1916 -2006
Fils de Max Fleischer, célèbre animateur de Superman, Richard Fleischer a touché à tous les genres avec bonheur, que l'on pense à 20,000 LIEUES SOUS LES MERS, à CONAN LE DETRUCTEUR en passant par LE VOYAGE FANTASTIQUE ou SOLEIL VERT. |
Mise à jour le 27 juin 2011
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000 LEAGUES UNDER THE SEA aka 20 000 Lieues sous les Mers - Richard
Fleischer avec Kirk Douglas, James Mason, Paul Lukas, Peter Lorre,
Robert J. Wilke, Ted De Corsia, 1954, États-Unis, 127m Poussé par le succès de certaines de ses productions non-animées au début des années 50, Walt Disney décida d'adapter à l'écran l'un des plus célèbres romans de Jules Verne. Chose surprenante, Disney en confia la mise en scène à Richard Fleischer, fils de son concurrent Max Fleischer en matière de cartoons. Si Disney apporta quelques modifications peu pertinentes au scénario afin d'y amener plus d'humour, il laissa visiblement assez de libertés à son réalisateur pour qu'il restitue sur la pellicule avec assez de fidélité l'esprit du récit de Jules Verne. Le résultat final impressionne d'ailleurs grandement, surtout au plan technique, même si l'ensemble possède quelques irritants, comme la performance appuyée de Kirk Douglas et le manque d'épaisseur du personnage du professeur Aronnax. Grâce à de bons trucages, de superbes scènes sous-marines et de splendides décors autant naturels qu'en studio, "20 000 LEAGUES UNDER THE SEA" se veut un film d'aventures fantastiques visuellement merveilleux. Certaines séquences étonnent même par leur contenu moralement contraire à l'éthique de Disney, et on s'étonne qu'elles aient été conservées au montage final sans avoir été censurées ou aseptisées. Ceci dit, la qualité globale de ce long-métrage ne s'est pas atténuée avec le temps car le tout a très bien vieilli. James Mason domine l'interprétation avec son vibrant portrait du capitaine Nemo. Mathieu Lemée |
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AMITYVILLE 3-D aka Amityville 3: The Demon - Richard Fleischer avec Tony Roberts, Tess Harper, Robert Joy, Candy Clark, John Beal, Leora Dana, John Harkins, Lori Loughlin, Meg Ryan, Neill Barry, 1983, 93m Le journaliste John Baxter, avec l'aide de la photographe Melanie, parvient à démasquer un couple d'imposteurs pratiquant un supposé spiritisme où ils prétendaient communiquer avec des fantômes à la maison d'Amityville. La maison étant devenue libre et remise en vente à un prix intéressant, John décide de l'acheter. Celui-ci étant divorcé, il espère ainsi pouvoir accueillir sa fille adolescente, Susan. Mais son ex-femme, Nancy, une personne très croyante, refuse que Susan aille voir son père dans cette maison à cause du poids maléfique du passé qu'elle renferme. John, étant plus terre-à-terre, ne croit pas du tout que sa nouvelle maison puisse être hantée. Sa photographe Mélanie meurt pourtant mystérieusement après avoir remarqué quelque chose d'étrange sur ses photos développées et plus tard, Susan meurt noyée alors qu'elle faisait de la naviguation sur le lac près de la maison. Quand Nancy prétend avoir vu le fantôme de sa fille à plusieurs reprises dans la demeure, John fait appel à un expert en parapsychologie pour comprendre et résoudre ce mystère. Ensemble, ils découvrent la présence au sous-sol d'un puits pouvant probablement mener aux enfers et d'où peut sortir une puissance démoniaque. Si les deux premiers films de la série étaient suffisamment acceptables, cette troisième partie sombre carrément dans le grotesque pur. Voulant sans doute profiter du succès du film "POLTERGEIST" sorti l'année précédente, les auteurs ont conçu un scénario incohérent qui emprunte des éléments-clés ayant fait le succès de ce film. Le vétéran réalisateur Richard Fleischer, qui a connu pas moins de trois décennies de carrière biens fournies en films de qualités intéressants, a visiblement pété une coche en acceptant de réaliser ce long-métrage. Le suspense est inexistant et la narration contient trop de faiblesses, ce qui rend les motivations et les agissements des personnages totalement illogiques. Étant donné que le film a été réalisé avec le procédé 3-D (très à la mode durant cette période au début des années 80), la mise en scène se retrouve atrophiée à cause de cela et le récit ne devient donc plus qu'un prétexte à l'emploi d'effets spéciaux racoleurs devant satisfaire les adeptes de ce procédé. Si bien qu'au bout du compte, le film s'avère plus ridicule et drôle qu'effrayant ou apeurant, avec en plus une conclusion spectaculaire plus risible qu'impressionnante (je ris encore à chaque fois que je la revois!). Certains rigoleront et trouveront facilement matière à rire, d'autres pas du tout et resteront perplexes devant cette pellicule affligeante. Soulignons la performance "comique" de la jeune et alors inconnue Meg Ryan dans un petit rôle au sein d'une distribution plutôt faible. Mathieu Lemée |
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The BOSTON STRANGLER aka L'Étrangleur de Boston -. Richard Fleischer avec Tony Curtis, Henry Fonda, George Kennedy, Mike Kellin, Hurd Hatfield, Murray Hamilton, Jeff Corey, Sally Kellerman, William Marshall, Carolyn Conwell, 1968, États Unis, 116m En 1962, une femme dans la cinquantaine est retrouvée étranglée à son domicile. L'inspecteur Di Natale est chargé de l'enquête, mais ne découvre aucun mobile explicable pour ce crime. Lorsque d'autres femmes sont assassinées par strangulation, dont certaines ont été violées, dans des circonstances similaires, la police est persuadé que le tueur est un maniaque sexuel. Des mesures spéciales sont prises et toutes les personnes soupçonnés d'être des maniaques sont arrêtées, tandis que les médias encouragent les femmes à ne pas laisser entrer des inconnus chez elles. Le procureur général charge son adjoint John Bottomly de prendre l'affaire en main afin d'aider la police, mais le tueur