1924
- 1986
Le regretté Yasuzo Masumura, réalisateur, scénariste, explora le côté sombre de la société japonaise, une suggestion de Kerozene.
mise à jour le 20 maI 2007
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AFRAID TO DIE aka LE GARS DES VENTS FROIDS aka KARAKKAZE YARÔ - Yasuzo Masumura, 1960, Japon Le yakuza Takeo (Yukio Mishima) sort de prison après y avoir purgé trois années. Mais Takeo se sait menacé puisque les membres du gang ennemi ont tenté de le faire tuer au sein même du pénitencier. C'est alors qu'il rencontre Yoshie (Ayako Wakao) dont il s'éprend et qui va peu à peu le faire revenir sur son obstination à vouloir demeurer un yakuza sans envergure, sorte de petite frappe désagréable et sans ambition. Masumura en petite forme pour yakuza-flick relativement quelconque. L'histoire, aussi sympathique soit-elle, n'a rien de bien original et Mishima (célèbre romancier, également vu dans LE LÉZARD NOIR de Fukasaku) cabotine un brin en forçant les traits d'un personnage vulgaire et antipathique. Si l'ensemble n'est pas foncièrement mauvais - loin de là, on peut en revanche le trouver très frustrant de la part d'un réalisateur comme Masumura qui excelle dans les progressions dramatiques haletantes et les mises en image hypnotiques. Or, ici, on ne retiendra que le plan final, seul passage réellement marquant d'un film définitivement banal que même la présence d'Ayako Wakao ne parvient à rehausser, elle qui était pétrifiante de charisme et de beauté dans le MANJI de Masumura justement. Kerozene |
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L'ANGE ROUGE aka RED ANGEL aka AKAI TENSHI - Yasuzo Masumura, 1966, Japon Chine, 1939. L'infirmière Nishi se dévoue corps et âme aux soldats japonais blessés durant les batailles. Par bonté de cur et par compassion, Nishi "accepte" de se faire violer par un patient de l'hôpital militaire. Ce dernier lui réapparaît quelques temps plus tard mortellement blessé ce qui entraîne chez elle un sentiment de culpabilité. Plus tard, elle rencontre un homme qui a perdu ses deux bras. Le malheureux ne parvenant même plus à se satisfaire de la masturbation implore Nishi de lui faire connaître une dernière fois l'orgasme. Le geste de Nishi dépassera ses espérances, mais goûter une dernière fois à tant de bonheur s'avère si douloureux que le manchot se jette du toit de l'hôpital. Ce qui accroît le sentiment de culpabilité de notre belle infirmière. Elle fait ensuite la connaissance du docteur Okabe. Un toubib qui malgré lui, se voit contraint de pratiquer la boucherie plutôt que la médecine: les blessés affluent par centaines, les docteurs sont rares, les médicaments encore plus, la solution la plus rapide est bien souvent de couper les membres touchés. Bras et jambes s'empilent alors aux alentours de la salle d'opération et ce dévouement désabusé séduit la nurse Nishi qui tombe éperdument amoureuse d'Okabe. Malheureusement pour elle et lui, Okabe est accro à la morphine et son vice l'a rendu depuis longtemps impuissant. Mais Nishi lui promet de raviver la flamme de l'amour qui sommeil en lui, ce à quoi elle parviendra après qu'ils aient été mutés dans un hôpital touché par une épidémie de choléra... Sordide? Tordue? L'histoire de L'ANGE ROUGE l'est assurément. Mais elle est en même temps l'une des plus belles histoires d'amour jamais portées sur un écran. L'humanité et la dévotion de la belle Nishi, incarnée par la sublime Ayako Wakao, transcendent l'horreur de la guerre. La bonté et la dévotion au genre humain de cette femme magnifique ne se voient jamais entachées par les infamies de la guerre. Malheureusement ses efforts restent vains, ou presque. Car si elle parvient toujours à redonner l'espoir aux âmes en perdition, celles-ci finissent par perdre plus que ce qu'elles auraient perdu sans l'avoir connue. La vie est parfois perverse et sait se jouer de la bonté humaine, mais c'est aussi parce que l'Homme l'a faite ainsi. Masumura signe comme à son habitude un film sur des parias. Sa nurse angélique au milieu d'hôpitaux insalubres où règnent morts et putréfaction, son toubib junky, son soldat manchot, autant de personnages touchants et oeuvrant comme de véritables miroirs de l'humanité, une entité qui mêle horreur et beauté. Le scope noir et blanc est somptueux, les décors sont étouffants, Ayako Wakao est comme toujours splendide et L'ANGE ROUGE est une preuve supplémentaire de la grandeur de Masumura. Kerozene |
