Le maître du suspense a influencé plusieurs générations de réalisateurs... par ordre chronologique

mise à jour le 14 février 2014

MURDER ! - Alfred Hitchcock avec Herbert Marshall, Norah Baring, 1930, Royaume Uni, 92m

Des cris dans la nuit. Tous les voisins arrivent chez la jeune Baring, une femme morte devant elle, l'arme du crime à ses pieds, les mains en sang. Pourtant elle ne se rappelle de rien. Le dernier membre du jury de son procès qui la croit peut-être innocente, Sir John Menier, se rallie au verdict: coupable. Voyant la sentence mortelle de la pauvre venir, il doute de plus en plus et commence sa propre enquête.

1930, on est pas loin du cinéma muet et son influence, lors de nombreuses séquences libres de dialogues, sa caméra qui bouge rarement ou ses acteurs expressionnistes, est notable. Hitchcock va tout de même essayer de rendre le film dynamique avec le montage, des plans parfois très rapides, et quelques superpositions de plans en caméra. Les acteurs, la présumée coupable et le vrai coupable, ont un jeu presque monolithique qui sied bien au sujet mais qui, lui aussi, est plus proche du muet que de l'émergence du film sonore. La course vers l'épilogue offre une belle tension et si au final il s'agit d'un film mineur dans la carrière du maître du suspense, on ne s'ennuie guère. Mario Giguère

The SKIN GAME - Alfred Hitchcock, 1931, Angleterre, 85m 

La famille Hillcrist vit paisiblement depuis des générations dans un décor idyllique. Mr Hornblower, leur voisin qui a acheté la presque totalité des terrains qui les entourent, est un homme d'affaires qui veut bâtir des usines sur ces terrains. Il ne lui en manque qu'un et il sera mis en enchères. Lorsque Hornblower obtient le terrain par subterfuge, les Hillcrist, spécialement la mère, vont tout faire pour empêcher leur rival de mener à bien ses projets. Un odieux chantage aura des conséquences terribles sur tout ce monde.

Adaptation d'une pièce de théâtre, The SKIN GAME n'est pas un grand cru de Hitchcock, mais renferme des touches intéressantes. À témoin la transition de la vue du paysage merveilleux qui devient l'affiche de la vente aux enchères. Comme souvent à cette époque, Hitchcock utilise des maquettes, ici celle de l'usine projetée, pour bien illustrer un décor qu'il serait trop coûteux à construire ou difficile à trouver, voir le village au début de The LADY VANISHES. Il y a bien un couple potentiel, comme Roméo et Juliette, de la fille Hillcrist et du jeune Hornblower, qui n'ont finalement pas la place que l'on aurait pu s'attendre dans cette intrigue. Ils sont tout de même les seuls innocents, les seuls qui auraient pu mettre fin à tout cette hargne qui monte et monte, inexorablement. Phyllis Konstam joue la victime à la limite proche du cinéma muet, détonnant sur le reste de la distribution. Une fable moraliste intéressante. Mario Giguère

The 39 STEPS - Alfred Hitchcock avec Robert Donat, Madeleine Carroll, Lucie Mannheim, 1935, Angleterre 

Hammond (Robert Donat) est au Music Hall lorsque deux coups de feu sont tirés et la panique s'empare de la foule compacte. Il ramène à la maison une femme (Lucie Mannheim) qui lui en fait la demande et qui s'avère être impliquée dans le contre espionnage et est poursuivie, alors qu'elle tente d'empêcher un secret important de quitter le pays. Le lendemain matin elle est morte, ne laissant que pour indices une carte avec un village écossais marqué, un avertissement à propos d'un homme au petit doigt sectionné et l'expression 39 STEPS. Hammond s'enfuit et tente de mener à bien la mission de l'agente tout en étant poursuivi par la police, qui le soupçonne du meurtre de la femme et ceux qui la poursuivaient...

Tous les ingrédients qui feront le succès du maître du suspense sont en place pour cette magnifique intrigue menée à fond de train par un réalisateur en pleine possession de ses moyens. L'innocent mêlé aux affaires qui le dépassent, les poursuites nombreuses, les indices pertinents et le "prétexte" sans importance, la caméra et le montage impeccable, la blonde en apparence très froide (Madeleine Carroll), les sous-entendus et clins d'oeil. On en révèlera pas plus sur l'histoire prenante, sans temps mort et les joyeux moments et les tensions constantes. Mais on se rend compte qu'Hitchcock travaillera les même motifs à profusion tout au long de sa filmographie. Mario Giguère

SABOTAGE - Alfred Hitchcock avec Sylvia Sidney, Oskar Homolka, John Loder, d'après le roman de Joseph Conrad, 1936, Angleterre

M. Verloc est propriétaire d'un cinéma qu'il opère avec sa femme et le jeune frère de celle-ci. Il est également partie prenante d'un gang de saboteurs, au profit d'une puissance étrangère, qui tentent de semer la terreur à Londres. Mais les Anglais savent rire d'une panne d'électricité. C'est donc l'éclatement d'une bombe en plein cœur de Piccalilli que l'on prépare pour samedi, 13h45...

Hitchcock soigne sa mise en scène, on se demande pourquoi il débute avec un gros plan sur une ampoule, ça deviendra rapidement évident. Il monte aussi un suspense éprouvant lorsque le porteur de la bombe, qui ne sait pas ce qu'il transporte, laisse filer le temps et se rapproche de l'heure fatidique ! Il réussira aussi à terminer in extremis avec une fin qui s'annonce somme toute un brin optimiste. Sans être un incontournable, l'histoire est somme toute plus simple que ses films ultérieurs, Saboteur soigne ses effets et refuse de simplifier ses personnages. À savourer. Mario Giguère

SECRET AGENT - Alfred Hitchcock, 1936, Angleterre 

Durant la première guerre mondiale, un jeune officier (John Gielgud) se rend en Suisse pour éliminer un agent double. Il a de très vagues renseignements pour l'identifier, mais avec l'aide du "général" (Peter Lorre) et de sa fausse épouse (Madeleine Carroll), il réussit à identifier l'homme. Mais est-ce bien lui ? Et est-ce que le meurtre prémédité est justifiable, même en temps de guerre ?

