1933- 2021

Flic ou voyou ou... Belmondo ! 

mise à jour le 27 octobre 2006

L'ANIMAL aka The Animal aka Stuntwoman - Claude Zidi avec Jean-Paul Belmondo, Raquel Welch, Aldo Maccione, Julien Guiomar, Charles Gérard, Raymond Gérôme, Dany Saval, Mario David, Jane Birkin, Johnny Hallyday, Yves Mourousi, Claude Chabrol, 1977, France, 103m

Michel Gaucher travaille comme cascadeur sur les plateaux de cinéma. Il est amoureux d'une collègue américaine, Jane Gardner, qui aime également Michel. Pourtant un jour, à la suite d'une série d'imbroglios, Jane rompt avec Michel qu'elle trouve finalement maladroit. Lorsque Michel est engagé pour être la doublure d'une star italienne venue tourner en France, Bruno Ferrari, à cause d'une extraordinaire ressemblance, notre intrépide cascadeur essaie de relancer Jane pour qu'elle travaille à nouveau avec lui sur le film. Bien qu'elle soit censée se marier avec le comte de Saint-Prix, elle accepte néanmoins de travailler avec Michel sur quelques cascades. Celui-ci veut profiter de la situation pour reconquérir Jane mais il multiplie les gaffes et celle-ci semble de plus en plus réticente à l'idée d'être en sa compagnie, ce qui gâche parfois le tournage du film dès qu'ils entrent en conflit tous les deux. Michel n'est cependant pas découragé et il continue avec persistance à vouloir regagner le coeur de Jane malgré les embûches.

Après avoir travaillé avec des acteurs comiques aussi diversifiés que les Charlots, Pierre Richard et Louis de Funès, le réalisateur Claude Zidi collabore cette fois avec Belmondo pour une nouvelle comédie. Disposant d'un budget imposant, de l'apport de Michel Audiard au scénario et aux dialogues et d'une superbe distribution, Zidi n'a cependant pas su exploiter à fond le potentiel de son sujet, à croire même que tout ce talent et tous ces moyens luxueux l'aient plus gêné dans son travail au lieu de l'inspirer. L'intrigue progresse avec lourdeur et contient trop de situations forcées pour véritablement l'alléger ou donner à l'ensemble toute la loufoquerie souhaitée. Néanmoins, certaines séquences sont des réussites autant sur le plan purement comique que sur le b-a-ba du métier et de la technique des cascadeurs avec quelques idées burlesques bien employées et quelques réparties de grand crû signées Audiard. La conclusion s'avère évidemment inévitable et prévisible mais cela est pardonnable dans ce contexte. Belmondo en met des tonnes dans un double-rôle: celui du cascadeur et de son sosie, un acteur homosexuel alors que sa partenaire Raquel Welch, bien que toujours aguichante, se défend comme elle peut. Bref, un film moyen. Mathieu Lemée

L'ALPAGUEUR aka The Hunter - Philippe Labro avec Jean-Paul Belmondo, Bruno Cremer, Patrick Fierry, Jean Negroni, Victor Garrivier, Claude Brosset, 1976, France, 100m

Un directeur d'un cabinet politique emploie les services d'un mercenaire appelé "l'Alpagueur" pour lutter contre les criminels qui échappent aux forces policières et juridiques. Après quelques missions couronnées de succès, l'Alpagueur est chargé de traquer l'ennemi public no.1 en France: "l'Épervier", un criminel qui recrute des jeunes délinquants pour ses holds-ups qu'il abat ensuite comme il supprime tous les témoins de ses crimes. L'Alpagueur gagne la confiance en prison d'un des complices de l'Épervier qui a échappé à la mort. Il s'évade avec lui et ensemble, se mettent en chasse pour retrouver le criminel. L'Alpagueur a cependant sur le dos les tueurs d'une organisation criminelle qui veut se débarrasser de lui. Le mercenaire devra donc se montrer coriace.

Belmondo a lui-même produit ce film où il se montre à son avantage dans un rôle familier de marginal et de solitaire en lutte contre le crime. Philippe Labro, journaliste, romancier et passionné de polars (il a été le fils spirituel de Jean-Pierre Melville) a su utiliser avec talent les recettes du film policier d'action à l'américaine. En fait, le film est une sorte de western transposé dans un contexte moderne français; la trame sonore de Michel Colombier est d'ailleurs similaire aux films de ce genre. Le ton est volontiers cynique en accord avec la personnalité et les méthodes du héros et de son adversaire. Ils sont au demeurant bien campés grâce à quelques attributs intéressants: l'Épervier par exemple a une attitude homosexuelle envers les jeunes délinquants qu'il recrute et même envers l'Alpagueur. Celui-ci emploie d'ailleurs d'autres moyens que les armes à feu pour réussir ses missions: il utilise entre autre du gaz hilarant pour neutraliser un policier corrompu réuni avec des gangsters. L'humour et le suspense ne manquent donc pas d'énergie et je n'ai relevé aucune longueur pendant la projection. Un produit usiné où la violence a sa place, de quoi satisfaire les amateurs que nous sommes. J'en profite pour vous souligner que Patrick Fierry, qui joue un jeune délinquant, est le même acteur à avoir interprété le joueur de hockey européen atteint de leucémie qui était le mec de Marina Orisini dans la série québécoise "LANCE ET COMPTE II" (Si! Si! C'est bien lui). Belmondo et Cremer nous livrent des performances savoureuses et la réalisation est dynamique. Mathieu Lemée

L'AS DES AS - Gérard Oury avec Jean-Paul Belmondo, Marie-France Pisier, Rachid Ferrache, Frank Hoffmann, Gunther Meisner, Benno Sterzenbach, Yves Pignot, Jean-Roger Milo, Stéphane Ferrara, 1982, France, 100m

Pendant la guerre 14-18, Georges Cavalier est devenu héros de l'aviation française. Ses exploits lui ont permis de devenir l'entraîneur de l'équipe de boxe de France devant aller représenter le pays aux Jeux Olympiques de Berlin en 1936. Suite à une série de circonstances, Cavalier en vient à aider un jeune garçon juif nommé Simon Rosenblum, dont la famille a été arrêtée par les Nazis. Avec l'aide d'un Allemand anti-nazi, Cavalier parvient à faire évader tous les Rosenblum et il tente de les amener en sûreté en Autriche. Malheureusement, une erreur de parcours amène Cavalier et les Rosenblum à la résidence de montagne d'Adolf Hitler. Malgré cette méprise l'ayant placé en fâcheuse posture, Cavalier ne s'avoue pas pour battu et il essaie de faire montre d'ingéniosité et d'imagination afin d'éviter à lui et aux Rosemblum d'être envoyé dans les camps de concentration.

Après "LA GRANDE VADROUILLE", le réalisateur Gérard Oury a de nouveau conçu une nouvelle comédie située dans le contexte de la Deuxième Guerre Mondiale, bien que les évènements se déroulent quelques années avant le début de cette guerre. Avec Belmondo comme tête d'affiche, le succès du film ne posait aucun problème et il fit d'ailleurs un tabac au box-office en France. Il ne s'agit cependant pas du meilleur film de Oury, ni de Belmondo d'ailleurs. Les gags sont plutôt simplistes et le récit apparaît trop fabriqué pour vraiment être convaincant. Mais cette comédie n'est pas forcément une déception puisque l'ensemble est animé d'une gaieté contagieuse qui entraîne le public malgré lui. La réalisation est vigoureuse et elle mène l'intrigue à bon port dans un rythme mené tambour battant. Au bout du compte, on finit par y trouver son comptant de rires, même si l'on a déjà vu mieux. Belmondo fait montre de son entrain comique habituel et ses partenaires, bien que plus discrets, font preuve d'autant de finesse comique que la vedette. Mathieu Lemée

BORSALINO - Jacques Deray avec Jean-Paul Belmondo, Alain Delon, Michel Bouquet, Catherine Rouvel, Françoise Christophe, Corinne Marchand, Julien Guiomar, Arnoldo foa, Nicole Calfan, Daniel Ivernel, Mario David, Mireille Darc, André Bollet, 1970, France, 127m

À Marseille en 1930, deux jeunes truands aux dents longues, Roch Siffredi et François Capella, font connaissance et entament une amitié fondée sur l'estime et la confiance réciproque. La ville est à ce moment divisée entre deux chefs de la pègre; Poli, qui fait le racket de la viande et Marello, qui s'occupe des salles de jeux clandestines. Grâce à Rinaldi, avocat marron des deux caïds, Siffredi et Capella obtiennent du boulot pour l'un ou l'autre mais l'ambition les gagne vite et ils décident tous les deux de monter leurs propres affaires et d'être les gros bonnets de la ville. Siffredi et Capella abattent donc Poli, Rinaldi et Marella à tour de rôle et deviennent donc les rois de la pègre de Marseille. Les deux jeunes loups découvrent cependant rapidement qu'ils sont seuls et exposés face à de nouveaux ennemis aspirant à leur position. Craignant de subir le même destin que ses prédécesseurs, Capella fait savoir à Siffredi qu'il abandonne afin de partir pour l'Italie avec sa maîtresse Lola. Il est cependant assassiné avant même son départ et Siffredi, bouleversé par la mort de son ami, décide de disparaître de la circulation.

Produit par Alain Delon, le film réussit le pari difficile de le réunir à l'écran avec son rival au box-office français, Jean-Paul Belmondo. Bizarrement, cet affrontement entre les deux stars ne s'avère finalement pas un duel d'acteurs, mais plutôt une rencontre se signalant par un respect mutuel et une amitié sincère. Pour y arriver, les auteurs se sont inspirés des aventures de deux gangsters marseillais des années 30: Carbonne et Spirito, qui étaient parmi les chefs de la pègre à l'époque. Cette intrigue à caractère nostalgique et particulièrement violente a été mise en scène habilement et intelligemment par un réalisateur qui a déjà travaillé avec les deux vedettes: Jacques Deray. Il a su faire une superbe reconstitution historique du climat de la prohibition en France et de la loi de la jungle qui y sévissait tout en puisant avec flair dans des éléments traditionnels du film de gangsters américain. Le résultat est un film soigné, puissant et brutal, avec des moments d'humour savoureux qui viennent tempérer le tout sans en diminuer la force d'impact. La présence incontestable de Belmondo et Delon suffit d'ailleurs à emporter l'adhésion générale, même si les auteurs n'ont pas tablé uniquement sur leurs présences. Bref, c'est de l'excellent cinéma. Soulignons que le terme du titre, "BORSALINO", fait référence à une marque de chapeaux de feutre aux larges bords, alors très à la mode. Mathieu Lemée

CARTOUCHE - Philippe De Broca avec Jean-Paul Belmondo, Claudia Cardinale, Jess Hahn, Jean Rochefort, Marcel Dalio, Pierre Repp, Paul Préboist, Philippe Lemaire, Jacques Charon, Noël Rocquevert, Odile Versois, 1961, France, 116m

Au XVIIIième siècle en France, Louis-Dominique Bourguignon alias Cartouche est un voleur à la tire qui devient soldat du Roi par la force des choses. Cartouche se lie d'amitié avec deux brigands et ensemble, ils désertent tous les trois l'armée non sans avoir emporter la caisse du régiment. Alors qu'ils font route vers Paris, Cartouche rencontre une jeune et jolie bohémienne, Venus, qui s'éprend de lui. En peu de temps, Cartouche devient l'homme le plus recherché de France après une série d'exploits contre l'aristocratie de la capitale. Il détrône même son ancien patron, Malichot, pourtant considéré comme le roi des vide-goussets. Bien qu'il soit attaché à Venus, Cartouche use aussi de son charme sur d'autres femmes, comme l'épouse du premier magistrat de police. C'est d'ailleurs en se rendant chez elle à l'occasion d'un rendez-vous galant qu'il est arrêté. Cartouche ne reste cependant pas prisonnier longtemps car sa bande vient le délivrer. Hélas, Vénus meurt dans l'entreprise et fidèle à sa compagne, Cartouche la vengera par des funérailles originales et luxueuses.