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la BÊTE AVEUGLE aka BLIND BEAST - Yasuzo Masumura, 1969 Un sculpteur aveugle kidnappe une superbe fille, modèle pour des artistes à la mode. Il la séquestre dans un hangar où il vit avec sa mère et où se trouve son atelier. La découverte de cet atelier est un moment fascinant: plongé dans l'obscurité, celui-ci nous est dévoilé petit à petit. D'abord, la victime se trouve dos à un mur recouvert d'yeux géants sculptés. Impressionant. Mais au fur et à mesure qu'elle se déplace lentement le long du mur, on découvre des nez géants, des bras, des jambes, des seins... Et le spectateur est abasourdi. C'est superbe, surtout que la photographie est grandiose. Puis, la lumière s'allume et dévoile deux corps gigantesques de femmes nues qui occupent le centre de la pièce. Bref, la fille est enfermée en attendant de bien accepter de servir de modèle au sculpteur. Elle accepte et sème le trouble entre la mère possessive et l'artiste aveugle. La mère sera tuée accidentellement, et finalement, la sculpture sera faite. Le sculpteur prend bien soin de tâter le superbe corps de la fille afin de la modeler, mais règnent certaines tensions. Il finira par la violer et la salope y prend goût. A tel point qu'ils se mettent à copuler comme des fous sur les corps de femmes géants dans l'obscurité. Si longtemps qu'elle en perd la vue et par la même occasion, développe un sens tactile plus développé qui la pousse aux pires excès sexuels. Je ne dévoilerai pas le final de fou qui fait de ce film une des oeuvres les plus marquantes que j'ai vues ces derniers temps. Un chef-d'oeuvre ! Kerozene |
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HANZO THE RAZOR: THE SNARE aka KUNG FU HARA KIRI aka Goyôkiba: Kamisori Hanzô jigoku zeme aka HANZO THE RAZOR l'enfer des supplices- Yasuzo Masumura, avec Shintaro Katsu, Kei Sato, Ko Nishimura, Toshio Kurosawa, 1973, Japon Hanzo, le flic le mieux membré du Japon féodale revient après SWORD OF JUSTICE réalisé l'année précédente. Tout comme dans le précédent film, Hanzo se frappe le sexe à coup de bâton, pilonne un sac de riz comme s'il s'agissait d'une vieille rombière, et tient tête à ses supérieurs incapables de respecter un véritable code de l'honneur. Hanzo, lui, sait le respecter, et protéger la veuve et l'orphelin est sa vocation. Et lorsque la loi lui empêche de mener à bien une enquête, il n'hésite pas à la transgresser. Ici, il apprend qu'un drôle de trafic de femmes prostituées de force et vendue à des parties de sado-masochisme brutal est organisé par de viles bonnes soeurs. C'est en découvrant le cadavre de l'une des filles fraîchement avortée qu'il découvre l'affaire, et si la loi lui interdit de se rendre au couvent, il n'en a que faire. Pas dupe, il se doute bien que la mère supérieure n'est pas le cerveau de l'opération, et c'est grâce à son fameux coup de bite vrillée qu'il obtient les réponses à ses questions. Pour les curieux, la technique consiste à suspendre la femme dans la position de l'oeuf dans un filet qui est ensuite tour à tour élevé puis abaissé sur la verge d'Hanzo par ses serviteurs. Au bout d'une minute, et après avoir fait tourner la nonne sur son sexe comme une toupie, il menace de s'arrêter et obtient ainsi réponses à ses questions... Et si Hanzo viole (mais procure du plaisir) pour le bien, Hanzo n'hésite pas non plus à tuer. Les coups qu'il porte sont violents et révèlent parfois l'étonnante pression artérielle de ses adversaires qui vont jusqu'à repeindre un pan de mur entier de leur sang. La saga de HANZO THE RAZOR touche ici à son paroxysme et révèle un Japon empreint d'une incroyable perversité: les autorités sont corrompues jusqu'à l'os, l'église est prête aux pires perfidies pour s'enrichir, les méchants sont de la pire espèce (ça viole et ça tue) et le reste de la population est opprimé, appauvrie et misérable. Seul Hanzo, brute empreinte de justice, semble avoir la