Un départ fulgurant avec Tetsuo, voilà que le nom de Shinya Tsukamoto devenait instantanément un nom à retenir. Si la suite de son oeuvre n'a pas toujours le même impact, il frappe encore la cible et poursuit une carrière remarquable, devenant à l'occasion acteur. |
mise à jour le 30 janvier 2013
TSUKAMOTO RÉALISATEUR
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L'AVENTURE DE DENCHU KOZO aka Denchu Kozo no boken- Shinya Tsukamoto - 1987 Du trash en veux-tu en voilà avec ce film anté-tetsuo de Tsukamoto. Film de 47 minutes où toute la dinguerie et l'univers singulier du réalisateur s'exprime pleinement, avec tout ce qui a fait son "succès", c'est à dire les plans images par images accélérés, les couleurs glauques, les univers bizarres et les histoires toutes droites sorties du cerveau d'un fou. Ici, un jeune homme affublé d'un poteau électrique fiché dans le dos se retrouve projeté dans le futur par une machine de son invention, futur où domine une race de vampires craignant la lumière du soleil (comme tous les vampires remarquez...). Impossible de raconter vraiment ce qu'il se passe là dedans tant c'est le bordel, mais ce qui est sûr c'est qu'on en prend plein la gueule! Du bon glauque ultra technique (paradoxal mais bon...), musique excellemment bien choisie, images surréalistes en pagaille; en gros c'est assez bon quoi! Franfran |
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BULLET BALLET - Shinya Tsukamoto avec Shinya Tsukamoto, Kirina Mano, Tatsuya Nakamura et Takahiro Murase, 1998, Japon, 87m Avec Tsukamoto, on s'attend toujours à voir un truc complètement fou, dans la veine d'un TETSUO. Même son film "réaliste", TOKYO FIST, est excessivement violent, voire gore, et, dans sa quête du réalisme, Tsukamoto ne peut s'empêcher de rendre hommage à ce qu'il fait le mieux : la science-fiction. Pourtant, avec BULLET BALLET, Tsukamoto signe non seulement son meilleur film mais il prouve aussi qu'il est capable de faire un film réaliste et crédible, même si tout de même un peu plus barré que la moyenne. Il signe donc un vigilante movie, au scénario à la base simple, voire simpliste mais y apporte sa philosophie nihiliste comme pilier de soutien et signe donc une oeuvre majeure. Cette philosophie, présente dans TETSUO I & II mais aussi dans TOKYO FIST est ici développée et mise en évidence, mieux, Tsukamoto en fait un élément pivotal de son récit, élément scénaristique qui prend tout son sens lors de la toute dernière scène. A grand coup d'ultra-violence et de nihilisme, Tsukamoto signe le film de sa vie, le TAXI DRIVER japonais. C'est donc une oeuvre extrême que livre Shinya Tsukamoto caractérisée par l'usage absolument sensationnel du noir et blanc et une ultra-violence poussée. La subjectivité est donc de mise puisque BULLET BALLET ne s'arrête pas au nihilisme de son propos mais contient une forte dose de violence stylisée et sublime pour qui saura l'apprécier, qui plus est, dans son réalisme, Tsukamoto s'adonne tout de même à quelques dérives, faisant du revolver du personnage principal l'élément pivotal du film, mais filmant celui-ci non pas comme une simple arme mais comme une véritable extension du corps humain, extension du bras comme l'indique certains plans mais aussi une extension phallique. C'est donc le revolver que le personnage principal met si longtemps à trouver le personnage central de ce récit. De la même manière que pour le métal dans TETSUO et la boxe dans TOKYO FIST, l'arme centrale du récit est pour le personnage principal le moyen de parvenir à une nouvelle forme d'existence, une existence par la mort et la douleur, représentée par l'imagerie christique que Tsukamoto utilise souvent dans son oeuvre, car qu'y a t-il de plus représentatif de la mort et de la douleur que la crucifixion du Christ? BULLET BALLET est le film le plus complet de Tsukamoto sur sa philosophie nihiliste, puisque non content de la représenter pour la quatrième fois avec brio, il la met en évidence et la charge de symboles très représentatifs tout en livrant une oeuvre stylisée, ainsi, la ou les dernières minutes, cette dernière poussée d'adrénaline pourrait sembler comme une non-fin (une des spécialités de Tsukamoto) c'est en réalité l'aboutissement ultime de cette philosophie nihiliste. Blessés, à moitié morts, les personnages