C'est avec ce film que l'acteur Jean-Paul Belmondo entra à brûle-pourpoint dans le cinéma commercial, après avoir été révélé par les réalisateurs de la Nouvelle Vague. Cette production somptueuse fût aussi la première d'une longue collaboration entre Belmondo et le réalisateur Philippe De Broca. Situé dans la lignée de "FANFAN LA TULIPE", ce film de cape et d'épée raconte l'histoire d'un brigand légendaire et libertin sur un ton fantaisiste et humoristique. Belmondo en profite pour y exécuter ses premières cascades qui deviendront sa marque de commerce, tout en affichant une gouaille charmante pleine de flamboyance. La mise en scène va dans le même sens avec une vigueur sympathique remplie de panache, autant dans les scènes de combats que dans les scènes romantiques. Le souffle d'aventure contenu dans le film transporte donc littéralement le spectateur comme s'il était dans des montagnes russes. Le montage est vif et la photographie est resplendissante. Les femmes son ravissantes, particulièrement Claudia Cardinale et les rôles secondaires amusants sont interprétés par des acteurs doués, tous habités par l'énergie contagieuse et la fougue comique de la vedette. Un autre classique à découvrir vivement (disponible sur DVD distribué par ANCHOR BAY). Mathieu Lemée

Le CASSE aka The Burglar - Henri Verneuil avec Jean-Paul Belmondo, Omar Sharif, Robert Hossein, Dyan Cannon, Renato Salvatori, Nicole Calfan, 1971, France, 124m

À Athènes une nuit, trois hommes et une femme font le cambriolage d'une villa près du port. Leur travail est interrompu par le passage d'un officier de police, Abel Zacharia, mais le chef des voleurs, Azad, parvient à lui donner le change en jouant les automobilistes en panne. Une fois le policier parti, Azad et ses amis terminent l'ouverture du coffre-fort de la villa et dérobent pas moins de 36 émeraudes de grande valeur. Au petit matin, les voleurs se rendent compte que le bateau qui devait assurer leur fuite est en panne et les réparations dureront quatre jours. Azad suggère alors à ses complices de se séparer par mesure de sécurité en attendant d'embarquer pour quitter Athènes, mais les voleurs ne sont pas au bout de leurs peines. Azad échappe à de mystérieux agresseurs et l'un des voleurs est assassiné. Azad apprend alors que le policier, avec qui il a parlé la nuit du vol, Zacharia, est sur leurs traces. Quand Azad rencontre Zacharia dans un restaurant, celui-ci fait savoir qu'il veut pour son propre compte les émeraudes volées en échange d'un sauf-conduit pour Azad. Celui-ci est même séduit par une femme à la solde de Zacharia pour qu'il révèle la cachette des émeraudes. Le jour du départ du bateau où les voleurs devaient fuir, un autre complice d'Azad est arrêté au port. Azad, se rendant compte qu'il ne peut fuir, tend alors un piège à Zacharia en l'attirant dans un silo à grains, qui est supposément la cachette du butin.

Cette histoire de voleurs qui exécutent un casse avec précision et minutie n'est pas d'une grande nouveauté puisque le sujet fût très à la mode durant cette période sur les écrans de cinéma. En vieux routier du divertissement commercial, le réalisateur Henri Verneuil a cependant su concevoir un film d'aventures rocambolesque plein d'action et de suspense en utilisant avec doigté des ingrédients qui ont fait leurs preuves. Bien que les moments les plus spectaculaires du film soient situés dans la première moitié du film, avec la scène du cambriolage et celle de la poursuite en voiture, l'intérêt du spectateur ne s'effrite jamais. Le dialogue contient quelques répliques remarquables, les décors sont d'une élégance typique des années 70 et la photographie est très belle. La musique d'Ennio Morricone est encore une fois exquise et excellente et l'humour n'a pas été négligé dans le récit. Les deux protagonistes féminins sont mignonnes et agréables à regarder et le film se conclue admirablement grâce une bonne dose de tension. En somme, c'est du cinéma commercial français passionnant comme on l'aime, même si le film ne réinvente pas le genre policier. Belmondo est parfaitement à sa place dans un rôle où il peut faire montre de son bagou et de ses capacités athlétiques de cascadeur. Omar Sharif, quant à lui, joue avec justesse, son personnage de policier véreux avec le charme d'un serpent distingué. Mathieu Lemée

CENT MILLE DOLLARS AU SOLEIL - Henri Verneuil avec Jean-Paul Belmondo, Lino Ventura, Bernard Blier, Reginald Kernan, Andréa Parisy, Gert Fröbe, Doudou Babet, Pierre Mirat, 1964, France, 130m

Rocco est un chauffeur de camion qui travaille pour une compagnie de transport établie à Blima au Maroc dans le désert du Sahara. Son patron Castigliano recrute un jour un dénommé Steiner pour qu'il conduise un camion-remorque, chargé d'une cargaison louche, jusqu'à Moussorah au Nigéria. Avec la complicité d'une amie, Pepa, Rocco s'arrange pour s'emparer du camion de Steiner et part lui-même pour le Nigéria afin d'en vendre le contenu mystérieux pour son propre profit. Mais le patron Castigliano envoie à sa poursuite un autre chauffeur, Marec, auquel se joint Steiner, furieux d'avoir été licensié pour le vol de son camion et qui compte bien faire payer Rocco. Castigliano promet à Marec la récompense de 2 millions s'il récupère le camion volé. Après plusieurs difficultés, Marec parvient finalement à rejoindre Rocco et les deux hommes se livrent à une poursuite homérique en montagne qui se terminera de façon assez imprévisible.

La situation de base de cette intrigue semblait rappeler par moments le chef-d'oeuvre de Henri-Georges Clouzot: "LE SALAIRE DE LA PEUR". Mais grâce à Henri Verneuil comme réalisateur et Michel Audiard comme scénariste-dialoguiste, ce film-ci s'en démarque en tout point. Il s'agit en quelque sorte d'un film de poursuite où l'action et le suspense se déroulent à un rythme rapide dans de superbes décors naturels africains. En bon réalisateur commercial, Verneuil sait comment mettre en scène une histoire en en exploitant chacune des possibilités pour maintenir l'intérêt du public et il y parvient encore dans ce cas-ci. La désinvolture des personnages et le ton d'humour imaginé par Michel Audiard dans l'écriture des dialogues permettent également au film de contenir plusieurs réparties à l'emporte-pièce très amusantes qui servent admirablement les interprètes, ce qui confère au film un atout supplémentaire. La séquence de poursuite dans la montagne sur une paroi s'avère un fabuleux morceau de bravoure. Un excellent film qui mêle adroitement la drôlerie et la tension en plus d'avoir le mérite d'opposer à l'écran deux stars mythiques du cinéma français, Belmondo et Ventura (tous les deux en pleine possession de leurs moyens), dans une confrontation musclée. On adore! Mathieu Lemée

Le CERVEAU aka The Brain aka Il Cervello - Gérard Oury avec Jean-Paul Belmondo, Bourvil, David Niven, Eli Wallach, Sylvia Monti, Raymond Gérôme, Jacques Balutin, Henri Attal, Yves Barsacq, Jacques Ciron, Robert Dalban, Mario David, 1969, France/Italie, 115m

Un voleur surnommé "Le Cerveau", a réalisé un audacieux coup d'éclat en mettant au point et en réussissant le hold-up du train Glasgow-Londres. Le vol est vite devenu célèbre mais "Le Cerveau" prépare un autre coup juteux: le cambriolage des fonds secrets de 14 nations de l'O.T.A.N. pendant leur transport à bord du train Paris-Bruxelles. Mais il se trouve que deux petits voleurs minables, Arthur et Anatole, ont l'intention eux aussi de dévaliser ce train. Les deux camarades parviennent à s'emparer du magot, sans savoir que "Le Cerveau" leur a déjà facilité la tâche avec son plan. Sans même sans douter, Arthur et Anatole restituent, aussitôt leur vol accompli, leur butin à des gangsters britanniques à la solde du "Cerveau". Celui-ci est cependant doublé par un de ses complices qui parvient à s'enfuir avec l'argent. "Le Cerveau" n'abandonne cependant pas la partie et il se lance à la poursuite du traître, tout comme Arthur et Anatole qui n'ont pas désespéré de récupérer le magot. Après plusieurs aventures, le tout se terminera de façon inattendue.