Madeleine Carroll, une autre des ces blondes Hitchcockiennes, joue sur tous les registres, aimante, séduisante, enjouée, et finalement traversée de remords, tandis que Peter Lorre cabotine incroyablement dans ce personnage flamboyant et caricatural. Hitchcock se ménage des séquences au cadrage superbe, narrant visuellement les tourments des personnages. On est en Suisse, donc une partie du scénario se passe dans une usine de chocolat ! Le final est beaucoup trop précipité pour être satisfaisant, mais l'ensemble nous étale assez de moments magiques pour nous permettre de dire encore: merci monsieur Hitchcock. Mario Giguère

YOUNG AND INNOCENT - Alfred Hitchcock avec Nova Pilbeam, Derrick De Marney, 1937, Royaume Uni, 80m

Elle est comédienne connue, il est son mari, elle se fout de lui, il est cocu et le sait. Elle est retrouvée morte sur la plage, étranglée avec une ceinture qui appartient au manteau d'un passant, en fait un homme qui l'a jadis connue et qui devient le seul suspect. Seulement, comme dit le titre, il est "jeune et innocent". Il va enrôler la fille du constable en chef pour l'aider à retrouver celui qui a volé le dit manteau. Elle est réticente, mais tombe visiblement amoureuse de lui. Mais dans quel pétrin ils se mettent ! Recherchés par la police, ils remontent la piste vers le tueur...

C'était pas mal plus difficile d'enquêter avant les fax, les téléphones cellulaires ou l'internet ! Avec une voiture que l'on doit crinquer à l'avant, les poursuites sont aussi moins rapides, mais l'action est aussi prenante ! Hitchcock met particulièrement en scène deux scènes magistrales. Le couple et un mendiant vont se cacher en voiture dans une mine désaffectée et le plancher s'effondre: cauchemardesque. Que dire de la scène choc ou la caméra, en plan continu, se promène au-dessus du hall d'un hôtel, se retrouve à planer sur la piste de danse pour avancer tranquillement vers l'orchestre en finissant sur un gros plan d'un musicien que l'on dévoile comme le tueur ! Sans parler de la foule de personnages secondaires tous plus colorés les uns que les autres. Bravo, monsieur Hitchcock ! Mario Giguère

The LADY VANISHES - Alfred Hitchcock avec Margaret Lockwood, Michael Redgrave, Paul Lukas, 1938, Angleterre

Dans un petit pays européen, de nombreuses personnes doivent demeurer dans l'auberge locale, le train est en retard d'une journée pour cause d'avalanche. Il y a une riche jeune dame qui termine son célibat, un joueur de clarinette extraverti, deux anglais frustrés de ne pas savoir les résultats sportifs d'Angleterre et bien d'autres personnages savoureux dont une vielle dame qui aime la musique. Lors du voyage en train, la vielle dame disparaît, mais personne ne semble se rappeler d'elle, à la stupéfaction de la jeune femme qui a passé la journée avec elle...

On débute lentement pour mettre en place les personnages, on plonge dans le mystère d'un coup sec et hop ! On démarre une enquête à bord du train en marche qui nous garde en haleine jusqu'à un final bien ficelé. Hitchcock multiplie les effets simples, maquettes multiples, fondus enchaînés, surimpressions et une caméra souple dans un décor restreint. Argento reprendra l'indice tracé au doigt dans PROFONDO ROSSE, ici sur une fenêtre, indice qui rassure la protagoniste qu'un docteur diagnose rapidement comme victime d'hallucinations. Magnifique scénario en crescendo. Dernier film tourné en Angleterre pour le maître du suspense. À savourer. Mario Giguère

JAMAICA INN - Alfred Hitchcock avec Charles Laughton, Maureen O'Hara, Leslie Banks, 1939, Royaume Uni, d'après le roman de Daphne Du Maurier

Cornwall, début du 19ème siècle, une jeune femme nouvellement orpheline se rend à l'auberge Jamaica Inn rejoindre sa seule parente, sa tante. Elle rencontre sir Pengallan, qui la reconduit à sa destination qui se révèle le repaire d'une bande de pilleurs de bateaux qu'ils font échouer, menés par son oncle. Alors qu'on s'apprête à pendre un type de la bande soupçonné de trahison, elle le sauve et essaie de s'enfuir avec, ce qui ne sera pas facile...

Je ne savait pas qu'Hitchcock avait fait dans le film d'époque. Charles Laughton est incroyable dans son rôle de gras riche décadent qui se révèle le pire des vicelards libidineux. D"ailleurs toute la confrérie de coupe gorges ont des têtes mémorables qu'Hitchcock cadrera avec truculence. On retrouve tout de même le motif habituel du légendaire cinéaste, soit un être innocent plongé dans un monde de corruption dont il aura peine à s'en sortir. Visiblement tourné en studio, les maquettes de bateau jurent un peu, la mise en scène généralement conventionnelle se farcit quelques plans plus expressionnistes. Une bonne surprise au final. Mario Giguère

FOREIGN CORRESPONDENT aka Correspondant 17- Alfred Hitchcock avec Joel McCrea, Laraine Day, George Sanders, 1940, États Unis, 120m

La deuxième guerre mondiale se rapproche et le patron d'un journal américain a besoin d'un correspondant étranger qui va découvrir ce qui se prépare. Johnny Jones, jeune téméraire, part pour l'Angleterre pour interroger Van Meer, qui a participé à des négociations secrètes avec l'Allemagne. Malheureusement il se fait assassiner devant Jones. Étonnamment, Jones, éprit pendant ce temps d'une belle anglaise, va revoir l'homme bien vivant. Une poursuite pour la vérité, culminant dans un spectaculaire accident d'avion en plein au-dessus de l'Atlantique, ou il faut se méfier des apparence (faut toujours se méfier des apparences) débute à fond de train.