se mettent à courir et ce n'est qu'à ce moment-là qu'ils se rendent compte qu'ils existent et qu'ils vivent. Au travers de cette scène, au passage superbe, Tsukamoto retranscrit toute ses obsessions et résume en 3 minutes toute sa filmographie, c'est simple, BULLET BALLET c'est Shinya Tsukamoto, on retrouve ainsi toutes les obsessions et toutes les caractéristiques des films du bonhomme : le personnage principal est un salarié, écrasé par l'environnement urbain dans lequel il vit, qui entre en contact avec un groupe de gens qui lui permettent de trouver une existence au travers de la douleur. Ici, ce groupe, c'est les jeunes, et le choix de ces derniers n'est pas un hasard dans la mesure ou la jeunesse au Japon est à ce jour un problème majeur (voir KIDS RETURN mais surtout le chef d'oeuvre de Kinji Fukasaku, BATTLE ROYALE), ainsi tout en transposant ses obsessions, Tsukamoto ancre son film dans la réalité et les problèmes de son époque et émet même une opinion dessus : on sent très bien que Tsukamoto hait les jeunes, en témoigne le personnage de Goto, trou du cul agaçant, qui dans la logique de Tsukamoto, à trouvé une existence par la douleur, mais qui tente de s'intégrer dans la société du travail (symbolisée par le costume-cravate, que le personnage principal ne porte jamais... Je doute que ce soit un hasard.) et dans un environnement urbain oppressant, pourtant, Tsukamoto se met du côté de ces jeunes dans leur recherche de la vie dans la mort, en cela, BULLET BALLET s'impose comme un véritable paradoxe qu'il est intéressant d'étudier pour en comprendre la portée. Avec BULLET BALLET, Tsukamoto travaille sur ses obsessions. Afin de les développer le plus possible, il ne perd pas une seconde et signe une introduction rapide, précise et efficace. En 5 minutes, les deux personnages principaux, l'élément pivotal du film, et tous les enjeux de ce dernier sont posés. Tsukamoto palie donc à ce qui était le plus grand défaut de son TOKYO FIST, le rythme. Ce dernier, ici, carrément infernal, voire par moments frénétique, donne une intensité incroyable à BULLET BALLET, enchainant les scènes qui tuent sans aucun répit et sans aucune concession, en témoigne cette scène ou dans un élan de colère, Goda se fabrique un flingue fait maison et attaque les jeunes qui l'ont racketté 3 minutes avant ou encore cette fusillade finale, déchainement de violence incroyable et monument de mise en scène. Stylisé, BULLET BALLET l'est assurément, les impacts de sang font couler beaucoup plus de sang qu'ils n'en devraient et en soit, rien que la mise en scène relève de la stylisation : Tsukamoto ne semble toujours pas savoir ce qu'est un plan fixe (et tant mieux!), tout le film est tourné caméra à l'épaule, ce qui permet au réalisateur de cette perle de signer une oeuvre incroyable visuellement, frénétique dans son montage (Tsui Hark serait jaloux...) pleine de pures merveilles visuelles, en témoigne cette scène de "jeu du métro"... Je n'en dis pas plus tant cette scène est surprenante mais sachez simplement qu'avec une caméra et 3 francs Tsukamoto fait mieux en termes d'effets spéciaux que nimporte quel blockbuster hollywoodien. Rajoutez à cela une photographie du tonnerre et un noir et blanc sensationnel et avec BULLET BALLET vous savez que vous tenez une merveille visuelle. Cette merveille visuelle est soutenue par des acteurs absolument incroyables. Inutile de citer Shinya Tsukamoto, qui en plus d'avoir réalisé, monté, écrit et produit BULLET BALLET en tient également le rôle principal. Le bonhomme est criant de crédibilité dans le rôle d'un salarié détruit par le suicide soudain et imprévisible dont la vie prend du sens suite à la rencontre d'une petite "punkette" (merci Jean-Pierre Dionnet pour ce néologisme.) assez provocatrice merveilleusement jouée par Kirina Mano. Et pour continuer sur les acteurs méconnus, Tatsuya Nakamura est étonnant ici, jouant un rôle qui n'est pas sans rappeler Brad Pitt dans FIGHT CLUB, il affiche une gueule assez étrange et des airs limite psychopathes. Quand à Takahiro Murase et les acteurs qui jouent la troupe de jeunes, ils sont tous parfaits dans leurs rôles de trous du cul agaçants et soulignent à merveille la haine que Tsukamoto voue à ces jeunes, la ou Mano et Nakamura créent le paradoxe en donnant vie à des personnages