Ayant déjà réussi une comédie d'aventures à gros budget avec "LA GRANDE VADROUILLE", Gérard Oury s'est vu octroyé à nouveau les moyens nécessaires par quelques producteurs pour écrire et réaliser un nouveau film dans le genre. Oury ne s'est donc pas gêné pour concevoir un long-métrage divertissant rempli de gags mêlés à des moments spectaculaires. Tirant parti du maximum des possibilités du récit, inspiré de faits divers, Oury et sa fille Danièle Thompson au scénario ont su mettre au point plusieurs trouvailles visuelles originales savamment insérées dans l'intrigue. Le rythme est vivement soutenu et la mise en scène peut facilement être considérée comme exemplaire pour le genre, avec ses plans et ses séquences brillamment agencés les uns aux autres. L'ensemble baigne dans une loufoquerie constante qui ne manque pas de piquant. La chute finale est réussie tout en restant dans la note humoristique du reste du film. La distribution est par ailleurs nantie d'un savoureux carré d'as qui s'amuse avec entrain et délectation dans la composition de divers personnages amusants. Je vous conseille donc de voir cette comédie d'action sans plus attendre. Mathieu Lemée

Le CORPS DE MON ENNEMI - Henri Verneuil avec Jean-Paul Belmondo, Marie-France Pisier, Bernard Blier, François Perrot, Daniel Ivernel, Claude Brosset, Yvonne Gaudreau, Nicole Garcia, Charles Gérard, Michel Beaune, René Lefebvre, Bernard-Pierre Donnadieu, 1975, France, 121m

Après avoir purgé une peine de 7 ans de prison pour un double-meurtre qu'il n'a pas commis, François Leclercq revient dans sa ville natale de Cournai afin de découvrir l'identité du vrai meurtrier. Tout au long de ses recherches et de ses retrouvailles avec des anciennes connaissances, François se revoit lors de ses débuts modestes dans la ville alors qu'il était propriétaire et directeur d'une boîte de nuit très fréquentée. François se rappelle également avoir conquis le coeur de Gilberte Liégard, la fille du plus puissant industriel de la ville: Jean-Baptiste Liégard, dont le mariage annoncé lui aurait permis de faire partie de la bourgeoisie en place. Mais Liégard s'est arrangé pour que sa fille épouse plutôt un aristocrate de bonne famille. Par ailleurs, l'associé de François dans l'administration de la boîte de nuit, Di Massa, se livrait au trafic de drogue dans l'établissement. L'ayant découvert, François a expulsé Di Massa mais peu de temps après, le corps d'une star du foot et celui d'une des employées de la boîte sont retrouvés morts dans le bureau de François. Celui-ci comprend donc que pour retrouver le responsable de la machination qui l'a fait emprisonner, il se doit de faire parler Di Massa. François le retrouve et parvient à lui soutirer l'identité de l'homme responsable des meurtres et de sa condamnation. Il met alors au point un piège pour le compromettre définitivement.

Le réalisateur commercial par excellence en France, Henri Verneuil, se lance à son tour dans le drame socio-politique afin de profiter de l'énorme succès de ce genre dans les années 70. À partir d'un roman au ton littéraire (où il n'y a qu'un paragraphe par chapitre) de l'écrivain Félicien Marceau, Verneuil a su présenter un film au professionnalisme aguerri où la mécanique est savamment rodée. Le scénario intègre judicieusement les flashbacks à la trame du récit ainsi que ses éléments de critique sociale au sein d'une intrigue simple d'apparence conventionnelle. Ayant déjà évoqué les grandes bourgeoises familiales dans le film "LES GRANDES FAMILLES", le scénariste-dialoguiste Michel Audiard se retrouve donc ici en terrain familier dans l'écriture de nombreuses répliques corrosives ou cinglantes (au ton franchement satirique) illustrant l'emprise du pouvoir et dénonçant les industriels (surtout ceux venant du milieu du textile) qui ne pensent qu'à protéger leurs intérêts et qui agissent en élite fermée comme une nouvelle aristocratie dans le monde contemporain. Le tout progresse avec charme et intelligence, même si le film contient peu d'action, d'humour et encore moins de surprises. Les acteurs ont tous été judicieusement choisi pour leurs rôles respectifs, ce qui rajoute de la conviction à l'ensemble. Belmondo compose avec solidité son personnage de jeune affairiste ambitieux victime d'une injustice flagrante. Mathieu Lemée

FLIC OU VOYOU - Georges Lautner avec Jean-Paul Belmondo, Marie Laforêt, Michel Galabru, Georges Géret, Jean-François Balmer, Claude Brosset, Charles Gérard, Juliette Mills, Michel Peyrelon, Roy Kendall, Venantino Venantini, 1979, France, 105m

À Nice, le commissaire corrompu Bertrand est retrouvé assassiné dans sa voiture près d'une corniche. Une prostituée est également découverte morte dans une chambre d'hôtel. Quelques temps plus tard, un inconnu surgit dans la ville et affirme être le frère de la prostituée morte. Tout en contant fleurette avec une romancière, il s'amuse à provoquer une guerre entre les deux groupes de criminels qui travaillent en ville. En réalité, l'inconnu n'est autre que Stanislas Borowitz, commissaire de choc de la police des polices, chargé d'enquêter sur la mort du commissaire Bertrand et de nettoyer la ville de ses gangsters et policiers corrompus. Lorsque ceux-ci découvrent sa véritable identité, ils tentent en vain d'en venir à bout puis trouvent un expédient en kidnappant sa fille adolescente. Borowitz n'a cependant pas dit son dernier mot.

Adapté d'un roman policier de Michel Grisolia, le scénariste Jean Herman et le dialoguiste Michel Audiard ont tout simplement remanié l'histoire du livre pour tailler un rôle à la mesure de la vedette Belmondo et pour traiter le sujet avec verve et humour. Cela donne un film percutant où la désinvolture, l'insolence et la gouaille du personnage principal en constitue le charme et l'originalité. Les répliques pétaradantes fusent à point nommé et feront rire plus d'un spectateur. Les actes de violences et les scènes d'action vont dans le même sens avec des mots d'esprits ou un emploi juteux du vocabulaire pendant des moments athlétiques. Une poursuite en auto signée Remy Julienne, s'avère à cet égard cocasse et burlesque. La mise en scène de Lautner est nerveuse et bien rôdé tout au service d'un divertissement amusant même dans l'utilisation des clichés. Michel Audiard est quant à lui, en pleine forme verbale et Belmondo compose avec bonne humeur un rôle très familier de policier aux méthodes expéditives et partisan de la violence dans la lutte contre le crime. Voici ci-dessous quelques répliques d'Audiard entendus dans le film:

-Belmondo: "Faudra vous mettre au régime!" 

Préposé: "Basses calories ou hydrate de carbone?" 

Belmondo: "Non, je pensais plutôt au régime pénitentiaire!" 

-Belmondo: "J'aurais aimé peindre!" 

Marie Laforêt: "Au pistolet?!" 

-Laforêt: "À quoi jouez-vous?" 

Belmondo: "Aux gendarmes et aux voleurs! Je joue une mi-temps dans chaque camp!" 

-Belmondo: "Décidément tu sais rien! Un vrai con!" 

Charles Gérard: "Ben, c'est peut-être vrai?" 

Belmondo: "Quoi? Qu'il est con?" 

Charles Gérard: "Ben non, qu'il sait rien!" 

-Belmondo: "Les seuls papiers qui m'intéressent, ce sont ceux de l'Imprimerie Nationale avec la tronche de Blaise dans le coin!"

-Belmondo (à un chef de gang): "Si t'as des volontés à exprimer, une prière que t'aimes bien ou bien un mot historique à balancer, magnes-toi, ca va péter dans 5 secondes!"

-Juliette Mills: "J'ai 14 ans et demie et je suis enceinte! T'entends ce que je te dis?!" 

Belmondo: "Tu as 14 ans et demie et tu es enceinte! C'est bien, c'est très bien. Mais ne te prends pas pour une surdouée! D'après ce que j'ai lu dans une revue littéraire, certaines petites négresses se marient dès l'âge de 8 ans!"

-Charles Gérard (à Belmondo): "Celui qui a des lunettes, c'est Rey. Le plus dangereux, c'est Rey. Le plus con, c'est Rey. L'autre c'est Massart!"

Une comédie policière à regarder absolument pour se bidonner et se dilater la rate. Mathieu Lemée

Le GUIGNOLO - Georges Lautner avec Jean-Paul Belmondo, Michel Galabru, Georges Géret, Charles Gérard, Mirella d'Angelo, Carla Romanelli, Pierre Vernier, Michel Beaune, Tony Kendall, 1980, France/Italie, 105m

Alexandre Dupré est un escroc spécialisé dans le vol d'oeuvres d'art mais il agit plus par plaisir que par matérialisme. Avec une jolie femme, Sophie, il cherche sans succès à arnaquer un millionnaire. Après cet échec, Alexandre se rend par avion à Venise où il compte bien se reprendre en escroquant des amateurs d'art japonais de passage dans la ville italienne. C'est alors que son compagnon de voyage lui demande de s'occuper de sa mallette jusqu'à la sortie de l'aéroport et de la lui remettre ensuite à une adresse déterminée. Alexandre accepte mais l'homme qui lui a donné la mallette est retrouvé mort et l'escroc s'aperçoit en plus que la mallette contient un microfilm où se trouvent les plans d'un nouveau carburant. Et voilà notre escroc embarqué dans une rocambolesque aventure d'espionnage où il est la cible de plusieurs services secrets désireux de s'emparer du précieux microfilm.

Suite au succès de "FLIC OU VOYOU", le trio composé de Georges Lautner à la réalisation, de Michel Audiard aux dialogues et scénario (avec Jean Herman) et de Jean-Paul Belmondo comme acteur vedette s'est reformé pour une nouvelle aventure comique. Le film ne possède cependant pas la structure rigoureuse du précédent et on a l'impression de regarder une suite de numéros décousus où la déconnade est de mise. Belmondo n'a pas à s'en plaindre puisqu'il caracole avec joie dans le rôle d'un autre personnage désinvolte, style Arsène Lupin, à la morale élastique et avec le goût du déguisement. Les plaisanteries et les calembourgs abondent avec drôlerie mais sans toutefois échapper à une certaine facilité. La mise en scène de Lautner demeure efficace, mais elle n'est pas aussi maîtrisée que dans "FLIC OU VOYOU" car elle s'attarde parfois un peu trop inutilement sur certaines scènes. Les dialogues à l'emporte-pièce d'Audiard sont toujours drôles et beaucoup de passages s'avèrent colorés et truculents sans atteindre un niveau d'inspiration maximale. Bref, pas une grande parodie des James Bond, mais on rigole et on passe du bon temps en compagnie d'un Belmondo en forme tout comme le reste du casting qui s'amuse ferme. Mathieu Lemée

L'HÉRITIER - Philippe Labro avec Jean-Paul Belmondo, Carla Gravina, Jean Rochefort, Charles Denner, Jean Desailly, Jean Martin, Maurice Garrel, Pierre Grasset, 1973, France/Italie, 107m

Suite à la mort de son père au cours d'un accident d'avion, Bart Cordell quitte les États-Unis pour revenir en France afin de prendre pour héritage la direction de l'empire financier familial. Il a l'intention d'apporter des changements à plusieurs endroits, notamment au contenu et à l'information d'un magazine dont il est l'éditeur en même temps qu'il visite ses usines pour en vérifier la productivité et les méthodes de travail. Bien qu'il soit marié, Bart jette parfois son dévolu sur d'autres femmes comme sa secrétaire Liza. C'est alors qu'il apprend que la mort de son père n'était pas accidentelle et il met alors tout en oeuvre avec les moyens financiers dont il dispose pour retrouver les responsables de cet assassinat. Il découvre avec surprise qu'il s'agit de son beau-père, un puissant hommes d'affaires dirigeant un parti politique néo-fasciste en Italie. Bart essaie alors de mettre son fils en lieu sûr, surtout qu'il ne fait plus confiance à sa femme, tout en réunissant les preuves de la félonie de son beau-père à des fins de publications dans son magazine. Des tueurs sont cependant sur ses traces.