À un rythme effréné, Hitchcock emballe un scénario ficelé au quart de tour. Sans avoir le charisme des ses acteurs plus connus, le couple vedette remplit bien les objectifs du film, un suspense haletant sur fond de guerre. Hitchcock multiplie les plans truqués, utilisant les maquettes à bon escient. On est frappé par plusieurs trouvailles, dont un zoom sur un avion en plein vol qui se termine à l'intérieur de celui-ci. Ce final aux airs de film catastrophe et le dénouement tout aussi imprévisible termine de convaincre le spectateur de regarder tous les films de son réalisateur. Que du bon. Mario Giguère

SUSPICION - Alfred Hitchcock avec Cary Grant, Joan Fontaine, Nigel Bruce, 1941, États Unis, 99m

Johnnie Aysgarth (Cary Grant) rencontre Lina (Joan Fontaine) alors qu'il essaie visiblement d'échanger sa place de train à rabais contre une première classe. Ils tombent rapidement amoureux et se marient. Suite à un somptueux voyage de noces, Lina se rend compte que son Johnnie est un playboy sans le sou qui n'a jamais travaillé. Elle essaie de régulariser la situation mais se rend compte rapidement qu'il est aussi un menteur invétéré. Elle en arrive à le soupçonner de vouloir tuer son meilleur ami pour régler ses problèmes d'argent. La prochaine victime semble toute désignée: Lina craint pour sa vie.

Hitchcock nous balance dès le début une scène ou les deux tourtereaux, qui viennent à peine de se rencontrer, semblent se battre au haut d'une colline. Erreur, il ne voulait que toucher sa chevelure et elle s'est méprise, en tout cas c'est ce qu'il affirme, lui donnant le sobriquet de "face de singe". Le réalisateur maintient le suspense de manière magistrale, rivalisant d'efficacité lors des scènes ou Lina et le spectateur doutent. On se laisse manipuler avec plaisir. J'ai vu une version qui semblait parfois colorée et effectivement l'original est en noir et blanc. J'ai été bluffé. Cary Grant est parfait et Joan Fontaine reviendra beaucoup plus tard douter de ses sens dans le film de la Hammer THE WITCHES. Mario Giguère

SABOTEUR - Alfred Hitchcock avec Priscilla Lane, Robert Cummings, Otto Kruger, 1942 

Un travailleur dans une usine d'avion, Barry Kane (Robert Cummings), est faussement accusé de sabotage. Il part en fuite avec pour seul indice le nom et l'adresse d'un suspect. Arrivé à cette adresse, les personnes en place ne connaissent pas cet homme et appellent la police. Menotté, Barry va tout de même reprendre la fuite, créchant chez un aveugle. La fille de celui-ci, Patricia (Priscilla Lane) découvre rapidement l'état du fugitif et ne rêve qu'à le remettre aux autorités, en bonne citoyenne. Mais ensemble, au fil d'aventures extravagantes, ils chercheront à retrouver les vrais coupables et à empêcher un nouvel acte de terrorisme qui se prépare...

Le couple forcé qui apprend à s'apprécier dans une fuite cauchemardesque, les situations et décors qui en principe n'offrent aucun danger, mais qui sont mortels, le final sur l'icône par excellence de la région géographique (ici la statue de liberté), on est bel et bien en terrain connu. On se demande bien pourquoi les vilains n'en finissent pas rapidement avec les tourtereaux, les circonstances idéales pour le faire sont pourtant nombreuses. Le scénario nous amène pourtant régulièrement dans des situations ou le couple ne peut être liquidé en même temps qu'il ne peut s'enfuir, la séquence du bal de charité en est un exemple exquis. le jeu d'Otto Kruger, toujours souriant et charmant, même quand il sort les crocs, est splendide. Priscilla Lane est également charmante dans son indécision et son tiraillement entre son devoir de citoyenne et les preuves qui s'accumulent qui prouvent l'innocence de son compagnon.

Un bon cru. Mario Giguère

LIFEBOAT - Alfred Hitchcock avec Tallulah Bankhead, William Bendix, Walter Slezak, 1944, 96m

Générique: la caméra est sur la cheminée d'un bateau, à la fin du générique la cheminée coule. Une chaloupe de sauvetage avec à son bord une journaliste hypercool et des survivants qui s'y entassent. Le dernier sera un allemand, donc provenant du sous-marin qui a torpillé le bateau avant de couler également. Des personnages typés qui vont se dévoiler et se révéler complexes en cours de route. De la journaliste qui s'éprends pour le macho à bord, de ce mâle qui prend le contrôle mais qui ne connaît rien à la navigation, l'infirmière qui rejoignait son amant, un homme marié, du riche industriel qui perd son assurance, de cet homme simple qui ne veut pas perdre sa jambe car la femme qu'il convoite aime par-dessus tout danser ! Tout ce monde est plus intéressant que prévu et jamais banal, surtout pas l'Allemand qui a plus d'un tour dans son sac.

Oeuvre de commande pour la propagande américaine, Hitchcock réussit à rendre intéressant un décor minimal, tout se passe dans cette chaloupe, et à garder le suspense pendant ses 96 minutes. Premier film réputé entièrement storyboardé, il a été repompé par plein de petits films qui ont perverti son propos. Le mélange des personnalités, l'humanisme en opposition aux instincts belliqueux, la tension sexuelle qui monte, le scénario joue sur plusieurs tableaux, refusant le simplisme qui aurait emballé une histoire si simple entre d'autres mains. Un classique à découvrir. Il me tardait de voir l'original ! Mario Giguère

SPELLBOUND - Alfred Hitchcock avec Ingrid Bergman, Gregory Peck, Leo G. Carroll, 1945, États Unis, 111m

L'institution psychiatrique Green Manors a un nouveau directeur, le Dr Edwardes, mais son arrivée déstabilise les psychanalystes qui y travaillent. À commencer par la belle mais distante Constance (Ingrid Bergman) qui en tombe amoureuse rapidement. Il devient évident que le Dr Edwardes est un imposteur, probablement son meurtrier, qu'il est amnésique et a développé des phobies incapacitantes. Constance le protège et l'amène chez son mentor, un psychanalyste renommé, qui aidera le couple à comprendre le passé tout en fuyant la police.