tête sur les épaules, et tel un Inspecteur Harry féodale, on s'attache à ce psychopathe tant il nous apparaît comme juste (enfin presque) et attachant. Masumura signe comme à son habitude un film à la beauté plastique irréprochable: les décors, les costumes et les éclairages sont superbes, magnifiés par un cinémascope exploité à merveille. Quant à Shintaro Katsu, il parvient sans peine à faire oublier qu'il est surtout connu pour être Zatoichi... A tel point que pour ma part, il est le flic violeur et brutal avant d'être le sabreur aveugle. Kerozene Une banale affaire d'avortement Clandestin va conduire L'inspecteur Hanzo aux portes d'un mystérieux couvent: De riches marchands s'y réunissent pour assouvir leurs fantasmes sexuels les plus refoulés avec de jeunes vierges endormies. Hanzo emprisonne la mère supérieure et lui fait subir le supplice du filet, celle ci passe vite aux aveux: un Haut dignitaire du château d'Edo (Tokyo) est l'instigateur de ce trafic. Hanzo va mener l'enquête contre l'avis de sa hiérarchie. Troisième saga produite par la mythique société de production du non moins mythique Shintaro katsu (Zatoichi) la Katsu prod, Hanzo the Razor reste comme l'une des plus mythiques sagas du cinoche d'exploitation japonais. Violent, noir, gore, malsain et surtout très SEXE, Hanzo the Razor est une saga a déconseiller aux culs serrés qui ne jurent que par le chambara classique. Shintaro Katsu y incarne Hanzo, un policier en conflit constant avec sa hiérarchie, sorte d'équivalent médiévalo japonais de l'inspecteur Harry, mais la plus grande particularité d'Hanzo c'est d'être doté d'un sexe ÉNORME qui lui servira à mettre en oeuvre des tortures quelques peu "particulières". Dès le générique d'intro, le ton est donné, Hanzo se tient debout et nu, il déverse de l'eau glacée sur son pénis avant de le frapper à coup de marteau pour ensuite l'enfiler dans un appareil d'entraînement d'un genre nouveau (le genre que vous ne trouverez dans aucune salle de musculation ou alors celle de Rocco Siffredi... et encore je rappelle que le pénis n'est pas un muscle mais un corps spongieux, qui a pour particularité de se remplir de sang provoquant ce que l'on appelle couramment l'érection [ ceci était une intervention des frères bogdanovs], une scène hilarante (car complètement folle et vraiment osée, je rappelle qu'on est dans les années 70 au japon) sur fond de musique bien seventies, le ton est donné, Hanzo est un film qui ne donne que peu de crédit aux règles classiques du chambarra, on est dans un univers qui n'a pour seul objectif que de montrer sexe, violence et gore en cherchant au maximum la subversion. De ce point de vue Hanzo apparaît être une véritable bouffée d'air frais, les conflits opposants Hanzo et le pouvoir au-dessus de sa tête étant prétextes a de nombreuses joutes verbales dans lesquelles Hanzo apparaît être un bad mother fucker comme on les affectionne, défiant le shogun ( comme katsu défie les règles du cinéma japonais) a grand coup de répliques qui claquent, n'écoutant rien ni personne le personnage créé par Katsu se dessine comme un personnage trouble aux méthodes hallucinantes, le meilleur exemple de ceci ? Hanzo arrête la mère supérieure du couvent, refusant de parler celle ci fait preuve d'un véritable courage, jusqu'a ce que Hanzo décide de passer aux choses sérieuses, il l'attache dans un filet, l'empale sur son sexe géant et la fait tournoyer dessus (What the fuck???? ) bien sur le film fait preuve d'un machisme a toute épreuve ( "tu as connu l'enfer, je vais te faire connaître le paradis") qui ne manquera pas de faire hurler les ligues féministes, mais on est ici dans de la pure provocation, racoleur? Bien sur, mais c'est le propre du cinéma d'exploitation que de racoler un minimum, de cette manière le scénario n'est qu'un prétexte a une débauche de déviances sexuelles sadiques dans laquelle les fantasmes masculins sont passés aux cribles ( bondages, sado masochisme, déflorages etc...) par un réalisateur extrêmement talentueux qui soigne ses cadres et fait preuve d'un sens de la mise en scène vraiment nouveau (même s'il n'atteint pas le niveau de génie d'un Kenji Misumi autre réalisateur nippon bien