Grâce à des réalisateurs comme Yves Boisset et Costa-Gavras, le cinéma à caractère socio-politique a pris beaucoup d'ampleur en France dans les années 70. Avec sa formation de journaliste, il était évident qu'un réalisateur comme Phillippe Labro ne pouvait passer à côté d'un tel genre. Ne craignant pas le remplissage, il brasse un sujet d'une matière riche en problèmes socio-politiques, financiers et psychologiques en les abordant sous l'angle du thriller policier. Le film contient donc beaucoup de matériel à ingurgiter mais pourtant l'ensemble ne s'alourdit jamais sous le poids du contenu car le spectateur n'a aucun mal à suivre l'intrigue avec intérêt grâce à une mise en scène adroitement fignolée. Les décors, autant extérieurs qu'intérieurs sont luxueux à souhait et très appropriés à ce type de récit. La musique est bonne et malgré l'absence de violence (sauf vers la fin), ce long-métrage possède un rythme alerte qui nous empêche de sombrer dans l'apathie. Le jeu des acteurs contribue d'ailleurs beaucoup à la grande qualité du résultat, particulièrement celui de Belmondo qui compose avec prestance et pour une rare fois de manière sobre, son personnage de jeune financier conscient de ses responsabilités sociales. Sa partenaire Carla Gravina est la fois ravissante et talentueuse. Mathieu Lemée

HO! - Robert Enrico avec Jean-Paul Belmondo, Joanna Shimkus, Raymond Bussières, Paul Crauchet, Stéphane Fey, Alain Mottet, Tony Taffin, André Weber, 1968, France/Italie, 103m

François Holin, dit Ho, est un as du volant qui a autrefois été un grand pilote de course. Suite à la mort d'un ami lors d'un accident de course automobile, Holin s'est effectivement retiré de la compétition pour devenir le chauffeur d'une bande de truands dirigés par des chefs dont fait partie son commanditaire. Souvent considéré comme un moins que rien par les gangsters pour lesquels il travaille, Holin espère bien pouvoir leur prouver sa valeur en réalisant un hold-up par lui-même. Il se fait toutefois emprisonner par la police lors d'un vol de voiture mais il réussit à s'évader peu de temps après. Suite à cela, la police à l'idée, pour coincer toute la bande de gangsters dont Holin est l'employé, de monter ses exploits en épingle dans la presse. Holin mord à l'hameçon, d'autant plus qu'il veut absolument monter un gros coup pour prouver sa valeur et devenir ainsi un chef de bande respecté. Ses anciens patrons et complices ne sont cependant pas d'accord, si bien que le vol audacieux planifié par Holin tourne au règlement de comptes. L'affaire se termine par la mort de la petite amie de Holin et la fin tragique de la carrière criminelle de celui-ci.

Suite au succès de sa précédente oeuvre, "LES AVENTURIERS", Robert Enrico s'est à nouveau tourné vers un roman de l'auteur de polars Jose Giovanni pour raconter une nouvelle histoire remplie de chaleur humaine à l'écran. L'on y retrouve ce climat romantique, qui baigne le milieu de la pègre, mêlé de tendresse, de trahisons et de désinvolture typique de l'auteur et des adaptations antérieures du réalisateur. Les couleurs, le montage, la mise en scène, le rythme sont tous traitées avec beaucoup de soin et contribuent ensemble à faire admirablement vibrer les résonances humaines du sujet et à illustrer avec brio l'histoire d'un homme au talent particulier qui se laisse aspirer dans l'engrenage du crime. Le principal protagoniste est d'ailleurs dessiné de façon intelligente car il possède des caractéristiques pittoresques qui contribuent à établir sa psychologie et à expliquer ses agissements et son comportement en dehors des schémas habituels. Belmondo se présente justement comme l'acteur de circonstance pour interpréter un tel personnage avec succès et il y parvient avec plus de sobriété que d'habitude. Encore un fois, la musique du compositeur autodidacte Françoix De Roubaix vient contribuer à la qualité du film. Ceux qui s'attendent cependant à un film d'action pourraient être déçus, mais ceux qui adorent les polars sombres seront ravis. Mathieu Lemée

HOLD-UP - 1985 - Alexandre Arcady avec Jean-Paul Belmondo, Guy Marchand, Kim Cattrall, Jean-Pierre Marielle, Jacques Villeret, Tex Konig, Jean-Claude de Goros, Georges Carrère, Raymond Aquilon, Guy Provost, Yvan Ponton, France/Canada (Québec), 115m

Un voleur, Grimm, a mis au point un plan pour réaliser le casse de la banque intercontinentale du Canada à Montréal. Déguisé en clown, il entre dans l'établissement pour prendre en otages tous les clients et les employés pour accomplir son forfait. À l'insu des victimes cependant, deux complices de Grimm sont cachés parmi les clients pris en otages et lorsque Grimm les libèrent après de supposées négociations, ceux-ci sortent avec, caché sur eux, l'argent de la banque au nez et à la barbe des policiers commandés par un dénommé Simon Labrosse. Puis, Grimm sort à son tour de la banque en se faisant passer pour un des otages lui aussi tout en faisant croire à Labrosse qu'il veut fuir par hélicoptère. L'entreprise est donc une réussite et Grimm et ses deux complices essaient de se rendre à l'aéroport Mirabel avec leur imposant butin pour quitter le pays avant que la police ne découvre la supercherie. Mais des difficultés imprévues se mettent en travers de leur route, ce qui fait qu'ils ne sont plus sûrs de pouvoir quitter Montréal avant que la police et Labrosse ne les retrouvent avant.

Tiré d'un roman policier américain, l'intrigue de cette comédie policière a permis à la star Belmondo de venir exercer au Québec ses talents d'acteur et de cascadeur émérite grâce à la collaboration du producteur de la série "LANCE & COMPTE" (on retrouve même des acteurs de cette série dans ce film). Sans être d'une profonde nouveauté, le scénario est bien mené et dose avec habileté les codes et les rebondissements d'usage dans les films de casse avec de nombreuses touches d'un humour goguenard amusant et conforme à la personnalité de "Bebel". À la mise en scène, Alexandre Arcady démontre ici qu'il peut être très à l'aise dans le comique et dans la conception d'un film au ton populaire et commercial, lui qui avait traité sérieusement de la situation des pieds-noirs dans ses précédents longs-métrages. L'ensemble se veut désinvolte et plein de verve, de quoi offrir à un public désireux de se bidonner de bon coeur, un spectacle léger de qualité. Bien qu'il ne rajeunisse pas, Belmondo est bondissant dans le rôle de Grimm et ses partenaires lui donnent habilement la réplique. Notons la présence de la ravissante Kim Cattrall dans ce film, alors beaucoup plus jeune. Mathieu Lemée

L'HOMME DE RIO aka That Man from Rio - Philippe De Broca avec Jean-Paul Belmondo, Françoise Dorléac, Jean Servais, Simone Renant, Roger Dumas, Daniel Ceccaldi, Milton Ribeiro, Ubiracy De Oliveira, Sabu Do Brasil, Adolfo Celi, 1964, France, 100m

Adrien Dufourquet est un sergent de l'armée française en permission pour huit jours. Il décide d'en profiter pour se rendre à Paris afin de visiter sa petite amie Agnès. À peine arrivé, il apprend qu'une statue maltèque a été volée au Musée de l'Homme et que le professeur Catalan, chercheur pour le Musée et tuteur d'Agnès, a été enlevé. Et voilà qu'Agnès est kidnappée à son tour sous les yeux d'Adrien. Celui-ci se lance courageusement à la poursuite des ravisseurs, ce qui l'amène tout droit au Brésil. Après une poursuite endiablée, Adrien parvient à délivrer Agnès avec l'aide d'un petit garçon cireur de chaussures et ensemble, partent à la recherche du professeur Catalan et de la statue volée. Dans leur aventure, ils en viennent à découvrir l'existence d'une autre statue maltèque qui, avec celle volée, permet de retracer un trésor perdu dans la jungle. N'ayant plus beaucoup de jours avant la fin de sa permission, Adrien devra faire vite pour sauver Catalan, empêcher les bandits de s'emparer du trésor et démasquer leur chef avant de rentrer à Paris.

Après le succès de "CARTOUCHE", le réalisateur Philippe De Broca et l'acteur Jean-Paul Belmondo se sont à nouveau réunis pour faire un nouveau film d'aventures. Située dans un contexte moderne cette fois, l'intrigue s'apparente sans équivoque aux aventures de Tintin; l'on y retrouve la fraîcheur, le rythme endiablée, l'atmosphère trépidante et le dépaysement contenus dans les albums d'Hergé et avec une présence féminine importante en plus, du au personnage d'Agnès. L'ensemble se présente comme une course-poursuite ininterrompue et digne du meilleur cinéma muet, avec une combinaison savoureuse de gags visuels, d'action, de cascades et de répliques drôles pleines de verve. Le récit évolue sans temps mort dans des extérieurs naturels pleins de charme et magnifiquement filmés au Brésil, à part quelques scènes à Paris. Ce film est donc un modèle du genre, bien plus qu'INDIANA JONES, car il s'avère plus léger, plus honnête et sans aucun trucage artificiel ni moyen contourné pour plaire au public. La musique est dans le ton du genre et Belmondo se montre tout simplement renversant et décontracté dans le rôle du héros. Oeuvrette très fortement recommandé pour se désennuyer les jours de grisailles. Mathieu Lemée

L'INCORRIGIBLE - Philippe De Broca avec Jean-Paul Belmondo, Geneviève Bujold, Julien Guiomar, Charles Gérard, Daniel Ceccaldi, Capucine, Andréa Ferrol, Robert Dalban, Catherine Lachens, 1975, France, 95m

Après avoir purgé une peine de prison de trois mois pour escroquerie, Victor Vauthier, avec l'aide de son complice Raoul, reprend à nouveau ses activités d'arnaqueur en vendant à des riches touristes américains naïfs des appartements ou des yachts qui ne lui appartiennent pas. Une histoire de galanterie force cependant Victor à aller se réfugier chez son oncle Camille, qui vit seul dans une roulotte en plein coeur d'un terrain vague. Une fois installé là-bas, Victor reçoit la visite de Marie-Charlotte Pontalec, une assistante sociale chargée de le surveiller et de voir à sa réinsertion. Victor, en beau-parleur sûr de lui, entreprend de séduire Marie-Charlotte mais celle-ci, quoique séduisante, demeure immunisée aux charmes de celui-ci. Lorsque Victor apprend que le père de Marie-Charlotte, conservateur de musée, possède un triptyque de grande valeur, il décide de le dérober avec l'aide de Raoul et d'un autre ami. Ceci l'entraînera cependant dans de nombreuses complications, autant sentimentales avec Marie-Charlotte que policières avec les forces de l'ordre.

