1916-1991

Irwin Allen est très connu pour sa série de films catastrophes et ses séries télévisées de science fiction. Survol du réalisateur et du producteur légendaire. Par ordre chronologique. Une suggestion de Mathieu Lemée.

mise à jour le 12 septembre 2015

RÉALISATEUR

The LOST WORLD aka Le Monde Perdu - Irwin Allen avec Michael Rennie, Jill St-John, David Hedison, Claude Rains, Fernando Lamas, Richard Haydn, Ray Stricklyn, Jay Novello, Vitina Marcus, 1960, États-Unis, 96m

Le biologiste et anthropologue George Edward Challenger est persuadé qu'il existe aux confins de l'Amazonie et du Brésil, un monde perdu où vivent encore des dinosaures de l'ère préhistorique. Il met au défi la Société Zoologique de Londres de financer une expédition, afin qu'il puisse prouver ses dires. Un explorateur d'expérience, Lord John Roxton, accepte de faire partie de l'expédition et d'aider Challenger. Un farouche opposant du scientifique, le professeur Summerlee, demande aussi à faire partie de l'expédition, juste pour le plaisir de prouver que les théories de Challenger, ne sont que pures élucubrations. Les accompagnent également dans cette aventure un journaliste, le fils d'un magnat de la presse et sa soeur, de même qu'un guide et son assistant. Lorsqu'ils atteignent le plateau désigné par Challenger, situé dans une région volcanique, il s'avère en effet qu'il est habité par de nombreux dinosaures, ainsi que par des tribus préhistoriques. Ayant perdu leur seul moyen de transport, les membres l'expédition tentent de traverser le plateau isolé pour trouver un moyen d'en sortir, mais ils devront de ce fait affronter de nombreux dangers, tout en allant de surprises en surprises.

Déjà adapté par Harry Hoyt en 1925, cette nouvelle adaptation d'un récit célèbre de Sir Arthur Conan Doyle montre à quel point que si Irwin Allen fût un producteur plutôt avisé, il n'en fût pas de même comme réalisateur. C'est ainsi qu'à partir d'une intrigue, déjà à la base, fertile en péripéties excitantes, la mise en scène d'Allen les illustre de manière amorphe, si bien que l'ensemble tombe carrément à plat, au point où le spectateur doit lutter sans merci contre le sommeil profond qui l'envahit pendant le visionnement. Même les séquences incluant des dinosaures, grâce à des trucages relativement inégaux, ne parviennent pas à racheter la médiocrité du produit, bien que les dernières minutes se révèlent plus animées. Le tout manque également cruellement d'humour, sauf quand cela s'avère complètement involontaire de la part des auteurs, qui ont été en plus incapables d'imaginer des développements dignes d'intérêt. La distribution est composée d'acteurs spécialisés dans la série B et Z qui sont à l'évidence fatigués et peu motivés par le projet. Soulignons que de nombreuses séquences de ce film furent très souvent réutilisées subséquemment dans des épisodes de séries télévisées produites par Irwin Allen au cours des années 60. Mathieu Lemée

VOYAGE TO THE BOTTOM OF THE SEA aka Voyage au fond des mers - Irwin Allen avec Walter Pidgeon, Robert Sterling, Peter Lorre, Joan Fontaine, Barbara Eden, Michael Ansara, Frankie Avalon, Regis Toomey, Delbert Monroe, 1961, États Unis, 106m

Un savant militaire, l'amiral Nelson, a conçu un sous-marin atomique révolutionnaire capable de voyager sur de grandes distances en plus d'être à la fine pointe de la technologie. Baptisé le "Nautilus" (Seaview), le sous-marin effectue son premier voyage afin de le tester et de l'inaugurer. C'est alors que brusquement, une ceinture radioactive de couleur rouge encercle la planète Terre, ce qui accroît sensiblement la chaleur et la température partout sur le globe. Aux Nations-Unies, dont les membres se sont réunis de toute urgence pour réfléchir à une solution qui pourrait éliminer cette ceinture avant que tous les humains ne succombent à la trop grande chaleur qu'elle provoque, l'amiral Nelson et son conseiller scientifique, le commandant Lucius Emery, proposent de lancer un missile nucléaire au coeur même de la ceinture pour l'anéantir. La majorité des membres des Nations-Unies ne sont cependant pas d'accord avec cette solution, si bien que malgré les ordres, l'amiral Nelson s'entête à partir avec le "Nautilus" vers le point prévu pour lancer le missile. La majorité de l'équipage n'approuve toutefois pas la décision de leur chef et demande à quitter le sous-marin pour aller auprès de leurs familles. Par ailleurs, le voyage du "Nautilus" est parsemé d'embûches qui le retardent, comme l'attaque d'une créature des mers et plusieurs tentatives de sabotage. Bien qu'opposé à Nelson, c'est pourtant son bras droit, le capitaine Crane, qui démasquera le saboteur et parviendra à détruire la ceinture radioactive à temps.