parvient à faire d'autres victimes, sauf une qui a réussi de justesse à s'échapper. C'est alors qu'un plombier, Albert DeSalvo, est arrêté pour tentative de cambriolage. Lorsque Bottomly et Di Natale le croisent par hasard, ils remarquent que celui-ci a une blessure à la main correspondant à la morsure faite par la dernière victime ayant survécu à l'étrangleur. Bottomly entreprend alors d'interroger DeSalvo qui se révèle bien être l'étrangleur recherché depuis deux ans; celui-ci souffrant de schizophrénie avancé d'après les examens psychiatriques. Basé sur un fait divers authentique, et d'un compte-rendu sous la forme d'un livre-enquête volumineux écrit par Gerold Frank, "THE BOSTON STRANGLER" reprend le principe du semi-documentaire, tel que celui employé par Richard Brooks dans son film "IN COLD BLOOD". L'approche se veut donc fidèle aux événements, sans tomber dans la complaisance ni le sensationnalisme afin de rendre le sujet plus attrayant. Avec un usage habile de la couleur, et l'emploi judicieux de l'écran partagé, nouvelle technique présentée à l'Expo 67 à Montréal, Richard Fleischer livre une mise en scène feutrée et sobre, de manière à bien illustrer chaque détail de la minutieuse enquête policière dans la première partie, et les multiples tourments intérieurs de l'assassin souffrant de dédoublement de personnalité dans la deuxième. La violence des meurtres est également filmée de façon retenue, la mise en images et le montage ayant pour but de dédramatiser au maximum ces scènes. L'ensemble suggère donc davantage aux spectateurs qu'il ne montre, évacuant ainsi les clichés d'usage propres au genre. En somme, un film qui se révèle une formidable exploration objective d'une affaire criminelle, et de la personnalité d'un psychopathe, incarné d'ailleurs magistralement par Tony Curtis..Mathieu Lemée Inspiré d'une histoire vraie et un autre film que ca faisait un bail que je n'avais pas vu. Je ne sais pas comment la plupart part des gens le trouvent, ce film, mais moi j'aime bien. Le fait que le tueur soit carrément cinglé, les jeux de camera, Henry Fonda & George Kennedy dans le rôle denquêteur calme et reposé :ils sont excellents, ainsi que le dépravé qui est en admiration avec les sacs à main. L'intrigue nous tient en haleine. Après une bonne heure, quand on voit Curtis arriver, plombier et père de famille moderne, je ne sais pas pourquoi, mais on se doute toute suite que c'est lui le meurtrier, parce qu'il apparaît comme un cheveu sur la soupe. Un petit film qui m'a fait du bien de revoir. Rana |
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COMPULSION aka Le Génie du Mal - Richard Fleischer avec Bradford Dillman, Dean Stockwell, Orson Welles, Diane Varsi, E.G. Marshall, Martin milner, Richard Anderson, Robert Simon, 1959. États-Unis, 103m À Chicago en 1924, deux étudiants de riches familles, Artie et Judd, imprégnés des théories du surhomme de Nietzsche, en viennent à assassiner gratuitement un jeune garçon nommé Kessler après l'avoir kidnappé. Un indice important retrouvé sur les lieux du crime risquant de les démasquer, Artie tente d'égarer la police vers une fausse piste. Mais malgré leurs mensonges et leurs faux alibis, Artie et Judd sont de plus en plus fortement soupçonnés par la police pour le meurtre de Kessler. Finalement arrêtés, leurs parents engagent pour les défendre le célèbre avocat Jonathan Wilke, reconnu pour ses prises de position contre la peine de mort. Wilke, bien que convaincu de la culpabilité d'Artie et Judd, tente de leur éviter la potence lors du procès afin qu'ils soient plutôt condamnés à perpétuité. Bien avant, "THE BOSTON STRANGLER" et "TEN RILLINGTON PLACE", Richard Fleischer avait déjà manifesté son intérêt pour les faits divers criminels. "COMPULSION" s'inspire ici de l'affaire Leopold & Loeb, ces deux fils de millionnaires qui entretenaient une relation homosexuelle de maître/esclave, et qui ont assassiné gratuitement par plaisir un jeune adolescent de 14 ans, poussés par les théories de Nietzsche. Cette affaire avait déjà fait l'objet d'une adaptation au théâtre et d'une version filmique réalisée par Hitchcock intitulée "THE ROPE" en 1948. Fleischer s'est intéressé davantage à la mentalité de ces deux criminels dans son illustration, et toute sa mise en scène est au service des protagonistes et de leur psychologie par sa finesse. Ceci ne l'empêche pas, bien au contraire, d'accrocher le spectateur tout du long, avec des prouesses techniques renforçant le récit. Même si le traitement d'ensemble demeure sobre, Fleischer arrive presque encore une fois à égaler le maître Hitchcock en matière de suspense. Les idées narratives, visuelles ou sonores ne manquent pas dans ce long-métrage pour en témoigner. Le tout se conclut par un sincère plaidoyer contre la peine de mort, malgré la gratuité du crime commis par le tandem assassin. Quant à l'interprétation, elle s'avère collectivement sublime. Mathieu Lemée |
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CONAN THE DESTROYER aka Conan le Destructeur - Richard Fleischer avec Arnold Schwarzenegger, Grace Jones, Mako, Olivia d'Abo et Wilt Chamberlain, 1984, États Unis, 103m Conan reçoit la mission de retrouver un cristal magique avant qu'un sorcier maléfique ne le fasse pour qu'ainsi, il puisse réveiller des morts celle qu'il aime. Mais à la base, la princesse lui ayant donné sa mission ne veut le cristal que pour dominer ensuite le monde. Pour sa mission, Conan est accompagné de Kato, son magicien, une magnifique princesse, une guerrière sauvage, un voleur et un imposant guerrier. Pour cette suite, Richard Fleisher est aux commandes, dans ce film qui a à peu près toutes les caractéristiques des suites. Plus d'action, plus de violence, plus de femmes, plus de muscles, plus de monstres, plus d'humour et malheureusement plus de facilité. On est en présence d'une suite assez inférieure au film de Millus qui était plus grandiose et sérieux. En comparaison, la suite de Fleisher entre souvent dans le grotesque avec des moments bien débiles (moments souvent présents quand Graces Jones est à l'écran). Conan qui tabasse un chameau, son sidekick voleur qui n'arrête jamais de l'ouvrir, un monstre ringard dans le château au miroir et j'en oublis. La musique est encore une fois splendide, les décors sont bien jolis et les costumes des demoiselles sont très explicites. La violence est bien plus présente et graphique, ce qui n'est pas nécessairement désagréable et les combats sont généralement bien présentés. Le meilleur moment reste le combat final avec une putain de belle créature qui aura on s'en doute, un bien triste sort. On se retrouve avec un film fun, mais facilement oubliable avec une intention visiblement mercantile. Abba |