Ce film marque le retour de Michel Audiard au métier de scénariste-dialoguiste après une courte carrière de réalisateur. La bonne nouvelle, c'est qu'Audiard travaille ici pour la première fois avec Philippe De Broca, metteur en scène spécialisé dans les comédies d'aventures à grand spectacle dont l'univers se rapproche beaucoup de celui du célèbre dialoguiste. Cette union entre ces deux hommes talentueux donne un film très décousu qui permet à la vedette Jean-Paul Belmondo d'y aller de son petit numéro dans un rôle à transformations multiples où il se dépense généreusement au grand plaisir du public. La réalisation se veut animée grâce à un rythme qui va bon train tout en faisant preuve d'expérience pour camoufler les invraisemblances de l'intrigue. Bien sûr, tout cela serait vain sans les nombreuses répliques drôles et mordantes écrites par un Audiard qui n'a pas perdu la main comme dialoguiste, loin de là. Il s'agit donc d'une comédie fantaisiste pleine de charme et d'humour qui divertira la plupart des spectateurs à la recherche d'un divertissement léger conçu par des professionnels au métier assuré et éprouvé. Geneviève Bujold rehausse le film de sa présence. Mathieu Lemée

JOYEUSES PÂQUES aka Happy Easter - Georges Lautner avec Jean-Paul Belmondo, Sophie Marceau, Marie Laforêt, Rosy Varte, Michel Beaune, Marie-Christine Descouart, Gérard Hernandez, Elisabeth Kolhammar, 1984, France, 96m

 Stéphane Margelle est un coureur de jupons invétéré mais il doit agir à l'insu de sa riche épouse Sophie qui menace de divorcer et de ne rien lui laisser de sa fortune s'il la trompe. Voulant profiter d'un voyage de Sophie, Stéphane ramène à la maison une jeune femme, Julie, qu'il a rencontrée à l'aéroport. Mais Sophie revient à l'improviste car son départ fût annulé suite à une grève surprise des transports. Pris au dépourvu, Stéphane fait passer Julie pour sa fille, fruit d'une vieille liaison. Sophie n'est pas dupe mais elle joue le jeu pour forcer Stéphane à se compromettre davantage dans ses mensonges. C'est ainsi que Sophie propose à Julie de séjourner quelque temps chez eux, ce qui cause bien de l'embarras à Stéphane qui espère obtenir un important contrat avec un client qu'il doit rencontrer au bureau. Lors d'une réception où Stéphane discute justement de ce fameux contrat avec ce fameux client invité par Sophie, la mère de Julie surgit sans crier gare, de quoi mettre encore davantage Stéphane dans le pétrin.

L'auteur de la pièce "LA CAGE AUX FOLLES", Jean Poiret, a de nouveau imaginé un vaudeville typiquement français qui a connu beaucoup de succès sur les planches. Nul doute qu'une adaptation au cinéma allait suivre mais les transformations qui ont été apporté à la pièce pour sa présentation à l'écran apparaissent inutilement forcés et sans rapport avec le matériel humoristique du contenu. C'est ainsi que l'on retrouve des cascades de toutes sortes adroitement ficelées et destinées à respecter la recette habituelle des films de Belmondo, mais qui sont mal intégrées à la structure du récit, ce qui gâche son rythme naturel et l'efficacité de ses quiproquos comiques. Visiblement, le réalisateur Georges Lautner a voulu ajuster la pièce à la personnalité de la vedette mais il a sacrifié au passage une partie de ce qui a fait le succès du texte d'origine, d'autant plus que Belmondo monopolise pratiquement tout le film en jouant de façon exagérément cabotine pour attirer l'attention sur lui (en d'autres termes, il "belmondise" à outrance). Encore heureux que l'ensemble reste relativement drôle et que les acteurs de soutien arrivent à tirer agréablement leur épingle du jeu, sinon "JOYEUSES PÂQUES" serait vite un navet à oublier. Un autre film moyen qui aurait pu devenir une grande comédie, mais qui n'est pas une déception complète car on y trouve matière à s'amuser. Sauf que même les fans de Belmondo disent avoir vu leur idole sous un bien meilleur jour que dans ce métrage-là et avec raison. Mathieu Lemée

Le MAGNIFIQUE aka The Magnificent One - Philippe De Broca avec Jean-Paul Belmondo, Jacqueline Bisset, Vittorio Caprioli, Monique Tarbès, Hans Meyer, Mario David, Bruno Garcin, Raymond Gérôme, Jean Lefèbvre, Hubert Deschamps, 1973, France/Italie, 90m

François Merlin est l'auteur à succès d'une série de romans de gare dont le héros est l'agent secret Bob Saint-Clar. Son entourage et son quotidien lui servent souvent d'inspiration, que ce soit la femme de ménage, le plombier, l'électricien ou son fils qui viennent lui rendre visite. Merlin s'intéresse à une jolie voisine, Christine, qui alimente également son imaginaire dans sa conception du personnage de la compagne de l'agent secret tandis que son éditeur, Charon, prend les traits dans ses récits de Karpof, l'éternel ennemi de Saint-Clar. Or, Merlin apprend que Christine est une étudiante universitaire qui s'intéresse à son oeuvre pour en faire le sujet de sa thèse de doctorat et qu'elle veut l'interroger. Elle prend même contact avec l'éditeur Charon pour avoir plus d'informations sur les bouquins écrits par Merlin, mais celui-ci ne songe qu'à la séduire et va même jusqu'à aller chez elle avec une bande de fêtards. Merlin, amoureux de la jeune femme et la voyant par la fenêtre de son appartement en compagnie de Charon, songe définitivement à éliminer Saint-Clar et sa partenaire pour mettre un terme à leurs aventures dans le livre qu'il rédige présentement. Il ignore cependant qu'en réalité, Christine est éprise de lui et non de Charon.

7 ans après "LES TRIBULATIONS D'UN CHINOIS EN CHINE", le réalisateur Philippe De Broca refait à nouveau alliance avec l'acteur Jean-Paul Belmondo pour une autre comédie d'aventures à saveur fantaisiste. Ces retrouvailles se font sous le signe de l'imagination féconde alors que le sujet de base très original présente un savoureux contraste entre la fiction débridée d'un écrivain besogneux et la plate réalité où il vit. On passe donc sans crier gare de la vie quotidienne des protagonistes à l'intérieur de l'action du roman qui s'élabore devant nous où ces mêmes protagonistes y vivent des péripéties complètement surréalistes et remplies d'une folie débridée sans limites. Les gags pullulent donc de façon continuelle autant qu'avec aisance, et la plupart sont de vrais bijoux grâce aux surprises que l'intrigue procure à satiété. C'est dire à quel point cette satire caricaturale des histoires d'espionnage est tout simplement époustouflante du début à la fin, si bien que le spectateur est garanti de se bidonner sans relâche en la regardant. Il faut dire que rarement l'équilibre entre le réel et la fiction a été maintenu avec une telle maestria dans le scénario et dans la mise en scène comme c'est le cas ici. Belmondo n'est rien de moins qu'extraordinaire dans son double rôle et sa partenaire Jacqueline Bisset se montre sûrement comme l'une des plus belles et des plus charmantes actrices de l'époque. Mathieu Lemée

Le MARGINAL aka The Outsider - Jacques Deray avec Jean-Paul Belmondo, Henry Silva, Tcheky Karyo, Carlos Sottomayor, Claude Brosset, Pierre Vernier, Roger Dumas, Maurice Barrier, Jacques Maury, Michel Robin, Didier Sauvegrain, 1983, France, 101m

Bien connu comme flic de choc de par ses méthodes contestables, le commissaire Jordan, spécialiste dans la lutte contre le trafic des stupéfiants dans la police judiciaire française, est envoyé à Marseille pour lutter contre Meccaci, un important trafiquant. Jordan réussit si bien son travail que Meccaci le prend en grippe et le fait compromettre dans une affaire de meurtre. Jordan se voit donc muté à Paris sous le commandement d'un directeur qui n'approuve pas son caractère marginal. Malgré cela, Jordan trouve un allié en la personne de l'inspecteur Rojinsky et il continue toujours obstinément à trouver un moyen d'incriminer Meccaci. Un chimiste gay, Alfred, pourrait bien être le témoin dont Jordan aurait besoin pour faire avancer les choses mais lorsqu'enfin il le retrouve, il est assassiné. Plus tard, un vieil ami de Jordan, impliqué indirectement avec Meccaci, est tué à son tour. Après que Jordan ait échappé à un traquenard mortel, il se décide à aller tuer Meccaci lui-même dans son repaire.

Rien qu'en regardant le titre et l'affiche du film, on devine que l'intrigue a été fait sur mesure pour la vedette Belmondo, afin qu'il ne renouvelle pas son image de marque. Scénarisée par Jean Herman, auteur connu de polars, dialoguée par Michel Audiard, bien connu pour ses dialogues désinvoltes et réalisée par un vétéran du genre policier, Jacques Deray, cette série B française met en évidence le style voyou et gouailleur de l'acteur ainsi que son talent de cascadeur avec une touche sentimentale en plus, pour en faire le parfait preux chevalier héroïque luttant contre les méchants. Toujours vêtu de son traditionnel manteau de cuir pour avoir l'air d'un dur, Belmondo mène une enquête banale qui n'est intéressante que par les répliques truculentes qu'il débite et les bastons qu'il délivre aux bandits ou à ceux qui ne l'aiment pas. La mise en scène se contente de le regarder faire son numéro tout en rajoutant une touche de sordide pour faire plus racoleur. C'est donc du cinéma populaire quelque peu franchouillard et plutôt prévisible, qui se laisse regarder agréablement et dont le rythme est entraînant, sans qu'on ait besoin de se forcer les neurones. Belmondo prend évidemment toute la place et ses partenaires ne servent que de faire-valoir. Drôle et divertissant, mais sans plus! Les fans de Bebel (et j'en suis!) adoreront! Mathieu Lemée

Les MARIÉS DE L'AN DEUX - Jean-Paul Rappeneau avec Jean-Paul Belmondo, Marlène Jobert, Michel Auclair, Laura Antonelli, Sami Frey, Julien guiomar, Mario David, Charles Denner, Georges Beller, Paul Crauchet, Sim, 1971, France, 98m

En 1792, le riche aristocrate Nicolas Philibert revient en France après avoir fait fortune en Amérique. Devant épouser une riche héritière américaine, il est revenu au pays afin d'obtenir le divorce de son épouse Charlotte. En partant à la recherche de celle-ci, Nicolas traverse les bouleversements de la Révolution Française, se retrouvant même parfois entre les camps en présence. Néanmoins, il parvient à retrouver Charlotte parmi un groupe de Chouans et dont le chef, un marquis, s'avère son nouveau fiancé. Après plusieurs péripéties, Nicolas obtient finalement la signature de Charlotte sur les papiers du divorce grâce à l'aide d'un prince lui aussi amoureux d'elle. Mais alors qu'il est sur le point de repartir en Amérique, Nicolas se rend compte qu'il tient toujours à Charlotte et il se relance à sa poursuite alors que le prince a réussi à la conquérir et à l'emmener avec lui partager son exil à Coblence pendant que les Républicains sont sur le point de faire tomber le régime monarchique.