La pièce maîtresse du film est une séquence de rêve conçue par le peintre surréaliste Salvator Dali, véritable bijou onirique dont l'interprétation sera la clé de l'énigme. La musique de Miklós Rózsa appuie parfois de manière outrancière l'intrigue mais illustre bien le paysage mental de Gregory Peck et est bercée par ce qui ressemble aux ondes martenot, donnant des accents proche de THE OUTER LIMITS. Hitchcock est terriblement efficace, les acteurs impeccables et l'histoire pleine de rebondissements impossibles à deviner. Un film policier dont le moteur est la psychanalyse, voilà qui étonne agréablement. Chapeau au personnage du mentor, vieux routier hilarant avec ses affirmations à l'emporte-pièce comme: "Les femmes font les meilleurs psychanalystes, jusqu'à ce qu'elle tombent en amour, alors elles sont les meilleures patientes !". Mario Giguère

NOTORIOUS aka Les Enchaînée - Alfred Hitchcock avec Ingrid Bergman, Cary Grant, Claude Rains, 1946, États Unis, 101m

1946, Miami, fin du procès d'un espion à la solde de l'Allemagne, condamné à perpétuité. Sa fille, Alicia (Ingrid Bergman) sort du procès sans parler aux journalistes et s'empresse d'enfiler les verres d'alcool dans un party ou elle rencontre un homme qu'elle ne connaît pas. Devlin (Cary Grant), travaille pour le département américain et veut lui demander d'infiltrer des conspirateurs nazis logés en Amérique du sud. Elle s'éprend d'amour pour lui, lui est de glace. Jusqu'ou ira-t-elle pour prouver à Devlin que non seulement elle l'aime mais qu'elle a changée, alors qu'il la traite constamment comme une fille facile et alcoolique sans ménagement ?

À un certain moment je me suis dit que Cary Grant aurait fait un excellent James Bond, froid et calculateur mais furieusement amoureux, comme le personnage tel que décrit dans les romans originaux. L'étau se resserre rapidement sur Ingrid Bergman, qui prend des chances au-delà du raisonnable, semblant prête à mourir avant de renoncer à ses sentiments profonds qui semblent sans écho. C'est autant la relation très trouble de Bergman-Grant qui est fascinante, que l'intrigue d'espionnage mortelle. Hitchcock exploite sa mise en scène avec brio, multipliant les zooms avant qui pénètre buildings et fenêtre pour s'approcher en gros plan des images clés. Les rares moments de séductions, suivit de douches froides, sont d'une beauté palpable, on sent la douceur du visage de Bergman qui se frotte sur celui de Grant. Ajoutez la relation trouble de Claude Rains, conspirateur que Bergman devra séduire et de la mère de ceux-ci au tableau de personnages mentalement perturbés. Le scénario ne lâche pas le morceau jusqu'à la fin, tenant en haleine le spectateur. De la fusion du drame psychologique et du film de suspense par le maître en la matière. Du tout bon. Mario Giguère

The PARADINE CASE aka Le Procès Paradine - Alfred Hitchcock avec Gregory Peck, Alida Valli, Ann Todd, Charles Laughton, 1947, États Unis, 115m

Mme Paradine (Alida Valli - Suspiria) est informée qu'elle est suspecte dans la mort de son mari, empoisonné. Elle appelle son avocat qui lui recommande un jeune avocat brillant, Anthony Keane (Gregory Peck). Keane tombe graduellement amoureux de cette femme d'une beauté glaciale, imperturbable. La femme de Keane se rend bien compte de ce qui se passe, comme sa meilleure amie et ils décident toues les deux de suivre le procès. Keane ne se contente pas de faire son travail, il devient carrément détective et soupçonne tout el monde dans l'entourage de la maisonnée, tout pour sauver sa cliente.

Drôle d'exercice que ce scénario ou tout pointe vers la culpabilité de Mme Paradine. Ce que Keane va découvrir sera très difficile car les indices prometteurs se retournent tous contre la présumée coupable. Le mystère est donc de comprendre ce qui s'est passé exactement et malgré que le tout reste et demeure intéressant, on s'attend à autre chose de la part d'Hitchcock. Ceci étant dit, le réalisateur fétiche y va d'une photographie remarquable. Deux scènes m'ont étonné particulièrement. Lorsque Keane doute pour la première fois de sa belle, l'éclairage provenant de la fenêtre se trouble simultanément, efficace. Dans un deuxième temps, pendant l'arrivée du valet en cour, témoin dont le témoignage est crucial, la source d'éclairage suit le valet, passant de gauche à droite et derrière Aldila Valli. Le procès s'étale sur la deuxième moitié du film et là aussi, Hitchcock fait preuve d'une maitrise de la mise en scène et de l'éclairage pour rendre intéressant des personnages nécessairement statiques. La musique de Franz Waxman (Bride of Frankenstein) est très présente et appuie fortement le drame. Louis Jourdan est très efficace dans son premier grand rôle. Un film différent qui ne plaira pas forcément à tous les amateurs. Mario Giguère

STAGE FRIGHT - Alfred Hitchcock avec Jane Wyman, Marlene Dietrich, Michael Wilding, Richard Todd, 1950, Royaume Uni, 110m 

Une jeune actrice, Eve (Jane Wyman) va tout tenter pour aider et disculper son copain, Jonathan, que tout pointe comme le meurtrier du mari de la célébrissime Charlotte Inwood (Marlene Dietrich). Jonathan s'est réfugié chez Eve. Eve, aidé de son père, un sympathique bonhomme plein de ressources, va tenter d'ouvrir les yeux de l'inspecteur chargé de l'affaire, dont elle tombera amoureuse ! Sapristi, ça se corse, surtout quand elle se fait engager comme femme de ménage chez Charlotte.