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L'ETRANGLEUR DE RILLINGTON PLACE aka 10 RILLINGTON PLACE - Richard Fleischer, 1971, Grande-Bretagne Trois ans après L'ETRANGLEUR DE BOSTON, Richard Fleischer remet le couvert et s'intéresse à un nouveau serial killer, John Reginald Christie. A la fin des années 1940, cet homme simple et perturbé issu de la classe ouvrière et ancien militaire au passé judiciaire relativement chargé, a éliminé plusieurs femmes en les étranglant lors de tentatives de viols vite stoppées par son impuissance. Prétextant des connaissances médicales, il attirait des femmes en détresse dans ses filets afin d'assouvir ses pulsions meurtrières et faisait disparaître les corps dans son jardin ou les emmurait carrément. C'est Richard Attenborough qui incarne Christie. Avec un physique de petit chauve rondouillard, il livre ici une performance étonnante. D'abord en tant que manipulateur parvenant à convaincre un couple de locataires sans le sou qu'il peut pratiquer sans trop de difficultés un avortement, puis comme victime tentant de se défendre lamentablement face à un tribunal qui finira par lui donner raison. John Hurt incarne le mari de la fille enceinte (Judy Geeson) - déjà parents d'une petite fille. Il est excellent lui aussi dans son rôle d'ouvrier illettré mythomane qui finira piégé par ses propres mensonges après la mort de sa petite famille. Fleischer transpose là un fait divers réel et morbide avec beaucoup de talent. Son intérêt, il le porte avant tout sur ses personnages plutôt que sur les agissements meurtriers de Christie. Ce sont donc ces cas socieux totalement largués et incapables de faire face à la situation à laquelle ils sont confrontés qui sont le véritable sujet du film. Le traitement est quant à lui très froide, voire clinique, provoquant par moment un léger frisson d'angoisse et un malaise certain tant les situations s'avèrent pathétiquement dramatiques. Le film fut tourné sur les lieux mêmes du drame, à Rillington Place, dont le nom fut changé en Ruston Mews après la découverte des meurtres. Puis, en 1972, le quartier fut détruit, laissant aujourd'hui la place à une autoroute. Kerozene |
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FANTASTIC
VOYAGE aka Le Voyage Fantastique - Richard Fleischer avec Stephen
Boyd, Raquel Welch, Edmond O'Brien, Donald Pleasence, Arthur
O'Connell, William Redfield, Arthur Kennedy, James Brolin, 1966,
États-Unis, 100 m Deux ans avant la sortie de "2001: A SPACE ODYSSEY", "FANTASTIC VOYAGE" était le film de science-fiction qui s'était vu accordé le plus gros budget (6 millions de dollars). Cet argent n'a pas été dépensé en pure perte, car avec l'aide de décors élaborés de taille gigantesque, et d'effets spéciaux réussis, ce long-métrage portant sur l'exploration d'un corps humain est tout simplement fascinant de bout en bout. Bien que les personnages soient décrits de façon plutôt terne, l'intrigue profite d'une idée de base ingénieuse pour permettre des variations étonnantes au plan visuel, renforcées magnifiquement par la mise en scène souple et imaginative de Richard Fleischer. Nanti d'une grande variété de plans et d'astuces techniques dans l'emploi de la caméra, ce "Voyage Fantastique" réserve donc sa part de surprises au spectateur, en plus de ne pas tomber dans le piège de la surcharge, puisque le suspense n'est jamais trop appuyé par la mise en images. Le traitement photographique est aussi soigné que le reste, avec une belle palette de couleurs, bien mise en valeur par le format Cinemascope, qui ne taxe pas trop la crédibilité scientifique ou biologique du sujet. L'histoire a beau être plutôt brouillonne ou trop conceptuelle, c'est surtout l'aspect visuel du film qui emporte l'adhésion générale, et qui en a fait un classique du genre. La qualité du jeu des acteurs n'est pas d'une grande importance sur l'ensemble du film. Mathieu Lemée |
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MR. MAJESTYK aka Monsieur Majestyk - Richard Fleischer avec Charles Bronson, Al Lettieri, Linda Cristal, Lee Purcell, Paul Koslo, 1974, États Unis, 104m Vince Majestyk est propriétaire d'une exploitation potagère de melons en Californie. Alors qu'il a engagé des immigrants mexicains pour travailler dans son champ, un racketeur cherche à lui imposer son équipe. Majestyk se défend, mais le racketeur se venge en portant plainte contre lui. Emprisonné et ne pouvant payer la caution, Majestyk attend son jugement. Lorsqu'il se rend au tribunal avec un meurtrier notoire, Renda, il empêche celui-ci de s'évader lors d'une attaque organisée par des complices. Majestyk espère ainsi faire un marché avec la police mais Renda parvient quand même à s'échapper. Le bandit refuse de quitter le pays et veut se venger de l'humiliation que lui a fait subir Majestyk. Il s'arrange pour faire libérer Majestyk et exercer de la pression sur ses employés. Majestyk décide alors de régler son compte à Renda personnellement. Après un début orienté vers une étude des problèmes auxquels ont à faire face les travailleurs saisonniers en Californie, le film bifurque vers une aventure policière mouvementée où Charles Bronson se transforme en justicier. Les péripéties sont invraisemblables mais bien soutenues par un vétéran réalisateur qui connaît son métier. Il s'agit en quelque sorte d'une "Série Noire" (le film est adapté d'un bouquin d'Elmore Leonard, auteur de polars) se situant dans un contexte campagnard et ensoleillé. Les personnages sont un peu trop typés pour être vraiment plausible. En revanche, les scènes d'action ne languissent pas et sont bien concoctées, ce qui va satisfaire les amateurs du genre. Le tout est donc mené bon train même si les problèmes sociaux ne sont qu'effleurés au passage. Bronson a toujours autant de présence tout comme Al Lettieri dans un rôle familier de bandit redoutable. Mathieu Lemée |