Mieux connu pour avoir réalisé la célèbre version de "CYRANO DE BERGERAC" avec Gérard Depardieu, Jean-Paul Rappeneau s'est cependant toujours spécialisé dans le cinéma historique léger et divertissant. Avec Belmondo et Jobert comme têtes d'affiches, Rappeneau nous propose donc un film enlevant d'aventures hautes en couleur d'où ressort une vision souriante du cadre de la Révolution Française, de ses forces en présence et de la grande confusion des évènements s'étant déroulés durant cette période. Les deux principaux protagonistes passent donc continuellement d'un camp à l'autre, vivant une histoire d'amour tumultueuse composée de nombreux conflits amusants. Ces deux personnages sont présentés comme de grands enfants (la scène d'introduction est assez révélatrice à cet égard) orgueilleux et insouciants, ce qui rend leur cavalcade et leurs tribulations encore plus drôles. Le spectateur ne va donc pas s'en plaindre, bien au contraire, malgré une conclusion quelque peu anticipée car il ne fait aucun doute que les deux tourtereaux sont toujours amoureux l'un de l'autre à travers leur attitude franchement capricieuse. Le tout est présenté dans une photographie soignée et des décors superbes qui rajoutent au film un charme supplémentaire. La mise en scène est d'un goût sûr et le couple Belmondo-Jobert croise le fer en se donnant la réplique avec une énergie contagieuse pleine de sympathie. Une agréable détente à visionner un dimanche après-midi ou en soirée. Mathieu Lemée

Les MORFALOUS - Henri Verneuil avec Jean-Paul Belmondo, Marie Laforêt, Michel Constantin, Jacques Villeret, Matthias Habich, Michel Creton, François Perrot, Maurice Auzel, Gérard Buhr, Robert Lombard, Michel Beaune, 1983, France/Tunisie, 105m

En 1943 lors de la campagne de Tunisie, un détachement de légionnaires français a pour mission de récupérer tout l'or de la banque de la ville d'El Ksour. Les légionnaires tombent cependant dans une embuscade tendue par les Allemands et ils sont tous liquidés à l'exception de trois survivants. Ceux-ci, avec l'aide d'un artilleur rescapé d'une unité elle aussi décimée, parviennent toutefois à surprendre et à éliminer les Allemands. C'est alors que le sergent Augagneur, l'un des légionnaires survivants, propose à ses camarades de s'emparer de l'or et de le garder pour eux-mêmes. Seul son supérieur, l'adjudant Mahuzard, s'oppose farouchement à Augagneur. Celui-ci le fait enfermer et ensuite il tente de séduire l'épouse du directeur de la banque, Hélène Laroche-Fréon, afin d'obtenir la clé du coffre où l'or est dissimulé. Mahuzard parvient toutefois à s'évader avec la complicité de l'artilleur et il fait à son tour enfermer Augagneur et son complice. Hélène s'arrange toutefois pour les faire évader mais par la suite, Augagneur n'est pas au bout des peines ni de ses surprises dans sa quête pour dérober l'or de la banque.

Ce film marque la dernière collaboration de Belmondo, non seulement avec le réalisateur Henri Verneuil, mais aussi avec le dialoguiste Michel Audiard. Disons tout de suite que cette pellicule n'est pas ce que ces trois hommes n'ont réussi de mieux ensemble. Le rythme du film est plutôt inégal et le scénario, malgré ses rebondissements, se veut trop théâtral pour être crédible, ce qui ne convient guère à un film supposé être d'aventures et de guerre. Après un début explosif et fertile en scènes de violence guerrière, la suite se constitue en une série de confrontations souvent verbales entre quelques personnages, ce qui témoigne d'un certain manque d'action, chose à laquelle Verneuil ne nous avait jamais habitué dans ses précédentes mises en scène. Heureusement, le film ne se veut pas une merde puisque les dialogues de Michel Audiard sont là pour nous divertir et nous faire rigoler à nouveau grâce à quelques répliques mordantes dont il a le secret, bien qu'il ait déjà fait mieux dans l'écriture d'un film du même genre intitulé "UN TAXI POUR TOBROUK" et qu'il se montre ici beaucoup plus vulgaire et grossier que d'habitude, comme si Audiard avait eu un sentiment de je-m'en-foutisme avec ce projet. Les effets techniques sont parfois repérables, ce qui occasionne le rire involontaire du spectateur. En résumé, ce long-métrage n'est pas d'un ennui total et s'avère même assez intéressant à suivre, mais l'on aurait pu s'attendre à quelque chose de bien mieux, étant donné l'apport de professionnels chevronnés au générique. Belmondo n'a aucun effort à faire dans un rôle familier de personnage indocile plein de roublardises, personnage qu'il a néanmoins mieux incarné précédemment. Mathieu Lemée

PAR UN BEAU MATIN D'ÉTÉ - Jacques Deray avec Jean-Paul Belmondo, Sophie Daumier, Geraldine Chaplin, Gabriele Ferzetti, Adolfo Celi, Akim Tamiroff, Jacques Higelin, Georges Géret, Germaine Kerjean, 1964, France/Espagne/Italie, 108m

Francis et sa soeur Monique vivent de douteux expédients sur la Côte d'Azur: Monique attire des messieurs de bonne réputation dans sa chambre et Francis les prend par surprise sur le fait, ce qui veut dire que les messieurs qui sont tombés dans le piège en sont quittes pour payer un montant subséquent en échange du silence de Francis et de Monique. Voulant néanmoins changer de vie, Francis et Monique se laissent embarquer dans un coup mis au point par un gangster, Kramer, et qui devrait rapporter à tous un joli magot. Il s'agit de kidnapper Zelda Van Willie, la fille d'un milliardaire américain, en échange d'une forte rançon. Suivant le plan, les gangsters réussissent leur enlèvement et ils emmènent Zelda dans la villa isolée d'un peintre célèbre située en Andalousie. Mais après que le peintre ai agi comme intermédiaire pour la réclamation de la rançon, les choses dérapent pour les ravisseurs car Zelda s'est mise à s'amouracher de Francis. Une bagarre éclate au cours de laquelle Francis tue un complice et Monique est mortellement blessée. L'aventure se termine par l'arrestation de Kramer par la police et par la mort de Monique dans les bras de son frère rempli de chagrins et n'attendant plus que sa propre arrestation.

Célèbre auteur de romans policiers, James Hadley Chase a souvent vu ses oeuvres adaptées à l'écran mais la plupart du temps, cela a donnée un résultat souvent édulcoré et décevant étant donné l'immense potentiel de ses bouquins. Pour cette adaptation-ci, le réalisateur Jacques Deray et le scénariste-dialoguiste Michel Audiard ont réussi à s'en sortir mais de peine et de misère. L'intrigue est généralement bien menée grâce surtout à de bonnes répliques comme seul Audiard sait en écrire et la mise en image profite à plein d'une belle photographie des paysages de l'Andalousie. Par contre, le récit possédait des atouts que les auteurs ont hélas laissé de côté, ce qui en a diminué le potentiel dramatique et le côté vraisemblable des situations. De ce fait, certains personnages s'avèrent beaucoup plus stéréotypés et unidimensionnels que l'on ne s'y attendait, ce qui explique l'accueil mitigé que le film a reçu à l'époque de sa sortie. Tel quel pourtant, le film se veut assez divertissant et il n'y donc aucun risque à le regarder car il y a déjà eu bien pire dans le genre. Belmondo interprète un personnage assez familier de voyou gouailleur mais la fille de Charlie Chaplin, Geraldine, se veut une révélation en faisant de son personnage de Zelda une personnalité touchante grâce à une surprenante composition. Mathieu Lemée

PEUR SUR LA VILLE aka Fear over the City aka Paura sulla cita' aka The Night Caller - Henri Verneuil avec Jean-Paul Belmondo, Adalberto Maria Merli, Charles Denner, Jean Martin, Catherine Morin, Rosy Varte, Lea Massari, Giovanni Cianfriglia, Roland Dubillard, Germana Carnacina, 1975, France, 125m

À Paris, une jeune femme, Norah Elmer, tombe par la fenêtre suite à un accident cardiaque et s'écrase sur le sol. Le commissaire Letellier est mis sur l'affaire. Un fou criminel disant s'appeler Minos revendique la mort de Norah et prévient Letellier par téléphone que d'autres femmes mourront car il entreprend une croisade contre la licence des moeurs. Letellier rencontre alors des jeunes femmes ayant déjà été menacé par des maniaques. Minos commet un second meurtre et Letellier se lance à sa poursuite au péril de sa vie. Il se voit cependant obligé de le laisser filer pour coincer un voleur de banque, Marcucci. Après une confrontation avec ses supérieurs qui le désavouent, Letellier demande à être retiré de l'affaire Minos, mais c'est peine perdue. Il surveille alors une victime potentiel, Hélène, mais Minos parvient à la tuer quand même. Un indice cependant permet à Letellier de démasquer le coupable. Il se lance à ses trousses mais le maniaque jette une grenade à l'entrée d'un cinéma porno et prend en otage une star de cinéma XXX ainsi que sa famille. Letellier l'arrêtera juste au moment où il s'apprêtait à faire sauter tout l'immeuble où il s'était réfugié.