Bien avant la célèbre série télévisée du même nom qui a fait les beaux jours sur les écrans domestiques entre 1964 et 1968, son créateur, Irwin Allen, avait d'abord écrit, produit et réalisé lui-même un long-métrage fantastique racontant les périples du sous-marin "Nautilus" ou "Seaview". Bien entendu, la distribution est composé d'acteurs différents de ceux ayant évolué au petit écran. L'intrigue, quant à elle, ressemble beaucoup aux épisodes de la série. Les séquences sous-marines et les trucages profitent assez pleinement de l'emploi de miniatures, d'effets photographiques et de transparences, donnant à l'ensemble beaucoup de couleur, tout comme les décors constituant l'intérieur du submersible. Par contre, le récit s'avère très simpliste et possède un ton trop prétentieux défendant l'usage d'armes nucléaires qui fatigue le spectateur au lieu de l'intriguer. En plus, la mise en scène est d'Allen est plutôt molle, ce qui diminue le niveau de tension lors des moments de suspense. Ce qui fait qu'au bout du compte, ce sont les scènes à caractère fantastique qui emportent généralement l'adhésion alors que les scènes d'expositions ou de conflits entre les protagonistes ennuient passablement le public. Néanmoins, le film ne manque pas d'être sympathique (surtout si on coupe le son lorsque se présente des répliques sentencieuses), à défaut de posséder tout le charme de la série télé qui a suivi, et on rigole même à l'occasion en le visionnant. Tous les interprètes se défendent honnêtement dans l'incarnation de personnages inégalement définis. Mathieu Lemée

The TOWERING INFERNO aka La Tour Infernale -.John Guillermin/Irwin Allen avec Paul Newman, Steve McQueen, William Holden, Faye Dunaway, Richard Chamberlain, Susan Blakely, Fred Astaire, Jennifer Jones, Robert Vaughn, O.J. Simpson, Robert Wagner, 1974, États Unis, 165m

Le jour même de son inauguration à San Francisco, un incendie provoqué par une surcharge dans un câble électrique se déclare dans un gigantesque gratte-ciel, piégeant du même coup toutes les personnalités présentes à la réception se déroulant au 135ième étage. L'architecte Doug Roberts fait porter le blâme de l'incendie à l'électricien Roger Simmons et au constructeur James Duncan, ceux-ci ayant préféré une installation électrique standard plutôt que sécuritaire pour des questions budgétaires. Pendant ce temps, le chef des pompiers O'Halloran tente tout ce qu'il peut avec son équipe et la collaboration de la NAVY pour éteindre cet incendie, et faire évacuer les personnes coincées au dernier étage de la tour. Le feu ayant fait plusieurs victimes, tout en continuant de progresser au point de devenir incontrôlable, une ultime solution est envisagé pour tenter de sauver les survivants restants.