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MANDINGO - Richard Fleischer avec James Mason, Susan George, Perry King, Richard Ward, Brenda Sykes, Ken Norton, Lillian Hayman, Roy Poole, Ji-Tu Cumbuka, 1975, États-Unis. 127m En 1840 en Louisiane, Warren Maxwell dirige l'une des plus grandes plantations de coton du sud des États-Unis nommée Falconhurst. Tout en élevant des esclaves noirs dans sa propriété, Maxwell est obsédé par la mémoire de son nom et il presse son fils Hammond d'épouser sa cousine Blanche Woodford pour maintenir la branche familiale. Après le mariage, Hammond découvre que Blanche a eu des rapports sexuels incestueux avec son frère, si bien qu'il la délaisse complètement au profit d'une esclave noire, Ellen. Dépitée, Blanche se venge en séduisant l'esclave préféré de Hammond, Mede, un géant mandingue afin qu'il couche avec elle. Devenue enceinte, Blanche donne naissance à un bébé à la peau noire que le médecin des Maxwell tue après l'accouchement. Pour se venger de Blanche, Hammond l'empoisonne avec l'assentiment du docteur et de son père, puis il tue l'esclave Mede après l'avoir ébouillanté. Le meurtre du géant mandingue réveille toutefois la colère des esclaves noirs qui, menés par le régisseur Agamemnon, se révoltent contre leurs maîtres. Une explosion de violence s'ensuit alors dans la plantation de Falconhurst. "MANDINGO" est d'abord et avant tout un roman faisant parti d'un cycle de livres connu sous le nom de "Falconhurst" des auteurs Kyle Onstott et Lance Horner. Essentiellement, ces ouvrages décrivent la vie d'une famille sudiste propriétaire d'une plantation au XIXe siècle avant l'abolition de l'esclavage. L'incroyable popularité de cette série s'explique surtout par son contenu épisodique et sadique, où la combinaison entre conflits interraciaux violents et obsession sexuelle outrancière y est exposé en termes crus, les auteurs ne se souciant pas de fidélité historique. Le producteur Dino De Laurentiis a cru à l'époque avoir trouvé un filon dans cette série et son projet initial fût d'en adapter tous les romans. L'échec commercial et la volée de bois vert lancée par les critiques envers cette première adaptation a cependant eu tôt fait d'atténuer ses espérances (Seul Steve Carver en 1976 tourna "DRUM" tiré de ce cycle). "MANDINGO" s'est en effet vu reproché par ses nombreux détracteurs d'être simpliste, complaisant, raciste et incongru. Quand on regarde cependant ce film de l'autre côté de la lorgnette par contre, on se rend compte qu'en réalité le réalisateur Richard Fleischer a voulu se servir du roman pour exposer de façon réaliste et sans artifices les abus et les horreurs de l'esclavage, sans aucun romantisme dans le ton. Le puritanisme américain, de même que le sexisme évident des personnages masculins ne sont pas épargnés non plus dans la mise en scène. Ce qui constitue le seul problème du film est son intrigue au ton mélodramatique à l'excès, dont les raccourcis précipités s'accumulent comme un troupeau de zèbres assoiffés dans la conclusion. Quand on sait toutefois que la version de Fleischer se voulait plus épique avec sa durée de 3 heures 45 minutes, contrairement à la version en salles de 2 heures 7 minutes, on peut lui pardonner ce défaut. Quand au reproche concernant l'étiquette raciste du film, il ne s'applique pas puisque Fleischer a refusé de se voiler la face pour censurer ses images (et le dialogue), préférant plutôt illustrer lucidement son thème en accord avec la réalité violente de l'époque. En somme, le réalisateur a eu le courage de déranger les mentalités bien pensantes en s'écartant du style complaisant et romancé adopté dans d'autres oeuvres sur l'idéologie sudiste américaine comme "AUTANT EN EMPORTE LE VENT". Il est vrai que le succès du courant "blaxploitation" durant les années 70 a dû justifier commercialement la production d'une telle oeuvrette. "MANDINGO" s'avère donc un long-métrage à redécouvrir d'urgence, surtout que les critiques révisent actuellement leurs jugements à son égard. Même si ses compromis commerciaux et ses effets racoleurs n'en font pas un classique, il est bien loin d'être la merde qu'on lui a collé au visage lors de sa sortie. Au niveau de l'interprétation, Richard Ward ("ACROSS 110th STREET") nous montre à nouveau son talent d'acteur dans la peau d'Agamemnon. Pour sa première présence à l'écran, l'ancien boxeur Ken Norton n'a aucun mal à imposer sa présence physique dans un rôle peu exigeant dramatiquement. Mathieu Lemée |
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The
NARROW MARGIN aka L'Énigme du Chicago-Express - Richard
Fleischer avec Charles McGraw, Marie Windsor, Jacqueline White,
Gordon Gebert, Queenie Leonard, David Clarke, Peter Virgo, Don