Avec l'aide de Jean Laborde, auteur de polars et de Francis Veber, un auteur comique, le réalisateur du "samedi soir" par excellence en France, Henri Verneuil a crée un film percutant où les morceaux de bravoure sont multipliés à vitesse grand V. L'ensemble fort mouvementé et le numéro d'acteur et cascadeur Jean-Paul Belmondo font vite oublier les invraisemblances et les emprunts aux films américains. Toutes les séquences sont menées avec un savoir-faire constant, quand ce n'est pas avec une véritable maestria (la séquence du métro de Paris entre autres). Visiblement, Verneuil et Belmondo se sont fait plaisir et le résultat est contagieux. Un film d'action français du plus haut niveau et l'on se demande pourquoi il n'existe pas de copie VHS ou DVD au Québec, car ce film trouverait un public sans problèmes. Mathieu Lemée

Le PROFESSIONNEL aka The Professional - Georges Lautner avec Jean-Paul Belmondo, Robert Hossein, Jean-Louis Richard, Michel Beaune, Cyrielle Claire, Jean Desailly, Marie-Christine Descouard, Bernard-Pierre Donnadieu, Sidiki Bakaba, Elisabeth Margoni, 1981, France, 109m

Envoyé au Malagawi, un petit pays d'Afrique, par ses supérieurs afin d'assassiner le président et dictateur Njala, Josselin Beaumont, un agent des services secrets français a été vendu et sacrifié par ses chefs suite à un revirement politique en France. Emprisonné dans un camp africain après un faux procès, Beaumont parvient à s'évader et il rentre en France, bien résolu à se venger de ceux qui l'ont vendu. Il fait donc savoir à ses chefs qu'il a l'intention d'abattre le président Njala au cours des trois jours de sa visite officielle au pays pour rencontrer le président français. Le commissaire Rosen de la brigade d'intervention est chargé par le chef des services secrets, le colonel Martin, de retrouver et de stopper Beaumont. Malgré les méthodes pourris de Rosen, qui n'hésite pas à torturer la femme de Beaumont et à forcer le capitaine Valera, l'ami de Beaumont, à le faire tomber dans une embuscade, Beaumont échappe à tous les pièges et parvient même à tuer Rosen. Lors du dernier jour de Njala à Paris, Beaumont déjoue le service de sécurité présidentiel et parvient à se rendre jusqu'à sa victime. L'agent secret aurait-il réussi sa vengeance?...

Troisième film en trois ans du trio Lautner-Audiard-Belmondo après FLIC OU VOYOU et LE GUIGNOLO, l'approche y est ici plus sérieuse au plan dramatique. À partir d'un roman d'espionnage britannique touffu et de références politiques représentatives de la France de cette période, Audiard et Lautner ont conçu un récit d'aventure et de suspense où les manoeuvres injustes des fonctionnaires des services secrets et des politiciens sont fortement critiquées à cause de la raison d'état qui l'emporte sur les sentiments humains. Contrairement au deux précédents films de Lautner, l'humour est ici employé à des fins d'ironie intéressée, gracieuseté des dialogues d'Audiard qui ne s'est jamais gêné pour dénoncer avec verve les compromissions et les abus des différentes formes de pouvoir. La mise en scène présente cette intrigue un peu comme un western avec son héros solitaire, ses méchants identifiables et même un duel au pistolet un peu arbitraire entre Belmondo et Hossein. Le scénario recèle toutefois quelques surprises et rebondissements susceptibles de retenir l'attention, particulièrement dans la conclusion, très originale et imaginative. La musique de Morricone, bien que le thème principal, "Chi Mai", fût emprunté à un film italien intitulé MADDALENA, est mémorable. Voilà donc de la série B au métier éprouvé avec une réflexion critique non dédaignable et efficace. Bien sûr, Belmondo n'a aucune misère à s'acquitter d'un rôle qui lui va comme un gant et il est entouré de très bons partenaires. Mathieu Lemée

La SCOUMOUNE - Jose Giovanni avec Jean-Paul Belmondo, Claudia Cardinale, Michel Constantin, Enrique Lucero, Alain Mottet, Michel Peyrelon, Philippe Brizard, 1972, France, 101m

Dans les années 30 à Marseille, un flingueur, Roberto Borgo dit "la scoumoune", cherche à exonérer son ami Xavier Saratov qui a été faussement inculpé d'un meurtre. Roberto abat le véritable responsable, Jeannot Villanova, un chef de la pègre et en vient à prendre sa place à la tête du monde interlope dominant la cité. En même temps qu'il ramasse des fonds pour la libération de Xavier, Roberto se retrouve impliqué dans une bagarre avec des racketteurs américains qui voulaient s'en prendre à la soeur de Xavier, Georgia. Emprisonné à son tour, Roberto retrouve son ami Xavier en prison et ils acceptent tous les deux, en échange d'une remise en liberté, de collaborer au déminage des plages vers la fin de la Seconde Guerre Mondiale. Ayant été libéré de prison, Xavier retourne à Marseille tandis que Roberto va à Paris exercer ses talents de tueur à gages. Au moment où Roberto songe à se retirer définitivement de la vie criminelle, il apprend que sa maîtresse Georgia et Xavier ont tous les deux été tués par de jeunes truands à cause de la convoitise de Roberto pour un casino appartenant à la pègre.

Le réalisateur Jean Becker avait déjà réalisé une adaptation du roman "L'Excommunié" de Jose Giovanni sous le titre "UN NOMMÉ LA ROCCA". Déçu de cette version cinématographique, Giovanni a décidé quelques années plus tard de réaliser lui-même une adaptation de son bouquin afin d'en respecter l'esprit et la fidélité. Ce qui démarque d'abord et avant tout cette nouvelle version de celle de Becker, c'est la reconstitution d'époque précise des années 30 à 50 du milieu de la Pègre en France, surtout à Marseille. Giovanni ayant été un ancien gangster et un ancien forçat lors de ces années-là, la crédibilité du contexte historique n'est pas à prouver. Par contre, les personnages et les situations baignent dans un climat qui relève d'une conception romantique du monde des truands, conception dont Giovanni s'est fait une spécialité dans ses livres et même dans sa filmographie. C'est ainsi qu'une amitié sincère entre les principaux protagonistes et un code d'honneur établi entre eux trouvent place au centre d'un univers où règne pourtant la loi de la jungle et du plus fort. Les scènes de tueries et de violence possèdent donc à l'intérieur de ce cadre romantique un impact dramatique certain dont s'inspireront plus tard les réalisateurs de films d'actions de Hong Kong. Belmondo reprend avec son aisance habituelle le même personnage de truand qu'il avait incarné dans "UN NOMMÉ LA ROCCA" et il a l'occasion de renouer avec la ravissante Claudia Cardinale pour la première fois depuis "CARTOUCHE". Un polar noir fort réussi et très intéressant dans l'ensemble. Mathieu Lemée

Un SINGE EN HIVER aka A Monkey In Winter - Henri Verneuil avec Jean Gabin, Jean-Paul Belmondo, Suzanne Flon, Paul Frankeur, Gabrielle Dorzat, Hella Petri, Marcelle Arnold, Noël Rocquevert, Sylviane Margollé, 1962, France, 102m

En 1944 à Tigreville, une station balnéaire de la Normandie, Albert Quentin, propriétaire d'une auberge, s'avère un buveur invétéré. Alors que les Alliés attaquent et bombardent les Allemands, Albert, soûl et réfugié dans sa cave à vin, promet à sa femme Suzanne de ne plus boire si l'enseigne de l'auberge reste accrochée à l'entrée. 18 ans plus tard, Albert, qui maintenant croque des bonbons, voit arriver à son auberge un jeune client, Gabriel Fouquet, en pleine saison morte. Celui-ci se signale à Tigreville dès sa première nuit par ses excès de boisson alors qu'il boit comme une vraie éponge. Sa présence secoue la sobriété d'Albert, ce qui inquète grandement sa femme Suzanne. Albert se lie néanmoins d'amitié avec Gabriel et apprend qu'il est ici pour récupérer sa fille au pensionnat du coin afin de la ramener en Espagne où il habite, et qu'il boit pour oublier l'absence de sa femme, restée à Madrid. Après qu'Albert ait sorti Gabriel des griffes de la police pour avoir joué au matador soûl sur la route avec les voitures de passage, les deux hommes se paient ensemble une cuite mémorable qui secoue tout Tigreville, alors qu'ils déclenchent en pleine nuit des feux d'artifices sur la plage. Le lendemain matin, les deux hommes se séparent, Gabriel ayant reparti avec sa fille et Albert, qui a retrouvé sa sobriété, partant visiter la tombe de son père.

Le roman d'origine d'Antoine Blondin se veut une histoire nonchalante, remplie de fantaisie et de poésie, portant sur l'amitié virile entre deux hommes à la solitude partagée et dont l'alcoolisme est le moyen de s'évader et d'exprimer leurs libertés. L'adaptation filmique s'avérait alors difficile car le moindre faux pas aurait pu transformer cette excellente histoire en un banal scénario facile portant sur les beuveries de deux ivrognes. Grâce cependant à Michel Audiard aux dialogues et à Henri Verneuil à la réalisation, le résultat est exceptionnel à plusieurs niveaux. À travers une mise en scène d'une nette précision, se déroule une intrigue extrêmement drôle misant sur la complémentarité un peu père-fils du tandem Gabin-Belmondo. Les dialogues d'Audiard sont particulièrement brillants et contiennent des répliques joviales mémorables et revigorantes portant sur la chaleur humaine de l'amitié entre les deux principaux protagonistes. Quelques morceaux de bravoure comme celui où Belmondo fait le matador sur la route où celui où Gabin, fin rond, marche dans les rues bombardées par les avions de guerre, rajoutent encore du punch à cette comédie jubilatoire. Évidemment, le sujet amène sa part de vulgarité et de trivialité, mais personne ne boudera son plaisir en visionnant ce film, qui se consomme comme l'absorption délicieuse d'alcools anisés et de drinks savoureux. Alors, versez-vous un verre, trinquez à votre santé et regardez ce film au plus vite, que vous soyez en état d'ébriété ou non. Gabin et Belmondo explosent littéralement à l'écran dans des rôles faits sur mesure pour eux. Pour conclure, voici quelques répliques d'Audiard pour vous donnez soif:

-Gabin: "Je ne vous apprendrais rien en vous rappelant que Wang Ho veut dire fleuve jaune et Yang-Tsé-Kiang fleuve bleu. Je ne sais si vous vous rendez compte de l'aspect grandiose du mélange: un fleuve vert, vert comme les forêts, comme l'espérance... Nous allons repeindre l'Asie et lui donner une couleur tendre. Nous allons installer le printemps dans ce pays de merde!"

-P. Frankeur: "Avec Albert si vous avez pas soif, vous serez tout de suite servi!" 

-Une serveuse: "Pour le picon-bière, c'est moitié-moitié?" 

Belmondo: "Ça peut le devenir, mais je saute pas un obstacle sans élan!" 

-Belmondo: "Sous prétexte de nous empêcher de boire, les femmes ne rêvent qu'à nous mettre en bouteille!"

-Belmondo: " Monsieur Hénault, si la connerie n'est pas remboursée par les assurances sociales, vous finirez sur la paille!"

-Gabin: "Dis-toi bien que si quelque chose devait me manquer, ce serait plus le vin, ce serait l'ivresse!" 

-Gabin: "Il est autant anglais que Lawrence d'Arabie est arabe. Perfidie légendaire!" 

-Gabin (à Belmondo): "Môme! T'es mes vingt ans!..." 

-Belmondo: "Si je buvais moins, je serai un autre homme. Et j'y tiens pas!" 