à part qui permettent à Tsukamoto de se ranger de leur côté, paradoxe largement explicité par cette scène ou Goda, son flingue pointé sur Goto, le petit jeune, crie "Je ne m'en servirai pas contre vous"...Réplique très représentative du paradoxe dont Tsukamoto est victime.En parlant de répliques, Tsukamoto, en plus d'être un grand réalisateur, monteur et acteur, est également un grand scénariste... BULLET BALLET est une merveille d'écriture, que ce soit dans la structure de son scénario ou ses dialogues. Comme à son habitude, Tsukamoto préfère dire ce qu'il à a dire par sa mise en scène davantage que par les dialogues, il est donc très difficile de trouver des répliques inutiles, toutes font avancer le scénario et permettent à Tsukamoto de développer ses obsessions très explicitement, pour autant le bonhomme n'oublie pas de faire un film et livre avec BULLET BALLET un véritable modèle de construction dramatique. Celle-ci, en crescendo, est très efficace. Tsukamoto construit sa tension dramatique avec brio jusqu'a une explosion finale de violence qui marquera les esprits dans la mesure ou sa brutalité, en plus d'être inattendue est également marquée d'un certain suspense, ainsi cette fusillade finale, avant l'explosion de violence qui à mes yeux la caractérise, est l'occasion pour Tsukamoto de se servir de son ambiance sonore pour installer une tension nerveuse. Jouant sur les nerfs du spectateur avec l'aide de bruits les plus incongrus les uns que les autres, jouant sur le sursaut et sur l'obscurité de son décor, Tsukamoto se montre avec BULLET BALLET capable non seulement de livrer une oeuvre frénétique mais aussi de jouer sur des registres plus subtils comme le suspense, et inutile de dire que pour moi, l'essai est tout à fait réussi. Pour finir, BULLET BALLET est soutenue par une musique absolument incroyable de Chu Ishikawa, le seul mec au monde capable de rendre la noise music agréable à l'écoute, qui, non content de livrer une zik incroyablement bourrine livre également dans les derniers instants de cette oeuvre une musique plus calme et agréable, apaisante, ainsi tous ceux qui connaissent un minimum ce compositeur seront surpris à l'écoute de la musique finale de ce film... Film qui pour moi à marqué un tournant puisque vous l'aurez compris, je l'adule. Il s'agit à ce jour d'un de mes 10 films préférés et si tout le monde ne partagera pas mon engouement, je tenais quand même à le préciser. BULLET BALLET est un putain de chef d'oeuvre intergalactique. A voir absolument. Malheureusement voila, trouver le film est assez difficile. Une chose est sure : vous ne le trouverez JAMAIS sur le commerce. Mais le film est disponible dans une édition qui déchire, une édition Asian Classics, un coffret qui contient deux films, ce BULLET BALLET évidemment mais aussi le génialissime TOKYO FIST de Tsukamoto, évidemment avec ces deux films il y a beaucoup de bonus : une présentation des deux films par le légendaire Jean-Pierre Dionnet, des interviews de Shinya Tsukamoto, des bandes-annonces et un livret collector détaillant et expliquant les deux oeuvres génialissimes contenues dans le coffret. Malheureusement une telle édition vient avec un prix et est donc assez cher... Mais il est sans doute possible de le trouver sur priceminister.com pour un prix convenable. Au passage, les fanas de la VF seront surpris... Car aucun des films de Tsukamoto, et je dis bien AUCUN, n'a été doublé en français... Et tant mieux! Zering Tsukamoto fonce tête baissée dans une exploration tout à fait personnelle des bas-fonds de Tokyo et nous ficelle une histoire attachante qui ne laisse personne indifférent. Après que sa petite amie se fut suicidée, un homme d'affaires déconnecté descend dans les ruelles sombres de son quartier afin d'y acheter une arme - probablement pour se venger de l'amorphisme général des japonais - et fait par la même occasion d'étonnantes rencontres. Noise japonais, expérimentations, coups de feu et sueur; voilà un joli programme. Orloff |