Cette super-production marqua l'apogée du cinéma catastrophe tout en ayant été le plus gros succès de son producteur et co-réalisateur Irwin Allen, véritable spécialiste du genre. Avec un budget colossal pour l'époque marquant la première collaboration de deux majors (Fox et Warner) qui se détestaient pourtant, un casting somptueux comprenant des stars de plusieurs générations et des effets spéciaux efficaces, ce film spectaculaire peut être considéré comme un modèle du genre. S'inspirant à la fois de deux romans et de la construction du célèbre World Trade Center (inauguré un an après la sortie du film et en plus le tournage se serait terminé un 11 septembre), le scénario mélange des situations mélodramatiques peu crédibles entre les personnages, avec d'autres plus réalistes impliquant les pompiers et leurs difficiles méthodes de sauvetage pour contrecarrer un incendie dans une tour à étages. Ce sont donc les scènes d'action et de suspense qui donnent de la vigueur à ce long-métrage, et non les séquences conflictuelles entre les protagonistes, où la critique de la folie des grandeurs des bâtisseurs faisant fi de la responsabilité collective pour des raisons économiques ne passe pas vraiment, tellement elle est manichéenne en plus de s'apparenter à la catastrophe du Titanic. À tout le moins, la mise en scène est assez souple pour éviter d'alourdir l'ensemble, réussissant même à rendre poignants quelques morceaux de bravoures, dont certains impliquant quelques acteurs ayant refusé d'être doublé. En bref, un film catastrophe qui n'a pas trop mal vieilli et qui contient assez de moments captivants pour divertir les spectateurs. N'ayant pas peur de prendre des risques, Steve McQueen n'a aucun mal a dominer la distribution dans le rôle du chef de pompiers, tant sur le plan physique que sur le plan dramatique. Mathieu Lemée

The SWARM aka L'Inévitable Catastrophe - Irwin Allen avec Michael Caine, Richard Widmark, Katharine Ross, Olivia de Havilland, Ben Johnson, Fred MacMurray, Henry Fonda, Richard Chamberlain, Patty Duke Austin, Bradford Dillman, Lee Grant, Jose Ferrer, Slim Pickens, 1978, États Unis, 155m

Une base de missiles nucléaires situé dans le désert du Texas ne répond plus aux appels du quartier général. Un commando spécial est envoyé et découvre que tout le personnel de la base est mort. Seul un civil est trouvé vivant sur lieux. Les militaires le soupçonnent immédiatement d'être un espion ayant contribué à l'invasion de la base, mais celui-ci se présente comme étant un entomologiste, le docteur Crane, possédant des amis hauts-placés à Washington. Crane parvient difficilement à convaincre le général Slater que la raison de sa présence dans la base est due au fait qu'il suivait à la trace une nuée d'abeilles meurtrières qui ont réussi à y pénétrer et tuer tout le personnel. D'autres incidents amènent finalement à croire que Crane dit la vérité et Slater se voit chargé de permettre à celui-ci de trouver un moyen d'anéantir ces abeilles sans toucher à l'environnement. Crane fait réunir une équipe de scientifiques et aussitôt ils travaillent d'arrache-pied pour trouver ce moyen tout en cherchant un antidote qui empêcherait les victimes de mourir des piqûres mortelles des abeilles. Toutes les tentatives échouent et les abeilles continuent leurs ravages. Elles foncent tout droit vers la grande ville de Houston sans que rien puissent les arrêter, même pas les lance-flammes des militaires. Crane tente alors une manoeuvre désespérée pour les détruire coûte que coûte.

Au début des années 70, Irwin Allen est devenu le producteur par excellence des films catastrophe à gros budgets avec des oeuvres comme "THE POSEIDON ADVENTURE" ET "THE TOWERING INFERNO". Bien que ce sous-genre se soit amenuisé par la suite, Allen persiste et signe avec cette super-production qu'il a lui-même réalisé. Bien qu'inspirée de certaines attaques réelles d'abeilles en Afrique, l'intrigue a bien du mal à tenir la route à cause des conflits trop artificiels entre les principaux personnages. Des scènes mélodramatiques plutôt inutiles tuent dans l'oeuf la possibilité de vraiment s'intéresser à leurs sorts. Les développements de l'histoire relèvent des clichés et des invraisemblances coutumières aux films d'Allen, avec en plus une finale spectaculaire précipitée sans ménagements comme un coup de poing à la figure, ce qui achève de démolir la crédibilité de la narration surtout avec la durée passablement longue du film. Les dialogues sont d'un rachitisme si rare qu'on se marre dès que l'on entend une phrase incongrue ou un échange verbal fabriqué. Restent les séquences d'attaques d'abeilles techniquement réussies et quelques passages visuellement attirants. La réalisation d'Allen manque cependant de punch, si bien que son film n'est plus qu'une grosse série B boursouflée par son budget. Le casting est impressionnant par le prestige des noms sur le générique mais seul Henry Fonda est excellent alors que Michael Caine et Richard Widmark semblent tellement peu naturels que l'on s'imagine qu'ils ont l'air de se demander ce qu'ils foutent là en dehors du chèque de paye. En bref, le film m'a fait beaucoup rire et je vous souhaite d'en faire autant lorsque vous le verrez. Mathieu Lemée