frappé du cerveau), du coup le pseudo machisme du film a vite fait de tourner à la dénonciation du refoulement sexuel propre à la société japonaise, en effet si Hanzo peut faire parler des prêtresses de Buddha avec sa bite et lutte sans ménagement contre des marchands obsédés sexuels qui achètent de jeunes vierges endormies (j'avais dit que c'était malsain) c'est bel et bien parce que tout ce petit monde est une belle bande de frustrés, Katsu à la barre de producteur se permet donc d'en balancer une belle couche sur les travers regrettables d'une société qui encore a l'époque souffrait de ses règles rigides, il le fait bien sur en jouant la carte de la provoc, la nudité étant très mal perçue au japon, on a donc droit a des plans à hurler de rire comme celui d'un Hanzo allongé au sol suite a son intense entraînement dans ses sous-vêtements trône fièrement un énorme chibre turgescent (!!!!)... FOU?? Assurément, mais tout cela ne serait rien sans l'immense talent de mise en scène Masumura qui filme brillamment en jouant sur les profondeurs de champs et la lumière (à ce titre Hanzo the Razor -l'enfer des supplices - fait partie des films les mieux photographiés jamais réalisés) car qu'on ne s'y trompe pas si le cinoche d'exploitation a souvent été considéré comme racoleur et intéressant par des culs serrés qui n'y voyaient que des spectacles déviants pour pervers décérébrés, on en oublie souvent que nombres d'avancées cinématographiques ont été opérées sur ses terres, le cinéma d'exploitation japonais étant particulièrement représentatif de ce constat, (voir ou revoir des films comme sex and fury, female yakuza tale ou encore On l'appelait scorpion pour s'en convaincre) en effet il s'agit la de véritable CONDENSÈS de culture pop, Hanzo ne déroge pas a cette règle, véritable monument de cinéma d'exploitation qui racole à fond sans oublier de faire du VRAI cinéma, fun et décomplexé, provoquant, repoussant les limites des codes qu'il investit et carrément frappé d'alignement ( torturer une prêtresse en la faisant tournoyer sur son sexe fallait y penser quand même), tout cela n'oublions pas de le dire, on le doit au complètement sonné Shintaro Katsu qui livre ici une performance comme toujours géniale et vraiment hallucinée, remercions ce grand bonhomme du cinoche japonais pour sa folie et sa générosité, et savourons ce Hanzo the Razor (l'enfer des supplices étant le second épisode d'une trilogie et j'ai toujours pas vu le premier aaaaarghhhhhh!!!) véritable apothéose d'un cinoche bien dans sa peau et insolent, sorte de mix improbable entre le film érotique, le polar et le chambara, qui s'il ne peut prétendre à détrôner la monumentale saga Baby Cart (avec le frère de Katsu, Tomisaburro Wakayama) n'en reste pas moins une référence, gloire a toi ô grand Shintaro. Kitano Jackson Film japonais avec un samouraï avec un gros pénis. Il s'en sert pour interroger des femmes et les amadouer. Complètement trash. Scènes de viols, de fouettage, du sang qui gicle à la MONTY PYTHON, et une trame sonore funky 70 vs électro-bizarro. Très amusant! HumanoidZombie |
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MANJI - Yasuzo Masumura, Japon, 1964 Sonoko, femme mûre vivant tranquillement auprès de son mari, prend des cours de peinture. Dans son cours se trouve Mitsuko, superbe jeune fille au visage fin. Sonoko est tellement fascinée par cette femme, qu'elle la peint. S'ensuit une relation amoureuse obsessionnelle de Sonoko pour Mitsuko. Sonoko cache cette relation à son mari alors que Mitsuko lui cache le fait qu'elle partage sa vie avec un homme, mais un homme souffrant d'impuissance. S'en suit un jeu de mensonges et de possession gravitant autour de la superbe Mitsuko au corps si parfait. Si l'histoire donne dans le soap opéra mélodramatique, la mise en image, elle, donne dans le grand art. Le savoir-faire de Masumura rend le film terriblement intrigant, sensuel et fascinant. Le rythme lent et hypnotisant, la photographie hyper soignée et envoûtante, font de MANJI une fable amoureuse surprenante dont l'issue dramatique tend vers la tragédie shakespearienne. Magnifique. Kerozene |
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