Une histoire en apparence simple, mais qui se complique et qui connaîtra son lot de revirements, certains spectaculaires. Hitchcock soigne ses éclairages, spécialement lors des numéros de Marlene Dietrich, qui semble littéralement venir d'un autre monde, baignée dans un halo angélique. Le moment de tension finale, dans la pénombre, est également un petit bijou de mise en scène, Jane Wyman ne pouvant exprimer ses émotions que par le regard. On souligne également le générique sur fond de rideau de théâtre, qui se lève pour présenter Londres. Rideau qui aura son rôle dramatique. Bref, sans être le meilleur film du réalisateur, il y a beaucoup à apprécier dans ce film à l'humour noir qui bascule en finale dans une noirceur physique et psychologique. Comme quoi un Hitchcock plus faible vaut toujours le détour. Mario Giguère

STRANGERS ON A TRAIN aka L'INCONNU DU NORD EXPRESS- Alfred Hitchcock avec Farley Granger, Ruth Roman, Robert Walker, Leo G. Carroll, 1951, États Unis

Bruno Anthony (Robert Walker) reconnaît un célèbre joueur de tennis, Guy Haines (Farley Granger) et entame la conversation. D'une banalité a l'autre, il en arrive à une idée bien étrange: le meurtre parfait. La femme de Haines refuse de divorcer ? Bruno va la tuer tandis que Guy se chargera de rendre le service funéraire au père de Bruno. Comme ce sont des étrangers, personne ne les soupçonnera ! L'idée est malsaine et Guy se débarrasse de Bruno, mais celui-ci remplit sa part de l'échange et étrangle la femme de Guy. Il le rejoint plus tard pour lui demander de tuer son père...

Il est de ses films que l'on a jamais vu mais dont a souvent entendu parler, tel ce film et cette idée séduisante. Au-delà de l'idée géniale il y a tout un scénario qui avance de rebondissement en rebondissement, nous gardant en haleine du début à la fin. Mais comment Guy Haines va-t-il s'en tirer ? Car il n'ose parler, dénoncer son complice forcé. La galerie de personnages secondaires est succulente, de la future belle-soeur qui parle beaucoup trop, de cet incroyable petit vieux qui arrête un carrousel trop rapide en passant par la police qui le soupçonne mais qui attend des preuves, sans oublier cette vielle qui imagine les moyens de tuer son mari ! Scénario superbe co-écrit par Raymond Chandler. Mise en scène succulente, pleine de montées de tension, notons le match de tennis qui doit se terminer rapidement mais qui s'étire et ce final incroyable. Rien à redire, magnifique ! Mario Giguère

I CONFESS aka La Loi du Silence - Alfred Hitchcock avec Montgomery Clift, Anne Baxter, Karl Malden, 1953, États Unis, 95m 

Un meurtre est commis à Québec. Le tueur se ramène dans une église ou il se confesse. Le meurtrier est nul autre que l'homme à tout faire des prêtres du coin. Pire, il a volontairement semé des indices visant son confesseur, le jeune père Logan. Logan ne peut donc dire ce qu'il sait à la police, la religion catholique interdisant de dévoiler le secret de la confession. Compliquant le tout, une femme mariée éperdument amoureuse de lui va dévoiler sa relation spéciale croyant le sauver, sans succès. Ce qui nous amène au procès pour meurtre de Logan.

Je le confesse, je n'avait pas encore vu ce classique tourné dans la ville ou je suis né par le maître du suspense. On en parle souvent dans les journaux d'ici. Encore dernièrement des techniciens francophones racontaient comment Hitchcock respectait ceux-ci, une expérience positive sur toute la ligne. Une mise en scène plus sobre que d'habitude pour cette adaptation d'une pièce de théâtre au concept choc. Mais on remarque avec quelle habileté il a su utiliser la ville et ses décors naturels. La présence en début de film du château Frontenac, symbole architectural mondialement connu, sera suivie par une finale magnifique dans le célèbre hôtel. Hitchcock ne renie pas la spécificité de la ville, plusieurs rôles mineurs s'exprimant en français. Un bon suspense ou Montgomery Clift exprime toute son angoisse dans le regard, ne pouvant se laisser aller que dans les scènes de flashback, tournés sur la magnifique île d'Orléans. Ce serait un péché de s'en priver. Mario Giguère

DIAL M FOR MURDER - Alfred Hitchcock, 1954, États Unis

Tony, un mari cocu (Ray Milland) prépare depuis longtemps le meurtre parfait de sa femme Margot (Grace Kelly). Comme l'explique l'amant (Robert Cummings) de celle-ci, écrivain de roman policier, le crime parfait n'existe que sur papier, car dans la vie, il y a toujours des imprévus... auxquels notre meurtrier par procuration s'adapte avec une rapidité d'esprit remarquable.