BEYOND THE POSEIDON ADVENTURE aka Le Dernier Secret du Poséidon - Irwin Allen avec Michael Caine, Sally Field, Karl Malden, Telly Savalas, Peter Boyle, Jack Warden, Shirley Knight, Shirley Jones, Slim Pickens, Veronica Hamel, Angela Cartwright, Mark Harmon, 1979, États Unis, 114m

Peu de temps après le sauvetage des quelques survivants du paquebot Poséidon, qui a été renversé par un raz-de-marée, le capitaine d'un petit navire, Mike Turner, arrive sur les lieux de la catastrophe. Il décide avec ses deux partenaires, Celeste Whitman et Wilbur Hubbard, de pénétrer à bord du Poséidon pour y trouver d'autres survivants, mais surtout pour s'emparer des richesses que le navire peut contenir, en égard aux lois de la mer concernant les bateaux en naufrage. Un petit yacht, avec à son bord un certain Stefan Svevo et deux hommes de main, arrive également sur place; Svevo voulant récupérer quelque chose qui lui appartiendrait à bord du Poséidon. Turner et ses deux amis parviennent non seulement à trouver une fortune en argent et en monnaie à bord du paquebot mais aussi quelques survivants qu'ils ont l'intention d'emmener avec eux pour les sauver. Mais Svevo et ses hommes de main n'ont pas des intentions aussi pacifiques et ils ont en réalité l'intention de supprimer Turner et tous ceux qui l'accompagnent. En effet, Svevo est venu spécifiquement à bord du Poséidon pour y récupérer des armes cachées dans la soute à bagages ainsi qu'un chargement secret de plutonium et il ne veut pas laisser de témoins gênants derrière lui. Alors que la lutte est engagée entre Turner, ses amis et les survivants retrouvés contre Svevo et ses complices, le Poséidon est sur le point de couler définitivement ou d'exploser pour de bon. Qui réussira à s'en sortir?

Bien que le film catastrophe fût à son déclin vers la fin des années 70, le producteur et réalisateur Irwin Allen s'est obstiné à étirer l'élastique de ce sous-genre en concevant une suite improbable à l'un de ses succès dans le genre: "THE POSEIDON ADVENTURE". Dire que l'élastique a pété à la figure d'Irwin Allen n'est même pas un euphémisme, tellement le prétexte de départ de l'intrigue et sa ligne dramatique s'avèrent tellement gros qu'il est impossible de croire au récit. Les invraisemblances et les incohérences s'accumulent et s'empilent sans ralentir au point de rendre le film lourd et carrément ridicule, surtout que la mise en scène et les trucages sont complètement démodés comparé à ce qu'un film comme "STAR WARS" diffusé deux ans plus tôt a offert. Au bout du compte, ce long-métrage artificiel dénué de suspense fait beaucoup plus rire le spectateur que de captiver son attention. On peut dire sans se tromper que ce film catastrophe "de trop" est devenu un film "désastre". Seule la musique de Jerry Fielding peut être considérée comme un élément positif à retenir. La distribution comporte des acteurs de talent qui débitent des dialogues insignifiants sans y croire en attendant d'encaisser leur revenu garanti, ce qui contribue à un savoureux décalage dans le ton du film. Michael Caine a d'ailleurs révélé qu'il s'agissait de l'une de ses pires pellicules en carrière dans sa filmographie. On a aucune difficulté à le croire, Michael, mais pourquoi as-tu accepté de revenir avec Irwin Allen après l'échec de "THE SWARM"? Mathieu Lemée

PRODUCTEUR

VOYAGE TO THE BOTTOM OF THE SEA aka Voyage au fond des mers - créé par Irwin Allen avec: Richard Basehart, David Hedison, Bob Dowdell, Terry Becker, Del Monroe, Paul Trinka, Arch Whiting, Henry Kulky, Allan Hunt, Paul Carr, 1964-68,  États Unis, 110 épisodes de 51 minutes (32 en noir en blanc).

