LA GAZETTE DU CLUB DES MONSTRES |
IZABEL GRONDIN
LA TABLE - Izabel Grondin avec Isabelle Giroux, André Nadeau, Christian E. Roy, 2013, Québec, 14m Je lattendais depuis plusieurs années, le nouveau court dIzabel Grondin, auréolée de plusieurs prix. Si le titre est énigmatique, il est bien dans la suite de ses précédentes réalisations, notamment Caviar, Fantasme et même Aspiralux. On crée rapidement une atmosphère lourde, dans un noir et blanc bien maîtrisé, ou une femme est sous lemprise dun sado masochiste. Lhistoire va se compliquer et la tension grimper jusquà un final bien imprévisible. Comme pour Fantasme on peut se demander dans un premier temps pourquoi Grondin a choisit de changer et dintervertir les sexes dans son oeuvre. En effet, elle se distinguait, réalisatrice de films dhorreur, en mettant en vedette des victimes mâles, alors que maintenant les hommes y sont les prédateurs. Ce nest pas aussi simple, mais il est difficile den parler sans vendre les chutes des derniers courts. Mais on est passé de lexploration de ses influences, tel le cinéma dhorreur italien pour Terrore, pour ce que jappellerais sa trilogie des fantasmes avec Caviar, le bien nommé Fantasme et maintenant la Table. Ce qui déroute certaines spectatrices, cest le penchant Marquis de Sade qui déstabilise et choque. Si les situations sont crues, la caméra se garde une petite gêne, mais montre juste ce quil faut pour que lon sente la douleur et leffroi. Un moment cauchemardesque comme Izabel Grondin en a le tour. FANTASME Izabel Grondin avec Patrick Lauzon, Félixe Ross, 2009, Québec, 15m Une femme rejoint un homme au restaurant. Ils se rencontrent pour la première fois et partagent lenvie dassouvir un fantasme. Pas de chichi, elle est invitée prestement à laccompagner à sa maison et rentrer dans la chambre spéciale quil a aménagée pour assouvir sa passion. Lidée de base rappelle le dernier court dIzabel Grondin : Caviar. Pas vraiment portée sur le Kino, ces courts réalisés dans un court laps de temps, elle semble reprendre lidée en lui mettant cette fois toute son attention. Exit lhumour, bienvenue le trouble et la haute tension. Les comédiens sont très efficaces, les dialogues courts, bien des non dits passent par les regards. La mise en scène est remarquable, la caméra bouge de manière presque organique, effleurant les protagonistes, délirant avec la femme dont le sort nous inquiète. La caméra devient « clinique » et froide devant les instruments de chirurgie qui sétalent, le tout soutenu par une trame sonore et un travail dambiance sonore terriblement efficace. On pense parfois à Cronenberg. Grondin est en maîtrise de ses moyens, bien entourée, et offre un moment de cinéma qui vient nous chercher dans nos peurs viscérales. On nose pas en dire plus, pour vous garder dans lattente. Le court a remporté le prix spécial du jury au festival Fantasia 2009, bien mérité. On se demande seulement quel producteur va enfin permettre à cette talentueuse réalisatrice de faire ses preuves dans le long métrage. Pour voir Caviar cliquer ici | Pour voir Terrore cliquer ici
à propos de Caviar, tourné en 2005 : Ce n'est absolument pas un film d'horreur ou fantastique. C'est une comédie trash que j'ai réalisé en 48 heures dans le cadre du cabaret Kino d'automne 2005. Je n'ai jamais été portée sur les kinos mais je souhaitais tenter l'expérience qu'on me proposait. Ça a donné Caviar. Il a été récemment présenté au cabaret Trash du Festival Spasm et honnêtement, ça été une des réactions les plus enthousiastes à un de mes films en 12 ans. |
FOLIES
PASSAGÈRES
Les
courts métrages d'Izabel Grondin
Voici enfin arrivée la compilation dvd de courts métrages d'Izabel Grondin. L'occasion rêvée de suivre l'évolution de la réalisatrice et de se replonger dans un univers horrifique hors pair. C'est en 1996 que j'ai vu pour la première fois deux courts de Grondin, dans le cadre du Festival Lumière. Membre du comité de pré-sélection, j'avais expliqué aux autres personnes les influences évidentes et si rares chez la cinéaste. L'univers du court métrage est un milieu ou l'on retrouve beaucoup d'humour, ou l'on flirte avec l'horreur, le gothique et la science fiction avec de gros clins d'il et du second degré quasi permanent. Les deux films d'Izabel : PIÈGES À RAT et RÜBEN IS NOT WELL se détachaient immédiatement du groupe de soumissions. Un troisième court auquel elle participe en tant qu'actrice et seconde réalisatrice: UN TROU FROID fait référence directement à Herbert West, réanimateur, du film de Stuart Gordon, avec une atmosphère proche de Lucio Fulci et finit de graver son nom dans ma mémoire. 2003, de passage au festival de Science Fiction CONCEPT, elle présente une compilation des ses films, culminant avec ASPIRALUX, court métrage coup de poing. Retrouvailles et révélation d'un talent pour la réalisation, d'un goût assumé pour le film d'horreur, bref, je suis accroché et j'espère voir la compilation... qui est arrivée... |