Beddoe, Paul Maxey, 1952, États-Unis, 71m Ce suspense bien fignolé n'est pas loin d'égaler la qualité des films d'Hitchcock. Plus qu'un habile exercice de style où l'unité de lieu y joue un grand rôle narratif, "THE NARROW MARGIN" témoigne du climat d'aliénation de l'après-guerre aux États-Unis. La mise en scène maîtrisée de Richard Fleischer, qui s'était auparavant fait la main sur quelques films noirs, joue sur les apparences afin de rendre trompeuse la vraie nature des personnages (ex. l'emploi de miroirs et de reflets), tout en accentuant techniquement les points forts d'un excellent scénario sans effets inutiles. Par ailleurs, étant donné l'étroitesse du décor du train, la caméra donne constamment au spectateur une impression de claustrophobie, d'écrasement et de fatalisme avec ses cadrages serrés et ses gros plans. Le tout est donc mené à un rythme nerveux de bout en bout. Les multiples rebondissements de l'intrigue sont efficaces, et le montage recèle quelques surprises, dont un beau plan de coupe où les roues du train en marche se superpose à une lime à ongles en mouvement. Comme en plus le jeu des acteurs y est vigoureux, on peut affirmer sans se tromper que "THE NARROW MARGIN" est l'exemple parfait d'une série B réussie, ce qui prouve la richesse dont elle est capable lorsqu'elle se révèle inspirée. Mathieu Lemée |
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The NEW CENTURIONS aka Les Flics ne dorment pas la nuit - Richard Fleischer avec Stacy Keach, George C. Scott, Jane Alexander, Scott Wilson, Rosalind Cash, Erik Estrada, Clifton James, Richard Kalk, James B. Sikking, 1972, États-Unis, 103m Afin de payer ses études de droit, Roy Fehler s'engage dans le corps policier de Los Angeles. Après une longue période d'entraînement intensif, il commence son service en tant que patrouilleur de nuit aux côtés d'un vétéran d'expérience, le sergent Kilvinsky. Celui-ci enseigne à Fehler les divers trucs du métier, et devient vite son mentor. Prenant goût au métier de policier, Roy néglige sa famille et abandonne ses études, au point d'entrer en conflit avec son épouse. Grièvement blessé au cours d'une opération policière, Roy échappe miraculeusement à la mort, mais cet incident ne l'encourage pas à vouloir changer de boulot. Kilvinsky ayant pris sa retraite, Roy est transféré temporairement à la brigade des moeurs avant de revenir comme patrouilleur de nuit. Suite à son divorce et au suicide de Kilvinsky, lequel ne pouvait s'habituer à sa retraite, Roy se met à boire pendant son service. Sa vie s'enfonce jusqu'à ce qu'il rencontre une infirmière, Lorrie, pour laquelle il a de l'affection. Suspendu pour trois semaines, Roy en profite pour remonter la pente avec l'aide de Lorrie, et tous les deux se forgent des projets d'avenir. Les risques du métier de flic viendront cependant rattraper Roy au tournant. Depuis la fin des années 60, le cinéma policier américain, influencé par des oeuvres étrangères, s'est attaché à illustrer des histoires sous un angle plus réaliste, en insistant particulièrement sur le métier de détective ou d'inspecteur-enquêteur, et sur la violence urbaine croissante. Avec "THE NEW CENTURIONS", le scénario va encore plus loin dans l'exploration de la réalité quotidienne vécue par les représentants de la loi, en s'intéressant au métier ingrat des policiers en habits bleus (la série-télé "ADAM-12" avait cependant posé quelques jalons à cet égard). Le récit est d'ailleurs l'adaptation d'un roman écrit par un ancien flic et cela paraît, malgré certains coups de pouce accrocheurs plus ancrés dans la fiction pour les besoins de la dramatisation. Au-delà de cette approche, le film se veut un témoignage sincère de la dégradation des cités modernes, qui rend le métier de policier extrêmement difficile à accomplir, voire impossible à vivre pour ceux qui l'exercent. Les personnages semblent, sans s'en rendre compte, s'enfoncer dans un gouffre sans fin et sans espoir tout au long de l'intrigue, et la mise en scène de Richard Fleischer, sans appuyer sur le tragique des situations, illustre avec désillusion le déclin de la civilisation contemporaine, où la loi et la justice suivent des voies trop divergentes. Les scènes de violence sortent des clichés du genre en demeurant conçue dans la même veine que le reste du métrage, ce qui fait qu'elles surgissent souvent par surprise. Considéré à tort comme fasciste lors de sa sortie par certaines critiques, il ne s'agit pourtant pas d'un long-métrage où les auteurs émettent des opinions extrémistes, ni n'apportent de réponses aux questions sociales douloureuses évoquées par le sujet. "THE NEW CENTURIONS" est en réalité bien plus qu'un film "noir", bien qu'il ne relève pas non plus d'un effet de l'art. Le jeu des acteurs est assez émouvant, sans qu'ils aient à en rajouter. Mathieu Lemée |
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RED SONJA aka Kalidor - Richard Fleischer avec Brigitte Nielsen, Arnold Schwarzenegger, Sandahl Bergman, Paul L. Smith, Ernie Reyes Jr., Ronald Lacey, Pat Roach, Janet Agren, Lara Lamberti, 1985, États Unis/Italie/Pays-Bas, 89m Alors qu'elle était adolescente, Sonja la Rousse fût violée par les soldats de la reine Gedren, qui a fait anéantir son village et tuer sa famille. Désireuse de se venger, Sonja s'entraîne rigoureusement au combat et au maniement des armes afin de devenir une guerrière farouche. Mais pour accomplir sa vengeance avec succès, elle apprend de son maître qu'elle ne devra accepter l'amour d'aucun homme, sauf si celui-ci triomphe d'elle loyalement en combat singulier. Alors qu'elle achève son entraînement, elle apprend par sa soeur mourante que Gedren s'est emparée d'un talisman dont les pouvoirs peuvent lui assurer la domination du monde. En route vers la forteresse de Gedren pour le récupérer, Sonja se trouve des alliés en la personne du jeune prince Tarn, son garde du corps Falkon, et un mystérieux cavalier musclé nommé Kalidor qui s'obstine à la suivre et à l'aider malgré son refus catégorique. Après avoir échappé à divers périls lors de leur voyage, Sonja et ses amis atteignent enfin la forteresse de Gedren au moment les pouvoirs du talisman semble devenir de plus en plus incontrôlables. Le personnage de Red Sonja est évidemment le pendant féminin de Conan, et elle est d'ailleurs le fruit de l'imagination fantastique de l'auteur