Cette série raconte les aventures étranges, extraordinaires, insolites et fantastiques d'un sous-marin atomique ultra-moderne, le "Seaview" (ou "Neptune" dans la version française), et de son équipage dirigé par l'amiral Harriman Nelson et le capitaine Lee Crane, tout cela dans un futur proche.

Malgré l'échec du film du même nom en 1961, son réalisateur Irwin Allen a adapté le matériel en une série télé hebdomadaire avec une nouvelle distribution. Après une première saison dont les épisodes furent filmés en noir et blanc et qui mélangeait habilement l'espionnage avec le fantastique, la série alla progressivement vers la science-fiction dès son passage à la couleur lors de la deuxième saison. Le succès de la série s'explique en grande partie dans sa façon de présenter au petit écran ces aventures selon un schéma clairement défini, sa manière d'adapter les codes d'un cinéma fantastique ou de science-fiction, et son ton léger pour la rendre accessible à un large et jeune public, au point où même des bandes dessinées et des romans populaires basés sur la série ont été publiés à l'époque, de même que des jouets et un jeu de société. Quelques jolies demoiselles sont venues parfois garnir le lot hebdomadaire des épisodes, mais pour l'essentiel il s'agit d'une série essentiellement masculine. Mais ce qui contribua au succès de la série à l'époque contribua aussi à son essoufflement et à sa chute à force d'user inlassablement les mêmes fils. Avec le recul pourtant, le culte entourant cette série aujourd'hui s'explique par ses défauts innombrables qui confère un charme pour certains amateurs de cinéma de genre, d'autant plus que ces défauts, jumelés à l'approche sérieuse des auteurs (il est question déjà de dangers nucléaires et écologiques pour l'avenir), a crée un décalage humoristique certain. Depuis sa sortie ponctuelle en DVD, on prend donc plaisir à suivre ces aventures colorées remplis d'incongruités grosses comme des barres de fer, avec sa galerie de monstres divers (monstres marins, loup-garou, momie, envahisseurs extraterrestres, mutants, jusqu'à un homme-homard), ses nombreux stock-shots répétitifs de plans sous-marins et ses clichés réemployés à satiété (conflits entre Nelson et Crane dès que l'un d'eux est sous l'emprise du Mal ou remplacé par un double maléfique, plans "rock n' roll" ou les comédiens vont dans le sens contraire de la caméra pour simuler une collision ou un impact du sous-marin). Comme en plus tous ces "défauts" sont maintenant encore plus visibles grâce à la remasterisation des épisodes sur DVD, on ne boudera pas notre plaisir pour se divertir et rigoler en masse dans le visionnement de ces péripéties à la fois naïves et divertissantes (quoique quelques épisodes sont tellement médiocres qu'on s'y ennuie). En manque d'argent malgré sa renommée internationale, Richard Basehart, qui avait pris de la bouteille durant cette période, essaie de donner le maximum dans son interprétation de l'amiral Nelson, même s'il ne semble pas croire aux scénarios qui lui sont proposés. À ses côtés, l'élégant David Hedison cherche dans son jeu à en soutirer le plus de plaisir possible et l'on sent même ses tentatives d'amener de l'humour au projet (il voyait déjà le ridicule du contenu des scripts), bien qu'il était freiné par le créateur de la série Irwin Allen qui n'entendait pas à rire. Allen risque par contre de retourner dans sa tombe en voyant les spectateurs regardant sa série s'esclaffer actuellement, même si elle demeure d'assez bonne qualité et très rythmée dans l'ensemble. Mathieu Lemée

 

LAND OF THE GIANTS - Série télé conçu, écrite et produite par Irwin Allen avec Gary Conway, Don Matheson, Stefan Arngrim, Don Marshall, Deanna Lund, Heather Young, Kurt Kasznar, 1968 à 1970, 51 épisodes

Dans le futur, les voyages spatiaux sont maintenant aussi simples que des ballades touristiques. L'un de ces vaisseaux touristiques est cependant pris dans un tourbillon magnétique et s'écrase sur une planète ressemblant à la Terre. Tout le monde a survécu au crash, soit les deux pilotes, l'hôtesse et les quatre passagers incluant un enfant. Ils se rendent vite compte qu'ils se retrouvent dans un monde où ses habitants et sa nature sont d'une taille gigantesque. Le vaisseau en mauvais état ne pouvant plus repartir, les survivants à l'état de lilliputiens tenteront de survivre le mieux possible à cet environnement hostile.