Adapté d'une pièce de théâtre, donc unité de lieu, Dial M for Murder est un suspense du début jusqu'à la fin, tourné de main de maître par un Hitchcock en forme. Dès les premières images, on rencontre le couple qui s'embrasse, mais la femme qui est surprise par un article de journal qui annonce le retour de son amant. Deux minutes et on comprend donc le triangle sans qu'une parole ne soit prononcée. La musique est dans un premier temps omniprésente, mais se fera plus rare jusqu'à disparaître lorsque se mettra en route la machination infernale. Un plan parfait qui flanche et qui nous garde en haleine. Les contre plongées arrivent, les plongées et toute la gamme des plans différents et possible dans ce lieu réduit. Au-delà du magnifique scénario adapté par l'auteur de la pièce, on a droit à de magnifiques numéros d'acteur, Ray Milland inspirant de l'horreur mais aussi une fascination pour l'intelligence derrière le plan original et la suite des évènements. Grace Kelly est radieuse en début de film pour devenir plus discrète et sombre au fil de l'histoire. On savoure le tout et on applaudit la maîtrise d'Alfred Hitchcock, ici présent dans une photo de groupe. Mario Giguère

REAR WINDOW aka Fenêtre sur cour - Alfred Hitchcock avec James Stewart, Grace Kelly, Raymond Burr, Wendell Corey, Thelma Ritter, 1954, États Unis, 115m

J.B. Jeffries, Jeff pour les intimes, est un photographe professionnel confiné à une chaise roulante suite à un accident de travail qui lui a brisé la jambe. Pour passer le temps, il prend sa caméra et avec l'objectif, observe les agissements de ses voisins habitant en face de chez lui de par sa fenêtre de chambre. De temps en temps, quelqu'un vient s'occuper de lui et parfois sa fiancée, Lisa, une mannequin, lui rend visite afin de le convaincre de l'épouser. Un soir cependant, Jeff soupçonne l'un de ses voisins d'avoir tué sa femme, suite à certains agissements qu'il a pu observer. Il fait part de ses soupçons à un ami détective et sa fiancée risque même sa vie à aider Jeff à découvrir des preuves. Lorsque la vérité est évidente, Jeff se retrouve en danger de mort.

Adaptation géniale d'une nouvelle de William Irish et de deux faits divers connus de Hitchcock, le maître du suspense réussit un véritable tour de force cinématographique avec ce huit-clos. Portant autant sur le voyeurisme que sur le rapport entre le cinéma et le public, le film réussit à traiter tous ces thèmes avec une densité psychologique solide, ce qui lui assure une puissance dramatique magistrale. Le traitement de l'image et du son est raffiné et élaboré, ce qui ne surprend pas étant donné l'expertise technique dont Hitchcock fait preuve film après film. La création d'ambiance est exemplaire grâce à un montage digne des chefs-d'oeuvre du cinéma soviétique (Eisenstein, Vertov, Koulechov). En bref, malgré que les personnages soient confinés aux même décors, la réalisation est d'une fluidité telle qu'on a jamais l'impression de regarder du théâtre filmé platement. L'interprétation est de grande valeur. Mathieu Lemée

TO CATCH A THIEF aka La MAIN AU COLLET - Alfred Hitchcock avec Cary Grant, Grace Kelly et Brigitte Auber, 1955, États Unis, 106m

John Robie alias le Chat est un voleur à la retraite qui a à son compte un nombre impressionnant de vols. Voilà qu'un autre voleur prend l'identité du Chat et effectue des vols de la même façon que lui dans le but d'attirer les soupçons vers le pauvre John, qui décide d'enquêter lui-même pour trouver l'usurpateur et prouver son innocence.

Je ne savais pas quoi m'attendre avec ce film, bizarrement léger pour un Hitchcock et qui n'est pas malsain du tout ( J'avais visionné FRENZY une semaine plus tôt, disons que je descend d'un grand échelon de perversité). La mise en scène est magnifiquement soigné, certains plans sont extraordinairement beaux. Celui qui me vient le plus rapidement en tête est ce plan dans la cabine du bateau, qui montre le Chat dans la cabine se cachant et la vilaine Danielle conduisant le bateau , le tout en filmant l'avion qui cherche notre voleur dans les airs, du vraie génie. On notera également cette fameuse scène sur le toit qui révèle le véritable voleur, la formule utilisée sera maintes fois copiées par la suite. Il y a également la scène du baiser, assez inoubliable elle aussi. J'ai bien aimé pour ma part et même si ça n'égale pas du tout l'intérêt que j'ai pour les autres films de Hitchcock, TO CATCH A THIEF m'a montré une facette plus traditioNnelle et non pas moins intéressante du maître du suspense. Abba

The WRONG MAN aka Le Faux Coupable- Alfred Hitchcock avec Henry Fonda, Vera Miles, 1956, États Unis, 105m

Alfred Hitchcock introduit le film: "I found a real-life story more terrifying than any fiction... this is it!" (J'ai trouvé une histoire véridique plus terrifiante que n'importe quelle fiction, la voici!) On suit donc la descente aux enfers de Christopher Emmanuel 'Manny' Balestrero (Henry Fonda), humble père de famille qui travaille le soir dans l'orchestre d'un club de danse. Un jour il est ramassé par la police qui l'amène faire le tour de plusieurs commerces et on lui apprend qu'il a été reconnu comme celui qui a commit des vols à main armée dans au moins huit commerces de la région. Direction: la prison. Comme son titre l'indique, le spectateur sait que Manny a raison de clamer sa non-culpabilité, mais les faits sont contre lui, son passage en prison éprouvant et l'impact sur sa famille, dévastateur. Sa femme (Vera Miles) va sombrer dans une psychose où elle se croit coupable de tous les malheurs de son mari. Avec un avocat qui n'a pas grand expérience dans les affaires criminelles, Manny essaie tant bien que mal de prouver son innocence... 

Film atypique, au contraire des innocents coincés dans des histoires extraordinaires, THE WRONG MAN distille ses effets au profit d'une mise en scène rigoureuse qui nous plonge dans la descente aux enfers du personnage principal. Henry Fonda et Vera Miles jouent aussi la sobriété avec une efficacité redoutable. Hitrchcock joue sur les éclairages, terminant la visite en prison par un plan ou l'ombre d'un barreau coupe la tête de l'innocent ! On vous épargne la surprise du dénouement et de sa mécanique, le réalisateur y allant d'un jeu de superposition tout simplement magnifique. Mario Giguère

VERTIGO aka Sueurs froides - Alfred Hitchcock avec James Stewart, Kim Novak, Barbara Del Geddes, 1958, États Unis, 128m

Un détective, Scottie, doit prendre sa retraite car il est sujet au vertige. Un vieil ami lui demande pourtant un service: surveiller sa femme Madeleine qui depuis un certain temps, a un étrange comportement. Après lui avoir sauver la vie, il s'éprend d'elle, mais Madeleine lui échappe et se suicide. Scottie ne cesse alors d'être hanté par le souvenir de cet amour et croit revoir Madeleine dans chaque femme qu'il croise. Puis un jour il rencontre Judy, qui ressemble beaucoup à Madeleine. Cette rencontre aura pour Scottie des conséquences inattendues.