Divertissement garanti! Une bonne cuite ou une bonne brosse en prime! Amusez-vous et riez tout votre soûl! Mathieu Lemée

  Le SOLITAIRE aka The Loner - Jacques Deray avec Jean-Paul Belmondo, Jean-Pierre Malo, Franck Ayas, Pierre Vernier, Michel Beaune, François Dunoyer, Laurent Gendron, Jean-Claude De Goros, Patricia Malvoisin, Bernard Farcy, Michel Creton, 1987, France, 94m

Avec son collègue et ami Simon, le commissaire de police Stan Jalard fête son départ de la police judiciaire de Paris pour aller gérer un hôtel aux Antilles. Mais lorsque Simon est sauvagement abattu par un criminel nommé Schneider qui a réussi à fuir, Stan, décidé à venger la mort de son ami, renonce à sa démission et entreprend de retrouver Schneider. Celui-ci a pris la fuite à l'étranger, mais il revient deux ans plus tard à Paris. Ayant appris son retour, Stan essaie de le débusquer avec le concours d'indicateurs, d'anciennes complicités et de quelques policiers de confiance. Schneider réussit toutefois à organiser le hold-up d'un camion blindé et à échapper à tous les pièges tendus par Stan. Schneider tente ensuite de faire abattre Stan alors qu'il raccompagnait son filleul mais il échoue. Le tenace policier réussit toutefois à retracer les autres complices de Schneider lors du hold-up, ce qui lui permet ensuite de localiser le repaire de ce dernier. Un affrontement décisif entre le flic et le bandit s'ensuit donc.

Annoncé comme l'ultime film d'action de Belmondo, le scénario se veut une sorte d'anthologie des oeuvres du même genre de la vedette. Le personnage qu'il incarne ici est à nouveau un flic aux allures de voyou ou de marginal gouailleur qui traque un criminel dangereux afin de l'alpaguer pour mettre un terme en quelque sorte à la "peur sur la ville". La violence, l'humour et le divertissement populaire sont donc toujours au rendez-vous, mais le récit est dans l'ensemble fatigué, routinier et contient trop de scènes à faire rassemblant des lieux communs. Il faut croire que le réalisateur Jacques Deray n'a pas montré beaucoup d'enthousiasme pour son sujet dans sa mise en scène mais elle demeure expérimentée et techniquement correct en général. Une pointe de tendresse comique est fournie à l'occasion par la présence d'un petit garçon orphelin protégé du héros alors que les séquences d'action comportent des brutalités assez dures comme les fans les adorent. Le dialogue contient quelques répliques percutantes savoureuses mais on sent l'absence d'un Audiard dans leur écriture. Une production qui ne rajoute rien à la gloire de Belmondo, d'autant plus qu'il y effectue très peu de cascades, mais qui conclut honnêtement une portion de sa carrière car il se montre encore à l'aise dans ce type de film. Mathieu Lemée

Les TRIBULATIONS D'UN CHINOIS EN CHINE aka Chinese Adventures in China aka L'Uomo di Hong Kong - Philippe De Broca avec Jean-Paul Belmondo, Ursula Andress, Jean Rochefort, Maria Pacôme, Darry Cowl, Paul Préboist, Mario David, Valérie Lagrange, Jess Hahn, Valéry Inkijinoff, Joe Saïd, 1965, France/Italie, 105m

Arthur Lempereur est un jeune trentenaire riche et blasé qui tente sans succès de se suicider à plusieurs reprises. En voyage vers Hong-Kong à bord de son yacht, son homme d'affaires, Biscoton, lui apprend qu'il est ruiné. Voulant se suicider à nouveau, Arthur se voit suggéré par son vieil ami précepteur chinois, monsieur Goh, de contracter une grosse assurance-vie dont sa fiancée Alice et Goh lui-même seraient bénéficiaires. Arthur signe le contrat et se voit promettre par monsieur Goh de voir son désir de mort satisfait. Mais Arthur rencontre lors de son voyage en Orient une jeune danseuse, Alexandrine, dont il s'éprend et cet amour lui redonne goût à la vie. Avec l'aide de son valet Léon, Arthur cherche alors à fuir les assassins lancés à ses trousses, ce qui le place dans toutes sortes de situations cocasses car il soupçonne presque tout le monde de vouloir le tuer. Arthur veut néanmoins retrouver monsieur Goh pour faire annuler le contrat d'assurances, ce qui l'entraîne dans une incroyable aventure rocambolesque.

Avec l'extraordinaire succès de "L'HOMME DE RIO", Philippe De Broca a tenu à renouveler l'expérience avec une nouvelle comédie d'aventure mouvementée en compagnie de l'acteur-vedette Jean-Paul Belmondo. Malgré quelques lacunes légères, le résultat est tout aussi délirant que le film précédent. De nombreuses péripéties burlesques et originales, avec un hommage évident au genre slapstick, défilent à l'écran de façon constamment farfelu et loufoque. L'intrigue manque parfois de rigueur dans sa construction mais le spectateur ferme vite les yeux sur ces défauts devant la cadence incroyable et l'exotisme pimpant de la mise en scène, confiante de ses moyens. Bien qu'inspiré très librement d'un roman du célèbre auteur Jules Verne, le récit fait rire à coup sûr et ne s'octroit aucun relâchement. Il faut dire que les producteurs n'ont pas regardé à la dépense dans le budget du film, que ce soit dans les cascades spectaculaires ou dans le choix des extérieurs asiatiques. L'ensemble se situe au niveau des meilleures bandes dessinées européennes, du genre Tintin, avec un arrière-goût des films de James Bond. Belmondo est toujours aussi ébouriffant dans son petit numéro de cascadeur clownesque et sa partenaire Ursula Andress se montre à la fois belle et sexy (avec un costume de bain digne de celui qu'elle portait dans "DR. NO"). Le reste du casting entre dans le jeu avec bonne humeur. Mathieu Lemée

UN NOMMÉ LA ROCCA - Jean Becker avec Jean-Paul Belmondo, Christine Kauffman, Pierre Vaneck, Béatrice Altariba, Henri Virlojeux, Mario David, Jean-Pierre Darras, Claude Piéplu, Michel Constantin, 1961, France, 90m

Un gangster, Roberto La Rocca, apprend à Marseilles que son ami Xavier Adé a été accusé et condamné pour un meurtre qu'il n'a pas commis. La Rocca recherche le vrai coupable qui se trouve à être également un truand qui a lui-même accusé Xavier. La Rocca le tue et est condamné à la prison pour ce meurtre. Au bagne, La Rocca retrouve son ami Xavier et tous les deux en viennent à accepter la tâche de déminer les plages de Normandie en échange d'une remise de peine. Le déminage s'avère difficile mais ils parviennent tous les deux à rester indemnes jusqu'à la fin. Les deux amis sont donc libérés de prison et ils ont l'intention de s'acheter une ferme pour y vivre tranquille. Mais pour pouvoir l'acheter, Xavier Adé en vient à extorquer le montant nécessaire à un truand infirme, ce qui suscite une vengeance de sa part ainsi que de sa bande, qui assassinent Geneviève Adé, la soeur de Xavier dont La Rocca était amoureux. Sa mort met hélas un terme tragique à l'amitié des deux hommes.

Fils de l'excellent réalisateur français Jacques Becker, qui avait réussi une adaptation magistrale à l'écran d'un roman de l'auteur et ancien truand Jose Giovanni intitulée "LE TROU", Jean Becker, pour son premier film, a choisi lui aussi d'adapter un livre de cet écrivain. Certes, l'élève ne dépasse pas le maître ici, mais le film, malgré quelques longueurs et un certain manque de souffle, est assez réussi dans l'ensemble. La mise en scène du jeune Becker se veut aussi appliquée qu'un travail d'école de qualité, si bien que l'on se retrouve avec des scènes impressionnantes comme celle du déminage, mais aussi avec des scènes faibles, particulièrement au début, où l'intrigue démarre de manière indistincte. Le ton adopté pour raconter cette histoire d'amitié entre deux gangsters est sobre, ce qui en soi est une qualité non dédaignable. Il reste tout de même que le film laisse une impression d'inachevé à cause de l'équilibre plutôt inégal du résultat, ce qui amena d'ailleurs son auteur Jose Giovanni à réaliser lui-même une nouvelle version en 1972 avec Belmondo dans le même rôle (j'y reviendrai). Celui-ci démontre d'ailleurs tout son talent et toute la largeur de son registre d'acteur, dans un rôle où il se montre plus impassible que d'habitude. Mathieu Lemée

WEEK-END À ZUYDCOOTE - Henri Verneuil avec Jean-Paul Belmondo, Catherine Spaak, Jean-Pierre Marielle, Georges Géret, Pierre Mondy, Marie Dubois, Christian Barbier, 1964, France, 125m

Au mois de juin 1940, pendant la conquête de la France par l'Allemagne, un sergent de l'armée française, Julien Maillart, cherche à s'embarquer avec les troupes anglaises pendant l'évacuation de Dunkerque. Ses démarches ne sont pas couronnées de succès, mais l'amène à faire diverses rencontres au milieu d'attaques des avions allemands. Maillart organise la vie de ses amis comme il peut afin qu'ils survivent le temps de pouvoir quitter le pays. Ils y parviennent enfin, mais le bateau où ils ont pris place est coulé aussitôt par les Allemands. Alors qu'il revient à terre, Maillart sauve la vie d'une jeune fille, Jeanne, que deux soldats français tentaient de violer. Celle-ci se donne à son sauveur qui, maintenant amoureux d'elle, veut l'emmener avec lui. Il lui fixe donc rendez-vous sur la plage pour partir avec elle à bord d'un bateau mais le destin en décidera autrement.

Le roman d'origine de Robert Merle étant assez touffu et son adaptation à l'écran s'avérait difficile. Le réalisateur Henri Verneuil démontre cependant ses qualités de technicien dans la reconstitution de la débâcle française à Dunkerque face aux Allemands en 1940. L'ensemble se veut donc spectaculaire et illustre avec soin les différents aspects de ce fait de guerre. Cela se fait cependant quelque peu au détriment des personnages, qui manquent d'épaisseur psychologique, et du récit, qui se veut trop survolé pour avoir de la profondeur. Le tout ne manque toutefois pas de qualités dramatiques et se veut une condamnation convaincante de la guerre en soi. L'intrigue progresse bien grâce à une mise en scène pleine de vie, comme quoi Verneuil, en réalisateur d'abord commercial, sait comment retenir l'attention du public dans ce film ambitieux assez réussi. D'une certaine manière, ce drame de guerre cherche à imiter les succès américains du genre tout en restant français dans le ton. Belmondo à l'occasion de faire montre de son talent d'acteur dans un genre peu familier pour lui et une solide équipe de comédiens le seconde avec assurance. Mathieu Lemée

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