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LES DRUJES - 2004 Deux jeunes femmes toutes de noir vêtu sont en panne un soir de réveillon. Elles frappent à la porte d'un bon samaritain en plein party, pour appeler une dépanneuse. L'affaire tournera mal... Je dois avouer avoir resté perplexe devant le scénario, au point de faire une petite recherche internet sur le sujet des Drujes, que je croyais simplement sorcières, mais qui s'avèrent autre chose, des démones qui transpirent le mensonge. Mais tel quel, on ne saisit pas ce qui se passe, le court s'avère lui aussi une vignette d'horreur, une tranche de vie sanglante de deux vampires. Le sang coule, mais la réputation de Grondin, surnommée la reine du gore dans plusieurs programmes, créé des attentes difficiles à assouvir. Comme un Dario Argento qui ne fait plus preuve de gore à profusion, on s'attend à plus. Grondin expliquait au festival CONCEPT 2004 que ses films, faute de moyens, ne peuvent que suggérer l'horreur, principalement par le sang et les cris. Paradoxalement, l'impression qu'ils donnent nous laissent comme souvenir des images encore plus fortes. J'y vois la preuve de l'efficacité de la réalisation, dont on espère qu'elle sera servie par des moyens plus à la mesure de ses ambitions dans un avenir rapproché. Ceci dit, la qualité de la réalisation, des plans utilisés, de la superbe photographie, des décors toujours délirants qu'elle semble choisir à dessein, nous offrent un moment privilégié d'horreur qui se déguste comme du bon vin. |
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ASPIRALUX - 2002 Un vendeur d'aspirateur qui fait du porte à porte rencontre un client qui lui réserve de mauvaises surprises... En réaction aux critiques passées, Grondin décide d'en faire voir des vertes et des pas mûres aux festivaliers dans une histoire trash à souhait. Elle dit avoir choisi le noir et blanc pour diminuer la propreté de la maison ou le tournage a lieu. J'avoue ne pas avoir trop remarqué les intérieurs, le récit étant assez éprouvant, pas nouveau, en fait, on pense à la première réaction que l'on a souvent devant ces vendeurs de porte à porte et ce vieil homme agit en partie selon nos désirs inavouables. La fin renvoie aussi à Romero. Ceci dit, elle est drôlement efficace, Izabel Grondin, tant à la caméra qu'au scénario et elle installe une ambiance lourde, sans compromis. Du travail bien fait, efficace et inspiré, qui nous fait rêver de ce qu'elle pourra faire en long métrage. Le film choque toujours, j'en avais oublié la présence visuelle d'organe génital, de la musique tonitruante qui pompe le sang en seconde partie. La caméra est toujours bien placée, Martin Plouffe est excellent dans un rôle de victime mâle éprouvant. Mentionnons ici le talent de Grondin pour choisir ses acteurs, quelles têtes, quelles bouilles ! D'ailleurs Grondin, depuis qu'elle utilise Martin Plouffe, a troqué l'éternelle victime féminine pour les hommes, un renversement notable, coïncidence ou choix assumée et réfléchi, peu importe, elle se distingue encore. |
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TERRORE - 2001 Izabel Grondin fait un court métrage comme une fin de film d'horreur: les deux derniers survivants sont dans un chalet, pourchassés par un sadique à l'arme blanche et aux dents effilées... Pensez à Sam Raimi et Tobe Hooper avec une trame sonore incroyable, agressante comme peut l'être celle de Suspiria. Tourné en vitesse, ça on ne le sait pas, avec une ambiance de slasher des années 70, un bon. Hommage réussi au cinéma italien, le cinéma italien d'horreur des années 70-80, celui de la démesure, de Dario Argento et Lucio Fulci, mais aussi la cabine d'Evil Dead. Un transfert impeccable, qui permet d'apprécier encore et encore ce petit bijou de terreur italienne tourné ici, pour une bouchée de pain, avec succès. |