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HAZE - Shinya Tsukamoto, 2005, Japon Un homme se réveil dans un endroit insalubre, lugubre et tellement étriqué qu'il est à peine capable de bouger ses membres. Il ne sait ni où il se trouve, ni pourquoi il s'y trouve. Pire encore, l'un - ou plusieurs - de ses organes vitaux semble lui avoir été volé. Il va alors tenter de trouver une issue à ce piège mortel. Voila un pitch qui sonne plutôt familier, mais entre les mains de Shinya Tsukamoto il ne faut pas s'attendre à la simple réadaptation d'un concept désormais éculé. HAZE, c'est la version uber-trash de CUBE, le must du film sado-philosophico-claustrophobique. Le réalisateur incarne le personnage principal et s'inflige des supplices que l'on oserait à peine aborder dans nos pires cauchemars: dents coincées contre de la tuyauterie rouillée, bain morbide dans une soupe de membres humains, pièges pervers et ambiance sonore indus rappelant le Tsukamoto de la première heure, HAZE est une expérience réellement éprouvante, une de celle qui coupe le souffle et fait booster le pouls. Mais la violence des propos de Tsukamoto n'est jamais gratuite, elle est ici un véhicule à une réflexion existentielle guère optimiste qui trouvera réponse en chacun de ses spectateurs. La méthode est certes radicale, mais elle correspond à la personnalité de son auteur. A l'origine réalisé pour un festival sous la forme d'un court métrage de 23 minutes, HAZE est disponible en "version longue", à savoir 49 minutes. Tourné en DV, Tsukamoto met à profit les avantages de ce support malléable pour illustrer au mieux le sentiment d'enfermement et d'étouffement. Rarement l'image digitale n'avait trouvé pareille justification. L'horreur viscérale a peut-être trouvé ici un nouveau maître étalon. Site officiel : theres.co.jp/tsukamoto/haze Kerozene |
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HIRUK0 aka Yokai Hanta - Hiruko - Tsukamoto Shinya - 1986 Un film par le réalisateur de Tetsuo à Canal +, cela mérite qu'on s'y arrête. Un quidam a ouvert une porte sur l'au-delà par inadvertance qu'il va bien falloir refermer, mais il faut dire que la porte se trouve au beau milieu d'une école! Un démon qui a pu s'échapper sème la panique et le massacre autour de lui pour arriver à trouver la formule ultime qui permettra de faire basculer le monde dans le chaos. Scénario très classique donc, et Tsukamoto pour ce produit de commande fait de jolies images associées à une technique cinématographique exemplaire. Quelques scènes gores, et un démon original qui est une sorte d'araignée surmontée de la tête coupée d'une de ses victimes (accessoirement la petite copine du héros). Un bon moment bien ludique, même si on est pas sur le cul non plus. A voir. Franfran |
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NIGHTMARE DETECTIVE aka Akumu Tantei - Shinya Tsukamoto avec Ryuhei Matsuda, Hitomi, Masanobu Ando, Shinya Tsukamoto, 2006, Japon, 105m La Lieutenante Keiko Kirishima est arrivée récemment dans un nouveau poste de police et le premier cas qu'elle doit élucider est des plus étranges. On a déjà plus d'une personne qui s'est suicidée, dans son sommeil après avoir eu des conversations téléphoniques avec un interlocuteur que l'on n'arrive pas à identifier. Connu sur l'afficheur par une simple lettre, "O". Un adjoint de Keiko l'appelle et lui aussi se taillade jusqu'è mourir, durant son sommeil. Keiko va demander l'aide d'un bien étrange personnage, Kaneguma, un jeune homme capable d'entrer dans les cauchemars d'autrui. La procédure étant fort dangereuse, il rebute à aider l'enquêteuse. Keiko appelle alors "O" pour faire avancer ses recherches et forcer Kaneguma è l'aider à le coincer. "O" est interprété par le réalisateur, Tsukamoto. Le film explore autant l'univers onirique cauchemardesque que les pulsions suicidaires que l'on associe régulièrement au Japon. Nombreux sont les monologues sur le sens de la vie ou plutôt son absence de sens et chacun a ses raisons de vouloir la mort. La mise en schème est d'ailleurs friande de plans sur la ville qui semble déserte, presque morte, tel un décor sans vie. On privilégie les gros plans sur les visages, on verra constamment Hitome dans le rôle de Keiko, chanteuse pop dans la vraie vie, réfléchir, se tourmenter, dévoiler une personnalité troublée, comme pratiquement tous les personnages rencontrés. Il y a bien évidemment de nombreuses scènes de rêves montées en plans rapides qui laissent peu voir les visions sanglantes, les versions oniriques de "O". Pourtant le making of nous les montre et on peut se demander si ce n'est pas pour ne pas qu'elles volent la vedette qu'on les a presque sublimées. L'atmosphère est donc très sombre et déprimante, mais l'expérience est intéressante. Vu dans l'édition dvd de Dimension Films dans la collection ""Dimesion Extreme", ce qui peut surprendre, le gore n'y étant vraiment pas au premier plan. C'est donc un film plus sobre de Tsukamoto, en accord avec son sujet, mais qui vaut le détour, il va sans dire. Mario Giguère |