Oeuvre-clé dans la filmographie d'Alfred Hitchcock, ce suspense qui se marie au drame romantique est une adaptation réussie et ingénieuse d'un roman de Boileau-Narcejac. Avec un érotisme discret flirtant avec la nécrophilie, le film raconte habilement l'histoire d'un homme souffrant d'une phobie qui tombe amoureux d'une image. Inspiré directement du mythe de Pygmalion et de quelques théories psychanalytiques, le récit accumule les invraisemblances dans l'optique d'une tragédie dont la puissance dramatique est sans failles. Les décors tout comme la ville de San Francisco sont photographiés avec une adresse digne des grands peintres modernes. La musique de Bernard Herrman amplifie le climat tragique de l'ensemble et certaines séquences font dates dans l'histoire du cinéma, entre autre cet astuce technique du zoom avant synchronisé avec un travelling arrière pour faire ressentir au public le vertige de Scottie. Comme quoi Hitchcock était au sommet de son art durant cette période. Un chef-d'oeuvre où les acteurs offrent une performance incomparable. Mathieu Lemée

NORTH BY NORTHWEST aka La Mort aux Trousses - Alfred Hitchcock avec Cary Grant, Eva Marie Saint, James Mason, Martin Landau, Jessie Royce Landis, Leo G. Carroll, 1959, États Unis, 136m

Un publiciste, Roger Thornill, mène une vie sans histoire et s'apprête à aller au théâtre avec sa mère. Dans le hall, Thornill est enlevé par les hommes de main d'un nommé Philip Vandamm. Celui-ci croit à tort que Thornill est en réalité George Kaplan, un agent secret américain à ses trousses. Après avoir été drogué par l'alcool et libéré, Thornill cherche à comprendre ce qui lui est arrivé. Il se rend au siège de l'ONU pour rencontrer une personne importante lorsqu'un diplomate est abattu sous ses yeux. Devenu le premier suspect pour ce meurtre, Thornill s'enfuit alors qu'il a toutes les polices du pays à ses trousses. À bord d'un train pour Chicago, il rencontre une jolie blonde, Eve Kendall, qui lui vient en aide et dont il s'amourache. Elle arrange un rendez-vous en pleine campagne pour Thornill afin de lui donner les informations nécessaires pour qu'il comprenne tout ce qui lui arrive, mais cela s'avère un piège. Thornill échappe de peu à la mort alors qu'un avion sulfateur tente de lui faire la peau. Revenu à Chicago, Thornill rencontre un homme, "le professeur" qui lui explique enfin tout ce qui lui arrive. Thornill comprend qu'il a été victime d'une méprise car l'agent secret Kaplan n'existe pas et qu'il a été inventé pour assurer la couverture de la vraie agente, Eve Kendall, qui agit dans l'entourage de Vandamm en étant sa maîtresse. Thornill aide alors le contre-espionnage à assurer la couverture d'Eve, mais Leonard, homme de confiance de Vandamm, a des doutes sur elle. Thornill décide alors d'intervenir pour la sauver des griffes de Vandamm dans son repaire au Mont Rushmore.

Hitchcock a parlé de ce film comme étant un résumé de la période américaine de son oeuvre: celle des films d'espionnage légers. On y retrouve un schéma de base qu'Hitchcock adore utiliser: l'histoire d'un homme ordinaire qui est embarqué malgré lui dans une aventure qui le dépasse complètement. Le maître du suspense a trouvé cependant le moyen de pousser ce thème jusqu'à un rare niveau niveau de qualité et il a su concevoir un cocktail savamment dosé de suspense matiné bien évidemment d'un concentré d'humour typique du maître, au goût si extraordinaire qu'on est prêts à en reboire. Tout le film accumule avec brio des situations tout simplement renversantes et fertiles en pétillants épisodes à la fois ironiques et invraisemblables, à se demander si les films de James Bond n'ont pas été inspirés directement de ce film-là (C'est en tout cas ce que croit mon ancien prof de cinéma au Cégep). Hitchcock profite d'ailleurs à plein de cette course-poursuite pour se laisser aller à un ton d'humour d'une impertinence malicieuse quasi-permanente(ex. l'emploi des sculptures des présidents américains au Mont Rushmore, le plan final où Cary Grant et Eva Marie Saint s'apprête à passer leur nuit de noce dans un train... qui entre alors dans un tunnel). Ce pur suspense contient même un morceau de bravoure inoubliable et tellement incroyable dans la scène où Cary Grant se fait mitrailler par un avion en pleine campagne et en plein jour, pièce d'anthologie mémorable qui contrevient aux canons habituels du film noir (selon ce que Hitchcock a dit à Truffaut). Même le dialogue est brillant et parfois audacieux (Dans la version anglaise, Cary Grant prononce ces deux mots: "faire l'amour" à Eva Marie Saint, une première à l'époque que la censure a laissé passer!!!). Donc, un autre remarquable chef-d'oeuvre à rajouter dans la filmographie imposante du "grassouillet" maître du suspense. Un véritable joyau qui survivra pendant longtemps à l'ère du temps et où les acteurs jouent avec beaucoup de souplesse. Et n'oublions pas les tailleurs et la ravissante robe à fleurs rouges portés par Eva Marie Saint dans ce film... Aaaaaahhhhhh!!! Mathieu Lemée

 

PSYCHO aka Psychose - Alfred Hitchcock, 1960, États Unis, 109m 

Dans la région du Texas, par un calme vendredi d'après-midi, une jeune secrétaire du nom de Marion Crane (Janet Leigh), vole les 40.000$ que son patron lui avait confié pour aller mettre à la banque. Elle fait ses valises et quitte pour une destination inconnue en direction de Los Angeles. Surprise par la fatigue et la pluie, elle quitte l'autoroute et loue une chambre au Bates Motel où elle fera la rencontre du jeune propriétaire Normand Bates (Anthony Perkins) et de sa mère malade.