Quatrième et dernière série télé fantastique d'Irwin Allen, elle n'a duré que deux ans à cause des coûts astronomiques uniquement réservés aux trucages et aux décors. En effet, chaque épisode coûtait à l'époque 250 000 dollars en moyenne, ce qui en faisait la série la plus chère de cette période. L'imagination ne manque cependant pas dans cette série qui a marqué mon enfance. Avec une touche de surréalisme, les différents réalisateurs ont su habilement avec les moyens à leurs dispositions, créer un univers cohérent pour nous faire croire à ce thème gulliverien d'êtres vivants confrontés à un monde aux dimensions immenses. Pour y arriver, on a droit à des décors à l'échelle, à des effets de transparence, à des prises de vues insolites et même à des bras et des mains mécaniques géantes. La couleur est magnifique avec une prédominance pour celles qui sont voyantes, ce qui donne une touche kitsch agréable. Certains épisodes sont évidemment meilleurs que d'autres, mais l'on ne s'ennuie jamais. La musique de John Williams est excellente comme de juste (lui et Jerry Goldsmith ont été connus grâce aux séries d'Irwin Allen) avec ses instruments à vents qui donnent un son psychédélique en accord avec le sujet. En résumé, une série télé culte que vous devez voir à tout prix si vous ne l'avez pas encore vu. Aussi bon que "VOYAGE TO THE BOTTOM OF THE SEA" du même producteur. Hélas, la série n'est disponible en DVD qu'à la maison COLUMBIA HOUSE (ne la cherchez même pas chez AMAZON). J'ai hâte qu'elle sorte sur le marché régulier. Mathieu Lemée

  The POSEIDON ADVENTURE aka L'aventure du Poséidon Ronald Neame avec Gene Hackman, Ernest Borgnine, Red Buttons, Carol Lynley, Roddy McDowall, Stella Stevens, Shelley Winters, Jack Albertson, Pamela Sue Martin, Eric Shea, Arthur O'Connell. Leslie Nielsen, 1972, États Unis, 117m

Un paquebot de plaisance appelé le Poséidon effectue un voyage sur la mer Méditerranée en direction de l'Italie et de la Grèce. Le représentant de la compagnie maritime propriétaire du navire ordonne au capitaine d'augmenter la vitesse du paquebot afin d'arriver plus rapidement à destination par souci d'économie, ce qui va à l'encontre des règles maritimes de sécurité les plus élémentaires. Le soir du réveillon du jour de l'an, presque tous les passagers fêtent dans la salle de réception mais un gigantesque raz-de-marée, provoqué par une secousse sismique près de la Grèce, retourne carrément le navire à l'envers; la trop grande vitesse de celui-ci ne lui ayant pas permis d'éviter la vague catastrophique. Un prêtre passager à bord du Poséidon, le révérend Scott, est convaincu que la seule façon de s'en sortir est de se rendre vers la poupe du navire à proximité des hélices car cette partie du bateau est probablement la seule immergée par où les secours peuvent rejoindre les rescapés. 9 autres personnes acceptent de suivre le prêtre dans son projet mais le trajet vers la poupe est laborieux et ne va pas sans conflits ni épreuves. Quelques-uns des 10 survivants parviennent finalement vers la poupe et sont sauvés par les secouristes, mais d'autres ont hélas perdu la vie au cours de l'aventure.

