lueur de torches increvables qui brûlent tout de même depuis deux décennies!! Soudain, des cloques poussent sur son front, ses veines se gonflent et le malheureux se met à saigner comme un cochon à l'abattoir, libérant par la même occasion le démon de son sommeil éternel. En parallèle, les héritiers de la maison (abandonnée depuis vingt ans) se mettent en quête du fameux trésor, tâche rendue bien difficile encore par la présence de Shakaal (un nom prédestiné), faux-ami, traître et serial-violeur moustachu, mais heureusement les héros rencontrent Panna (Hermant Birje, glorifié par un "Adventures of Tarzan" l'année précédente), musculeux héros résultat d'une fusion entre le Stallone de "Rambo" et Barry Prima.

Avec son script bancal, ses situations rocambolesques, ses personnages aux priorités déplacées (une simple sortie entre amis suffit à faire oublier les morts brutales de proches), mais surtout ses romances infantiles typiques du cinéma indien (chansons à l'appui), "Tahkhana" a le désavantage de tirer en longueur et de négliger les apparitions de son monstre - un monstre pour le coup bien moche, avec un gros nez, un regard de cocker et de gros doigts boudinés, mais qui envoie contre les murs quiconque croise son passage. Ces scènes, ainsi que celles où l'ignoble Shakaal aborde des filles comme un rustre et une improbable attaque de cavaliers lubriques sur l'héroïne, restent les instants mémorables d'un film qui aura eu la mauvaise idée de faire de sa scène d'ouverture la plus excitante du métrage. Kerozene

the TERRORIST - Santosh Sivan, 1999, Inde

Soutenu par l'acteur John Malkovich (producteur exécutif), gagnant du prix du meilleur film et du meilleur réalisateur au Festival du Caire en 1998 et présenté lors du dernier festival Fantasia, THE TERRORIST mérite vraiment d'être découvert. Tourné en Inde pour une bouché d'pain (50,000$), un budget tellement minuscule que je me demande bien comment ont-ils pu se payer seulement que la pellicule et la cantine, et réalisé en seulement 17 jours. The Terrorist, premier film réalisé par Santosh Sivan, vaut assurément le coup d'oeil. Le film présente une jeune terroriste déterminée et brutale de 17 ans qui doit servir de bombe humaine pour servir une cause terroriste afin de libérer son peuple. Mais à quelques heures de remplir sa mission, elle apprend quelque chose (un excellent punch, que je ne vous dirais certainement pas) qui compliquera beaucoup le déroulement de sa mission. Le résultat final est vraiment impressionnant: les interprètes sont juste, les décors naturels sont magnifiques et la violence est vraiment bien rendu. Bref, voici un film qui fait preuve d'une très grande maîtrise et qui est à voir absolument. J'ajouterais même que ce metteur en scène est certainement à surveiller pour les prochaines années. Black Knight

VEERANA aka LONELINESS aka THE WILDERNESS - Shyam Ramsay & Tulsi Ramsay, Inde, 1985

Le clan Ramsay constitue la référence en matière de productions horrifiques indiennes. VEERANA est le premier film issu de leur studio que je vois, et ça donne très envie d'en voir plus ! Le film nous compte l'histoire d'une jeune fille possédée par l'esprit d'une femme zombie-vampire démoniaque au service d'un serviteur de Satan qui fut tuée par son oncle laissé pour mort. Dix ans plus tard, alors que le suppôt de Satan travail comme majordome chez le père de la fille possédée (afin de mieux la surveiller), la cousine de celle-ci vient habiter chez eux en compagnie d'un jeune homme beau, fort et courageux qui la sauva des griffes d'un homme monstrueux.

Histoire rocambolesque tantôt furieusement sombre et cruelle, tantôt drôle et absurde, VEERANA est un amalgame d'horreur, d'exploitation et de comédie. Si l'humour est parfois douteux et tombe généralement en dessous de la ceinture, l'horreur par contre est très graphique, le maquillage de la fille possédée est saisissant ! Les décors souvent filmés au grand angle, sont superbes, et le rythme est haletant. Impossible de ne pas être séduit devant tant d'énergie et de folie visuelle soudainement coupée de séquences musicales mielleuses durant lesquelles les protagonistes nous gratifient de pas de danse hilarants ! Les personnages sont hauts en couleur, le méchant est très manichéen, le héros est un beau gosse qui fait la pause dans des fringues aux couleurs pas possible, le bouffon de service et un gros obsédé, bref, la galerie est riche et ne manque pas de charme.