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TETSUO - Shinya Tsukamoto avec Tomorowo Taguchi, Kei Fujiwara et Shinya Tsukamoto, 1989,- Japon, 67m Depuis le temps que j'en entendais parler de ce film, il fallait absolument que je me le fasse! On peut dire que je suis pas déçu! C'est un vrai essai cinématographique surréaliste complètement halluciné. Le thème est déjà curieux au départ : un homme se transforme peu à peu en amas de chair et de métal informe à cause d'un être diabolique fait lui-même d'un assemblage métalo-humain. Dans ce film urbain, musique industrielle à l'appui, et noir et blanc sinistre, c'est un vrai exercice de style ultra-technique, moderne et fulgurant où chaque cadrage et chaque plan semble avoir été étudié minutieusement. Un truc à montrer dans les écoles de cinéma quoi! Mais malgré cette maîtrise froide et aérienne de l'outil, on ne peut qu'être fasciné par cette fable pré-apocalyptique à l'ambiance particulière. En tout cas, on aura tous compris où Jan Kounen a pompé son "Vibroboy" (que je n'aime pas du tout d'ailleurs), notamment avec cette scène ou l'homme-féraille tente de violer sa nana avec un godemichet géant tournant comme une perceuse! De même pour les scènes (en animation) de déplacements supersoniques grâce à des fusées-talon, repris dans un autre cours du français... Franfran Oulala, l'ovni que voila! Ca faisait des années que je voulais voir ce Tetsuo et récemment ma curiosité à repris le dessus et j'ai craqué : j'ai chopé le coffret édité par ce cher Jean-Pierre Dionnet (bon il dit n'importe quoi des fois mais ses éditions elles déchirent.) et ça valait bien tout l'argent que j'y ai investi : c'est tout simplement le meilleur film que j'ai vu depuis un bon bout de temps. Dès le départ, Tetsuo s'annonce comme complètement barge, mais également très trash, en témoigne cette scène d'ouverture ou le personnage joué par Tsukamoto s'ouvre la jambe pour ensuite s'y enfoncer une tige de métal, la violence est ici très crue tout en étant particulièrement grand guignolesque, car s'il y a un mot pour définir Tetsuo c'est celui-ci : grand guignolesque, complètement démesuré, tout comme cette baston finale en image par image à la limite de l'incompréhensible, d'ailleurs à ce titre Tetsuo est un film à la limite de l'abstrait, qui non seulement rappelle La mouche de Cronenberg de par l'évolution de son personnage principal (je rappelle le concept, un mec se transforme en métal petit à petit.) mais surtout l'Eraserhead de Lynch de par son univers visuel, sonore et son côté très abstrait, Tsukamoto connait ses classiques et nous le fait savoir avec cette oeuvre, film de science-fiction barré à la limite du kaiju eiga ou les scènes d'anthologie s'enchainent : on pense bien évidemment à cette scène ou le pénis du personnage est remplacé par une perceuse, une scène dont nous avons tous entendu parler au moins une fois tant elle semble improbable!! Et puis Tetsuo est soutenu par une ambiance visuelle et sonore éprouvante, dérangeante et parfois même à la limite de l'insupportable, quand à l'ambiance visuelle Tetsuo est un film unique en son genre : une bonne partie du film est tournée en image par image, ce qui donne un rendu très particulier, tout comme ce noir et blanc qui magnifie des effets visuels impressionnant de réalisme : le métal à ici une dimension organique, c'est très particulier, mais plus il y a de métal sur le corps du personnage principal, plus le film devient éprouvant, jusqu'a une baston finale absolument dingue qui se termine sur une des scènes les plus nihilistes que j'ai pu voir depuis un bout de temps... Bon je ne sais pas trop si je suis compréhensible mais en tout cas j'ai adoré ce film, j'ai moins accroché au deuxième opus mais celui-ci est un pur chef d'oeuvre, du moins à mes yeux et c'est sans doute pas l'avis de tout le monde dans la mesure ou l'appréciation d'un film comme Tetsuo est très subjective... Mais c'est une expérience qu'il faut faire!! Zering |