des exploits du célèbre barbare, Robert E. Howard, en plus d'avoir également fait l'objet d'une adaptation en bandes dessinées. Le producteur responsable de la version cinématographique de Conan, Dino De Laurentiis, ne pouvait donc pas passer à côté d'un tel filon en produisant l'adaptation au grand écran des exploits de cette guerrière féminine. Comme Richard Fleischer s'en était sorti sans trop de dommages dans la confection de "CONAN THE DESTROYER", De Laurentiis fit de nouveau appel à lui pour réaliser ce "RED SONJA", tout en demandant à l'interprète de Conan, Arnold Schwarzenegger, de rempiler dans le rôle du Barbare (qui a cependant changé de nom en cours d'écriture). Malheureusement, même la mise en scène de Fleischer ne peut sauver le film du naufrage. Non seulement le scénario se veut par trop schématique, mais les effets spéciaux, tout comme l'illustration, se révèlent si médiocres qu'on a l'impression que ce long-métrage veut rivaliser en amateurisme avec les imitations à l'italienne de l'époque. Si encore ces défauts grotesques pouvaient faire rire les spectateurs plus indulgents et les fans de cinéma bis, mais le manque d'enthousiasme dans la mise en images et l'humour maladroit des personnages secondaires confèrent plutôt une grande puérilité à ce film peu divertissant. On sent tout au long de la projection le découragement et l'épuisement d'un réalisateur autrefois plus ambitieux, frustré ici visiblement par les problèmes innombrables survenus pendant le tournage et la vaine réécriture d'un script déjà foireux. L'ancien mannequin danois Brigitte Nielsen a beau être statuesque, elle manque clairement d'expérience et de charisme dans la peau de l'héroïne. Par leur jeu complètement inexpressif, Nielsen et Arnold forment toutefois un couple vraiment assorti. Notons que les doubleurs français ont capricieusement changé le titre du film pour être "plus vendeur", afin de faire croire que Schwarzy-les-Bretelles en était la principale vedette. Kerozene |
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SOYLENT GREEN aka Soleil Vert - Richard Fleischer avec Charlton Heston, Leigh Taylor-Young, Chuck Connors, Joseph Cotten, Brock Peters, Paula Kelly, Edward G. Robinson, 1973, États Unis, 97m En l'an 2022, la Terre connaît de graves problèmes: surpopulation, réchauffement de la planète laissant plusieurs endroits inhabitables et rendant quasi-impossible la culture des aliments frais et naturels; ce qui fait que les gens sont massés dans des villes tout en mourant de faim. Une gigantesque corporation, la Soylent, se charge de vendre de la nourriture synthétique à la population majoritairement appauvrie qui doit en plus rationner les réserves d'eau pour survivre. Tout cela ne va pas sans quelques émeutes mais les autorités n'hésitent pas à arrêter ceux qui troublent l'ordre public. C'est dans ce contexte qu'un détective de la police de New York, l'inspecteur Thorne, enquête sur le suicide de l'un des actionnaires importants de la compagnie Soylent, qui pourtant était riche et ne manquait de rien. Divers indices mènent Thorne à comprendre que le suicidé avait de gros remords face à aux décisions de la compagnie. Thorne cherche alors à découvrir la véritable source de fabrication des produits alimentaires que la Soylent vend aux masses, alors que des tueurs sont à ses trousses. Thorne découvrira l'affreuse et incroyable vérité derrière les produits vendus par la corporation mais parviendra-t-il à alerter à temps la populace? Les années 60-70 ayant été un véritable bouillonnement en matière de questions sociales et de réflexions sur l'avenir de l'humanité à l'intérieur de nations pourtant riches, le cinéma de S-F a su y trouver de quoi s'alimenter pour illustrer toutes sortes de dystopies futuristes pessimistes ou apocalyptiques dans des films d'anticipation de qualités diverses. Dans le cas de "SOYLENT GREEN", nul doute que celui-ci fait partie des grandes oeuvres du lot. Le sujet du film demeure encore aujourd'hui plus que jamais d'actualité et possède toujours autant d'impact, même pour les nouvelles générations de spectateurs qui découvrent ce long-métrage et en ressortent tout aussi hantées par ses images et ses révélations. Le vétéran Richard Fleischer a su livrer un mise en scène fluide et percutante, nantie d'une superbe photographie, de décors de circonstance et d'une musique adéquate, qui ménage pourtant ses effets jusqu'à la finale, véritable douche glacée pour le public malgré les indices parsemés dans l'intrigue qui l'annonçait. Sous certains angles, ce film de S-F possède des attributs propres aux films à catastrophes, très à la mode à l'époque, mais sans qu'on y décèle les éléments spectaculaires artificiels communs à ce sous-genre. Un chef-d'oeuvre impressionnant qui continuera à faire jaser (jusqu'à ce qu'arrive la fin du monde, c'est-à-dire quand il sera trop tard pour agir!). Charlton Heston se montre bien plus en forme que dans un autre film du même genre, "THE OMEGA MAN", et les autres comédiens ne se montrent pas avares de leur talent. Mathieu Lemée |