Les 2h15 du film passent comme une lettre à la poste, et on se rend compte qu'avec un petit budget, des idées à la pelle et un rythme d'enfer, l'horreur selon Bollywood possède tous les atouts pour plaire. Kerozene

TARZAN - Babbar Subhash avec Hemant Birje, Kimi Katkar, 1985, Inde 

Rubie part rejoindre son père qui a quitté mère et fille alors qu'elle avait à peine un an, juste pour lui dire qu'elle le déteste. Elle a quand même une garde-robe superbement sexy dans ses petites valises. Son père cherche la légendaire tribu des Shakka, elle va donc l'accompagner dans une troupe qui comporte un chasseur de bêtes qui veut ramener nul autre que Tarzan pour un propriétaire de cirque en mal de bonnes attractions. Ils vont trouver Tarzan, la méchante tribu des Shakka, Rubie trouvera l'amour et tout le monde va danser et chanter tout lke long du film !

C'est mon premier film de Bollywood, alors j'étais surpris dans le menu de voir un menu des chansons ! Ca chante et danse à toute occasion, quand ça va bien, quand ça va mal, sur des musiques entraînantes, parfois d'un quétaine absolu ( do le dos il a bon do de la Mélodie du Bonheur ! ) Tarzan est athlétique et beau bonhomme et la belle Rubie va tout faire pour agripper le beau parti. Le film, tourné dans le sillon du Tarzan de John Derek, fait la grande part aux combats au ralenti et la robe blanche de Rubie va vite tomber à l'eau avec les résultats attendus. Il y a un gros clin d'oeil à King Kong avec le chef des Shakka, un colosse de 7 pieds qui approche de Rubie attachée à deux poteaux. La chanson ou la belle imagine le futur avec son beau est tordante: il devient mannequin, elle a sept enfants, tout le monde est heureux. Le final avec les animaux qui arrivent en ville en furie renvoie à bien des Johnny Weissmuller. Animaux exotiques, superbe chanteuse, Tarzan musclé, méchant propriétaire de cirque, amour, jalousie, brutalité, musique, le cocktail est surprenant pour le moins que l'on se laisse emporter. Une curiosité heureuse. Mario Giguère

TARZAN AND KING KONG - A. Shamsheer avec Mumtaz, Randhava, Dara Singh, Bela Bose, 1965, Inde

On débute avec un classique avion en perdition au-dessus de la jungle. Écrasement inévitable. Deux survivants, Sharmilla et son serviteur (autre époque, autres moeurs) dérivent sur une rivière et au moment ou ils vont être attaqués par une tribu sauvage, Tarzan arrive à la rescousse. La jolie dame va trouver le roi de la jungle très intéressant, mais la reine Shibani a aussi un oeil sur la pièce d'homme ! S'en suit une série de kidnappings et d'épreuves auxquelles Tarzan va devoir faire face. On parle surtout de combat à mains nues, de véritables matchs de lutte contre un habile lutteur, un gros colosse gras du bide et surtout un gorille nommé et interprété par un certain King Kong ! Un gorille qui n'a rien de géant, malheureusement. Entre des numéros de danse et de chant typique de Bollywood, Tarzan, qui grogne et ne dit qu'un seul mot, son propre nom, va tout faire en son possible, et avec l'aide de ses amis éléphants, pour retrouver la douce jeune femme dans ses bras !

Voici un Tarzan de Bollywood plutôt réjouissant et sans temps mort. On nage évidemment au travers des stockshots d'animaux, mais aussi toute la première séquence d'écrasement d'avion ou l'on reconnait plusieurs films différents et un acteur américain certainement pas consentant. Un combat avec un crocodile est également emprunté à Johnny Weismuller sans vergogne. Randhava dans le rôle du l'homme de la jungle a le physique d'un homme fort de l'époque, éloigné des athlètes plus musclés que l'on verra aux États Unis. Mais son premier combat est remarquable, un mélange de lutte et de lutte gréco-romaine comme on en pratiquait à l'époque, remplit de prises et de contre-prises enlevantes. Un court combat de femmes tiens plus de la démonstration et est vite oublié. Le duel avec King Kong est assez rigolo, le costume se déchirant, ce qui ne semble pas gêner le réalisateur ! Les mouvements sont lents et on se demande si l'acteur y voit quelque chose. On peut se poser des questions sur l'absence de singe compagnon, mais on a droit à la maison dans les arbres, dans laquelle on ne rentrera jamais. Les personnages secondaires sont également pittoresque, un commandant des forces armées qui a tout l'air d'un Gengis Khan aux boudins qui font sourire, un espèce de fou du roi et son assistante qui espionnent constamment Tarzan et qui vont se ranger de son côté, des tribus de zigotos à l'allure plus comique que tragique. Bref c'est bien, sans temps mort, bourré de musique rythmée et avec une actrice ma foi fort mignonne et le vcd offre une copie de bêle qualité. Un bon Tarzan à découvrir pour les amateurs ! Mario Giguère

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