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TETSUO 2 - THE BODY HAMMER - Shinya Tsukamoto - 1992 Annoncé comme Tetsuo, mais en couleur par Dionnet, je trouve que le film n'a rien à voir, où presque! En fait, deux frères ont la possibilité de transformer leur bras en flingue, mais l'un des deux, plus balaise, peut complètement changer son corps en arme, avec des canons qui lui poussent de partout. Je trouve qu'il y a quelques longueurs, on s'emmerde même un peu parfois... Si l'intrigue est plus travaillée que dans Tetsuo, le film n'a pas le climat et la glauquerie sale de ce dernier. Je préfère Denchu Kozo, c'est plus rigolo, et ça rime en plus! Franfran |
TSUKAMOTO ACTEUR
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BLIND BEAST VS. KILLER DWARF - Teruo Ishii avec Shinya Rsukamoto, 2001, Japon Pour le dernier film de sa carrière, Teruo Ishii s'est (re)penché sur l'uvre d'Edogawa Rampo et plutôt que de n'adapter qu'un de ses récits, il s'est carrément mis en tête de fusionner deux histoires. D'un côté celle de "La Bête Aveugle", précédemment mise en image de manière fulgurante par Yasuzo Masumura (1969), de l'autre celle de "Issunbôshi" qui tourne autour d'un nain tueur. On retrouve donc les aventures masochistes du sculpteur aveugle kidnappant un modèle populaire - ici une danseuse du Moulin Rouge (?) avec qui il fini par connaître une relation fusionnelle au sein de son atelier fantasmagorique. Si ce dernier était époustouflant chez Masumura, il apparaît ici totalement minable, bricolé avec quelques vulgaires morceaux de papier mâché et des éclairages roses, verts et bleus qui ressemblent à la déco d'une vitrine de sex-shop en période de Noël. En parallèle, Ishii raconte l'étrange histoire d'un nain obsédé sexuel (incarné par Little Frankie, qui porta le costume de Godzilla Junior dans GODZILLA VS. SPACE GODZILLA) qui se ballade parfois avec des membres humains. Ces histoires intéressent un jeune écrivain de romans de gare qui prend contact avec un détective privé (Shinya Tsukamoto) dans le but de trouver matière à des futurs best-sellers. L'enquête chaotique et quasiment incompréhensible est résolue les doigts dans le nez par notre fin limier qui parvient même à mettre en parallèle une compétition entre la Bête aveugle et le nain meurtrier dont le vainqueur est celui qui aura kidnappé le plus grand nombre de femmes. " Ah bon ? " se dit alors le spectateur dubitatif. Pas de face à face entre nos deux criminels. Même pas de scènes communes. Juste un constat final qui pue le foutage de gueule. Avec son film tourné en DV pour trois francs-six sous, ses décors moisis, ses quelques actrices à moitié nues et un Tsukamoto sans doute un peu désolé de voir l'un de ses maîtres à penser tomber aussi bas, Teruo Ishii termine sa carrière d'une bien triste façon en livrant un V-Movie aussi laid qu'incompréhensible et qui apparaît infiniment ridicule en comparaison non seulement de ses films précédents, mais aussi des films qu'il cite. Triste. Kerozene |
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ICHI THE KILLER aka Koroshiya 1 - Takashi Miike abec Shinya Tsukamoto, 2001 Ichi the killer est un tueur pratiquement muet qui décime les yakuzas d'un quartier chaud au Japon. Témoin d'un viol collectif lorsqu'il était plus jeune, il est resté marqué par cet évènement surtout au niveau de sa sexualité. Lorsque le boss Anjo disparaît, toute sa bande mené par Kakihara, autre tueur déjanté, part à sa recherche. Ils finiront par croiser la route de Ichi avec des résultats sanglants. Miike l'avait dit. Il voulait réaliser un film tellement laid, tellement vulgaire, tellement violent que ses producteurs ne voudraient pas le sortir en salle... Ben on peut dire que Miike a réussit, son film n'est pas aimable du tout. C'est un truc abject totalement pervers qui avec ses côtés grotesques n'arrive pas vraiment à être choquant ni vraiment comique (et ce, même si les personnages sont dès plus colorants et collent parfaitement au manga dont ils sont tirés). De plus, le film n'est pas vraiment nerveux et l'action n'est pas toujours au rendez-vous. Miike privilégie une certaine lenteur qui s'achève sur des moments de violents extrêmes