Au départ, le film avait été réalisé avec un très faible budget (environ 1.000.000$) dans le but de voir, selon le réalisateur, ce qu'un bon réalisateur pourrait faire avec un budget limité (un peu à la manière de l'A.I.P). De plus, le réalisateur a utilisé son équipe de la série télévisée "Alfred Hitchcock Presents ", au lieu de son équipe de long métrage habituel, pour donner au film un look " cheap " et pour économiser des frais. Seulement quelques membres de son équipe technique habituel était présent pour le film dont son monteur Georges Tomasini (Vertigo, Rear Window, The Birds, Marni, etc.) et son compositeur fétiche Bernard Herrmann. De plus, encore une fois pour un souci d'économie, le film a été tourné entièrement dans les studio Universal, a l'exception d'une scène chez un marchand de voiture.

Pour scénariser le film, Hitchcock, a fait appel à un jeune scénariste de talent appelé Joseph Stefano a qui il a laissé une grande liberté. Par rapport au roman à succès du même titre de Robert Bloch, certaines scènes ont été adoucies dont un meurtre sous une douche où la jeune femme n'est plus décapitée mais ne reçoit que quelques coups de couteaux. Puis 2e changement d'importance, Normand Bates, n'est plus une personne de 40 ans antipathique, souffrant d'embonpoint, petit et trapu. Le personnage est maintenant jeune et beau et est interprété par une jeune vedette sympathique du public du nom d'Anthony Perkins.

Le film en lui-même a eu un succès incomparable chez le public et a suscité la grogne chez les critiques qui étaient frustrés à devoir visionner le film en même temps que le public ! Pas d'avant première, pour eux, c'était le désir d'Hitchcock et il a été respecté. Le film est aujourd'hui reconnu comme un classique du genre et est l'une des œuvres marquantes de l'histoire du cinéma et à fait l'objet notamment de quelques suites et d'un remake.

Le film a eu et a encore une influence sur de nombreux cinéastes dont Brian De Palma, qui reprendra les grands thèmes du film tout au long de sa filmographie. Un exemple est la scène de la douche (qui est sans aucuns doutes l'une des scènes clés de l'histoire du cinéma) qu'il a ré-utilisé dans PHANTOM OF THE PARADISE. Cette même scène de douche à été repris un nombre incalculable de fois, notamment par John Carpenter pour HALLOWEEN et par Wes Craven pour SCREAM.

La musique de Bernard Herrmann, tout en cordes, a été aussi reprise en guise d'hommage par Richard Band pour la bande sonore de RE-ANIMATOR. De plus, le film a lancé une espèce de mode à vouloir tuer un personnage important au début du film pour créer un impact chez le spectateur. SCREAM figure une fois de plus au rang des coupables pour cette utilisation.

Le film a eu aussi une influence majeur chez le jeune Dario Argento, le titre de son film THE BIRD WITH THE CRYSTAL PLUMAGE est en partie inspiré du film par rapport aux oiseaux qui figurent sur de nombreux cadres et qui y sont empaillés. Ce même Argento a utilisé Martin Balsam pour son TWO EVIL EYES en guise d'hommage au film. Son personnage de Dr. Pym, fait une rencontre avec un escalier une fois de plus !

Le DVD d'Universal comporte un long documentaire d'une heure intitulée "the MAKING OF PSYCHO " réalisé par Laurent Bouzereau, ancien journaliste à L'Écran Fantastique et grand fan d'Hitchcock et de De Palma. Ce document est à voir absolument pour les fans du film.

Pour finir, je dirais que PSYCHO est encore aujourd'hui un chef d'œuvre incomparable et qu'il n'a pris aucune ride. Black Knight

  TOPAZ aka L'Étau - Alfred Hitchock avec Frederick Stafford, Dany Robin, John Vernon, Karin Dor et Michel Piccoli, 1969, États Unis, 143m

Un haut officer Russe entre dans les États-Unis pour annoncer qu'un agent français au nom de code Topaz passe des documents de haute importance aux Soviétiques. C'est à André Deveraux que revient le devoir de trouver le traître, qui serait incriminé dans des documents que possèdent les révolutionnaires cubains.

Honnêtement, j'ai eu beaucoup de difficulté à comprendre ce TOPAZ, un film avec énormément d'éléments, mais qui se perdent rapidement dans un film durant plus de deux heures. Alfred Hitchcock aura eu énormément de difficulté à filmer un script qu'il considérait infilmable et qu'il devait parfois transformer quelques heures avant de tourner, élément qu'on sent en regardant le film qui n'est pas des plus clair. D'ailleurs, on ne sent pas la passion d'Hitchcock derrière TOPAZ, un film qu'il a détesté jusqu'à sa mort. On note une absence totale d'humour, les méchants sont caricaturaux et les scènes de suspense peu présentes. Quelques scènes dont une infiltration à la fin pour retrouver un document sont excitantes, mais dans la majorité des cas, TOPAZ est un film bavard. L'approche d'Hitchcock par rapport à l'espionnage est clinique et sans grand glamour, outre une aventure style James Bond à Cuba, ce qui pourrait s'avérer intéressant pour ceux qui voudraient voir un film d'espionnage axé sur le réalisme. Malheureusement, TOPAZ ennuie et s'avéra un échec commercial qui poussa Hitchcock à retourner en Angleterre pour tourner un dernier grand film, FRENZY. Abba

Pour voir les cameos d'Hitchcock: www.filmsite.org/hitchcockcameos

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Web www.clubdesmonstres.com

Angleterre

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