Puisqu'un remake de ce film catastrophe va bientôt sortir sur les écrans, j'ai pris la liberté de traiter de la version originale qui s'avère être le premier film du genre produit par Irwin Allen. Si le point de départ de l'intrigue semble s'inspirer quelque peu de la catastrophe du Titanic, l'incident qui y est décrit est tiré d'un roman s'inspirant de l'histoire du Queen Mary, un paquebot qui a failli être renversé par un raz-de-marée durant la Deuxième Guerre Mondiale. Les situations du récit sont généralement invraisemblables mais ils sont illustrés avec professionnalisme par le réalisateur britannique Ronald Neame. Le suspense engendre bien une certaine paranoïa claustrophobique chez le spectateur alors que les décors "à l'envers" impressionnent quelque peu, sauf que les personnages et les conflits qui les opposent relèvent d'une conception artificielle, ce qui empêche la tension d'atteindre vraiment son paroxysme. La mise en scène cherche à compenser cette lacune en symbolisant subtilement l'odyssée et la survie des personnages comme si ceux-ci étaient à bord d'une sorte d'Arche de Noé contemporaine où Dieu n'intervient pas (contrairement à ce que le personnage principal du prêtre croit, bien qu'il soit humainement moderne), ce qui ne surprend guère étant donné que le scénariste du film est le même que celui de Death Wish (Wendell Mayes) où se trouvait déjà un propos plutôt athée ou avant-gardiste sur la religion. Bref, ce long-métrage est un divertissement honorable qui possède un peu de lourdeur mais aussi quelques fragments personnels intéressants venant d'un réalisateur dont ce n'est évidemment pas la meilleure oeuvre. Les acteurs livrent de façon générale une bonne performance, bien qu'ils aient tendance à sur-jouer quelques fois. Mathieu Lemée

FLOOD! aka Déluge sur la Ville - Earl Bellamy avec Robert Culp, Martin Milner, Barbara Hershey, Richard Basehart, Carol Lynley, Roddy McDowall, Cameron Mitchell, Erci Olson, Teresa Wright, Francine York, Whit Bissell, 1976, États Unis, 98m. TV

Après plusieurs de jours de pluies torrentielles, un pilote d'hélicoptère, Steve Brannigan, remarque de nombreuses fuites dans le barrage de la rivière qui arrose la petite ville de Brownsville. Il cherche alors à convaincre le conseil municipal de la ville d'ouvrir les vannes du barrage, afin d'éviter qu'il ne s'écroule et que Brownsville ne soit victime d'une inondation massive. Le maire et ses conseillers refusent cependant de l'écouter, prétextant que la montée du niveau de l'eau de la rivière, que l'ouverture des vannes entraînerait, serait catastrophique pour l'industrie de la pêche, qui est la principale source de revenus de Browsnville. Quelques hommes tentent bien de constituer un remblai de terre pour solidifier le barrage, mais un soir, celui-ci finit par céder. Alors que l'inondation déferle rapidement sur la ville et anéantit presque tout sur son passage, Brannigan et quelques autres tentent tout ce qu'ils peuvent pour faire évacuer le plus de survivants possible.

Afin de profiter au maximum de l'attrait qu'a exercé en salles deux de ses superproductions à catastrophes, Irwin Allen a décidé d'exploiter le genre au petit écran, un mode de diffusion qu'il connaît bien pour y avoir connu du succès durant les années 60. Premier de deux téléfilms réalisés par un habitué des produits de série, FLOOD! ne se veut toutefois pas très excitant. Le téléspectateur doit au moins attendre une bonne heure avant que la catastrophe attendue se déclenche, et avant d'en arriver là, il doit endurer plusieurs scènes artificielles de confrontations entre différents personnages, qui obéissent à la formule imposée par le genre. Lorsque finalement le cataclysme se produit, elle ne s'avère pas vraiment spectaculaire et digne d'intérêt. Sans doute à cause d'un budget restreint, les effets spéciaux sont réduits au strict minimum, avec une utilisation évidente de maquettes et de miniatures (Bonjour monsieur Margheriti!), jumelée à l'emploi de plans tirés d'un documentaire portant probablement sur une vraie inondation ayant eu lieu quelque part aux États-Unis. Plus ennuyeux qu'attrayant, FLOOD! est parfaitement dispensable malgré le jeu relativement correct des interprètes. Mathieu Lemée

FIRE! aka Horizons en Flammes - Earl Bellamy avec Ernest Borgnine, Vera Miles, Patty Duke Austin, Alex Cord, Donna Mills, Lloyd Nolan, Neville Brand, Ty Hardin, Gene Evans, Erik Estrada, Michelle Stacy, Patrick Culliton, 1977, États Unis, 98m, TV

Alors qu'un groupe de prisonniers travaille dans une forêt, deux d'entre eux décident de tenter une évasion en allumant un feu pour créer une diversion. L'incendie se propage cependant à une vitesse foudroyante, et les pompiers ne parviennent pas à le maîtriser. Lorsque le feu de forêt se rapproche dangereusement d'une auberge, où une institutrice et ses élèves séjournent à l'occasion d'un pique-nique, tous les gens habitant la région s'unissent pour tenter de les sauver. Parmi eux se trouvent un jeune couple dont le mariage battait de l'aile jusqu'à ce que cette tragédie les rapproche, et le propriétaire d'une usine de pâtes et papiers, amoureux d'une veuve travaillant dans les parages.