qui ne sont pas toujours montrés à l'écran lors de l'action (question de FX ?) mais ou le résultat est judicieusement cadré (le pimp coupé en 2 sur le sens de la longueur, le visage glissement doucement sur un mur taché de sang, la cheville d'une fille coupée froidement, etc.) Malgré ces bémols typiquement Miikiennes (on sent que Ichi est un film vite réalisé et vite monté. Quelques bonnes idées ne cachent pas vraiment le manque de rigueur de la mise en scène), le film reste fascinant au niveau de la perversion des personnages. Grand film S&M, tous les personnages possèdent une déviance, tous se torturent avec " amour ", tous recherchent une certaine extase dans la douleur ou le sadisme. Kakihara est excité à l'idée de rencontrer Ichi, quelqu'un qui saura sûrement le torturer aussi bien que Anjo, son patron disparu. L'humiliation est aussi un sujet fort dans Ichi. Le Bullying (sujet déjà présent dans Visitor Q) a transformé Ichi en ce qu'il est aujourd'hui, un tueur fou incontrôlable qui désire éliminer tous les bullys.. Même les adultes sont humiliés constamment, comparant tout le concept yakuza à la cruauté d'enfants dans une cour d'école. Il aurait été impossible de réaliser ce film en Amérique. Non seulement à cause de sa trop grande violence mais bien plus à cause de cette culture S&M typiquement japonaise. Lloyd llewellyn Un tueur sadique assassine le chef d'une bande de dangereux yazukas et laisse ensuite ses associés le soin de nettoyer les lieux du crime pour donner l'impression que la victime s'est fait kidnapper plutôt que tueur. Kakahira, l'homme de main de la victime, part donc à la recherche de son patron et de fil en aiguille, il apprend l'existence de Ichi, un maniaque qui s'attaque uniquement aux hommes méchants qui sèment le mal sur la planète. Bon, j'avoue ici que mon résumé est un peu bâclé, mais on pourrait dire qu'il va en harmonie avec cet opus de la violence signée Miike. Ici, le scénario n'est qu'une excuse pour des scènes sanglantes à souhait, frôlant souvent l'insupportable, ainsi que les farces d'humour noir rarement subtiles, mais souvent très absurdes. Miike ici s'est complètement laissé aller, on sent très bien qu'il est désormais en harmonie avec son style particulier et il se laisse ici s'amuser en suivant ses propres règles. Le résultat est cocasse et fort amusant, mais il ne s'agît pas ici de son meilleur film, ce dernier ayant fait beaucoup mieux avec GOZU et VISITOR Q. Oncle Freak |
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MAREBITO aka The Stranger From Afar - Takashi Shimizu, scénario Chiaki Konaka avec Shinya Tsukamoto, Tomomi Miyashita et Kazuhiro Nakahara, 2004, Japon, 92 m, couleur/Betacam Un caméraman d'une équipe de la télévision filme par accident un suicide violent dans le métro. Il deviendra obsédé à essayer de comprendre qu'est-ce que le suicidé avait vu de si terrifiant avant de se donner la mort. Cette recherche l'amènera à parcourir le Tokyo souterrain où il rencontrera un univers qu'il ne soupçonnait pas et fera une étrange rencontre. Ce nouveau film de Takashi Shimizu (Ju-on) traite encore une fois de "fantôme japonais" mais cette fois-ci c'est matiné à la sauce Lovecraft. Le film est très intéressant et devrait plaire. Du coté technique, l'utilisation de la vidéo digital et d'un format différent plus cheap pour illustrer les images pris avec l'aide d'un caméscope, me laisse assez perplexe. J'aurais aimé mieux avoir un mélange de la pellicule 35 mm et du format digital. Le film est violent, sanglant, exploite la sexualité sous un mode trouble et nous gratifie de bonnes scènes de cannibalisme où le sang est sucé avec appétit. La fatigue que j'ai eu d'avoir trop épuisé ma tête à essayer de comprendre et d'analyser L'INTRUS, le nouveau film de Claire Denis et le fait d'avoir travaillé quelque chose comme 45 heures en 3 jours et demi a donné que je cognais des clous vers la fin de la projection. Dommage! Je n'ai pas apprécié le film à sa juste valeur mais c'est certain que je veux le revoir 1 jour. Oncle Freak a sûrement une opinion plus juste du film que moi, lui, il a au moins été en mesure de voir la dernière image. Black Knight Que fait Takashi Shimizu lorsqu'il ne nous emmerde pas avec ses suites, ses remakes, ses suites de remake et ses remakes de suites de THE GRUDGE ? Et bien il nous emmerde avec MAREBITO, un " quicky " tourné sur huit jours en DV et dans lequel Shinya Tsukamoto incarne un type qui ne connaît le monde qu'au travers la lentille de son caméscope. Fasciné par la peur, il découvre que le métro de Tokyo renferme d'étranges créatures issues d'un monde sous-terrain qu'il ne tarde pas à découvrir au hasard d'un passage dans les bas-fonds dudit métro. Dans cet univers que l'on aurait voulu découvrir plus en détail, il découvre une femme nue enchaînée et apeurée qu'il ramène chez lui... Et Shimizu de nous asséner de grands coups de valium sur le coin de la face avec un film au pitch intriguant mais au résultat tristement fatal. L'avantage du film réside dans le fait qu'il tente une nouvelle approche du cinéma d'épouvante nippon en évitant de nous livrer un nouveau clone de Sadako et en tentant une approche quelque peu philosophique du thème de la fascination malsaine, mais cela ne suffit malheureusement pas à en faire un film intéressant et a même plutôt tendance à nous prendre le chou avec des propos aussi vain que prétentieux. Ajoutez à cela un rythme mollasson que les excès de violence et d'automutilations finales ne parviendront en aucun cas à rattraper, et vous obtiendrez un produit difficilement consommable. Ce film constitue l'un des quatre titres de la série Horror Bancho initiée par une société appelée Euro Space. Kerozene Attention, évitez de lire si vous n'avez pas encore vu le film. Matsuoka est un obsédé de l'image. Cameraman de profession, il examine à répétition la scène d'un suicide en direct pour comprendre d'ou vient la terreur lisible dans le regard du dépressif. Lorsqu'il croit savoir, il prend deux décisions: descendre dans les sous-sols de la ville et secundo cesser de prendre son prozac. Erreur. Lorsqu'il découvre les montagnes de la folie alias The Mountains of Madness, la référence semble directe avec Lovecraft, mais on retiendra celle, plus simple, de la folie. Il fait aussi référence à Richard Shaver en disant tout simplement: Shaver avait raison. Richard Shaver écrit après la deuxième guerre mondiale une longue lettre au magazine Amazing Stories. L'éditeur Ray Palmer retravaille le texte et le présente comme basé sur des faits vécus. Ce qu'on appellera désormais le mystère Shaver est la découverte d'un monde souterrain ou sévissent les Deros, que l'on verra dans le film, les descendants décadents d'une race d'anciens, de l'Atlantide ou de Lemuria, qui vivent au centre de la terre, craignant les radiations du soleil. Shaver prétend avoir entendu les scènes d'orgie et de torture de ces êtres qui nous espionnent constamment et qui sont responsables de nos malheurs. On sait que Shaver a passé un certain temps en institution psychiatrique et ses récits ont tout du délire schizophrénique paranoïaque. La jeune dame, qu'il appelle simplement F, ne parle ni ne mange ou boit et n'est réveillée que trois heures par jour. Matsuoka est harcelé par un homme en noir qui le somme de retourner la jeune dame s'il ne comprend pas comment s'en occuper. Les indices s'accumulent et il appert que la voisine que Matsuoka surveillait est son épouse, qu'il ne reconnait pas et que F est en réalité Fumiki, leur fille. Le réalisateur n'hésite pas à nous montrer que cet inconnu qui vient de parler au protagoniste n'est tout simplement pas dans la cabine téléphonique d'ou il est censé avoir répondu à son appel. Plus intriguant, mais plus évident après coup, la dernière randonnée de Matsuoka dans la ville montre une vision objective ou les badauds ont des effets éclairs vidéos qui accentuent le décalage du personnage de la réalité. Loin d'une oeuvre Lovecraftienne, MAREBITO est plus proche de RÉPULSION de Polanski que de DAGON de Stuart Gordon. À partir des délires d'un auteur connu pour ses théories étranges sur les habitants du centre de la terre, Shimizu nous offre une descente aux enfers dans la psyché d'un personnage dérangé. On imagine avec difficulté la vie tragique de cette jeune femme et de ce qui a pu la mener dans cet état. Je ne connaissais pas Richard Shaver, mais le film m'a amené à me renseigner sur l'homme, ce qui permet d'éclairer le film sous un angle nouveau et différent. À découvrir ou à redécouvrir. Mario Giguère |
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