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CLICK HERE - 2000 Marc adore les sites pornographiques sur internet. Il va tomber sur un site qui amènera chez lui l'extase et bien plus. À la fois horrifiant et drôle, d'un rire jaune du spectateur qui est heureux de comprendre le coup du destin, punch final cruel comme un conte noir. Les acteurs sont dans le ton, le punch bien amené, le sexe suggéré, le sang montré ! |
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RUBEN IS NOT WELL Un couturier est fasciné par sa voisine, qui se suicide régulièrement devant sa fenêtre. Il l'invite à souper, elle accepte... Du noir et blanc crade dans un environnement dérangé, sale, qui reflète l'état d'esprit de Rüben, un sociopathe. De la voix off remarquable, à la présence d'Izabel Grondin en voisine troublée, troublante, RÜBEN distille une atmosphère glauque tel un Roman Polanski de la première époque. Je reviens sur l'utilisation du décor chez Izabel Grondin. Des intérieurs de PIÈGE À RATS, de l'atelier dérangeant de RÜBEN IS NOT WELL, du sous-sol étouffant d'ASPIRALUX à celui délirant des DRUJES, on ne peut plus parler de coïncidence. Le décor est parti prenante pour créer une ambiance, placer le spectateur dans un état de conscience ou l'inconnu, l'étrange, l'inacceptable est au rendez-vous. C'est aussi une attention aux détails qui place sa réalisatrice au devant d'autres réalisateurs qui n'ont pas toujours une vision d'ensemble. |
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En extra : PIEGES À RATS - 1995 Trois jeunes délinquants se réfugient dans un bâtiment qui abrite de bien mauvaises surprises. Court métrage muet qui distille une ambiance mélangeant F.W.MURNAU et LAMBERTO BAVA. La caméra est plus nerveuse, ce qui ne fait qu'ajouter au sentiment " vécu ", l'impression furtive que l'on a surpris une scène que l'on ne devrait pas voir. Grondin n'est pas encore aussi certaine de ses moyens, mais elle est certaine de ses intentions. |
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En extra : LE FABULEUX DESTIN D'IZABEL GRONDIN - 2004 Le webzine de Sandro Forte, produit par Silence, on court, nous ouvre les portes d'un atelier d 'effets spéciaux et les portes de l'univers de la réalisatrice. Éminemment sympathique, elle raconte avec vivacité et passion, son combat pour faire de l'horreur. Car, spécialement pour une femme, ah les méchants stéréotypes réels, il faut bien avouer que sa passion et ses réalisations ne peuvent que la séparer de ses semblables, comme le montre cet extrait de la jeune fille. Des malédictions de tournage, aux ambitions, aux explications d'un parcours atypique, Grondin s'exprime avec conviction et fougue tout en étant très bien consciente de son statut. Car de festival en festival, elle choque, surprends, comble de joie les amateurs d'horreur et remporte des prix bien mérités. La production du dvd-r est très belle. Le transfert des films est superbe, le plus vieux film PIEGE À RATS, souffrant de la comparaison avec les films plus récents, mais il est là pour mieux comprendre le chemin parcouru par celle qu'on surnomme déjà la reine de l'horreur. À la vue de ses derniers courts, on ne peut qu'espérer qu'elle plongera dans le long métrage dans un avenir rapproché. Elle le souhaite aussi. On anticipe les frissons. Merci pour cette compilation. Mario Giguère |
images tirées du dvd - copyright 2004 Les productions Sémiramis |
On retrouve deux courts métrages d'Izabel Grondin sur les compilations du festival SPASM. Les Drujes est dans le vol 1, Terrore fait partie de la compilation 2
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Aspiralux fait aussi partie de la compilation dvd CINÉTRANGE produit par l'association Sin'Art, sommaire : Aspiralux de la réalisatrice québécoise Izabel Grondin, présentation du film Vacuum Killer de Chris Lamot, entretien avec Léo Henry, présentation de Maximiliani Ultima Nox de Thierry Lopez, Zéro de lassociation Varock Films, clip Purity of Sex du groupe Horresco Referens, Présentation de lauteur Costes et extraits de son spectacle Holy Virgin Culte et de nombreuses bandes annonces. Voir les détails sur le site de Sin'Art |
voir aussi la critique de Devildead.com | l'entrevue en anglais sur joblo.com | la fiche IMDB
LE CINÉMA POLICIER ITALIEN DES ANNÉES 70 par FRANKIE MARINO
ERASER HEAD vu par Simon Laperrière
Les MONSTRES VÉGÉTAUX par Mario
Le CINÉMA WESTERN ET LA GUERRE DE SÉCESSION vu par Yves Gérard
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