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TERREUR AVEUGLE aka BLIND TERROR aka SEE NO EVIL - Richard Fleischer, 1971, Grande Bretagne, 1h25 Sarah, une jeune aveugle vient passer quelques jours en famille, dans une grande demeure de la campagne anglaise. Bientôt, elle se retrouve seule, à la merci d'un criminel sans pitié... De l'Américain Richard Fleischer, on connaît généralement bien les "classiques" SOLEIL VERT ou 20 000 LIEUES SOUS LES MERS, voire L'ÉNIGME DU CHICAGO EXPRESS, mais on oublie souvent le reste de son uvre, généralement sous-estimée. Il en va ainsi de ce TERREUR AVEUGLE, rarement projeté et difficile à dénicher. Tourné en Angleterre avec un budget moyen, cette série B s'avère tout à fait recommandable. Le scénario signé Brian Clemens, créateur inspiré de la série CHAPEAU MELON ET BOTTES DE CUIR, n'a rien de tortueux. L'intrigue en est simplissime ! Elle s'ordonne autour d'une seule et unique ligne de force : La jeune fille (Mia Farrow, qui mieux que personne fait rimer peur et pâleur) parviendra t-elle à échapper au tueur ? Après une mise en place un brin longuette, le film se mue rapidement en "survival". Sarah prend la fuite, court comme une dératée à travers champs et bois, lutte les pieds nus dans la boue (allusion directe à un film antérieur de Fleischer). Mais, davantage que le déroulement de l'histoire, c'est la mise en scène qui séduit. Fleischer multiplie en effet les angles inhabituels et les focales déformées, comme pour retranscrire sur l'écran le terrible handicap de son héroïne. Du mystérieux criminel on ne voit d'ailleurs que les bottes marrons ornées d'une étoile blanche (un hommage au western ?). La résolution est comme le film : concise et un peu précipitée. Face à un suspense, le spectateur doit être comme Sarah, c'est à dire aveugle, ainsi pourrait s'écrire la conclusion de ce sympathique petit film ! Stelvio " A blind girl's world of darkness becomes a hideous nightmare. " -Sous-titre de la pochette résumant bien le film pour une fois. Une jeune femme nouvellement aveugle, Sarah (Mia Farrow), retourne chez elle après avoir été victime d'un accident de cheval qui lui a fait perdre la vue. L'immense maison au terrain tout aussi gigantesque est demeurée comme elle l'était avant son absence forcée où maintenant sa famille tentera de l'aider à démarrer une nouvelle vie avec son nouveau handicap. Ailleurs, dans la ville non loin, un mystérieux trouble-fête aux bottes de cow-boys décoré d'une effigie d'étoile se promène, semant le trouble où il peut tout en gardant son identité secrète au spectateur qui ne voit toujours que les bottes à chacune de ses apparitions. Ce douteux personnage fera un tour dans l'immense maison où il assassinera la famille durant l'absence de Sarah qui reviendra chez elle en croyant la famille déjà couchée, mais dont les corps sont plutôt à la vue de tous. Comble de tout, l'homme aux bottes a laissé un indice qu'il doit récupérer... Voilà une belle surprise ! Film britannique avec Mia Farrow en tête d'affiche, on aurait pu croire à un film classique parsemé d'ennui, eh bien il n'en est rien. Certes, le film demeure chaste et pratiquement sans violence, mais la mise en scène sort du classicisme typique britannique pour agiter de tension le spectateur épris du charme innocent et naïf de Farrow, complètement vulnérable. Il est également intéressant de ne voir que les bottes de l'assaillant durant tout le film, pour ne révéler son visage qu'à la toute fin où il aura par ailleurs retiré ses fameuses bottes. Plusieurs séquences ambiantes reviennent en tête après le visionnement tout comme les moments de folie où la caméra est tout à coup séparée de son esprit quelque peu statique, provoquant l'effet de tension voulu. La musique orchestrale est dans le ton et n'en fait pas trop tout comme Farrow et les quelques autres interprètes du film. Un film basique et simplet, mais diablement efficace ! Bad Feeble |
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TORA! TORA! TORA! - Richard Fleischer/Kinji Fukasaku/Toshio Masuda/Akira Kurosawa avec Martin Balsam, Sô Yamamura, Joseph Cotten, Tatsuya Mihashi, E.G. Marshall, James Whitmore, Takahiro Tamura, Eijirô Tôno, Jason Robards, Shogo Shimada, 1970. États Unis/Japon. 144m Vers la fin de l'année 1941, le gouvernement japonais, afin d'assurer ses assises sur la Pacifique, décide l'attaque de la base navale de Pearl Harbor dans les îles Hawaii, où la majeure partie de la flotte de la marine américaine est basée. Le commandant de la flotte japonaise, l'amiral Yamamoto, met au point un plan pour un raid aérien de la base où il compte sur l'effet de surprise afin d'anéantir les forces navales des États-Unis. Le gouvernement américain ne croit pas à une attaque imminente des Japonais, malgré de froides relations diplomatiques avec le pays du soleil levant. Certaines indications suggèrent pourtant qu'une attaque japonaise sur Pearl Harbor est possible et la base est mise en état d'alerte, mais sans vraies mesures préparatoires. Par la voie diplomatique, les Japonais veulent lancer un ultimatum destiné à être rejeté pour justifier leur offensive, mais un dactylo retarde son envoi de quelques heures, si bien que le 7 décembre au matin, l'aviation japonaise attaque Pearl Harbour complètement par surprise, l'ultimatum japonais n'étant reçu à Washington que peu de temps après le début du raid. Le gouvernement américain, criant à l'infamie, déclare officiellement la guerre au Japon. Yamamoto, malgré le succès de l'attaque et les dégâts considérables infligés à la flotte navale des États-Unis, ne semble pas s'en réjouir et craint d'avoir réveillé un dangereux lion endormi. Oubliez le "PEARL HARBOR" de Michael Bay et visionnez à nouveau sans plus attendre ce classique qu'est "TORA! TORA! TORA!. Ce qui en fait sa force est d'abord la volonté des auteurs d'éviter le manichéisme et le mélo habituel que l'on retrouve dans les reconstitutions de faits de guerre célèbres au grand écran. Bien au contraire, le récit privilégie la diversité des points de vue avec équilibre et objectivité, et la présence de trois réalisateurs, deux japonais et un américain (de même que la collaboration du célèbre Akira Kurosawa), à la barre souligne bien le travail et l'effort collectif apporté au projet, afin d'en faire un spectacle intimiste plus profond et captivant. La mise en scène réussit donc, dans un style près du reportage, à agencer entre elles certaines séquences en apparence isolées les unes des autres, mais qui une fois juxtaposées constituent une mosaïque intéressante se culminant avec la fameuse scène d'attaque de Pearl Harbor, magnifiquement reconstituée dans la dernière demi-heure du film. Cette approche honnête est un exemple démontrant qu'il est possible de concevoir une superproduction historique bien documentée, superbement montée, intelligente et au bout du compte réussie. Il est juste un peu dommage que "TORA! TORA TORA!" ait connu un échec relatif à l'époque au box-office, mais cela prouve au fond que la somme des revenus ne vaut pas l'épreuve du temps comme baromètre pour mesurer un succès. Tous les comédiens, américains comme japonais, jouent avec naturel. Mathieu Lemée |