Si FLOOD!, précédente production à catastrophes d'Irwin Allen destinée au petit écran, était très peu rythmée et ennuyeuse, ce n'est pas le cas avec FIRE! La catastrophe attendue se produit cette fois dès les premières minutes, et le suspense parvient à se maintenir jusqu'à la fin. On reconnaît tout de même au passage les clichés artificiels employés par les auteurs pour nourrir les conflits personnels entre les différents protagonistes, et pour illustrer naïvement leur motivation brusquement héroïque, qui les mobilise de concert pour lutter contre les éléments déchaînés en pleine nature, afin de sauver une institutrice et des enfants pris au piège. Heureusement, la vigueur et le mouvement de l'action aident le téléspectateur à mieux avaler la pilule. Autre point positif à retenir de ce FIRE!: les trucages y sont nettement plus réussis et convaincants que dans FLOOD! Ainsi, sans renouveler un genre déjà très codifié, ce téléfilm se regarde sans déplaisir. Quelques acteurs à l'étoile pâlissante se sont joints à des habitués de la série B et des séries télévisées pour interpréter avec assurance des personnages peu substantiels. Mathieu Lemée

WHEN TIME RAN OUT aka Le Jour de la Fin du Monde - James Goldstone avec Paul Newman, Jacqueline Bisset, William Holden, James Franciscus, Barbara Carrera, Edward Albert, Red Buttons, Ernest Borgnine, Valentina Cortese, Veronica Hamel, Burgess Meredith, Pat Morita, 1980, États-Unis, 121m (109m version DVD)

Sur l'ile paradisiaque de Kalaleu, située dans le Pacifique, le propriétaire d'une chaîne d'hôtels, Shelby Gilmore, est sur le point d'inaugurer l'ouverture de son nouvel établissement. Pendant ce temps, un ingénieur d'une compagnie pétrolière faisant des forages sur l'île, Hank Anderson, au cours d'une exploration de routine, décèle les signes avant-coureurs de l'irruption imminente d'un volcan. Il veut alors ordonner l'évacuation immédiate de l'île, mais son partenaire en affaires, qui se trouve à être le gérant de l'hôtel de Gilmore, Bob Spangler, l'en empêche, convaincu que le volcan ne représente aucune menace. Lorsque le volcan entre finalement en éruption, Anderson parvient à convaincre une douzaine de personnes de l'accompagner, afin d'atteindre un endroit plus sûr en attendant l'arrivée des secours. Leur odyssée se révèle cependant hérissée de dangers.

Malgré les deux échecs consécutifs subis au box-office par ses deux dernières productions à catastrophes (THE SWARM, BEYOND THE POSEIDON ADVENTURE), Irwin Allen a décidé d'en lancer une autre, même si la vogue pour ce genre de films s'est rapidement estompée depuis longtemps. Il a au moins cette fois abandonné les rennes de la mise en scène à un technicien plus aguerri, James Goldstone, lui-même réalisateur d'un intéressant film à suspense: ROLLERCOASTER. Malheureusement, cela ne change rien à la pauvreté et à l'ineptie du résultat. Les auteurs ont fait preuve d'une paresse impardonnable, car leur scénario plagie à l'évidence des situations et des personnages déjà imaginés dans les deux plus gros succès du genre d'Irwin Allen: THE POSEIDON ADVENTURE et THE TOWERING INFERNO, sans que ceux-ci n'aient fait aucun effort pour y apporter une quelconque nouveauté ou variation. Les trucages et les transparences sont si peu convaincants qu'on a l'impression que leurs concepteurs étaient en retard d'une dizaine d'années dans leur élaboration. De ce navet, dont le titre français exagéré n'a aucun rapport avec le contenu du récit, il ne reste plus que quelques exploits de cascadeurs potables et un manque flagrant de conviction dans le jeu des interprètes. Il faut dire que ceux-ci apparaissent visiblement très réticents à l'idée de faire partie de ce qu'ils savaient déjà être un ratage complet. Mathieu Lemée

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ÉTATS UNIS

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