LA GAZETTE DU CLUB DES MONSTRES

NUMÉRO 33

TOTO QUI VÉCUT DEUX FOIS

Festival de Berlin - Sélection Officielle

TOTO QUI VÉCUT DEUX FOIS aka Totò che visse due volte Daniele Ciprì &Franco Maresco avec Salvatore Gattuso, Marcello Miranda, Carlo Giordano, 1998, Italie, 95m

Prologue avec une dame à l'allure bizarre qui replace son oeil de verre, on la reverra, étonnamment, plus tard. Arrivent trois récits qui seront reliés à la fin.

Primo: Paletta, masturbateur compulsif, idiot du village maltraité par la populace, a bien envie d'aller voir "trois cylindrées" une prostituée de réputation arrivée dans le village, mais il n'a pas d'argent. Il a bien une idée, qui se retournera fatalement contre lui.

Secundo. Veillant son fils décédé, sa mère attend son amant Féfé qui ne se pointe pas. Faut dire que le frérot du défunt était contre ses relations homosexuelles et que Féfé a peur de manger une raclée. Pire, on se rend compte en flashbacks, que Féfé ne voulait que l'argent de la famille. Sa cupidité se concentre sur la bague du défunt, qu'il tient à lui dérober. Faut croire qu'il n'a pas vu LES TROIS VISAGES DE LA PEUR de Mario Bava ! Il y a un passage durant lequel un homme cherche son cercueil, que j'aurais prit pour un fantôme, mais le générique crédite un zombi !

Tertio: voici les deux Toto, un boss de la mafia locale mais aussi une figure christique qui bougonne et râle contre l'humanité. Le Toto qui fait des miracles, mais qui refuse de corriger l'infirmité de Judas le Bossu, ressuscite Lazare, qui sort du bain d'acide ou le Toto boss de la mafia l'avait fait dissoudre. Le mafioso veut la tête du Jésus, qui sera trahi par Judas lors d'un repas grotesque ou Trois Cylindrées apparaît. En fait on retrouvera sur trois croix les deux personnages précédents plus un pauvre type qui viole les poules et les anges.

Je crois bien qu'il faut que je remonte à ma première vision d'ERASER HEAD de David Lynch pour retrouver un sentiment d'étrangeté et de surréalisme comparable. Le film, tourné dans un magnifique noir et blanc, accumule les transgressions et les effets de mise en scène déroutants. Outre l'omniprésence des éléments sexuels et la perversion d'une certaine religiosité, les débuts et fins de scènes ou les acteurs figent, comme si un tableau se mettait à bouger l'instant d'une prise, créent un rythme singulier. Sans parler des personnages féminins tous joués par des hommes et pas des canons de beauté. Si on imagine un instant que la putain à la réputation sensationnelle sera pulpeuse à la Fellini, quel choc de voir ce visage et ces forme masculines disgracieuses arriver, et les hommes de se réjouir. On pense parfois à AFFREUX SALES ET MÉCHANTS, car humour noir il y a, et rien ni personne, il me semble bien qu'il n'y a aucun enfant dans ce coin de Sicile, ne donne une lueur d'espoir.

On peut facilement imaginer les problèmes de censure dans une Italie encore fortement religieuse, du moins ou la censure était alors encore pratiquée. Ce n'est qu'au bout d'un procès de deux ans, gagné par les réalisateurs, que le film a pu sortir sur les écrans. Le film a d'ailleurs fait tomber la censure cinématographique en Italie, dernier bastion européen de cette manie barbare de faire disparaître ce qui choque. Ce n'est évidemment pas un film pour tous. Le noir et blanc et la misère à l'écran accompagné de scènes 'un romantisme nostalgique des années 50 nous font parfois croire qu'il a été tourné 30 ans auparavant. On est devant une oeuvre transgressive, surréaliste, parfois drôle, souvent cruelle, qui a sa place sur les écrans et qui demande notre considération. Mario Giguère

Ce qu'en disait Kerozene

L'Italie ne nous avait pas fourni d'oeuvre aussi subversive depuis les disparitions de Fellini et Pasolini.

Les réalisateurs, deux siciliens, ont tourné cette fresque en noire et blanc avec exclusivement que des hommes. Ainsi, même les femmes sont jouées par des hommes. Des hommes paumés, largués, vivant dans leur bled sicilien puant où il n'y a absolument rien à faire, si ce n'est d'aller voir la pute en tournée, se taper un cheval ou encore une poule et, enfin, de se foutre de la gueule de l'idiot du village, obsédé sexuel de son état, au même titre que les autres habitants.

Un pseudo Christ réalise quelques miracles aux conséquences fâcheuses et refuse de venir en aide à un nain bossu.

Un vieil italien homosexuel est méprisé par ses semblables.

Des mafieux sont dissous dans une cuve d'acide...

Un homme déguisé en ange est violé par trois obèses...

Les scènes à caractères choquants se suivent et sont filmées avec énormément de talent. L'ensemble total est déroutant et n'a certes pas plus au Vatican qui s'est empressé d'interdire ce film en Italie. Une véritable surprise, entre Lynch et Fellini, à voir absolument. Kerozene

Ce qu'en disent les réalisateurs

Nous n’avons jamais voulu jouer aux transgresseurs. Tout ce que nous avons fait, nous l’avons fait de manière instinctive, parce que ça nous semblait juste comme ça, parce que ça nous plaisait de le faire de cette manière-là. Parce que nous avions cette formation “inculte”. Au début, nous nous sommes peu à peu détachés d’un petit groupe de personnes, parce qu’il était constitué en partie d’intellectuels, de théoriciens, qui avaient déjà digéré le cinéma, qui voulaient le faire comme ils l’entendaient. Daniele et moi, en revanche, cherchions à expérimenter. L’expérimentation est une chose très importante, mais il ne faut pas avoir conscience d’expérimenter, il ne faut pas se soucier de ce que peuvent dire les uns et les autres. Il faut le faire parce qu’on en a envie.

extraît du site officiel:  /www.eddistribution.com/film.php?id_film=80

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