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The VIKINGS aka Les Vikings - Richard Fleischer avec Kirk Douglas, Tony Curtis, Janet Leigh, Ernest Borgnine, James Donald, Alexander Knox, Maxine Audley, Frank Thring, 1958, États Unis/France/Allemagne, 116m Dans les années 900, les Vikings font plusieurs raids successifs en Angleterre qui est divisé en plusieurs petits royaumes. Le roi des Vikings, Ragnar, et son fils Einar, décident alors de kidnapper la princesse Morgana du royaume de Northumbria en vue de se faire payer une rançon par son fiancé, le roi Aella. Grâce au cousin d'Aella, protégé par les Vikings, ceux-ci réussissent à enlever la princesse. Einar cherche alors à gagner son amour, mais un jeune esclave, Erik, parvient à la libérer et à la ramener en Angleterre avec le roi Ragnar. Morgana ne tarde pas à avoir des sentiments envers son sauveur, qui éprouve également de l'amour pour elle. Le roi Aella est cependant cruel, et parce qu'Erik a offert à Ragnar une mort digne d'un Viking, il lui fait couper la main et l'abandonne en pleine mer. Revenu chez les Vikings, Erik réussit à convaincre Einar d'attaquer le royaume du roi Aella et de reprendre la princesse. Les Vikings ignorent toutefois qu'Erik est en réalité le demi-frère d'Einar et qu'il est un prétendant légitime pour hériter du trône de Ragnar. Au cours de l'attaque contre le château d'Aella, Erik et Einar en viennent à se battre l'un contre l'autre pour l'amour de la princesse Morgana. Les amateurs de films épiques à grand déploiement seront contents de visionner ce film de Richard Fleischer. Grâce à de somptueux éclairages, à l'emploi habile de la largeur de l'écran Technirama et à son tempo mesuré pour donner plus de poids et de force aux scènes de batailles, "THE VIKINGS" représente un modèle de réussite du genre. Ce n'est certainement pas pour rien que Mario Bava et d'autres réalisateurs italiens s'en sont directement inspirés pour concevoir plusieurs longs-métrages racontant les aventures de guerriers vikings, prenant parfois la forme de suites déguisées. Le plus surprenant est que malgré son côté spectaculaire, qui rappelle par moments les bandes dessinées de luxe, Fleischer a su instaurer discrètement dans sa mise en images et au récit une certaine poésie lyrique, afin de donner un souffle inaltérable à l'ensemble. L'auteur rompt également avec le manichéisme usuel de ce type de production dans la conception de ses personnages, en leur attribuant une certaine densité. Quant aux décors et aux costumes, on sent un parfum d'authenticité devant le souci du détail de leurs confections, comme quoi Fleischer et son équipe ont fait leurs devoirs en effectuant des recherches historiques sérieuses sur le sujet. Pour ce qui est de la violence, elle ne paraît peut-être pas poussée au maximum à prime abord, mais on sent une forme de sadisme tranquille dans son illustration qui lui confère autant d'impact qu'un simple étalage complaisant. Les acteurs se prêtent au jeu avec un plaisir évident, incluant le difficile Kirk Douglas. Mathieu Lemée |
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VIOLENT SATURDAY aka Les Inconnus dans la ville - Richard Fleischer avec Victor Mature, Richard Egan, Stephen McNally, Virginia Leith, Tommy Noonan, Lee Marvin, Ernest Borgnine, Sylvia Sidney, Margaret Hayes. 1955, États-Unis, 90m Trois bandits se faisant passer pour des représentants arrivent dans la ville minière de Bradenville avec l'intention d'en attaquer la banque. De leur chambre d'hôtel, ils étudient le comportement des habitants afin de mettre au point leur plan. Ils conviennent tous les trois d'attaquer la banque le samedi au matin cinq minutes avant midi, heure de la fermeture, et ils choisissent comme relais une ferme amish pour changer de voiture. Au jour prévu, les trois bandits attaquent la banque, non sans avoir auparavant pris en otage un mineur considéré comme un lâche par son fils, et la famille amish de la ferme devant leur servir de relais. Le mineur parvient toutefois à se libérer et à donner du fil à retordre aux bandits lorsque ceux-ci reviennent à la ferme. Toujours à l'aise dans le film policier et le film de gangsters, Richard Fleischer fait à nouveau flèche de tout bois en choisissant de porter à l'écran une intrigue intéressante privilégiant la création d'atmosphère, où la vie d'un petit village est bouleversée par l'arrivée d'un groupe de bandits. Pour y arriver toutefois, il fallait s'assurer que la psychologie des personnages soit décrite avec minutie, ce qui s'est avéré évidemment le cas ici. La mise en scène devait également éviter d'ennuyer le spectateur ou d'enfoncer l'intrigue dans le mélo. Le réalisateur a su toutefois utiliser les ressources du format Cinemascope pour bien entremêler ces nombreuses tranches de vie qui s'entrecroisent sans s'éparpiller, et dont l'ordre des choses est chaviré par le hold-up, qui sert de révélateur dans le récit. Il n'est donc pas étonnant que la violence qui éclate lors de la conclusion ait autant d'impact, puisque la réalisation technique a su privilégier avec habileté les dilemmes moraux des protagonistes plutôt que l'action elle-même, afin de faire monter la tension. Passionnant et mené de main de maître, "VIOLENT SATURDAY" est donc un autre petit bijou signé Richard Fleischer à découvrir. Bien qu'il n'était pas encore une star à l'époque, Lee Marvin n'a aucun mal à s'imposer dans le rôle d'un des voleurs. Mathieu Lemée |
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